CINEMAGIA

"Le privilège du cinématographe, c'est qu'il permet à un grand nombre de personnes de rêver ensemble le même rêve."(J.Cocteau)

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duminică, 30 octombrie 2022

CINEMA ITALIAN / ANII 50

 

LE CINÉMA ITALIEN AU DÉBUT DES ANNÉES 1950

PARMON CINÉMA À MOILE 13 SEPTEMBRE 2020 • ( POSTER UN COMMENTAIRE )

Au début des années 1950, le néoréalisme est en régression. Mais le cinéma italien découvre de nouvelles sources de fertilité, tandis que des cinéastes comme Freda ou Matarazzo illustrent la vitalité des genres populaires. 

Senso (Luchino Visconti, 1950)

Les années 1950 commencent bien pour le cinéma italien, tenant les promesses de la précédente décennie. La production est en augmentation passant de 104 films en 1950 à 204 en 1954. Les salles de projection voient leur nombre se multiplier : de moins de 5 000 à la fin de la guerre, elles sont 13 296 en 1953 et 16 207 en 1955. Quant aux recettes, elles sont caractérisées par une proportion croissante en faveur de la production nationale (24% en 1950, 36% en 1954), même si le cinéma américain demeure en tête. 

CINECITTÀ À L’HEURE INTERNATIONALE 

Les compagnies américaines trouvent de multiples avantages à venir tourner en Italie. La liste des « runaway productions » comprend notamment  Prince of foxes (Échec à Borgia, 1949), de Henry Black Magic king (Cagliostro, 1949), de Gregory Ratoff, Othello (1952), d’Orson Welles, Roman holiday (Vacances romaines, 1953), de William Wyler, Three coins in the fountain (La Fontaine des amours, 1954), de Jean Negulesco, Mambo (1954), de Robert Rossen, Beat the devil (Plus fort que le diable, 1953), de John Huston, The Barefoot Contessa (La Comtesse aux pieds nus, 1954), de Joseph L. Mankiewicz, Helen of Troy (Hélène de Troie, 1955), de Robert Wise, Summer madness (Vacances à Venise, 1955), de David Lean, War and peace (Guerre et paix, 1956), de King Vidor.

Chronique des pauvres amants (Carlo Lizzani, 1954)

Résolument ouverts à l’étranger, les studios italiens accueillent également Laurel et Hardy qui y tournent leur dernier film, Atoll K (1951), de Léo Joannon, tandis que Gloria Swanson fait une apparition remarquée dans O.K. Nerone (O.K. Néron, 1951), de Mario Soldati. Plusieurs actrices de nationalités diverses font ainsi leur entrée dans la cinématographie italienne, telles Martine Carol, May Britt, Martha Toren ou Tamara Lees. Par l’effet des accords de coproduction, de nombreux films réalisés par des cinéastes étrangers, français surtout, sont enfin considérés, du point de vue économique, comme des productions italiennes : c’est le cas de Fanfan la Tulipe (1951), de Christian-Jaque, Les Belles de nuit (1952), de René Clair, Le Carrosse d’or (1952), de Jean Renoir, Touchez pas au grisbi (1953), de Jacques Becker, Le Grand Jeu (1954), de Robert Siodmak, La Tour de Nesle (1954), d’Abel Gance, Muerte de un ciclista (Mort d’un cycliste (1955), de Juan Antonio Bardem, Les Grandes manœuvres (1955), de René Clair. 

Chronique d’un amour (Michelangelo Antonioni, 1950)

Cependant, la production cinématographique italienne trahit quelques signes de fragilité : déséquilibre sensible entre les exportations et les importations, faiblesses de l’infrastructure industrielle, dangereuse concentration des circuits de distribution. En outre, la loi sur le cinéma promulguée en 1949 arrive à expiration en 1955, et rien n’a été prévu pour la remplacer. Quant aux cinéastes, Ils se plaignent d’une censure qui s’acharne sur des œuvres aussi peu subversives que Senso (1954) de Visconti, La Romana (La Belle Romaine, 1954) de Luigi Zampa, Giorni d’amore (Jours d’amour, 1954), de Giuseppe De Santis, Totò e Carolina (1955), de Mario Monicelli. En 1953, Guido Aristarco et Renzo Renzi, coupables d’avoir publié dans « Cinema Nuovo » le synopsis d’un film destiné à relater les piètres exploits des soldats italiens en Grèce, sont même traduits devant un tribunal militaire, condamnés et enfermés dans la forteresse de Peschiera ! 

Femmes entre elles (Michelangelo Antonioni, 1955)

En 1955, la crise est ouverte. La production nationale retombe au niveau de 1951. Au mois d’avril, des metteurs en scène et des scénaristes rédigent un manifeste d’une extrême virulence : « Nous accusons le gouvernement, par sa politique cinématographique, de vouloir liquider l’une des expressions les plus importantes de notre culture. » D’importantes mesures financières sont exigées, ainsi qu’une libéralisation de la censure. Sur le premier point, ils obtiendront satisfaction. 

AUTEURS ET PREMIERS FILMS 

Tous ces obstacles et ces difficultés matérielles n’entravent pas cependant l’imagination créatrice ni la ferveur des cinéastes de talent. Après avoir réalisé Francesco, giullare di Dio (Onze Fioretti de François d’Assise, 1950), Roberto Rossellini s’interroge sur les inquiétudes qui s’emparent d’une humanité malheureuse et déçue. Stromboli, terra di Dio (Stromboli, 1950), Europa 51(1951), Dov’è la libertà ? (Où est la liberté ?, 1953), Viaggio in Italia (Voyage en Italie, 1954) et La Paura (La Peur, 1954) annoncent les débats essentiels de la prochaine décennie. Mais Giovanna d’Arco al rogo (Jeanne au bûcher, 1954), adaptation de l’œuvre lyrique de Claudel et Honegger, témoigne du malaise d’un cinéaste auquel les producteurs ne font plus confiance après l’échec de sa série de films avec Ingrid Bergman. 

Courrier du coeur (Federico Fellini, 1952)

Avec Anna Magnani, Luchino Visconti tourne Bellissima (1951), magnifique portrait d’une femme du peuple qui reporte ses espoirs déçus sur sa fille. Trois ans plus tard c’est Senso (1954), chatoyante mais aussi cruelle radiographie d’une passion au temps du Risorgimento. Dans Miracolo a Milano (Miracle à Milan, 1951), Vittorio De Sica harmonise l’esthétique néoréaliste, l’esprit du conte de fées et l’humour surréaliste de Zavattini. Umberto D. (1951), qui lui fait suite, reste probablement le film le plus lucide et le plus dur jamais réalisé sur la solitude du troisième âge. Le succès commercial viendra, pour De Sica, avec Stazione termini (1953) et L’Oro di Napoli (L’Or de Naples, 1954), films malheureusement marqués par une sensible régression artistique. 

La Pensionnaire (Alberto Lattuada, 1954)

Au début des années 1950 commencent des carrières prometteuses comme celle, en particulier, de Michelangelo Antonioni. Avec Cronaca di un amore (Chronique d’un amour, 1950), I vinti (Les Vaincus, 1952), film longtemps interdit en France à cause de l’évocation d’un fait divers célèbre à l’époque, ou Le Amiche (Femmes entre elles, 1955), le cinéma italien se détache des classes les plus défavorisées. Observateur des mœurs bourgeoises, Antonioni traite avec un certain détachement de ces malaises auxquels Rossellini semble répondre en termes d’existentialisme chrétien. Ses films possèdent une rigueur formelle beaucoup plus appréciée dans les ciné-clubs que dans le grand public. 

