Robert Wiene
Cinéaste allemand (en Saxe 1881-Paris 1938).
Acteur et metteur en scène de théâtre, venu au cinéma en 1914, il réalise Fromont jeune et Risler aîné, le Cabinet du docteur Caligari (1919) et connaît le succès, qu'il tente de prolonger avec Genuine (1920), Raskolnikov (1923) et les Mains d'Orlac (1925).
Robert Wiene | ||
(1873–1938) | ||
41 films | ||
3 | ||
Formé au théâtre, il réalise avec Le cabinet du docteur Caligari (1920) le film-manifeste du cinéma expressionniste allemand. Par la suite, il met en scène d'autres films empreints de la même étrangeté, comme Raskolnikov (1923) ou Les Mains d'Orlac (1924).
À l'avènement du Troisième Reich, Robert Wienne quitte l'Allemagne pour la Hongrie, puis la Grande Bretagne et enfin la France. Atteint d'un cancer, il ne peut terminer son dernier film, Ultimatum : c'est un autre réalisateur exilé, Robert Siodmak, qui l'achèvera.
Filmographie:
Longs-métrages: sélection)
1923 | Raskolnikoff | ||
1924 | Les mains d'Orlac | ||
(Orlacs Hände). du roman éponyme de Maurice Renard. Avec : Conrad Veidt (Orlac), Alexandra Sorina (Yvonne Orlac), Fritz Kortner (Nera), Carmen Cartellieri (Regine), Fritz Strassny (Orlac père), Paul Askonas (le serviteur), Hans Homma (Dr. Serral). 1h32. La trame demeure inchangée : Le grand pianiste Stéphen Orlac est victime d'un accident de chemin de fer, qui le blesse gravement à la tête et le prive de ses mains. Le docteur Cerral lui greffe celles d'un assassin fraîchement guillotiné. Dès lors, Orlac se demande s'il n’a pas hérité de penchants criminels que veulent perpétuer ses nouvelles mains. Il souffre de plus en plus d'hallucinations, et s'enfonce dans la dépression. Les mystères se multiplient autour d'Orlac, et ses angoisses le poussent à douter de son corps, de ses mains. Et sorti de l’ombre d’Eusebio Nera, l’homme aux gants, ancien adjoint du docteur est la mal démasqué, et la bonne d’Orlac, maîtresse de Nera, en le dénonçant résoudra le crime et tout mystère se dissipe, certes logiquement, mais trop brusquement, pour ne laisser place qu’à une histoire de maître chanteur. Dommage que l’assassin Vasseur ne soit pas un véritable fantôme inquiétant, mais juste un innocent guillotiné. Cela permet de « rendre les mains pures » et autorise Paul Orlac certainement à rejouer, débarrassé de la culpabilité et de l’angoisse d’être le prolongement d’un assassin. le père reclus dans sa haine, la femme rédemptrice par son amour, la bonne asservie au mal, le docteur imbu de sa science, la figure persécutrice du mal Ainsi la catastrophe ferroviaire de Montgeron du train ramenant de Marseille vers Paris la grande star du piano, Paul Orlac, est prétexte à un merveilleux ballet de torches et de flambeaux et de créatures affolées comme fantômes hagards. La dernière nuit à l’hôpital avec l’apparition d’un « fantôme » persécuteur, avec une main immense et une lettre lui révélant la greffe de « mains de meurtriers », est hallucinante.
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1.Conrad Veidt est un acteur allemand né le à Potsdam (Allemagne),et mort d'un infarctus du myocarde le à Hollywood (États-Unis).
2.Friedrich Weiß, connu sous le nom de scène Friedrich Fehér, écrit le plus souvent Friedrich Feher (né le à Vienne, en Autriche-Hongrie et mort le à Stuttgart) est un acteur et réalisateur autrichien. Son plus célèbre rôle fut celui de Franz dans Le Cabinet du docteur Caligari, chef-d'œuvre du cinéma expressionniste allemand.
