joi, 11 februarie 2021

1. Marcel Carné (1906-1996) / bio + filmografie

 Marcel Carné si realismul poetic (I)





Cinéaste français (Paris 1906-Clamart 1996).

Assistant de René Clair et de Jacques Feyder à ses débuts, Marcel Carné est indissociable de Jacques Prévert, qui fut le scénariste de la plupart de ses films. Il reste dans l'histoire comme le cinéaste emblématique du réalisme poétique.

LE TEMPS DE L'ASSISTANAT

Orphelin de mère à 5 ans, son père souvent absent, Marcel Carné est élevé librement par une grand-mère et une tante. À 17 ans, il trouve un emploi dans une compagnie d'assurances. Après son travail, il suit aux Arts et Métiers des cours de photographie. L'amitié de Françoise Rosay, rencontrée chez des amis communs, lui ouvre l'accès des studios : il devient bientôt l'assistant du réalisateur Jacques Feyder, pour le film les Nouveaux Messieurs (1929). Mais ce dernier est appelé à Hollywood, et Carné se tourne vers le journalisme et la critique de cinéma. Il réalise néanmoins le documentaire poétique Nogent, Eldorado du dimanche (1929). Le film séduit René Clair ; Carné sera son assistant pour Sous les toits de Paris (1930).

Entre 1930 et 1932, Carné tourne de petits films publicitaires en collaboration avec Paul Grimault et Jean Aurenche (1904-1992). Il assiste ensuite Feyder, rentré d'Amérique, pour le Grand Jeu (1934), Pension Mimosas (1935) et la Kermesse héroïque (id.). Il débute enfin dans la mise en scène, en 1936, et signe Jenny. Enthousiasmé par le Crime de M. Lange, réalisé par Jean Renoir avec la collaboration de Jacques Prévert, il exige de son producteur que ce dernier soit le scénariste et le dialoguiste de Jenny. C'est le début d'une collaboration qui marquera dix ans de cinéma français.

LA COLLABORATION AVEC PRÉVERT

En 1937, Carné réalise Drôle de drame. L'univers du tandem Carné-Prévert est en place. Bien qu'édifié sur un scénario et des dialogues d'Henri Jeanson (1900-1970) et Jean Aurenche, Hôtel du Nord (1938) ne détonne nullement dans cet univers, même si le réalisme noir de ce film doit plus à la littérature (Eugène Dabit) qu'à cette atmosphère picturale que Quai des brumes (1938) enveloppe de sa magie désespérée. Là, tous les horizons sont barrés, ceux de l'amour, ceux de l'art, ceux de la liberté. La règle des trois unités commande aussi au Jour se lève (1939), sommet de l'œuvre du cinéaste. Carné trouve en Jean Gabin une incarnation parfaite de sa vision fraternelle, insurgée et désespérée. Surtout, il porte à la perfection, deux ans avant Citizen Kane, un cinéma de la mémoire.

Après les Visiteurs du soir (1942) et avant les Portes de la nuit (1946), Carné tourne les Enfants du paradis (1945). Le réalisme poétique opte pour le Paris de Louis-Philippe et de Balzac ; il s'y dévoile comme un néoromantisme dévoré d'énergies encore plus que de passions. Apothéose du spectacle, cinéma impur (à la fois théâtre et cinéma), ce film – avec Henri V (Laurence Olivier) et Ivan le Terrible (Eisenstein) parus à la même époque – fait parler les théoriciens de la « troisième voie », et en conduit d'autres à renoncer à la notion d'une spécificité du septième art.

ENTRE RÉALISME ET FÉERIE

En 1947, la paix est revenue, une nouvelle époque commence. Le néoréalisme italien impose ses modèles. Le réalisme poétique n'est plus viable ; le personnage mythologique de Gabin est anachronique. Avec la Marie du port (1950), adapté de Georges Simenon, Carné va s'en délivrer. Il se sépare de Prévert. Il prend le contre-pied de ses anciens thèmes. Il tourne dans une Normandie bien réelle. Finis le manichéisme, l'amour fou, le destin. La séparation du tandem consacre la décadence (d'un point de vue strictement cinématographique) de l'un et de l'autre.