Pain, amour et fantaisie (Luigi Comencini, 1953)

D’autres cinéastes, nombreux et d’importance très inégale, font alors leurs premiers pas : Carlo Lizzani avec Achtung banditi !(1951) et Cronache di poveri amanti (Chronique des pauvres amants, 1954) ; Glauco Pellegrini avec Sinfonia d’amore (Symphonie inachevée, 1955) ; Sergio Corbucci avec Salvate mia figlia (1951) ; Gianni Puccini avec Il capitano di Venezia (1952) ; Antonio Pietrangeli avec Il sole negli occhi (1953) ; Piero Nelli avec La Pattuglia sperduta (La Patrouille perdue, 1954) ; Francesco Maselli avec l’épisode Histoire de Catherine dans l’Amour à la ville (Amore in città, 1955) et Gli sbandati (1955) ; Luigi Malerba et Antonio Marchi avec Donne e soldati (1955) ; Valerio Zurlini avec Le Ragazze di San Frediano (1954) ; Franco Rossi avec I falsari (1952), Il seduttore (1954) et Amici per la pelle (Amis pour la vie, 1955) ; Dino Risi avec Vacanze col gangster (1952), l’épisode Paradis pour quatre heures, dans Amore in città et Il segno di Venere (Le Signe de Vénus, 1955), interprété par le couple à succès Vittorio De Sica – Sophia Loren. 

Bannie du foyer (Raffaello Matarazzo, 1950)

La plupart des cinéastes de cette génération sont issus du documentaire ou de la critique, à moins qu’ils n’aient été d’abord scénaristes, comme Federico Fellini qui, en 1950, signe Luci del varietà (Feux du music-hall) avec Alberto Lattuada avant de présenter Lo sceicco bianco (Courrier du cœur, 1952) à la Mostra de Venise. Accueilli fraîchement par la critique, en dépit de ses qualités évidentes, le film sera un fiasco commercial. Fellini, toutefois, ne tarde pas à s’imposer avec I vitelloni (Les Vitelloni, 1953) et l’épisode Agence matrimoniale dans Amore in città, mais surtout avec La Strada (1954) et Il Bidone (1955), films dans lesquels le cinéaste élargit son univers poétique, fondé sur les souvenirs de son enfance et sur la fascination du monde du spectacle et lui donne une dimension métaphysique. A cet égard, La Strada reste le film le plus significatif de cette période. 

Deux nuits avec Cléopâtre (Mario Mattoli, 1955)

Les cinéastes révélés quelques années auparavant ne ralentissent pas pour autant leur production. C’est de 1951 que date l’un des meilleurs films de Giuseppe De Santis, Roma ore 11 (Onze heures sonnaient), bientôt suivi de Un Marito per Anna Zaccheo(1953) et Giorni d’amore (Jours d’amour, 1954). Infatigablement, Alberto Lattuada tourne film sur film : Anna (1951), un mélo de luxe, Il cappotto (Le Manteau, 1952), tiré d’un récit de Gogol et adapté au milieu italien, La Lupa (La Louve, 1953), d’après une nouvelle de Verga, l’épisode Les Italiens se retournent dans Amore in città, et La spiaggia (La Pensionnaire, 1954), qui offre à Martine Carol un fort joli rôle. Pietro Germi, quant à lui, aborde des genres très différents. et de façon très inégale avec La Città si difende (Traqué dans la ville , 1951), La Presidentessa (Mademoiselle la présidente, 1952), Il brigante di Tacca del Lupo (La Tanière des brigands, 1952) et Gelosia (1953). Eduardo De Filippo signe Filumena Marturano (1951), Marito e moglie (1952), Ragazze da marito (1952), l’épisode Avarice et colère dans Sette peccati capitali (Les Sept péchés capitaux, 1952), Napoletani a Milano (1953) et Questi fantasmi (1954). La plupart de ces films demeurent inconnus en France, où, seul, Napoli milionaria (Naples millionnaire, 1950) obtint un certain succès. De son côté, enfin, Mario Camerini renonce à la veine intimiste, qui lui avait valu beaucoup d’estime, pour s’atteler à la réalisation d’un colossal et très hollywoodien Ulisse (Ulysse, 1954) et reprendre ensuite, dans La Bella mugnaia (1955), son vieux succès d’avant-guerre, Il cappello a tre punte (1934). 

LES COURANTS TRADITIONNELS 

Tous ces cinéastes, que l’on rattache plus ou moins au courant néoréaliste, sont cependant loin de tenir le haut du pavé. Des formes cinématographiques plus traditionnelles survivent en effet avec une belle fécondité. Les modes de jadis continuent de séduire le public avec des films comme Bellezze in bicicletta (1951), de Carlo Campogalliani. Mais le plus étonnant exemple de cette pérennité reste indéniablement celui de Raffaello Matarazzo, dont on ne peut toutefois oublier qu’avant la guerre, avec Treno popolare (1933), il avait été l’un des authentiques précurseurs du néoréalisme. Ses mélodrames des années 1950, réalisés avec une intelligence cinématographique admirable, bouleversent des millions de spectateurs italiens : Catene (Le Mensonge d’une mère, 1950), Paolo e Francesca (1950), Tormento (Bannie du foyer, 1951), I figli di nessuno (Le Fils de personne, 1951), Torna ! (Larmes d’amour, 1954), La Nave delle donne maledette (Le Navire des filles perdues, 1954), L’angelo bianco (1955). Avec beaucoup moins de talent et de rigueur, Mario Costa tire les larmes des spectateurs grâce à des œuvres comme Perdonami (Pardonne-moi, 1953), Ti ho sempre amato (Marquée par le destin, 1954), Pietà per chi cade (Pitié pour celle qui tombe, 1954) ou Gli amori di Manon Lescaut (Les Amours de Manon Lescaut, 1954), nouvelle version du roman de l’abbé Prévost avec Myriam Bru, Franco Interlenghi et Roger Pigaut. 

Dommage que tu sois une canaille (Alessandro Blasetti, 1954)

Le simple énoncé de quelques titres suffit à démontrer la permanence de l’inspiration traditionnelle : Anema e core (1951), de Mario Mattoli, Messalina (1951), de Carmine Gallone, La Pieca di Sorrento (La Prisonnière des ténèbres, 1952), de Giacomo Gentilomo, Frine, cortigiana d’Oriente (Phryné, courtisane d’Orient, 1953), de Mario Bonnard, Casta diva (A toi… Toujours, 1955), de Carmine Gallone, ou les inusables Le Due orfanelle (Deux Orphelines, 1955), de Gentilomo, sujet déjà réalisé par Capellani (1910), Griffith (1921), Tourneur (1932) et Gallone (1943) en attendant Freda (1965)… 

Le Ciel est rouge (Claudio Gora, 1950)

Riccardo Freda, avant de tourner ses Deux Orphelines, s’illustre dans un genre qui n’a rien perdu de sa vitalité : le cinéma d’aventures historiques et de cape et d’épée. C’est avec brio qu’il réalise notamment La Vendetta di Aquila Nera (La Vengeance de l’Aigle noir, 1952), Spartaco (1953), Teodora, l’imperatrice di Bisanzio (Théodora, impératrice de Byzance, 1953). Nettement inférieur à Freda, mais tout aussi fécond, Pietro Francisci signe de son côté Il leone di Amalfi (Le Prince pirate, 1951), Le Meravigliose aventure di Guerrin Meschino (Le Prince esclave, 1952), La Regina di Saba (La Reine de Saba, 1952) et Attila (1954). 