3. Werner Krauss, l'une des vedettes de l'expressionnisme allemand. Son rôle le plus connu est celui du docteur Caligari dans Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene (1920).===================================================
Le cabinet du docteur Caligari
Prologue : Deux personnages discutent sur un banc dans un parc. Le plus jeune, Francis, raconte le drame qu'il vient de vivre…
Acte 1. Une fête foraine s'installe dans la petite ville d'Holstenwall. Le Dr Caligari, de passage dans celle-ci, obtient, après quelques difficultés, l'autorisation du désagréable Secrétaire de Mairie d'installer un stand afin d'y présenter un somnambule.
Acte 2. La nuit suivante, le Secrétaire de Mairie est assassiné. Le lendemain, Francis et son ami Alan vont à la fête foraine. Ils assistent au spectacle du Dr Caligari, qui présente Cesare le somnambule. Celui-ci prédit à Alan qu'il mourra avant l'aube. De retour de la fête foraine, en marchant dans les rues désertes, Francis et Alan rencontrent Jane, qu'ils aiment tous deux secrètement. Alan est assassiné chez lui dans la nuit.
Acte 3. Alors que Francis soupçonne le Dr Caligari et Cesare d'être les auteurs du crime, une femme manque d'être assassinée la nuit suivante et l'homme à l'intention meurtrière, un vagabond, est arrêté pendant qu'il tentait de fuir.
Acte 4. Intriguée par les soupçons de Francis, Jane rend visite au Dr Caligari et à Cesare dans leur stand de la fête foraine. Elle s'enfuit précipitamment, terrifiée par les deux hommes. Interrogé par la police, le vagabond reconnaît son intention de tuer la femme, mais en aucun cas les meurtres du Secrétaire de Mairie ni d'Alan. Peu après, Cesare tente d'assassiner Jane alors qu'elle dort chez elle, mais échoue. Puis il essaye de l'enlever, mais, pris en chasse par les villageois, l'abandonne. Caligari s'enfuit lui aussi, poursuivi par Francis. Il se réfugie dans un asile psychiatrique, dont il s'avère être le Directeur !
Acte 5. L'étau se resserre autour de Caligari, des documents trouvés dans son bureau attestent qu'il a manipulé Cesare le somnambule pour le conduire à commettre des meurtres sous son contrôle. Il voulait prendre la place du vrai Caligari, un autre mystique qui lui aussi manipulait un somnambule, cela afin de découvrir le secret de son contrôle.
Acte 6. Démasqué, Caligari achève de sombrer dans la folie, il est interné avec une camisole de force dans son propre asile psychiatrique.
Épilogue. Fin du flashback (et renversement de situation). Francis achève le récit de son aventure. Il quitte le parc pour pénétrer dans la salle principale de l'asile psychiatrique, qui est remplie de malades mentaux. Il y croise Cesare, et Jane qui tient des propos incohérents… Derrière lui, un homme descend les escaliers. Il s'agit du directeur de l'asile, qui a les traits de Caligari. Francis l'aperçoit et, pris de démence, tente de l'empoigner. Mais il est immédiatement maîtrisé par des infirmiers et conduit dans une cellule d'isolement. Le directeur l'examine et s'exclame : "'ai enfin compris sa démence, il me prend pour le mystique Caligari ! Je connais maintenant le moyen de le guérir !".
Pour Jacques Lourcelles : "Récit de la divagation d'un fou située dans un espace intérieur, intime, obsessionnel impliquant la disparition de toute distance réaliste entre les objets ainsi que la disparition de toute image réaliste de la nature dont les éléments (arbres, routes, etc…) sont représentés par des décors fabriqués de toutes pièces comme sur une scène de théâtre. L'espace du film devient alors cauchemardesque et morbide, non seulement parce que nous sommes à l'intérieur du cerveau d'un fou, mais aussi parce qu'il a été entièrement façonné par l'esprit et la main de l'homme. Le scénario recèle deux surprises de taille : la découverte, à l'intérieur du récit du fou que Caligari est non seulement bateleur, assassin mais aussi psychiatre et son pendant, la découverte, après la fin du récit du fou, que Caligari est le psychiatre personnellement attaché à soigner le narrateur.
La totale cohérence de ce cauchemar ouvre aussi d'étonnants horizons sur la folie du narrateur et sur la folie en général. Elle est pour une part - la part qui s'exprime sur le plan plastique dans le film- déformatrice, délirante, hallucinée. Elle est pour une autre part - celle qui s'exprime sur le plan dramatique - hyper-logique, convaincante et fascinante.