« Carné encadrait bien le délire de Jacques, dira l'acteur Raymond Bussières (1907-1982). Leur œuvre est faite de leur perpétuel conflit. Carné est aussi froid que Jacques est délirant. Chacun apportait à l'autre ce qu'il n'avait pas. » Sans Prévert, Carné va balancer entre réalisme et féerie sur une pente descendante, même si Juliette ou la Clé des songes (1951) n'est pas sans prestige, même si les Tricheurs (1958) obtiennent un énorme succès. Thérèse Raquin (1953), d'après Émile Zola, restera la seule réussite dans sa carrière « post-prévertienne »


INTERVIEWS

ENTRETIEN AVEC MARCEL CARNÉ

Par Philippe Morrison - 

Edward Turk est professeur de Littérature française et de cinéma au célèbre MIT (Massachusetts Institute of Technology) de Cambridge, Massachusetts. Il est également docteur en Lettres françaises de l'université de Yale. Il a publié notamment un livre sur le romancier français du 17° siècle Gomberville (Baroque Fiction-Making) en 1978, ainsi qu'une biographie en 1998 de l'actrice et la chanteuse d'opérette et d'opéra Jeanette MacDonald qui a débuté avec Ernst Lubitsch en 1929 (Hollywood…

CRITIQUES DE FILMS

DRÔLE DE DRAME DE MARCEL CARNÉ

Par Philippe Morisson - 

La scène se passe à Londres en 1900, Irwin Molyneux (Michel Simon) écrit sous le pseudonyme de Félix Chapel des romans policiers qui sont fortement critiqués par Archibald Soper (Louis Jouvet), évêque de Bedford, son cousin. Invité à dîner par le couple Molyneux, Archibald trouve très étrange que la femme de son cousin soit absente, en fait aux cuisines à s’occuper du dîner en raison de la démission de sa cuisinière. Irwin invente toutes sortes de mensonges maladroits pour justifier…

HÔTEL DU NORD DE MARCEL CARNÉ

Par François-Olivier Lefèvre - 

Dans un hôtel situé sur le bord du canal Saint-Martin à Paris, on célèbre une communion. Les propriétaires et clients de l’établissement fêtent l’événement autour d’un repas chaleureux lorsqu’un couple de jeunes amoureux (Pierre et Renée) arrive pour prendre une chambre. Au cours de la nuit, un coup de feu retentit ! Pierre (Jean-Pierre Aumont) et sa jeune compagne (Annabella) ont tenté de se suicider. Renée est blessée tandis que le jeune homme, incrédule, décide de prendre…

LE JOUR SE LÈVE DE MARCEL CARNÉ

Par François-Olivier Lefèvre - 

Alors que la nuit tombe, un coup de feu retentit dans un immeuble de banlieue. François (Jean Gabin) vient de tuer Valentin (Jules Berry). Enfermé dans son appartement, il se souvient des circonstances qui l’ont mené à ce drame. Pendant ce temps, les forces de l’ordre s’organisent pour tenter de l’arrêter... A la fin d’Hôtel du Nord, Pierre se tourne vers Renée et lui dit : "Le jour se lève, il va faire beau. Viens, maintenant c’est fini…" Certains verront dans ce dialogue…

LE QUAI DES BRUMES DE MARCEL CARNÉ

Par François-Olivier Lefèvre - 

Jean (Jean Gabin) déserteur de la Coloniale arrive en camion dans la ville portuaire du Havre. Désabusé et hanté par ses souvenirs de guerre, il cherche à fuir la France. En quête d’un bateau, il fait la rencontre de personnages attachants, de petites frappes et surtout de la belle Nelly (Michelle Morgan) dont il tombe amoureux... Dans ses mémoires, Marcel Carné déclare : « A l ‘époque les écrans regorgeaient de comédies, musicales ou non, brillantes, ensoleillées et grouillantes…

LES ENFANTS DU PARADIS DE MARCEL CARNÉ

Par Philippe Morisson - 

1840, Boulevard du Crime. Les amours contrariées de Garance et du célèbre mime Debureau, tous deux séparés par d'autres amours : Lacenaire, Frédérick Lemaître et un richissime comte pour Garance ; la fidèle, aimante et malheureuse Nathalie pour Baptiste. Chef-d’oeuvre absolu avec Jacques Prévert au scénario et Marcel Carné à la réalisation, Les Enfants du Paradis a été élu meilleur film de tous les temps par les critiques français à l’occasion du centenaire du cinéma. L’affiche…

