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LE CINÉMA FRANÇAIS ET LE RÉALISME POÉTIQUE
La qualité, qui a caractérisé le cinéma français des années 1930, n’était pas seulement le fruit de l’inspiration de grands cinéastes, mais aussi celui du professionnalisme des équipes qui les entouraient.
A côté des noms les plus prestigieux qui formèrent ce qu’on a appelé le « réalisme poétique » – Renoir, Carné, Feyder, Clair, Vigo, Grémillon et Duvivier – beaucoup d’autres cinéastes travaillèrent en France, avec des résultats divers quant à la qualité et au succès obtenus. A ce groupe fameux, qui donna entre 1930 et 1939 une démonstration d’ensemble qui le place parmi les courants essentiels de l’histoire du cinéma, il ne faut pas oublier de rattacher quelques cinéastes qui s’étaient déjà affirmés bien avant, notamment Abel Gance, Marcel L’Herbier, Louis Delluc, Alberto Cavalcanti et Jean Epstein.
Autodidacte, grand innovateur dans le domaine de la technique et expérimentateur de génie, Abel Gance réalisa en 1934 une version stéréophonique de son Napoléon (1927), qu’il avait précédemment tourné en polyvision et projeté sur triple écran. En utilisant le son stéréophonique, Gance voulait explorer les énormes possibilités offertes par les dernières découvertes dans le domaine du son. Cet essai, tout à fait inédit à l’époque, fut suivi surtout par une série de films de routine qui ne lui permirent pas vraiment d’exprimer son immense personnalité. Parmi ces derniers on remarquera Lucrèce Borgia (1935), avec Edwige Feuillère, Un Grand amour de Beethoven (1936), avec Harry Baur, J’accuse (1937), nouvelle version d’un film muet qui avait obtenu un immense succès en 1919, et Le Paradis perdu (1939), un film mélancolique qui s’insère mieux que les autres dans le ton général du cinéma français de cette époque.
De Marcel L’Herbier, qui réalisa de nombreux films commerciaux, on peut citer, pour la période qui nous intéresse. : Les Hommes nouveaux (1936), un film spectaculaire tiré du roman de Claude Farrère, où se distingua l’excellent Signoret, la poétique Comédie du bonheur (1940), qui fut réalisée à Rome avec Michel Simon et Micheline Presle, Histoire de rire (1941), d’après une comédie d’Armand Salacrou, et La Nuit fantastique (1942), un film insolite qui était un hommage aux pionniers du cinéma. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas (1983)]
CINÉASTES ÉTRANGERS EN FRANCE
De nombreux cinéastes étrangers venus travailler en France apportèrent une contribution non négligeable au cinéma des années 30, que l’école du Kammerspiel influença de manière certaine. Le grand cinéaste allemand Georg Wilhelm Pabst, après avoir tourné L’Atlantide en deux versions (Die Herrin von Atlantis /Atlantide, avec Brigitte Helm, 1932) et Don Quichotte (1933, avec Fedor Chaliapine), réalisa De haut en bas (1934), un film plein d’esprit et de malice, et Mademoiselle Docteur (1937), interprété par Dita Parlo, Pierre Fresnay, Louis Jouvet, Charles Dullin et Jean-Louis Barrault, Le Drame de Shanghai (1938) et le poignant Jeunes Filles en détresse (1939). Le Hongrois Nicolas Farkas, qui avait été l’opérateur de Pabst pour Don Quichotte, passa à la réalisation en 1934 avec La Bataille, suivie de Variétés (1936), avec Jean Gabin et Annabella, et de Port Arthur (1936) avec Danielle Darrieux.
Max Ophuls, Français d’adoption, occupa une place à part dans le groupe des auteurs qui travaillèrent en France. Après Divine (sur un scénario de Colette), La Tendre Ennemie et une transposition du roman de Goethe, Le Roman de Werther (1938), il réalisa l’année suivante Sans lendemain, avec Edwige Feuillère dans le rôle d’une femme qui gagnait sa vie dans une maison louche. Il la retrouvera dans une évocation historique assez réussie, De Mayerling à Sarajevo (1940).