Quelques pas dans la vie (Alessandro Blasetti et Paul Paviot, 1954)

Il convient en revanche de porter une attention particulière aux films de Vittorio Cottafavi, cinéaste largement méconnu en France et en Italie même et dont Michel Mourlet a défini ainsi l’univers : « Un cinéma de passion, de tortures, de terreur et d’amour s’inventait devant nos yeux émerveillés, en gestes rares, en regards de pierre, de glace et de métal, en silences assourdissants. » Il y a en effet quelque chose de « racinien » dans les films de cape et d’épée de Vittorio Cottafavi dont la forme très élaborée ne laisse pas d’être surprenante : Il boia di Lilla (Milady et les mousquetaires, 1952), I piombi di Venezia (Le Bourreau de Venise, 1952) et Il cavaliere di Maison Rouge (Le Prince au masque rouge, 1953) en sont de remarquables exemples. 

Le Chevalier sans loi (Mario Soldati, 1952)

Enfin l’éclectique et spirituel Mario Soldati, qui porte à l’écran « La Provinciale » de Moravia – le film sera distribué en France sous le titre La provinciale (La Marchande d’amour, 1953) -, sacrifie à la tradition héroïque avec Donne e briganti (Fra Diavolo, 1951), Le Aventure di Mandrin (Le Chevalier sans loi, 1952) et deux films adaptés de Salgari, le célèbre romancier populaire italien du XIXe siècle, I tre corsari (Les Trois Corsaires, 1952) et Jolanda, la figlia deI Corsaro Nero (La Fille du corsaire noir, 1953). 

Il bidone (Federico Fellini, 1955)

Au cours de cette même période, les films de guerre retrouvent la faveur du public avec Carica eroica (1952) et Uomini ombra (1954), de Francesco De Robertis, I sette dell’Orsa Maggiore (Panique à Gibraltar, 1953) et Divisione Folgore (1954), de Duilio Coletti, Siluri umani (Torpilles humaines, 1954), d’Antonio Leonviola. Tout en soulignant l’inutilité de leur sacrifice, ces films exaltent sans réserve l’héroïsme des combattants italiens sur le front de l’Est ou en Lybie, ainsi que les exploits des célèbres hommes-grenouilles du prince « noir » Valerio Borghese. 

Théodora, impératrice de Byzance (Riccardo Freda, 1954)

S’il est une tradition bien enracinée dans le sol italien, c’est bien la tradition musicale, et le cinéma ne manque pas de lui rendre hommage flattant la fierté nationale du grand public. D’ambitieuses biographies cinématographiques voient ainsi le jour, comme le superbe Giuseppe Verdi (1953), de Raffaello Matarazzo, le Puccini (1953), de Carmine Gallone ou le Enrico Caruso (1951), de Giacomo Gentilomo, sans oublier un autre film de Gallone consacré au fameux éditeur musical Ricordi, Casa Ricordi (La Maison du souvenir, 1954). Et, tandis qu’une Aida (1953) avec Sophia Loren soulève des tempêtes d’applaudissements, Domenico Paolella offre au public populaire des comédies musicales remplies de mélodies propres à enchanter les oreilles du plus grand nombre : Canzoni di mezzo secolo (1952), Canzoni, canzoni, canzoni (1953) et Canzoni di tutta ltalia (1955). Mais une mention spéciale doit être faite au sujet d’un excellent film d’Ettore Giannini, Carosello napoletano (Le Carrousel fantastique, 1954). Alliant avec beaucoup de goût le chant, la chorégraphie et les intermèdes dialogués, ce film aux couleurs féeriques réussit à évoquer trois siècles de patrimoine musical parthénopéen, de 1600 à 1918. 

Le Carrousel fantastique (Ettore Giannini, 1954)

Signalons enfin la vogue que connaissent alors les documentaires exotiques, parmi lesquels certains trouvent également la notoriété au-delà des frontières italiennes : par exemple Magia verde (Magie verte, 1954), de Gian Gaspare Napolitano, Sesto continente (Sixième Continent, 1954), de Folco Quilici, Continente perduto (Continent perdu, 1955), de Bonzi, Craveri et Gras, ainsi que L’impero del sole (L’Empire du soleil, 1956), de Craveri et Gras. 

VEDETTES ET COMIQUES

C’est au début des années 1950 que de nouvelles vedettes font leur apparition ruinant le prestige des anciennes. Gina Lollobrigida fait ainsi de bien alléchantes démonstrations de charme dans Fanfan la Tulipe, dans la série des Pain, amour et… , dans La Donna più bella deI mondo (La Belle des Belles, 1955), de R.Z. Leonard , où elle incarne la célèbre chanteuse Lina Cavalieri. Plantureuse et pimpante femme du peuple dans L’Or de Naples, Sophia Loren impose rapidement sa généreuse plastique, et Mario Soldati l’invite à imiter la Silvana Mangano de Riso amaro (Riz amer, 1949) dans La Donna deI fiume (La Fille du fleuve, 1955). Anna Magnani ou Alida Valli doivent céder désormais la palme à ces robustes et toniques modèles de féminité que sont Gina Lollobrigida, Sophia Loren et Silvana Pampanini entourées de la maternelle Yvonne Sanson, compagne d’infortune d’Amedeo Nazzari dans les films de Matarazzo, de Gianna Maria Canale, l’interprète préférée de Riccardo Freda, ou de beautés plus délicates comme Lucia Bosé, Anna Maria Ferrero, Eleonora Rossi Drago ou Antonella Lualdi. 

La Belle des belles (Robert Z. Leonard, 1956)

C’est Totò qui détient alors le sceptre du comique, tandis que décroît la popularité de Macario, de Tino Scotti ou de Nino Taranto. En cinq ans, Totò ne tourne pas moins de vingt-trois films, parmi lesquels Guardie e ladri (Gendarmes et voleurs, 1951), Dov’è la libertà ? (Où est la liberté ?, 1952), L’Oro di Napoli (L’Or de Naples, 1954), Miseria e nobiltà (Totò, misère et noblesse, 1954) et Siamo uomini o caporali ? (1955) comptent parmi les plus réussis. 

Misère et noblesse (Mario Mattoli, 1954)

Si une indéniable expression comique habite Walter Chiari, c’est plutôt à Vittorio De Sica et Gino Cervi que va la faveur du public italien. Tandis que le premier, entre deux mises en scène, campe de pittoresques compositions, le second, tout en jovialité, se taille un mémorable succès dans le rôle de Peppone, l’ineffable maire communiste du Petit monde de Don Camillo (1952). Dans ce film réalisé par Julien Duvivier et inspiré des personnages de Giovanni Guareschi, polémiste aux opinions volontiers conservatrices, Gino Cervi forme avec Fernandel un duo savoureux. Les interminables et cocasses disputes du communiste et du curé se poursuivront dans Le Retour de Don Camillo (1953), de Duvivier également, La Grande Bagarre de Don Camillo (1955) et Don Camillo monseigneur (1961), de Carmine Gallone, et enfin Don Camillo en Russie (1965), de Luigi Comencini. 