LES JEUNES LOUPS DE MARCEL CARNÉ

Par Frédéric Albert Lévy - 

Issu d’une famille modeste, Alain (Christian Hay) veut « du fric, beaucoup de fric » et ne craint pas pour arriver à ses fins de monnayer ses charmes auprès de dames et de messieurs d’un certain âge. Il entraîne dans son sillage, autrement dit dans ses mensonges et dans ses combines douteuses, Sylvie (Haydée Politoff), qui se présente comme une « fille libre », mais qui, même si elle refuse de se l’avouer, rêve d’un amour exclusif. Leur chemin croise celui de Chris (Yves Beneyton),…

LES PORTES DE LA NUIT DE MARCEL CARNÉ

Par Justin Kwedi - 

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le temps d’une nuit parisienne de février 1945, le « Destin » orchestre l’aventure amoureuse et tragique entre le jeune résistant Diego et la belle Malou (mal) mariée à Georges, et dont le frère, Guy, est un ancien collaborateur ayant dénoncé son ami Raymond. Les Portes de la nuit est la dernière collaboration du duo Marcel Carné / Jacques Prévert, l'échec commercial relatif et surtout critique signant la séparation artistique des maîtres…

TROIS CHAMBRES À MANHATTAN DE MARCEL CARNÉ

Par Florian Bezaud - 

François Combe, vedette parisienne, divorce. Déprimé, il part à New-York et y rencontre Kay... Marcel Carné, c’est Le Quai des brumes (1938), Hôtel du Nord (1938), Les Enfants du paradis (1945) et Les Portes de la nuit (1946). C’est Jacques Prévert. Mais c’est aussi Juliette ou la clé des songes (1950), Les Tricheurs (1958) et Les Assassins de l’ordre (1971). Sa seconde période. Trois chambres à Manhattan, sorti en 1965, est typique de cette période où le réalisateur sait s’appuyer…

Marcel Carné

Marcel Carné
Marcel Carné 1994.jpg
Marcel Carné en 1994.
Biographie
Naissance
17e arrondissement de Paris (France)
Décès
Clamart (France)
Sépulture
Nom de naissanceMarcel Albert Carné
Nationalité
Activités
Autres informations
Site webmarcel-carne.com
Distinctions
Liste détaillée
Films notablesDrôle de drame
Le Quai des brumes
Hôtel du Nord
Le jour se lève
Les Visiteurs du soir
Les Enfants du paradis
Les Tricheurs
Archives conservées par
Œuvres principales
Tombe Marcel Carné & Roland Lesaffre, Cimetière Saint-Vincent, Paris.jpg
Vue de la sépulture.

Marcel Carné est un réalisateur et scénariste français, né le 1 dans le 17e arrondissement de Paris et mort le  à Clamart.

Biographie

Marcel Carné en compagnie de Jacques et Pierre Prévert, dans le documentaire Mon frère Jacques (1961).

Enfance

Marcel Carné naît à Paris dans le quartier des Batignolles (17e arrondissement), d'un père ébéniste. Sa mère meurt alors qu'il a cinq ans et il est alors élevé par sa grand-mère. Il est très vite attiré par le cinéma : il se rend chaque jeudi à une projection de film, puis de plus en plus souvent, trichant quelquefois pour ne pas avoir à payer le prix de sa place.

Son père souhaite qu'il reprenne sa succession et devienne ébéniste, comme lui. Marcel Carné commence donc des cours pour apprendre à tailler le bois. Il les abandonne ensuite même s'ils ne lui déplaisent pas plus que ça. Il suit à la place deux fois par semaine, en cachette, des cours du soir de photographie à l'école des Arts et Métiers, obtenant le diplôme de technicien photographe2.

Pour payer ses séances de cinéma qui se font de plus en plus nombreuses, il travaille alors dans une banque, puis une épicerie et dans une compagnie d'assurance.

Premières expériences cinématographiques

Marcel Carné en 1950.

La première rencontre décisive de sa carrière a lieu en 1928 : il rencontre Françoise Rosay, la femme de Jacques Feyder, lors d'un dîner chez des amis communs. À la fin du repas, il obtient de celle-ci qu'elle organise pour lui une rencontre avec Feyder. Carné est alors engagé comme assistant-réalisateur secondaire sur le nouveau film de Feyder, Les Nouveaux Messieurs.