Parmi les Allemands, les Autrichiens et les Tchécoslovaques qui vinrent en France, beaucoup émigrèrent pour des raisons qui ne tenaient pas seulement à la situation de la profession cinématographique, mais surtout à l’inquiétante progression de l’antisémitisme hitlérien. C’est le cas de Richard Oswald, Robert Wiene, Kurt Bernhardt, Robert Siodmak, Ludwig Berger, Victor Trivas, Karel Anton, Carl Lamac, Billy Wilder – même s’ils ne travaillèrent qu’épisodiquement sur le sol français – et Fritz Lang, engagé avec le producteur allemand Erich Pommer dans la production de Liliom (1934). C’est en 1932 que Carl Theodor Dreyer réalisa en France un de ses films les plus intéressants, Vampyr ou l’étrange aventure de David Grey. Parmi les italiens, outre Augusto Genina et Mario Bonnard, Carmine Gallone réalisa en France plusieurs de ses films, dont le remarquable Un Soir de rafle (1930), écrit par Henri Decoin et très influencé par le René Clair de Sous les toits de Paris (1930). Le Belge Albert Valentin, ancien assistant de René Clair, tourna deux films français dans les studios de l’UFA à Berlin (coproduits par Raoul Ploquin), L’Entraîneuse et L’Héritier des Mondésir, respectivement en 1938 et en 1939. Dans le premier, mélo discret et efficace, on pouvait apprécier les interprétations de Michèle Morgan et de Fréhel, et dans le second Fernandel, costumé, maquillé et travesti, jouait à lui seul vingt rôles différents.
Les cinéastes russes établis en France – sans oublier quelques acteurs – furent eux aussi assez nombreux. Leonid Moguy, né à Leningrad dans une famille ukrainienne, sut créer des atmosphères inquiétantes dans des films tels que Prisons sans barreaux (1939), qui révéla la troublante personnalité de Corinne Luchaire, Conflit (1938), Le Déserteur (Je t’attendrai, 1939), L’Empreinte du dieu (1940), où les problèmes de la féminité, de la maternité et de l’amour, étaient considérés sous un angle un peu simpliste. Ivan Mosjoukine réalisa Brasier ardent en 1922, puis, après ce film symboliste et très avant-gardiste, reprit son métier d’acteur qui exerça en France Jusqu’à sa mort en 1939.
Dimitri Kirsanoff, auteur de poétiques courts métrages muets comme Ménilmontant (1924) et Brumes d’automne (1927), réalisa en 1934 Rapt, tiré d’un roman de C.F. Ramuz, l’histoire d’un enlèvement lors d’un conflit entre des populations montagnardes de culture différente. Il enchaîna avec Franco de port (1937), un titre un peu cavalier pour un film traitant du tragique problème de la traite des blanches, et Quartiers sans soleil (1939).
Deux grands noms du cinéma russe, Alexandrov et Eisenstein, s’associèrent à des producteurs français pour la réalisation d’un court métrage, Romance sentimentale (1930). Fedor Ozep, qui avait un net penchant pour le pittoresque, réalisa Amok (1934), d’après un roman de Stefan Zweig, La Dame de Pique (1937), d’après Pouchkine, puis Gibraltar et Tarakanova (tous deux en 1938). Ces divers longs métrages témoignent de la vogue des films d’ambiance tsariste pendant la décennie 1930-1940, due à la fois à l’émigration nombreuse de Russes blancs et au prestige qu’avaient sur les cœurs simples et les âmes sensibles les uniformes chamarrés, les grands bals à la Cour et les destins contrariés dans les immenses plaines balayées par les vents. Gibraltar était un bon film d’espionnage vibrant d’accents patriotiques, et Tarakanova nous révélait les charmes du carnaval de Venise en même temps que la tristesse des geôles de Saint-Pétersbourg. On doit à Anatole Litvak, en transit à Paris avant de s’installer définitivement en Amérique, deux films remarquablement dirigés (c’est toujours le cas avec Litvak) : L’Equipage (1935), avec Annabella et Jean-Pierre Aumont, et Mayerling (1936), avec Charles Boyer et Danielle Darrieux. Toujours parmi les Russes qui travaillèrent à Paris durant ces années il ne faut pas oublier Alexis Granovsky, qui réalisa Les Aventures du roi Pausole (1933), Nuits moscovites (1934), et Tarass Boulba (1935), le prolifique Victor Tourjansky, réalisateur du Mensonge de Nina Petrovna (1937), et de Nostalgie (1937), et enfin Alexandre Volkoff, dont on a pu voir La Mille et deuxième nuit et L’Enfant du carnaval (tous deux de 1933).
Cinéastes et acteurs ne furent pas les seuls à trouver en France une terre d’accueil : la présence – souvent assez courte – de décorateurs et d’opérateurs immigrés fut particulièrement importante. A ce titre on peut rappeler les noms de Boris Kaufman, Eugen Schüfftan et Rudy Maté (le futur réalisateur de westerns et de films de science-fiction). Pendant la guerre, ils durent d’ailleurs tous trouver refuge dans des pays plus sûrs que ne l’était l’Europe occupée. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas (1983)]
LES ACTEURS-PHARES DU RÉALISME POÉTIQUE
Bien que redevable au talent d’une solide école de cinéastes, le réalisme poétique français dut une grande part de son succès à des acteurs qui surent conférer une densité remarquable à leurs personnages. C’est sans doute pour cela que le cinéma français des années 1930 est qualifié de « cinéma d’acteurs », formule un peu facile mais qui n’est pas éloignée de la vérité.