On ne peut dire que Luigi Comencini, qui deviendra l’un des meilleurs cinéastes italiens des années 1960, fasse œuvre très personnelle en réalisant, en 1953, Pane, amore e fantasia (Pain, amour et fantaisie). Interprétée par Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica, cette plaisante farce villageoise n’en est pas pour autant dénuée de charme. Elle sera d’ailleurs aussitôt suivie, toujours sous la direction de Comencini, de Pane, amore e gelosia (Pain, amour et jalousie, 1954), puis de Pane, amore e… (Pain, amour, ainsi soit-il, 1955), cette fois de Dino Risi. Cette série à succès, dont la forme demeure des plus conventionnelles, reprend avec bonheur certaines recettes du néoréalisme, suivant en cela l’exemple de Renato Castellani qui, dans Due soldi di speranza (Deux sous d’espoir, 1952), évoque le destin de deux amoureux pauvres d’argent, mais riches de vie et d’espérance… 

LA COMÉDIE À L’ITALIENNE 

La comédie « à l’italienne », qui connaîtra son âge d’or aux cours des années 1960 et 1970, trouve alors une illustration brillante avec le. films d’Alessandro Blasetti. Dans Altri tempi (Heureuse Epoque, 1952) et Tempi nostri (Quelques Pas dans la vie, 1954), les épisodes souriants alternent, comme dans un recueil de nouvelles, avec des moments dramatiques, tandis que Peccato che sia una canaglia (Dommage que tu sois une canaille, 1955) et La Fortuna di essere donna (La Chance d’être femme, 1955) peuvent rivaliser avec les meilleures comédies américaines.

Les Fiancés de Rome (Luciano Emmer, 1952

°Scénariste attaché à la naissance du néoréalisme, Sergio Amidei écrit, pour différents cinéastes, d’amusantes mosaïques de destinées individuelles croisées au hasard de la vie : Parigi è sempre Parigi (Paris est toujours Paris, 1951), Le Ragazze di piazza di Spagna (Les Fiancées de Rome, 1952) et Terza liceo (L’Amour au collège, 1953), de Luciano Emmer, Villa Borghese (Les Amants de la villa Borghese, 1953), Le Signorine dello 04 (1955) et Racconti romani (Cette folle jeunesse, 1955), de Gianni Franciolini. 

Les Vitelloni  (Federico Fellini, 1953)

Mais c’est véritablement Mario Monicelli qui ouvre la voie royale de la satire cinglante. Avec Steno il réalise Guardie e ladri (Gendarmes et voleurs, 1951) et Totò e i re di Roma (1955) puis seul, Totò e Carolina (1955). Quant a Luigi Zampa, après le succès des Processo alla città (Les Coupables, 1952), il se livre à d’amères chroniques des tares sociologiques italiennes, avec Anni facili (1953) et L’Arte di arrangiarsi (1954). C’est dans ce dernier film que s’impose Alberto Sordi, dont Fellini a révélé les dons mimétiques exceptionnels dans Courrier du cœur et Les Vitelloni, et dont la carrière féconde sera associée à toute l’histoire de la comédie « à l’italienne ». 


LE CINÉMA ITALIEN DANS LA TOURMENTE DE LA GUERRE
Quand l’Italie déclare la guerre à la France et à l’Angleterre, le 10 juin 1940, Cinecittà semble ne pas vouloir se rendre à l’évidence de la gravité de la situation. Sur le plan cinématographique, la bataille contre l’invasion américaine a été gagnée dès 1938. Grâce à la loi Alfieri (du 6 juin) et à la loi sur le monopole (du 20 septembre de la même année), la production étrangère a été bloquée et, sur le plan intérieur, on a vu se développer, par voie de conséquence, ce que certains ont appelé une « véritable orgie de production ».


PANE, AMORE E FANTASIA (Pain, Amour et Fantaisie) – Luigi Comencini (1953)
Lorenzo Codelli, publié dans la revue Positif en février 1974, il a déclaré : « Je voulais une comédie villageoise qui soit parfaite comme du Beaumarchais, une comédie « de caractères » assez élégante, et sans vulgarité, avec un fond social assez précis. Le maréchal des logis, qui est le personnage central, s’occupe de tout sauf des problèmes réels du village, il ne pense qu’à manger et à se trouver une femme. C’était à demi-sérieux, avec beaucoup de pointes comiques, mais avec un fond assez amer. »


  • LE CINÉMA ITALIEN DANS LA TOURMENTE DE LA GUERRE
la octombrie 30, 2022
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Etichete: cinema italian

joi, 28 ianuarie 2021

visconti 3 / Amurgul zeilor

 Ludwig - Le crépuscule des Dieux "Ludwig"


 
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Réalisé par Luchino Visconti
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Avec Helmut Berger, Trevor Howard, Silvana Mangano,
Gert Fröbe, Helmut Griem, Izabella Telezynska,
Umberto Orsini, John Moulder-Brown, Sonia Petrovna
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Titre original : Ludwig 1311523459_ludwig_-le-.jpg

.Long-métrage italien,  français, ouest-allemand .
Genre Drame, Historique, Biopic
Date de sortie cinéma : 15 mars 1973

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Helmut Berger. 
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Synopsis :
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Évocation du règne de Louis II de Bavière, protecteur des arts, et en particulier de Richard Wagner qui dut son salut et la possibilité de réaliser ses plus belles œuvres grâce à ce monarque...
Lorsqu'il monte sur le trône de Bavière Louis, il est alors âgé de dix-neuf ans. Passionné de littérature et de musique, la politique ne l'intéresse nullement. En mai 1864, il fait la connaissance du dieu de ses rêves : Richard Wagner, du chef d'orchestre Hans von Bülow et de sa femme Cosima, qui est la fille de Liszt.
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Helmut Berger et Silvana Mangano.
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Helmut Berger et Silvana Mangano
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Louis subvient à leurs besoins, mais ignore les relations entre Richard et Cosima. Il se sent trahi lorsqu'il apprend la vérité et invite le compositeur à quitter Munich. Louis se désintéresse de la guerre déclarée avec la Prusse, et s'attache à sa cousine, l'impératrice d'Autriche, qu'il adore.

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Mais, déçu par cette dernière, il annonce ses fiançailles avec la sœur de la souveraine, Sophie, qu'il va refuser d'épouser pour se tourner vers son attaché au service Richard Horning.
  

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Helmut Berger et
 Sonia Petrova


Louis II commande la construction de plusieurs châteaux. Méprisé par ses ministres, le roi se retire dans ses châteaux et invite l'acteur Joseph Kainz dont il est épris. 

 
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Helmut Berger et Folker Bohnet
 
Une enquête signée par plusieurs médecins le déclare fou et Louis se trouve interné au château de Berg.
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Helmut Berger
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Le 13 juin 1886, au soir, il sort en promenade accompagné du professeur Gudden. Plus tard, les corps des deux hommes seront retrouvés dans le lac.
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Romy Schneider 1311523710_i_10621_cre.jpg
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a accepté de reprendre le rôle de l'impératrice Sissi dans Ludwig uniquement pour rendre service à Luchino Visconti, alors qu'elle ne voulait plus entendre parler de ce rôle qu'elle avait tenu pour la trilogie de Ernst Marischka et qui l'avait par la suite cantonné aux rôles romantiques. 
 
  
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Une tétralogie avortée

Ludwig est précédé de deux autres films s'inspirant de Richard Wagner et Thomas Mann,
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Les Damnés 
et Mort à Venise Collection Christophe L. 
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Alors que cette tétralogie aurait du se conclure avec l'adaptation de La Montagne Magique de Thomas Mann,
Luchino Visconti fut victime d'une crise cardiaque lors du tournage de Ludwig qui lui laissa des séquelles trop importantes pour faire ce dernier film.
 

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1292268059_affiche-lud.jpg L'un des les lieux de tournage,
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le magnifique Théâtre Cuvilliés

 Il s'agit d'une des plus grandes et des plus prestigieuses maisons d'opéra et de ballet au monde.
Sa particularité est d'abriter à la fois un théâtre et un opéra.