À la suite de cette première expérience, il part faire son service militaire en Rhénanie.

Lorsqu'il revient en France, en 1929, la revue Cinémagazine organise un concours de critique de films. Carné en soumet cinq, et reçoit le premier prix. Il est engagé comme critique cinématographique. Il écrit aussi dans les revues Hebdo-FilmVuCinémonde et Film-Sonore.

En 1929, il décide de réaliser son premier documentaire sous le titre Nogent, Eldorado du dimanche, aidé financièrement par Michel Sanvoisin. Ce court-métrage raconte l'échappée dominicale de la jeunesse parisienne dans les guinguettes des bords de Marne. Charles Peignot le convainc ensuite de tourner des films publicitaires avec Jean Aurenche et Paul Grimault.

Puis il devient assistant pour la mise en scène de Richard Oswald dans le film Cagliostro (1929), de René Clair dans le film Sous les toits de Paris (1930), de Jacques Feyder pour Le Grand Jeu (1934), Pension Mimosas (1935) et La Kermesse héroïque (1935). Il dit de Feyder : « Je dois à peu près tout à Feyder. II m'a appris ce qu'est un film, depuis sa préparation jusqu'à la mise en scène proprement dite et aussi la direction des acteurs... La meilleure école de cinéma, c'est la pratique. »

Metteur en scène

En 1936, grâce à l'aide de Feyder, il réussit à réaliser son premier film, Jenny, et c'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Jacques Prévert, le scénariste qui contribue à établir sa réputation. Le tandem Carné-Prévert montre lors de leur premier film, Drôle de drame, une entente remarquable qui ne cesse de se renforcer.

Le Quai des brumes, tourné en 1938, marque un tournant important dans leur collaboration : le film remporte un grand succès, grâce à l'habileté de Carné dans la représentation des extérieurs et la direction des acteurs, ainsi qu'au grand talent de Prévert, qui réussit à amalgamer quelques-uns des thèmes du surréalisme tardif, typiques de sa poésie, avec une atmosphère inquiète à laquelle on doit certainement le charme du film.

En 1938 suit Hôtel du Nord et, en 1939, le remarquable Le jour se lève, où est raconté l'histoire d'un ouvrier qui, au moment où il va être arrêté par la police dans sa chambre, revit les instants qui l'ont amené à tuer par amour et, quand le soleil se lève, se suicide d'une balle. Dans ce film très engagé, la figure de l'ouvrier, que le Front populaire montre comme protagoniste social, devient un des thèmes de Prévert, qui interprète la réalité en termes métaphysiques suivant lesquels c'est le destin qui trace les événements de la vie, une figure socialement abstraite et anonyme. Cette forme de fatalisme existentiel marquera la fin des espoirs du premier Front populaire et ce n'est pas un hasard si cette année-là sort aussi le film dramatique de Jean Renoir La Règle du jeu.

Suit en 1942 Les Visiteurs du soir, légende médiévale à la recherche formelle poussée (bien que le réalisateur ait été peu satisfait des costumes).

Marcel Carné, assis, en compagnie de Roland Lesaffre avec lequel il entretint une relation sentimentale3.

Lorsque Paris est libérée, Carné et Prévert présentent leur chef-d'œuvre, Les Enfants du paradis, situé dans le Paris du xixe siècle, sur le Boulevard du Crime, autour d'un mime fameux, Jean-Gaspard Deburau, et d'un grand acteur, Frédérick Lemaître, du début de leurs carrières jusqu'à la célébrité et de l'amour qu'ils ont tous deux pour la belle Garance. Le film fascine par son sens du récit, par l'adresse avec laquelle sont présentés figures et événements, par le soin apporté au cadrage et à la photographie et, surtout, par la prouesse des acteurs, de Jean-Louis Barrault à Pierre Brasseur, d'Arletty à Maria Casarès, de Marcel Herrand à Gaston Modot. L'année suivante, Carné et Prévert enchaînent avec Les Portes de la nuit.

Par la suite, Carné produit des œuvres moins importantes, mais de qualité, comme Juliette ou la clé des songes (1950), Thérèse Raquin (1953), Les Tricheurs (1958), Trois chambres à Manhattan (1965), Les Jeunes Loups (1968) et Les Assassins de l'ordre (1971).