C'est la collusion à l'intérieur du film entre une vision plastique cauchemardesque et fantasmatique de la folie et une appréhension dramatique parfaitement et implacablement architecturée de cette folie qui fait le mérite de Caligari.
L'interprétation n'est pas le point fort du film. Elle préserve cependant la subtilité de chaque rôle. Le narrateur fou est naturellement le personnage le plus normal, le plus banal. C'est ainsi qu'il se voit. Caligari a au moins deux apparences et deux identités (bateleur, psychiatre). Aux dernières secondes le récit lui en rajoute uen troisième, la plus surprenante de toutes. Cesare a lui aussi plusieurs identités et plusieurs rôles. C'est, à l'intérieur du récit, un assassin et une victime (puisqu'il agit malgré lui). C'est, postérieurement au récit du fou, un malade, et peut-être encore une victime.
Car, bien que la narration soit dominée par le "je" du fou et donc non objective, son contenu impressionne le spectateur jusqu'à devenir à ses yeux, raisonnable. Le dénouement survient si tard et est si bref qu'il ajoute à notre perplexité au lieu de dissiper nos doutes, et cela d'autant plus que les derniers plans du film (ceux qui sont postérieurs au récit du fou) sont encore stylistiquement expressionnistes. Le fou (la folie) a peut-être raison. C'est là l'ultime message d'un film dont l'inquiétude et le doute constituent la substance principale.
Œuvre moderne, surprenante, percutante et quasi inattaquable, Le cabinet du Dr Caligari est une création collective. Il y eut à l'origine un scénario de Carl Meyer et Hans Janowitz basé sur un fait divers et destiné à critiquer, à travers la figure du psychiatre-hyptnotiseur-bateleur-assassin par procuration, les excès de l'autoritarisme dans tous les domaines, administratif (le secrétaire), social politique aussi bien que psychiatriques.
Le producteur Erich Pommer -ou son représentant le réalisateur Rudolf Meinert- confia l'aspect plastique du film aux trois décorateurs Hermann Warm, Walter Reimann, Walter Rohrig. Parmi eux, Warm eut un rôle prépondérant. Celui-ci estimait que l'image cinématographique devait être une sorte d'idéogramme et s'opposait à toute solution de continuité entre le caractère graphique de l'image et celui des intertitres. L'emploi systématique du studio, des toiles peintes, les déformations les plus audacieuses du décor, tous procédés où le producteur trouva, en ce qui le concerne, une source non négligeable d'économie, visent à couper le film du réel immédiat. Le film cesse d'être un miroir de la réalité sensible pour ne plus entretenir avec elle qu'un rapport conceptuel et intellectuel.
La mise en scène du film fut alors proposée à Fritz Lang qui la refusa mais intervint de manière capitale dans son élaboration. Il proposa de justifier l'irréalisme des décors en faisant du narrateur du récit l'un des pensionnaires de l'hôpital de Caligari. Quand Robert Wiene fur chargé de la réalisation, le film possédait ainsi déjà une cohérence parfaite.
Titre original | Das Cabinet des Dr. Caligari |
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Réalisation | Robert Wiene |
Scénario | Carl Mayer et Hans Janowitz |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Decla-Bioscop |
Pays d’origine | Allemagne |
Genre | Film fantastique |
Durée | 71 minutes |
Sortie | 1920 |
Le Cabinet du docteur Caligari (Das Cabinet des Dr. Caligari) est un film expressionniste et muet allemand de Robert Wiene sorti en salles en 1920.
Devenu l'acte de la naissance du genre horrifique, le film introduit une iconographie, des thèmes, des personnages et des expressions qui seront importants pour des films comme Dracula, réalisé par Tod Browning, et Frankenstein (tous les deux sortis en 1931) ou La Fiancée de Frankenstein, de James Whale en 1935.