Le théâtre Cuvilliés est un bâtiment jouxtant la résidence de Munich à Munich, édifié entre 1751 et 1753 sur des plans de François de Cuvilliés dans un style rococo bavarois. La construction a été réalisée par Johann Baptist Straub.
Maximilien III Joseph ordonna la construction de ce nouveau théâtre après l'incendie de la salle Saint-Georges, alors utilisée pour des représentations théâtrales et musicales. Plusieurs opéras ont été présentés pour la première fois dans ce théâtre, notamment Idomeneo, re di Creta de Mozart, en 1781.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le théâtre Cuvilliés fonctionne jusqu'en 1944. Ensuite, l'intérieur est démonté et les sculptures en bois, les balustrades sont mises à l'abri. De ce fait, seul le bâtiment se trouve détruit par les bombardements alliés. Il est reconstruit à l'identique à quelques mètres de son emplacement d'origine, il rouvre ses portes le 12 juin 1958 dans le cadre des festivités du 800e anniversaire de la ville de Munich. Il faut attendre 1985 pour le voir totalement achevé.
En 2004, il ferme pour une rénovation complète. Il rouvre ses portes le 14 juin 2008 avec une représentation de Idomeneo de Mozart sous la direction de Kent Nagano.
 
 

Sources :
http://www.allocine.fr

http://www.cineclubdecaen.com

http://www.notrecinema.com
http://fr.wikipedia.org
http://guide.munich-french-connection.net

Published by Alain dans mon univers

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LUDWIG – LE CRÉPUSCULE DES DIEUX de Luchino Visconti : l’incompris

By Gaspard Granaud | 28 mai 2020

Classique de Luchino Visconti, Ludwig – Le crépuscule des Dieux, nous emporte dans le quotidien de Louis II de Bavière de son règne à peine sorti de l’adolescence à sa chute dans la déchéance la plus totale.

C’est le portrait d’un roi qui se fiche pas mal de gouverner que dresse le cinéaste. Ludwig (Helmut Berger) apparait toujours déconnecté de la réalité, ailleurs, et ne semble vivre que pour ses lubies. Les mondanités, le protocole, les règles : il a tout cela en horreur. C’est ce qui le rapproche de sa cousine, la sublime Elisabeth d’Autriche (Romy Schneider), qui ne rate aucune occasion pour échapper aux devoirs qui la fatiguent en se prétendant « souffrante ». Le lien entre Ludwig et Elisabeth est très fort et le jeune roi n’a de cesse de mettre cette femme élégante et brillante sur un piédestal. Il lui voue un amour absolu et alors qu’il n’a jamais touché une femme, ce n’est qu’avec elle qu’il pourrait songer à se marier. Mais si à l’époque les mariages entre cousins ne posaient pas trop de problèmes, Elisabeth est déjà mariée et il lui est impossible de tout lâcher pour l’impétueux Ludwig.

ludwig luchino visconti

Si le cousin et la cousine se retrouvent sur beaucoup de choses et se comprennent parfois sans même avoir besoin de mots, ils n’ont pas les mêmes limites. Elisabeth sait jouer de ses privilèges et s’autorise des caprices mais dans les situations stratégiques sait témoigner de sagesse. Ludwig, lui, se comporte comme un adolescent en pleine crise. Il envoie valser toutes les obligations, se désintéresse de la vie du peuple et se laisse consumer par ses passions. Admirateur absolu de Richard Wagner, il va dépenser des sommes folles pour avoir le compositeur dans sa demeure et lui permettre de réaliser ses compositions et en particulier de monter Tristan et Isolde. Le roi espère trouver en l’artiste un ami. Ce dernier, hélas, va surtout profiter de la fascination qu’il exerce sur lui et tirer la corde jusqu’à l’extrême.

C’est ce qui touche dans le personnage de Ludwig : derrière sa froideur et son apparente nonchalance, c’est un garçon qui ne demande qu’à être aimé, trouver un ami, un confident, quelqu’un à qui il peut faire confiance. Avec son statut, il est forcément difficile de trouver des personnes sincères et loyales autour de soi et la dualité de Wagner dans leur relation va beaucoup le faire souffrir intérieurement. Il aura bien du mal à admettre que l’artiste a profité de lui. Elisabeth le décevra aussi à sa façon. Quand elle ne veut pas venir, elle ne vient pas (ainsi ne fera-t-elle pas l’honneur de sa venue lors de la représentation de Tristan et Isolde malgré l’insistance de son cousin) et elle ne donnera jamais à Ludwig toute l’affection qu’il espère d’elle. Stratège, elle essaiera de le pousser dans les bras de la jeune Sophie, avec plus ou moins de succès.

ludwig luchino visconti ludwig luchino visconti

Si au départ les lubies de Ludwig amusent, on réalise rapidement que la dépression voire la folie le guettent. Quand ce ne sera pas Wagner, son obsession se portera sur des comédiens ou sur la construction de châteaux ne servant à rien. Plus le temps passe, plus Ludwig est décrié, incompris et se referme sur lui-même. Il cède alors à l’autodestruction.

La dernière partie du métrage le montre ravagé, vivant en vase clos, entouré de jeunes éphèbes. Dès le départ, on avait deviné son homosexualité refoulée. Elle se matérialise peu à l’écran, davantage suggérée si ce n’est sur la fin où il est clair que les beaux garçons, qu’ils soient valets ou autres, sont les bienvenus. La façon qu’a Ludwig de vivre cette homosexualité est sous le signe de la culpabilité. On ne voit pas une réelle histoire d’amour, plus des attirances qu’il noie à grands coups de substances pour s’oublier.

ludwig luchino visconti

On retient de cette grande fresque aux décors et aux costumes somptueux l’interprétation magnétique de Helmut Berger mais aussi celle de Romy Schneider qui a accepté pour Visconti de se remettre dans la peau de « Sissi ». Elle est d’une beauté et d’une élégance foudroyantes et illumine chaque scène où elle est, montrant merveilleusement toute l’importance qu’a Elisabeth d’Autriche pour Ludwig. La mise en scène est superbe, s’apparentant de nombreuses fois à des tableaux de Maître. Et Visconti esquinte joliment le genre du film en costumes en nous entraînant dans une sorte de lent cauchemar, une fuite en avant infernale où règnent le mal-être, la solitude, le terrible sentiment d’être toujours incompris.

ludwig luchino visconti

Si la vision du film est exigeante en raison de sa durée de presque 4 heures (et il y a des longueurs car on est dans le quotidien d’un garçon qui s’ennuie copieusement), le portrait sensible et ténébreux de Ludwig captive. Ou l’histoire d’un roi qui ne pensait qu’à s’évader que par l’art pour fuir la réalité.

Film sorti en 1973. Disponible en DVD, VOD et sur Mycanal

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Ludwig : le crépuscule des dieux de Luchino Visconti : place de l’artiste et crépuscule d’une époque

Publié le 13 mai 2016 par Strum

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Ludwig : le crépuscule des dieux (1972) de Luchino Visconti est le troisième film de ce qui devait être la « tétralogie allemande » du cinéaste (qu’il avait entamée avec Les Damnés en 1969 et Mort à Venise en 1971). Un accident cérébral l’empêcha de réaliser la dernière oeuvre de ce cycle, qui l’aurait couronné d’un point de vue thématique et stylistique : une adaptation du grand oeuvre de Thomas Mann, La Montagne Magique. C’est à l’ombre de cette tétralogie avortée, et à la lueur des écrits de Thomas Mann, qu’il convient par conséquent de parler de Ludwig.