Homosexuel, mais de manière non publique4, Marcel Carné traita de thèmes homosexuels dans plusieurs de ses films, de manière secondaire ou parfois oblique : les relations ambiguës entre Jean Gabin et Roland Lesaffre dans L'Air de Paris, le personnage de Laurent Terzieff, qui se fait entretenir par des personnes des deux sexes dans Les Tricheurs, le gigolo bisexuel des Jeunes Loups. Il déclarait à ce sujet : « Je n'ai peut-être jamais tourné d'histoire d'amour entre hommes, mais ça a été souvent sous-jacent. [...] Mais d'histoires entre homos, non. Je me suis souvent posé la question : est-ce que c'est un manque d'audace ? Les films homosexuels ne font pas beaucoup d'entrées, c'est un circuit restreint, et je n'aimerais pas avoir un insuccès dans ce domaine, d'autant que je n'aimerais filmer alors qu'une grande histoire d'amour. Mais je crois surtout que j'aime mieux les choses qu'on devine5 ».

Tombe de Marcel Carné et Roland Lesaffre au cimetière Saint-Vincent.

Marcel Carné meurt à Paris le . Il est enterré au cimetière Saint-Vincent dans le 18e arrondissement de Paris, au pied de la butte Montmartre.

Polémiques

Comme pour tous les cinéastes, l’accueil des films n’est pas toujours à la hauteur des espérances de ceux qui les font. Si polémique il y a, elles sont parfois uniquement cinématographiques. Pour deux films de Marcel Carné, elles ont pris une dimension politique.

Dès sa sortie, le film Le Quai des brumes est l'objet de nombreuses polémiques. Jean Renoir le baptise Le Cul des brèmes et insinue que c'est un film fasciste6.

Dans ses mémoires, Carné raconte :

« La presse se partagea à peu près en deux camps [:] les journaux dits apolitiques qui ne tarirent pas d’éloges sur le film […] et la presse de gauche et d’extrême gauche qui, allègrement, par-dessus le film et afin de l’éreinter, tendait la main à celle de droite et d’extrême droite7. »

Claude Gauteur dans son livre Jean Renoir, la double méprise8, cite Marcel Lapierre (Le Merle blanc) :

« Renoir a dit que ce film était de bonne propagande fasciste. Pourquoi ? Parce qu’il montre des individus tarés, immoraux, malhonnêtes et que, lorsqu’on voit de tels types, on pense immédiatement qu’il faudrait un maître, un dictateur à trique pour remettre de l’ordre là-dedans9. »

Jacques Prévert, furieux, téléphona à Renoir et le menaça de « lui casser la gueule ». Carné raconte : « Ce à quoi Renoir rétorque : « Tu sais comment je suis, je voulais seulement dire que les personnages avaient la tripe fasciste6. »

Autre polémique pour Les Portes de la nuit : « sous le prétexte qu’on y montrait deux ouvriers résistants, un grand bourgeois collaborateur et son fils milicien, on ne manqua pas de nous faire à Jacques [Prévert] et à moi un nouveau procès d’intention10. »

Lucien Rebatet, journaliste et critique collaborationniste, décrit ainsi Marcel Carné dans Les Tribus du cinéma et du théâtre publié en 1941 :

« Marcel Carné est aryen, mais il a été imprégné de toutes les influences juives. Il n'a dû ses succès qu'à des juifs et a été choyé sous leur étiquette. Carné, qui ne manque pas de dons, a été le type du talent enjuivé. Il a été, en France, le représentant de cet esthétisme marxiste qui est partout un des fruits de la prolifération des Juifs… Ses héros sont des médiocres assassins, des candidats au suicide, des souteneurs, des entremetteuses… Dans l'immense diffusion du cinéma, ces produits spécifiques du judaïsme ont joué un rôle de dissolvant social et contribué à l'avilissement des esprits et des caractères11 »

À la sortie des Visiteurs du soir en 1943, Rebatet s'est fait photographier entre Arletty et Marcel Carné12.

Collaboration avec Jacques Prévert

Marcel Carné et Jacques Prévert ont collaboré à la réalisation de nombreux films : le premier en tant que metteur en scène, le second en tant que dialoguiste et scénariste. Ces films ont compté parmi les plus grands succès de la carrière de Carné, si bien que certains se sont interrogés sur la paternité à attribuer à chacun sur ces projets.