Synopsis
Dans une fête foraine, vers 1830, le docteur Caligari exhibe Cesare, un somnambule. Celui-ci prédit à un étudiant, Alan, qu'il ne vivra pas jusqu'à l'aube. Il est en effet assassiné dans son lit. Son ami Francis soupçonne Caligari. La jeune fille que convoitaient Alan et Francis est enlevée par Cesare. Poursuivi, le somnambule s'écroule après avoir abandonné son fardeau. Francis poursuit Caligari qui se réfugie dans un asile de fous, dont Caligari s'avère être le directeur, et Francis un des patients, ainsi que la jeune fille convoitée…
Acte 1
Prologue : Deux personnages discutent sur un banc dans un parc. Le plus jeune, Francis, raconte le drame qu'il vient de vivre…
Une fête foraine s'installe dans la petite ville d'Holstenwall. Le Dr Caligari, de passage dans celle-ci, obtient, après quelques difficultés, l'autorisation du désagréable Secrétaire de Mairie d'installer un stand afin d'y présenter un somnambule.
Acte 2
La nuit suivante, le Secrétaire de Mairie est assassiné. Le lendemain, Francis et son ami Alan vont à la fête foraine. Ils assistent au spectacle du Dr Caligari, qui présente Cesare le somnambule. Celui-ci prédit à Alan qu'il mourra avant l'aube. De retour de la fête foraine, en marchant dans les rues désertes, Francis et Alan rencontrent Jane, qu'ils aiment tous deux secrètement. Alan est assassiné chez lui dans la nuit.
Acte 3
Alors que Francis soupçonne le Dr Caligari et Cesare d'être les auteurs du crime, une femme manque d'être assassinée la nuit suivante et l'homme à l'intention meurtrière, un vagabond, est arrêté pendant qu'il tentait de fuir.
Acte 4
Intriguée par les soupçons de Francis, Jane rend visite au Dr Caligari et à Cesare dans leur stand de la fête foraine. Elle s'enfuit précipitamment, terrifiée par les deux hommes. Interrogé par la police, le vagabond reconnaît son intention de tuer la femme, mais en aucun cas les meurtres du Secrétaire de Mairie ni d'Alan.
Peu après, Cesare tente d'assassiner Jane alors qu'elle dort chez elle, mais échoue. Puis il essaye de l'enlever, mais, pris en chasse par les villageois, l'abandonne. Caligari s'enfuit lui aussi, poursuivi par Francis. Il se réfugie dans un asile psychiatrique, dont il s'avère être le Directeur !
Acte 5
L'étau se resserre autour de Caligari, des documents trouvés dans son bureau attestent qu'il a manipulé Cesare le somnambule pour le conduire à commettre des meurtres sous son contrôle. Il voulait prendre la place du vrai Caligari, un autre mystique qui lui aussi manipulait un somnambule, cela afin de découvrir le secret de son contrôle.
Acte 6
Démasqué, Caligari achève de sombrer dans la folie, il est interné avec une camisole de force dans son propre asile psychiatrique.
Épilogue : Fin du flashback et renversement de situation.
Francis achève le récit de son aventure. Il quitte le parc pour pénétrer dans la salle principale de l'asile psychiatrique, qui est remplie de malades mentaux. Il y croise Cesare, et Jane qui tient des propos incohérents… Derrière lui, un homme descend les escaliers. Il s'agit du directeur de l'asile, qui a les traits de Caligari. Francis l'aperçoit et, pris de démence, tente de l'empoigner. Mais il est immédiatement maîtrisé par des infirmiers et conduit dans une cellule d'isolement. Le directeur l'examine et s'exclame : « J'ai enfin compris sa démence, il me prend pour le mystique Caligari ! Je connais maintenant le moyen de le guérir ! ».
Fiche technique[modifier | modifier le code]
- Titre original : Das Cabinet des Dr. Caligari
- Titre français : Le Cabinet du docteur Caligari
- Réalisateur : Robert Wiene
- Assistant-réalisateur : Rochus Gliese
- Scénario : Carl Mayer et Hans Janowitz
- Directeur de la photographie : Willy Hameister
- Décors : Hermann Warm, Walter Reimann, Walter Röhrig
- Musique : Giuseppe Becce, Alfredo Antonini, Timothy Brock, Richard Marriott, Peter Schirmann, Rainer Viertblöck, Donald Sosin
- Producteurs: Erich Pommer, Rudolf Meinert
- Production : Firme Decla-Bioscop
- Pays d'origine : Allemagne
- Format : Noir et blanc (teinté) - film muet - 1,33:1
- Genre : fantastique
- Durée : 71 minutes
- Dates de sortie :
Musique
En 1994 a été produite par la ZDF, en collaboration avec Arte, une version restaurée par le service fédéral des archives cinématographiques allemand (Filmarchiv des Bundesarchivs), mais avec une trame sonore nouvelle composée par Rainer Viertblöck pour guitare électrique, saxophone alto, piano, basse électrique, batterie, percussions et synthétiseur. Cette trame sonore, très moderne et expressionniste (mélange de musique électronique et de free jazz, sans mélodie), a été saluée par d'aucuns comme un excellent moyen de raviver un film de l'époque muette pour les spectateurs contemporains « dont les perceptions sont généralement brouillées par des yeux moins patients1 » que ceux du public d'antan.