Ludwig se présente comme une enquête conduite par les ministres de Louis II de Bavière (1845-1886) pour établir sa folie, ou du moins son incapacité à régner. La structure du film parvient à maintenir l’attention du spectateur tout du long, ce qui n’est pas une mince gageure pour un film d’une durée de presque quatre heures. Le déroulement du récit de la vie du monarque est entrecoupé de gros plans de ministres ou de témoins, qui nous regardent dans les yeux (regards-caméra) pour nous confier leur effarement devant ses « manies ». Des séquences viennent ensuite confirmer ou infirmer leurs remarques, portant ainsi le point de vue de Visconti. Celui-ci est clair : Ludwig n’est pas fou et au contraire plus lucide que beaucoup : ne pouvant plier le mouvement de l’Histoire à ses désirs, il y plie les arts et les châteaux, agissant comme un metteur en scène créant les décors de sa vie. Il veut se libérer du carcan qui l’entoure, ministres, militaires, sa mère, les autres têtes couronnées d’Europe, l’apparat étouffant de la Cour qui le juge à l’aune de ce que devrait être un roi. Il est entouré de gens qui ne peuvent comprendre ni son amour de l’art, ni ses préférences sexuelles, ni son rejet de ses obligations de souverain, ni sa volonté de lutter contre l’Histoire. La seule personne dont il puisse espérer qu’elle le comprenne, c’est Sissi, et même elle finit par le repousser. Peu à peu, ce carcan du monde qu’il prétend ignorer va se retourner contre lui.

D’un point de vue formel, mais un ton en-deçà, Ludwig fait parfois penser au Guépard (1963) et à Mort à Venise. Ludwig a vraiment été tourné par Visconti dans les châteaux qu’a fait construire Ludwig (Linderhof, Berg ou Neuschswanstein), de même que Le Guépard fut vraiment tourné dans des palais siciliens réouverts et rénovés pour l’occasion, et Mort à Venise vraiment tourné dans le Grand Hôtel des Bains au Lido. Visconti a souvent mis en scène des personnages que la réalité rebute, mais quant à lui, il tirait parti du réel et son oeil en examinait toutes les possibilités. Tourner dans ces palais, c’était le prétexte qu’il avait trouvé pour y passer du temps, pour s’imaginer y vivre, pour les montrer au monde. Dans Ludwig, il les filme en longs plans larges (en scope, au format 2,35:1, et en Panavision) pour mieux les mettre en valeur. La photographie d’Armando Nannuzzi, notamment dans les scènes de nuit, est d’ailleurs superbe, et les couleurs aussi, qui relient le film au romantisme tardif sur un plan esthétique. Les zooms, qui marquent son appartenance au début des années 1970, sont utilisés avec parcimonie et avec une vitesse mesurée (alors que Nannuzzi en avait fait un usage outrancier dans Les Damnés). Le film baigne dans la musique crépusculaire de Wagner, qui le berce comme la mer un navire.

Loin de ne filmer que des palais, Visconti fait le portrait des hommes qui les habitent. Aussi est-ce également d’un point de vue thématique que Ludwig s’inscrit dans une filiation avec Le Guépard et Mort et Venise. Avec Le Guépard, en premier lieu, car bien que ce dernier ne fasse pas partie de la « tétralogie allemande », Visconti y met également en scène un homme qui refuse de participer à la réalité historique de son temps. Le Prince Salina décide dans la force de l’âge de ne plus tenir sa place dans le nouveau monde issu de la révolution italienne et décline notamment la possibilité d’entrer au Parlement italien. De même, Ludwig refuse la marche du temps, c’est-à-dire l’intégration inéluctable de la Bavière au Reich Allemand. Ludwig et Salina ont également en partage une certaine lucidité sur eux-mêmes. Le Prince Salina y ajoute une lucidité totale sur son époque. Ludwig est sans illusion sur le processus historique et comprend très bien le monde où il vit, mais il le refuse avec une violence et une démesure qui l’éloignent de la main sûre et du contrôle sur lui-même du Prince Salina. Ludwig ne vit que par procuration, au travers du refuge de l’Art (la musique de Wagner et ses châteaux, et c’est d’ailleurs ce qui reste de lui aujourd’hui) ; Salina aussi ne vit plus que par procuration, mais à travers son neveu Tancrède, un homme entreprenant et actif, qui se sent comme un poisson dans l’eau dans le nouveau monde. C’est que Ludwig est un artiste, au sens du terme que lui donnait Thomas Mann dans ses oeuvres de jeunesse, c’est à dire un homme complètement submergé par son extrême sensibilité au monde. Ludwig est complaisant envers ses défauts à cause d’un oeil perpétuellement tourné vers son for intérieur à l’instar d’un personnage d’un tableau de Modigliani. Le Prince Salina, lui, est un homme solide ayant les pieds rivés dans la terre de Sicile et aidant Tancrède autant qu’il peut. Les arts éloignent toujours plus Ludwig du monde, Tancrède rattache encore Salina au monde.

Avec Mort à Venise, ensuite, parce que le tempérament artistique de Ludwig le relie à Aschenbach. Chez les deux hommes, conformément aux interrogations de jeunesse de Thomas Mann sur les artistes (dans Les Buddenbrook, Tonio Krüger et Mort à Venise), le tempérament artistique est grevé d’une tare nerveuse empêchant l’artiste de tenir pleinement sa place au milieu des hommes. « Quelle doit être la place de l’artiste dans la société ? » telle est la question que se posait Mann, et que Visconti a reprise à son compte car il se la posait pour lui-même – quand on est à la fois aristocrate, héritier des inégalités de l’Histoire, et communiste ce qui supposerait de renoncer à ses privilèges de propriétaire, qui est-on ? La place de Ludwig n’était certainement pas d’être roi, tandis qu’Aschenbach en tant qu’artiste reconnu avait lui plus de liberté et pouvait s’adonner dans Mort à Venise à sa fascination pour Tadzio sans mettre en péril la politique d’une nation. Dans les deux films, les personnages (paradoxe pour Ludwig) se vivent et se situent hors de l’Histoire et hors de la société. Cette dernière, en retour, les a jugés « décadents », tel que le mot était compris à la fin du XIXè et au début du XXè siècles, voire aliénés. Ludwig, malgré sa popularité au sein de la population bavaroise, fut écarté du trône pour cette raison, et ce n’est que tardivement que l’Histoire reconnut ses mérites de roi constructeur et mécène des arts. C’est à cette idée de décadence et de crépuscule d’une culture (des idoles, écrivit Nietzsche) que Visconti donna corps dans les trois films de la « tétralogie allemande ». Il y parvint de manière très convaincante, si l’on excepte la tentative discutable, dans Les Damnés, de rattacher la décadence de la famille d’un industriel allemand à un processus de décadence historique (l’idée de Visconti de faire du nazisme une dégénérescence du capitalisme est globalement infondée historiquement et économiquement).

Un mot sur les interprètes. Romy Schneider, reprenant le rôle de l’impératrice Elisabeth d’Autriche (Sissi), qui l’avait rendue célèbre, est éblouissante de grâce et de beauté. Ses scènes avec Ludwig, qui montrent deux êtres en rupture de ban avec le monde et la société, mais qui restent prisonniers malgré tout de certaines convenances, sont très émouvantes. Une fois n’est pas coutume, le jeu maniéré d’Helmut Berger s’accorde bien au caractère et au destin de Ludwig. Berger est en particulier étonnant dans la deuxième partie du film, où un maquillage outré et des roulements d’yeux lui donnent de faux airs d’Ivan le Terrible – de faux airs, car c’est en réalité un enfant. Enfin, Trevor Howard, en Wagner, apporte un peu de vitalité au monde fermé du film.