En 1965, lorsque Robert Chazal lui demande d’évoquer sa collaboration avec Prévert, le cinéaste répond : « On a tellement dit de choses inexactes à ce sujet… Ceux qui veulent m’être désagréables disent que, sans Prévert, je n’aurais pas fait les films que l’on connaît. D’autres disent la même chose à propos de Prévert. En fait, notre rencontre a été bénéfique, mais il aurait été néfaste pour l’un comme pour l’autre d’éterniser une collaboration qui ne s’imposait plus. Nous avions évolué chacun de notre côté. Il faut pour collaborer comme nous l’avons fait, Prévert et moi, une identité de vue et de réaction qui ne peut être un phénomène de très longue durée. […] Beaucoup de journalistes chercheront à savoir quelle part revenait à chacun d’entre nous dans la confection d’un film. Nous-mêmes n’aurions pas su très bien le dire. Sauf les dialogues que Prévert rédigeait seul et que j’ai rarement modifiés, la rédaction du scénario, le choix des acteurs, étaient un peu un travail en commun, où l’importance de la part de l’un et de l’autre variait suivant le film. Notre collaboration cependant s’arrêtait à la remise du script définitif, Prévert me laissant absolument libre de réaliser le film comme je l’entendais… […] J’avais peut-être un certain équilibre inné de la longueur des scènes et de la construction.»

D'après le comédien Raymond Bussières, « Carné “encadrait” bien le délire de Jacques », « leur œuvre commune [étant] faite de leur perpétuel conflit »[réf. nécessaire]. Selon lui, « les deux hommes sont aussi différents que possible, et chacun apportait à l’autre ce qu’il n’avait pas. Carné est aussi froid que Jacques est délirant » (à Marcel Oms13). Il ne pense pas qu’il y ait existé une profonde amitié entre les deux hommes mais plutôt une sorte d’attachement assez difficile à cerner de l’extérieur. Arletty qualifie quant à elle Carné de « Karajan du septième art » qui « dirige par cœur la partition qui lui est confiée, en grand chef » (La Défense).

Si Prévert ne se livre pas sur le sujet, Carné précise en 1946 à Jean Queval dans L'Écran français du  : « Sur le plateau, je ne change pas un mot et je veille au respect absolu de son texte par les acteurs. Il arrive que je sois contraint de couper : je ne le fais jamais sans son accord ».

Dans son portfolio consacré à Jacques Prévert pour l'Association pour la Diffusion de la Pensée Française (ADPF), Danièle Gasiglia-Laster écrit : « On a parfois décrété que les images raffinées et esthétisantes de Carné s'accordaient mal avec le style direct et populaire des dialogues de Prévert. C'était méconnaître la richesse et la variété de ce style qui allie humour et poésie, onirisme et notations réalistes, lyrisme et fantaisie, qui donne l'impression d'être immédiat et spontané mais résulte d'un travail minutieux. Georges Sadoul a parlé de « réalisme poétique » en évoquant l'association Prévert-Carné, Pierre Mac Orlan dira « fantastique social ». Ces désignations reflètent bien la dualité de ces films, où des personnages issus de milieux modestes évoluent dans les décors inquiétants et splendides d'Alexandre Trauner, portés par la musique de Maurice Jaubert ou de Joseph Kosma ». Selon D. Gasiglia-Laster, l'opposition que l'on fait habituellement entre Carné et Prévert résulte donc d'une insuffisante prise en considération de la démarche artistique de Prévert et de ce qui, chez lui, n'est pas réductible au jaillissement d'un burlesque incontrôlé.

Carole Aurouet en revient à l'opposition mais lui trouve des avantages dans Prévert, portrait d'une vie : « Prévert et Carné ont incontestablement des caractères contraires. C’est d’ailleurs probablement leur opposition qui permit leur complémentarité dans le travail et qui fit leur succès. » 14


Né le 18 août 1906, aux Batignolles, à Paris. Son père était artisan ébéniste. D'abord assistant-opérateur de prises de vues en 1928, pour Jacques Feyder et en 1929, pour Richard Oswald. Pendant l'été 1929, Marcel Carné, avec le concours de Michel Sanvoisin, tourne son premier film : un court-métrage poétique sur les guinguettes des bords de Marne, Nogent Eldorado du dimanche. De 1930 à 1933, avec Jean Aurenche pour les scénarios et Paul Grimault pour les décors, il réalise de courtes bandes publicitaires. Il est aussi journaliste et critique. En 1930, Marcel Carné avait été l'assistant de René Clair pour Sous les toits de Paris. De 1933 à 1935, il retrouve Feyder dont il est l'assistant : et c'est en 1936 qu'il aura l'occasion de tourner son premier long métrage : Jenny, avec la participation de Jacques Prévert pour les dialogues.