Distribution
- Werner Krauss : Docteur Caligari / Le directeur de l'hôpital psychiatrique
- Conrad Veidt : Cesare, le somnambule
- Lil Dagover : Jane Olsen
- Friedrich Fehér : Franz
- Hans Heinrich von Twardowski : Alan
- Rudolf Lettinger : Dr. Olsen, le père de Jane
- Rudolf Klein-Rogge : le cambrioleur
- Ludwig Rex : un meurtrier
- Elsa Wagner : la propriétaire
- Henri Peters-Arnolds : un jeune médecin
- Hans Lanser-Ludolff : un homme âgé
- Harry Froebess : un cascadeur
Analyse
Mis à part le préambule, la scène dans le parc, et l'épilogue, le film décrit en fait le délire d'un fou, en l'occurrence Francis. Ce film donnait à voir une histoire de fou racontée par un fou, ce qui était déjà révolutionnaire à une époque où le récit filmique à la première personne n'existait pas encore. Les décors faits de fausses perspectives, tout en obliques, d'angles aigus, de proportions tronquées, l'écriture des cartons intertitres, la colorisation de la pellicule différant selon les scènes, et bien sûr le jeu expressionniste des acteurs, sont autant d'éléments qui contribuent à accentuer l'impression d'irréalité. Ce décor correspond donc bien au mouvement de l'expressionnisme allemand, caractérisé par le chaos, les formes violemment torturées. Le cabinet du docteur Caligari peut témoigner de cette influence picturale. Les décors du cabinet du Docteur Caligari sont des tableaux peints, Walter Reimann, Hermann Warm et Walter Röhrig en sont les décorateurs attitrés. Les décors sont caractérisés par des ombres très fortes, des lignes franches, des figures géométriques presque exagérées. C’est un réel retour à une perspective frontale des décors, qui va être préféré au réalisme. D'ailleurs Warm insiste sur ce caractère fantastique et irréel en disant que « les images du film devaient être éloignées de la réalité et revêtir un style graphique fantastique 2». C’est finalement le décor qui va déterminer le cheminement des acteurs, comme prisonnier d’un espace irréel.
L'éclairage joue également un rôle important en jouant sur l'affrontement de l'ombre et de la lumière et en soulignant ainsi les contrastes. « Les films doivent être des gravures rendues vivantes », affirmait Hermann Warm, l'un des trois décorateurs du film.
Fritz Lang, qui avait été pressenti pour mettre en scène le film, mais qui avait refusé car il tournait au même moment Les Araignées, disait à propos de Caligari : « Erich Pommer m'avait désigné à l'origine comme metteur en scène pour ce film. À ce moment il était question de tourner Caligari, disons en style expressionniste. Je crois que ma seule contribution à ce film fut de dire : Mes enfants, vous ne pouvez pas le faire comme ça, vous allez trop loin. L'expressionnisme au point que vous le voulez, ce n'est pas possible. Ça effraiera trop le public. C'est alors que j'ai proposé l'action à tiroirs. On a accepté cela et on a fait se dérouler le début dans un asile d'aliénés. Si j'avais mis le film en scène, j'aurais simplement traité le prologue et l'épilogue de manière tout à fait réaliste, pour exprimer qu'il s'agit là de la réalité, alors que la partie centrale décrit un rêve, la vision d'un fou. D'ailleurs, c'est un thème qui m'a toujours beaucoup intéressé et qu'on retrouve aussi dans Mabuse. »
Adaptations et remakes
- 1962 : The Cabinet of Caligari de Roger Kay.