Ce monde fermé, c’est l’horizon ultime du récit. Ludwig s’est isolé du monde dans les décors qu’il s’est fait construire et finit enfermé au chateau de Berg au crépuscule de sa vie. Est-ce lui qui choisit de sortir du décor de sa vie, devenue prison ? Ni l’Histoire, ni le film, ne le disent. On a le sentiment à la fin du film que Visconti a fait le tour de la question de la place et des tares de l’artiste – d’ailleurs certains critiques ne furent pas tendres avec ses films tardifs. Après une série de films en forme d’autoportraits, il était temps pour lui passer à autre chose, à l’instar de Thomas Mann qui résolut ses interrogations de jeunesse en écrivant La Montagne Magique, où il fit d’une pierre deux coups : il trouva sa place dans la vie (elle était d’écrire le grand roman allemand de l’époque) et s’attaqua à un autre problème qui concernait cette fois tous les hommes et pas seulements les artistes : faut-il vivre dans la contemplation ou dans l’action, qu’est-ce qui est préférable, une vie contemplative ou une vie active, et si l’on choisit la première ne court-on pas le risque que la seconde vous rattrape ? A cette question à laquelle Visconti entendait sans doute se confronter en projetant d’adapter La Montagne Magique, il ne lui fut hélas pas donné de pouvoir répondre.

Strum

Le temps jamais retrouvé de Visconti. - Pierluigi Piccini Blog

Qu’ont en commun le réalisateur italien, georges perec ou the who ? tous ont laissé une création inachevée. fasciné par l’oeuvre de proust, Luchino Visconti échoua à la transposer à l’écran. Il n’empêche : de “senso” à “mort à venise”, “La recherche” imprègne ses films.

Dès l’âge de 13 ans,  Luchino Visconti est exposé à La Recherche du temps perdu alors qu’il observe son père, plongé dans la lecture de Du côté de chez Swann, qu’on venait de lui envoyer de Paris. ” Ma stupeur devant son intérêt, racontait Visconti, lui fit interrompre sa lecture un moment. Il me confia qu’il souffrait à chaque page tournée, en pensant que ce prodigieux roman allait se terminer. “ L’oeuvre de l’écrivain accompagnera le cinéaste le reste de sa vie, dans ce qu’il compare à une fièvre, estimant, dès l’âge de 17 ans, en être resté à Stendhal, Balzac et Proust.

La Recherche est une telle évidence pour Visconti que son adaptation cinématographique en 1971 – avec Suso Cecchi d’Amico, sa scénariste attitrée depuis Bellissima (1951) et Senso (1954) – relève de la respiration, d’un accouchement sans douleur. ” On avait tellement eu l’occasion, pendant trente ans, de parler du livre et des personnages, expliquait la complice du cinéaste, qu’écrire son adaptation n’a pas été difficile, une fois le point de départ et le point d’arrivée choisis. “ Le scénario en question fait 393 pages, comporte 98 scènes, soit plus de quatre heures de film. La dernière scène montre Marcel au lit, cerné par ses manuscrits. Alors qu’il ferme les yeux et se laisse envahir par ses souvenirs d’enfance, une voix off retentit : ” Longtemps je me suis couché de bonne heure. “ Visconti-Proust, ” ça allait de soi “, comme l’assure la productrice française Nicole Stéphane, qui avait acquis les droits de l’oeuvre auprès de Suzy Mante-Proust, la nièce de l’auteur. Deux fidèles collaborateurs de Visconti, Mario Garbuglia et Piero Tosi, effectuent les repérages et travaillent à la préparation des costumes. Les acteurs sont choisis. Le rôle du narrateur est dévolu à Alain Delon ; celui de Charlus, à Marlon Brando. Son amant sera incarné par Helmut Berger. Silvana Mangano sera la duchesse de Guermantes ; Simone Signoret, Françoise ; et Charlotte Rampling, alors inconnue, Albertine. Greta Garbo accepte même de sortir de son silence pour revêtir, le temps d’une journée de travail, les habits de la Reine de Naples.Cette année-là, Visconti passe un mois en France, dont deux semaines en Normandie, où il trouve sa gare idéale, celle d’Houlgate. Le Grand Hôtel de Cabourg, dont l’ascenseur est le même qu’à l’époque de Swann, envisage de fermer un an pour les besoins du tournage. Pour l’hôtel de Guermantes, à Paris, le réalisateur de Mort à Venise choisit l’hôtel Pozzo di Borgo, rue de l’Université, et le musée Jacquemart-André. Les tonalités du film sont arrêtées : noire et bleue. Peu à  peu, le projet prend une ampleur considérable,  la durée du film est réévaluée à cinq heures et demie, le budget dépasse allègrement les 20 millions de dollars, et l’argent commence à manquer. Au lieu de patienter, sachant pertinemment qu’il finira par obtenir le budget qu’il souhaite, Visconti préfère se lancer, en 1972, dans la réalisation d’un autre film, Ludwig, avec Helmut Berger dans le rôle du prince Louis II de Bavière. Selon Nicole Stéphane, l’acteur, vexé de ne pas s’être vu proposer le rôle du narrateur, confié à son ennemi juré Alain Delon, aurait détourné le cinéaste de La Recherche. Suso Cecchi d’Amico croit davantage à une superstition : le réalisateur travaillait, avec La Recherche, à ce qu’il estimait être ” son dernier film “. S’y atteler signait son arrêt de mort. Frappé d’une thrombose durant le montage de Ludwig, à moitié paralysé, il abandonne définitivement le projet en 1973.Ce coup du sort, les retards de production, la peur de réaliser le film pour lequel il semblait né font de l’adaptation de La Recherche une oeuvre impossible. Mais Visconti l’a tant de fois mise en scène dans sa tête qu’elle existe dans une autre dimension. Car, de fait, elle colore tout son cinéma. Un livre de Florence Colombani, Proust-Visconti. Histoire d’une affinité élective, a parfaitement décrit la proximité qui s’était établie au fil des ans entre l’écrivain et le cinéaste : la rêverie autour d’une enfance mythifiée, la peinture d’un monde au bord du gouffre, la passion de Venise. Toute l’oeuvre de Visconti est hantée par celle de Proust.  La relation entre Charlus et Morel est transposée dans Senso (1954). La fameuse scène du bal du Guépard (1963) trouve son origine dans Le Temps retrouvé et la longue réception des Guermantes. Visconti reconnaît que Tancrède et Angelica, le couple incarné par Alain Delon et Claudia Cardinale, rappelle Odette et Swann. Pour Sandra (1965), Visconti utilise la musique de César Franck, comme Proust dans La Recherche – la sonate de Vinteuil, le musicien imaginé par le romancier, est modelée sur celle du compositeur. D’une certaine façon, Visconti reconstitue la plage de Balbec dans Mort à Venise (1971), tandis que le personnage de veuf solitaire, enfoui dans ses souvenirs et ses livres, incarné par Burt Lancaster dans Violence et Passion (1974), son dernier grand film, rappelle le narrateur de La Recherche. Hantée par ses propres films, qui n’ont cessé de rendre Proust vivant, l’oeuvre fantôme du réalisateur italien ne pouvait pas prendre forme.

par Samuel Blumenfeld – illustration YANN KEBBI

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3) LUDWIG, LE CRÉPUSCULE DES DIEUX, film de Lucchino Visconti (1972)

A priori, le chef-d’œuvre de Visconti pourrait apparaître comme une extrapolation de notre propos principal, car, dans cette œuvre aussi magistrale que colossale (près de 4h30 – soit précisément 285mn – dans sa version longue) sortie en 1972, le personnage central n’est pas Richard Wagner, mais bien entendu, le roi Louis II de Bavière.