Marcel Carné connaît un succès mondial avec l'apogée du "réalisme poétique" qui sera si souvent évoqué et imité par la suite. La carrière de Marcel Carné se partage ensuite entre les œuvres d'évasion poétiques (Les visiteurs du soir, Juliette ou la clé des songes) et les reconstitutions réalistes (Les portes de la nuitLa Marie du portThérèse RaquinL'air de Paris).

Marcel Carné fait débuter Gilbert Bécaud à l'écran avec Le pays d'où je viens (1956), une fantaisie musicale où il utilise la couleur pour la première fois. En 1958, il remporte, à nouveau, un grand succès public avec Les tricheurs, tableau étriqué et artificiel de la jeunesse du Saint Germain-des-Prés d'après-guerre, avec Pascale Petit, Laurent Terzieff et Jacques Charrier. Terrain vague (1960) et Les jeunes loups (1967) exploiteront sans succès la même veine. Du mourron pour les petits oiseaux (1962) est une comédie d'après un roman d'Albert Simonin, avec Paul Meurisse. Trois chambres à Manhattan (1965) est l'adaptation à l'écran d'un roman de Georges Simenon, avec Maurice Ronet et Annie Girardot (qui remporta le Prix de la Meilleure Interprétation Féminine à Venise). Les assassins de l'ordre (1971), avec Jacques Brel, est un appel généreux à la responsabilité des citoyens. Inspiré de H.-G. Wells, La merveilleuse visite (1974) met en scène un ange tombé du ciel : Gilles Kohler. La Bible (1976) dépeint les mosaïques de la basilique de Monréale, en Sicile, d'après " La Sainte Bible", de Don Raffaello Lavagna.

En 1979, Marcel Carné a publié un livre de souvenirs intitulé " La vie à belles dents " (Éditions Jean Vuarnet). Il est mort le 31 octobre 1996, à Clamart dans les Hauts-de-Seine.

Marcel Carné(1906 - 1996)-23 films

Ressources internet : www.marcel-carne.com

Filmographie :

1929Nogent, Eldorado du dimanche 
 

C'est un dimanche comme on n'en fait plus, à Nogent, sur les bords de la Marne. Ce qu'a vu un Marcel Carné de 20 ans, tout seul, sa caméra à la main, est un jaillissement de lumière et d'ombre, de foules ensoleillées, d'eaux accueillantes, de peupliers tranquilles, de baigneurs musculeux et sans chagrins, la fête de l'homme et de la femme. Un beau dimanche populaire d'avant la grande crise économique (1929), d'avant la guerre, d'avant la destruction des rivages de la Marne par la voiture, la construction, la pollution.

Les voilà tous en route vers les lieux sacrés de la tribu, les "bords" mythiques de la Marne. Ils sont presque tous en costume sombre sous le canotier clair. Les femmes, moins nombreuses que les hommes, portent des chapeaux cloche, des "renards", malgré la chaleur, des jupes très courtes, des bas très noirs ou très blancs. Bientôt, du grouillement lumineux se détachent des silhouettes, les corps, les visages de quelques individus. Un éblouissant rameur de skiff, ange élégant et musclé. Un militaire allongé, écrasé de sommeil, guerrier de la Guerre de Cent Ans, avec ses bandes molletières, sans visage, mais exhibant tous les clous réglementaires de ses formidables brodequins. Ou encore c'est la courbe épaisse et douce d'un gamin bien charnu qui pêche, couché sur le ventre. Et c'est encore l'éclair comique, à bout portant, de deux fesses qui s'envolent en haut d'un plongeoir.