Louis Jouvet, et ses interprétations magistrales dans les films de Renoir – Les Bas-fonds (1936) – et de Duvivier – La Fin du jour (1939); Pierre Fresnay dans La Grande Illusion (1937); Jean Gabin, l’acteur vedette (parfois avec Michèle Morgan) de nombreux films de Carné – Le Quai des brumes (1938), Le jour se lève (1939) -, de Duvivier – La Bandera (1935), Pépé le Moko (1936), La Belle Équipe (1936) – et de Renoir – Les Bas-fonds , La Grande Illusion ; Raimu dans Carnet de bal (1937) et dans les films de Pagnol ; Françoise Rosay, interprète des principaux films de son mari Jacques Feyder ; Harry Baur, interprète des films de Duvivier ; Annabella – La Bandera et 14-Juillet (1932) ; Michel Simon, protagoniste de L’Atalante (1934) de Jean Vigo, et des premiers films de Renoir dont La Chienne (1931) ; Arletty, la fabuleuse actrice d’Hôtel du Nord et du Jour se lève, réalisés en 1938 et en 1939 par Marcel Carné; Charles Vanel dans L’Équipage ; Pierre Blanchar dans Carnet de bal. La personnalité de tous ces acteurs, leur caractère, dont le trait le plus marquant était « leur tristesse », renforcèrent le pessimisme ambiant d’un grand nombre de films français des années 30, et de la décennie suivante. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas (1983)]
SCÉNARISTES, ROMANCIERS ET MUSICIENS
Quiconque voudra étudier le cinéma français de cette époque ne devra pas minimiser l’importance de scénaristes et de romanciers tels que Jacques Prévert (collaborateur presque permanent de Marcel Carné), Francis Carco (Paris-béguin, 1931, et Prisons de femmes, 1938), Eugène Dabit (Hôtel du Nord et Pierre Mac Orlan (Le Quai des brumes). De même, l’atmosphère des films du réalisme poétique n’aurait pas été si réussie sans les contributions importantes de décorateurs tels que Léon Barsacq et Lazare Meerson pour plusieurs films de René Clair, Jacques Krauss pour ceux de Julien Duvivier, Eugène Lourié pour ceux de Jean Renoir, Serge Pimenoff pour Carnet de bal. Il en va de même des opérateurs : Georges Périnal (pour les films de René Clair); Christian Matras et Claude Renoir (pour les films de Jean Renoir) ainsi que des compositeurs Maurice Jaubert, Joseph Kosma et Georges Van Parys.
Maurice Jaubert eut une influence considérable et occupa une place des plus importantes dans l’école française du réalisme poétique, bien qu’il fût convaincu que le spectateur ne venait pas au cinéma pour écouter de la musique. Il pensait que la musique devait seulement permettre de prolonger une impression visuelle : « Nous ne lui demandons pas de nous expliquer les images, mais d’ajouter sa sensibilité à celle des personnages et du cinéaste, d’être assez décorative pour unir ses arabesques à celles que nous propose l’écran. Il faut qu’elle se débarrasse de tous ses éléments subjectifs, enfin, qu’elle nous rende physiquement sensible au rythme interne des images, sans pour cela se forcer à traduire le contenu sentimental, dramatique et poétique. »
Comme ensuite Joseph Kosma, Jaubert fut un musicien plein de nuances et de délicatesse : il partait du film pour arriver à la musique et n’effectuait jamais le chemin inverse, il n’hésitait pas, au besoin, à utiliser l’accordéon, l’harmonica et les instruments des orchestres de guinguettes (comme dans 14 Juillet); ses thèmes étaient romantiques et tristes, pleins d’abandon mélancolique ou de gaieté populaire, comme la musique du cortège nuptial et l’air joyeux joué à l’harmonica par Michel Simon dans L’Atalante de Vigo. Parmi ses autres partitions marquantes, on peut retenir Zéro de conduite (1933), du même Jean Vigo, la valse de Carnet de bal, le thème dramatique du Jour se lève dont le rythme suit exactement les battements du cœur de l’homme désemparé et assailli de toutes parts, et la populaire chanson de marin dans Le Quai des brumes.