Pourtant, et ce n’est pas dû uniquement à la prestation de Trevor Howard sui incarne le compositeur plus vrai que nature, tout dans cet « opéra pour le cinéma » tourne non seulement autour de l’œuvre de Wagner – une musique omniprésente du début à la fin – mais également de la personnalité du compositeur. Et de son ascendant sur le monarque de Bavière. Car c’est bien sur le rapport – parfois ambigu et/ou difficile – qu’entretiennent les deux hommes, les jeux de pouvoir et de séduction filmés avec l’intelligence de la caméra de Visconti, qu’est basé tout le film. Mais raconter la vie du roi Louis II (le film débute d’ailleurs avec l’accession au trône du monarque en mai 1864 et l’on sait que la priorité absolue de celui-ci dès qu’il accède au trône est d’appeler auprès de lui le compositeur qu’il chérit depuis son enfance) sans Wagner eût été parfaitement impossible.

D’autres films d’ailleurs que nous n’avons pas évoqués et consacrés également à la vie de Louis II avaient déjà d’ailleurs eux également mis en scène la personnalité de Richard Wagner. Parfois de manière caricaturale, prenant ainsi le parti pris de « la défense » de Louis II. Comme souvent l’on croit que dans cette histoire unique d’amitié et de mécénat dans l’Histoire de la Musique, il faut obligatoirement prendre parti pour l’un ou l’autre des deux hommes.

Avec Visconti, pour la première fois, Richard Wagner, sous les traits de l’acteur fascinant qu’est Trevor Howard, apparaît dans tout ce qu’il a de plus visionnaire (les scènes où il déploie les plans de son projet de Palais des Festivals), humain voire enfant (lorsqu’il joue avec ses chiens à s’en rouler à terre), mais également et surtout profondément ami désespéré lorsqu’il prend conscience de la folie qui gagne son ami monarque et qu’il ne pourra rien pour le sauver de la justice des hommes. Et il fallait bien le génie et la grâce de la caméra d’un Visconti volontairement impartial dans le regard qu’il porte sur le rapport si complexe qui anime les deux hommes pour réussir une peinture aux tonalités si contrastées (tout comme il sera le premier – et le seul – à donner un véritable visage à Sissi par l’intermédiaire d’une Romy Schneider qui, avant lui, n’avait pu qu’approcher le rôle de l’Impératrice sans en révéler sa véritable complexité).
Notons enfin – et ce n’est là pas un pur hasard de distribution – que c’est la « Muse » du réalisateur, l’actrice Silvana Mangano, à la stature noble, fière et hiératique, qui incarne le personnage de Cosima.

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Signalons pour finir notre présentation de ce film qu’au piano ou bien à l’orchestre est exécutée – outre les extraits de Tristan, de Tannhäuser ou bien encore de Lohengrin – pour la première fois à l’époque le thème dit « Élégie », qui porte le numéro 93 au catalogue WWV des œuvres de Wagner. Un thème d’une sobriété et d’une nostalgie infinie que le mélomane wagnérien aura entendu pour la toute première fois à l’occasion de la production de ce film.

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Hasard des calendriers des dates de sorties cinématographiques, la même année, en 1972, sort sur les écrans un autre film consacré à la vie de Louis II de Bavière. Ludwig, Requiem pour un roi vierge. C’est l’œuvre du grand cinéaste qu’est Hans-Jürgen Syberberg, par ailleurs wagnérien convaincu, même si son rapport au compositeur et à son œuvre reste pour le moins ambigu.

Le film – qui prend résolument le parti-pris d’un ton très personnel et beaucoup moins reconstitution historique que son « grand frère » sorti la même année – est centré sur une étude de la folie du monarque, aspirant le spectateur dans la descente aux enfers de Louis II. Le personnage de Wagner y apparaît de manière beaucoup plus anecdotique que dans l’œuvre de Visconti, car il s’agit là plus pour Syberberg de s’attacher au pouvoir de fascination qu’exerce la musique de Wagner sur le monarque et comment celle-ci contribue à sa plongée dans la folie que de s’intéresser – de près ou de loin – à la vie du compositeur.

Fascinant donc, comme l’est nécessairement tout opus de Syberberg, mais hors propos nous concernant ici.

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Synopsis

Le jeune Ludwig, à 19 ans, devient roi de Bavière. A cette époque, c'est un être plein de bonnes intentions et de rêves enthousiastes qui souhaite s'entourer de conseillers émérites et de célèbres artistes. Hélas, son règne de vingt années va être une suite ininterrompue de déceptions. Il aide d'abord Wagner à représenter ses opéras tels qu'il les conçoit. Il l'héberge et lui donne tout l'argent dont il a besoin. Mais Wagner n'éprouvera jamais pour Ludwig une véritable amitié. Il l'exploite et charge sa maîtresse, la femme du chef d'orchestre, de lui soutirer une pension. Bien que peut attiré par les femmes, Ludwig éprouve une passion sans espoir pour sa cousine, Elisabeth d'Autriche. Mais la raison d'état lui impose de se fiancer avec la jeune Sophie pour laquelle il ne ressent qu'indifférence et agacement. Il ne l'épousera jamais. Lors de la guerre contre la Prusse, Ludwig tente résolument d'ignorer le conflit et de se tenir à l'écart. Cela lui est vigoureusement reproché par l'un de ses officiers. Désormais, Ludwig devient l'esclave de ses faiblesses et de ses goûts anormaux. Son temps se passe dans la fréquentation d'artistes, en orgies paysannes et en retraites dans des châteaux fastueux et baroques qu'il se fait construire à grands frais. Ses ministres le destituent et l'arrêtent. Le considérant comme fou, ils l'internent dans une clinique psychiatrique en pleine forêt. Lors d'une promenade, Ludwig tuera son docteur et se suicidera.

Ludwig ou le Crépuscule des dieux/Distribution
Helmut Berger
Helmut
Berger
Louis II de Bavière
Romy Schneider
Romy
Schneider
Sissi
Trevor Howard
Trevor
Howard
Richard Wagner
John Moulder-Brown
John
Moulder-Brown
Prince Otto
Gert Fröbe
Gert Fröbe
Father Hoffmann
Silvana Mangano
Silvana
Mangano
Cosima
Sonia Petrovna
Sonia
Petrovna
Sophie in Bayern
Helmut Griem
Helmut Griem
Count Duerckheim
Izabella Teleżyńska
Izabella
Teleżyńska
La reine mère
Adriana Asti
Adriana Asti
Lila Von Buliowski
Marc Porel
Marc Porel
Richard Hornig
Folker Bohnet
Folker Bohnet
Joseph Kainz
Heinz Moog
Heinz Moog
Professor Gudden
Nora Ricci
Nora Ricci
Countess Ida Ferenczy
Umberto Orsini
Umberto
Orsini
Graf von Holnstein
Maurizio Bonuglia
Maurizio
Bonuglia
Mayer
Mark Burns
Mark Burns
Hans von Bülow
Gérard Herter
Gérard Herter
Prinz Luitpold
Ruggero Mastroianni
Ruggero
Mastroianni
Kurt Großkurth
Kurt
Großkurth
Henning Schlüter
Henning
Schlüter
Wolfram Schaerf
Wolfram
Schaerf
Alexander Allerson
Alexander
Allerson
Eva Axén
Eva Axén
Friedrich von Ledebur
Friedrich von
Ledebur
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