- 1989 : Dr. Caligari de Stephen Sayadian.
- 1991 : The Cabinet of Dr. Ramirez de Peter Sellars.
- 2005 : Le Cabinet du docteur Caligari, remake américain, réalisé par David Lee Fisher.
Bibliographie
- Siegfried Kracauer (trad. Claude B. Levenson), De Caligari à Hitler : une histoire psychologique du cinéma allemand, Lausanne, L'Âge d'Homme,
- Repérages : autour du 'Cabinet du docteur Caligari' : (catalogue de l'exposition, Crac, scène nationale, Valence) du 21 au .
- (en) Walter Schatzberg, Beyond Caligari : The Films of Robert Wiene, New York, Berghan Books,
- Cahiers du Cinéma (Les), no 404,
- Positif, no 359,
Robert Wiene
Robert Wiene, né le à Breslau (Empire allemand) et mort le à la clinique Rémusat dans le 16e arrondissement de Paris de Paris1, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma allemand.
Biographie
Il est né dans une famille d’artiste, son père était un acteur de théâtre renommé et son jeune frère Conrad Wiene travailla aussi dans le monde du cinéma comme réalisateur, scénariste et acteur.
Il s’orienta vers l’Université Humboldt de Berlin pour y étudier le droit, mais c’est en 1908 qu’il s’intéressa au théatre et qu'il se produisit dans des petits rôles en tant qu'acteur puis il s'orienta vers la mise en scène. Il débuta en tant que scénariste vers 1914 pour se tourner finalement vers la réalisation.
Sa carrière démarre en 1919 lorsque le producteur Erich Pommer vient le trouver pour adapter le scénario de Carl Mayer et Hans Janowitz. Il s’agit du Cabinet du Docteur Caligari, le film-manifeste du cinéma expressionniste allemand. Robert Wiene apporte quelques modifications au film en rajoutant un prologue ainsi qu'un épilogue qui ont pour but de faire comprendre aux spectateurs qu'il s'agit d'un récit sorti de l'imagination d'un fou. À sa sortie en Allemagne, le film rencontre un grand succès puis il finira par être diffusé partout dans le monde. Le Cabinet du Docteur Caligari est le premier film diffusé aux États-Unis après la fin de la Première Guerre mondiale. Il continuera de collaborer avec Carl Mayer par la suite.
Par la suite, il met en scène d'autres films empreints de la même étrangeté, comme Raskolnikov (1923) ou Les Mains d'Orlac (1924]), qui néanmoins n'ont pas la même force que son film le plus célèbre.
À l'avènement du Troisième Reich, il est contraint à l'exil. Il quitte l'Allemagne pour la Hongrie, puis la Grande-Bretagne et enfin la France. Atteint d'un cancer, il ne peut terminer son dernier film, Ultimatum : c'est un autre réalisateur exilé, Robert Siodmak, qui l'achèvera2.
Il fut Inhumé en concession temporaire dans la 107ème division du cimetière parisien de Bagneux le 3. Sa sépulture a depuis fait l’objet d’une reprise.
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WIENE (Robert) / Dict. du cinéma Larousse
acteur et cinéaste allemand (en Saxe 1881 - Paris, France, 1938).
Acteur et metteur en scène de théâtre, Wiene apporte à l'écran le goût du baroque, des films en costumes, mais aussi du mélo et du film noir. Un seul titre lui vaut la célébrité, mais très tôt : le Cabinet du docteur Caligari(Das Kabinett des Dr. Caligari, 1919). L'expressionnisme y trouve son apothéose, à telle enseigne qu'on désignera la tendance qu'il amorce (et son impasse) du nom de « caligarisme » : exacerbation du jeu grinçant des acteurs, abstraction et distorsion des décors (dus pour ce film à trois artistes du groupe Sturm). Si l'œuvre ne manque pas d'étonner sur le moment et demeure un repère dans l'histoire du cinéma allemand, elle est vite rejetée comme exemplaire de tout ce que le cinéma doit éviter (Wegener, Cocteau condamneront cette épouvante burlesque). Wiene sera le premier à tourner la page : n'avait-il été que l'excellent régisseur d'une entreprise encombrée par des personnalités comme le scénariste Carl Mayer, les acteurs Conrad Veidt et Werner Krauss ? Si Mayer est encore l'auteur du scénario de Genuine (1920), le film n'ajoute rien à la gloire de Wiene. En revanche, les éclairages et les décors, les surimpressions oniriques de Raskol-nikoff(1923) sont intéressants. Des films qu'il signe ensuite, notons surtout TragiKomödie / Der Puppenmacher von Kiang-Ning (1923), encore sur un scénario de Mayer, Bouddhas vivants (Lebende Buddhas, 1924), les Mains d'Orlac (Orlacs Hände, 1925, avec Conrad Veidt), d'après Maurice Renard, et le Chevalier à la rose (Der Rosenkavalier, id.), où il renoue avec une tradition viennoise, le ravissant Jaque-Catelain en détenant la vedette... L'arrivée des nazis au pouvoir contraint Robert Wiene à l'exil. Il meurt avant d'avoir terminé Ultimatum, qui est repris alors par Robert Siodmak.