Joseph Kosma, né à Budapest et ayant émigré en France en 1933, fut l’auteur de nombreuses musiques des films de Jean Renoir, tandis que Georges Van Parys – qui avait déjà collaboré avec Jean Boyer – remplaça Maurice Jaubert auprès de René Clair après la mort du premier, survenue en 1940. L’une de ses meilleures partitions fut celle qu’il écrivit pour Le Silence est d’or (1947). [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas (1983)]
LES GRANDS DÉCORATEURS
Le travail des décorateurs fut prépondérant dans le style très particulier du réalisme poétique, dans la mesure même où le genre, comme l’indique d’ailleurs son nom, devait rendre compte de la réalité tout en la nimbant de poésie, pas trop cependant mais suffisamment pour que la peinture de l’existence ne fût pas insupportable pour les nerfs des spectateurs (et surtout des spectatrices), qui eux, le plus souvent, vivaient ce réalisme dans leur existence quotidienne. Il fallait donc, dans un premier temps, créer le réel, puis immédiatement le détourner et faire dériver l’attention vers une intrigue finalement assez hollywoodienne.
Les grands décorateurs ne manquèrent pas au cinéma français. Le Russe Lazare Meerson créa le style réaliste des films de Jacques Feyder : Gribiche (1926), Carmen (1926), Les Nouveaux Messieurs (1929), Pension Mimosas (1935), et il reconstitua dans La Kermesse héroïque (1935) la Flandre savoureuse et picaresque de l’époque de l’occupation espagnole. Les costumes de G. K. Benda pour Le Million (1931) de René Clair et pour les films de Sacha Guitry sont restés des modèles du genre. Assistant de Meerson jusqu’en 1935, le Hongrois Alexandre Trauner assuma et continua la tradition réaliste de son maître, tout en y apportant des solutions personnelles et insolites liées à une convaincante sobriété de style. Il collabora notamment avec Marcel Carné, et on lui doit les décors de Quai des brumes, Hôtel du Nord, Le Jour se lève et Les Enfants du paradis. Le Français Léon Barsacq, autre grand décorateur, dessina les scènes de La Marseillaise (1937) et des Enfants du paradis (en étroite collaboration avec Trauner).
Parmi les décorateurs et les costumiers étrangers qui ont travaillé en France à cette époque – et qui souvent s’adaptèrent parfaitement au style et aux exigences de l’art cinématographique de leur pays d’accueil -, on notera le nom du Russe Georges Annenkov, costumier de nombreux films dont Mademoiselle Docteur, Mayerling et L’Eternel Retour (1943), celui d’Alfred Junge, qui participa à la réalisation de Marius (1931) avec Marcel Pagnol et Alexander Korda, et celui de l’Ukrainien Georges Wakhévitch qui collabora avec Jean Renoir pour Madame Bovary (1934), avec Fedor Ozep pour Gibraltar et avec Leonid Moguy pour Prisons sans barreaux. On doit à Andreï Andreev un Russe qui avait travaillé en Allemagne à l’époque du cinéma expressionniste, les décors de Don Quichotte et de Jeunes Filles en détresse de Pabst, de Mayerling (1936) de Litvak, ceux du Golem (1936) de Duvivier et du Corbeau (1943) de Clouzot.
Cavalcanti – pour En rade (1927) et La P’tite Lili (1927) – puis Renoir – pour La Petite Marchande d’allumettes et Tire-au-flanc (tous deux de 1928) – bénéficièrent de la collaboration du Danois Eric Aes, qui travailla ensuite avec Dreyer. Quand il vint tourner en France, le grand cinéaste danois reçut l’aide précieuse du décorateur Hermann Warm, considéré comme l’inspirateur direct de Meerson et de Trauner ; pour Dreyer il dessina La Passion de Jeanne d’Arc (1928) et Vampyr ou L’Etrange aventure de David Grey. Après des débuts comme affichiste publicitaire, Jean d’Eaubonne fut le très personnel décorateur du Sang d’un poète (1930) de Jean Cocteau, de Jenny (1936) de Marcel Carné et des Gens du voyage (Fahrendes Volk, 1938) de Feyder.
Ce riche aréopage de créateurs de toute sorte montre la vitalité du cinéma français de cette époque, depuis la confusion du début des années 30, où il se cherchait encore un style, jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, période pendant laquelle la production avait réussi à atteindre et à maintenir un niveau de qualité et une identité nationale où se mêlaient harmonieusement, sous le signe de la poésie, le rêve et la réalité.
Les résultats obtenus au début de la décennie par deux cinéastes comme Clair et Vigo puis, plus tard, par Feyder, Renoir, Duvivier et Carné, avec l’aide de leurs scénaristes Spaak, Jeanson et Prévert, firent de ces années une période extrêmement féconde du cinéma français – sans doute même la plus féconde – dont l’influence s’étendit non seulement au cinéma français de l’après-guerre, mais aussi au néoréalisme italien. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas (1983)]
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