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The Cabinet of Dr. Caligari (1920)
With twisted and bizarre sets, eccentric acting and a dark psychological tone, The Cabinet of Dr. Caligari is a revolutionary piece of filmmaking whose presence can be felt throughout cinema history. As one of the first German Expressionist films, The Cabinet of Dr. Caligari is also one of the earliest examples of framed narrative [http://en.wikipedia.org/wiki/Frame_story] and twist ending represented on film. A completely new way of approaching moving pictures, The Cabinet of Dr. Caligari is a must watch for lovers of the art of film.
The Cabinet of Dr. Caligari begins with Francis (Friedrich Feher) describing a recent turmoil he suffered in his hometown. Flashing back to the beginning of the annual fair in Holstenwall, the mysterious Dr. Caligari (Werner Krauss) arrived to display his prized attraction; a somnambulist (sleepwalker) named Cesare (Conrad Veidt). A series of bizarre murders begin to take place, and the town is gripped with fear. Francis looses his best friend, Alan (Hans Heinrich von Twardowski), to the mysterious killer, and his fiancé, Jane (Lil Dagover), is stricken with shock after being kidnapped by the deranged madman.
Director Robert Wiene tells his story in a way that is completely unique, and enthralling. Using jumpy movements by his actors, and interlacing the silent film with uniquely patterned title cards, Wiene is able to give his film a chilling consciousness. Using various iris wipes and colored film, Wiene can make it feel like the actors are manifestations of the film itself; almost like they are figures breaking free from the visual media, instead of being imprinted upon it. As with most silent films, Wiene’s colored film denotes various times of day and scene location: Blue/green for night, yellow for daytime, and a pink/red for the interior of Jane’s home. The distinction between these colored frames makes it easy to set the mood for a scene without unnecessary cards, or exposition.
One of the most striking and revolutionary concepts of The Cabinet of Dr. Caligari is its use of abstract sets and lighting. Hard angles, and impossible structures adorn the set, and each are painted with harsh lines and “shadows” in order to remove the need for extra lighting. With the camera steadily positioned, the actors move crookedly around their equally distorted environment, casting their own shadows, and interacting with the stationary lines of the set; therein creating images that are visually confusing, and adding to the film’s overall sense of unease. The unique lighting in Dr. Caligari would set the tone for other German Expressionist directors, and eventually lead to the Noir movement of the 1940′-50’s.
An incredible achievement in stationary direction, Robert Wiene is able to tell his story without ever moving the camera. Able to create motion through quick cuts to other areas of the set, Wiene is able to create a pan where the camera “follows” the police while they chase their suspected killer through the dark streets. Using the iris wipe to delineate scene changes, Wiene also uses straight cuts to distinguish action or mood within a scene. Cutting to a “close up” of Francis’ face during discussions with police help us to understand how seriously he is taking the case, and cuts to the face of Jane are used to show her emotional distress at learning terrible news of Alan’s death.
Introducing filmmakers to the horror genre, and transforming the cinematic landscape, The Cabinet of Dr. Caligari is a masterpiece of silent cinema, whose enduring legacy and innovations can still be felt nearly one-hundred years later.
The Cabinet of Dr. Caligari can be watched HERE on YouTube and is streaming on Amazon Instant.
http://www.aviewtoaqueue.com/the-cabinet-of-dr-caligari-1920/
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