  
1936Jenny 
 Avec : Françoise Rosay (Jenny), Albert Préjean (Lucien), Lisette Lanvin (Danielle), Charles Vanel (Benoit), Roland Toutain (Xavier), Sylvia Bataille (Florence), Jean-Louis Barrault (Camel), Robert Le Vigan (L'albinos) et Margo Lion (Madame Vrack). 1h45

Danielle, jeune fille d'apparence fort convenable, voit ses fiançailles brusquement rompues. Blessée, elle regagne Paris pour y retrouver sa mère, ce qui complique les affaires de cette dernière. En effet, maîtresse-femme, elle dirige sous un masque de respectabilité un cabaret plus ou moins louche: Chez Jenny. Elle a de plus un jeune amant, Lucien, que Benoît, l'associé de Jenny, considère d'un mauvais œil. Le hasard veut que Danielle, ignorante des activités de sa mère, franchisse le seuil de la boîte de nuit, y subisse les avances d'un client, l'Albinos, et soit débarrassée de l'importun par Lucien. Gagnée par la sympathie du jeune homme, elle se confie à lui et un sentiment plus tendre s'installe entre eux. Cependant la jalousie de Benoît, aiguisée par les méchancetés de l'infirme Dromadaire, va déclencher une bagarre où Lucien est sérieusement blessé. C'est en allant à la clinique lui rendre visite que Jenny aperçoit sa fille, comprend l'amour des jeunes gens, et, s'avouant vaincue, vieillie tout à coup, s'éloigne et s'efface.

  
1937Drôle de drame 

Avec : Michel Simon (Irwin Molyneux), Françoise Rosay (Margaret Molyneux), Louis Jouvet (Archibald Soper). 1h34.

Londres, 1900. Le professeur de botanique Irwin Molyneux écrit, à l'insu de tous, sous le pseudonyme de Félix Chapel, des romans policiers. Or, son cousin Monseigneur Soper, l'évêque de Bedford, dénonce l'influence pernicieuse de ces "mauvais livres"...

  
1938Le quai des brumes 

Avec : Jean Gabin (Jean), Michel Simon (Zabel), Michèle Morgan (Nelly), Pierre Brasseur (Lucien), René Génin (Le médecin).1h31.

Jean, un déserteur, arrive au Havre en camion et recherche un abri avant de quitter la France. Il est hébergé dans une cabane au bout des quais par l'étrange et chaleureux Panama. Il fait la connaissance d'un curieux peintre, Michel et d'une belle jeune fille triste, Nelly. Elle est terrorisée par son tuteur, un homme assez louche, Zabel, lui-même guetté par un petit groupe de voyous dont le chef est Lucien. Celui-ci est un personnage veule. Jean le gifle devant ses acolytes un matin où il importune Nelly...

  
1938Hôtel du nord 

Avec : Annabella (Renée), Jean-Pierre Aumont (Pierre), Louis Jouvet (Monsieur Edmond), Arletty (Raymonde). 1h35.

Au bord du canal Saint-Martin, le modeste Hôtel du Nord accueille une clientèle de petites gens. Ce soir-là un couple d'amoureux demande une chambre pour la nuit : Pierre et Renée ont décidé de mourir ensemble. Mais si Pierre a bien tiré sur son amie, il n'a pas le courage de se tuer. Dès qu'il entend la détonation leur voisin, Monsieur Edmond, enfonce la porte... il laisse Pierre s'enfuir. Celui-ci, au petit jour, se constituera prisonnier. Renée, transportée à l'hôpital, est sauvée; comme elle ne sait où aller et n'a personne au monde elle revient à l'Hôtel du Nord où elle accepté de travailler comme bonne...

  
1939Le jour se lève 
Avec : Jean Gabin (François), Jules Berry (M. Valentin), Arletty (Clara), Mady Berry (La concierge). 1h33.

François, l'ouvrier sableur, vient de tuer un homme. R resté seul dans sa chambre que va bientôt assiéger la police, il se souvient .Il a rencontré Françoise, la fleuriste, à l'usine où elle venait livrer une commande pour la femme du directeur. Il en est tombé amoureux mais elle le repousse gentiment....

  
1942Les visiteurs du soir 

Avec : Arletty (Dominique), Marie Déa (Anne), Fernand Ledoux (Le baron Hugues), Alain Cuny (Gilles), Pierre Labry (Le seigneur). 2h03.

"Or donc, en ce joli mois de mai 1485 Messire le Diable dépêcha sur terre deux de ses créatures afin de désespérer les humains..." Gilles et Dominique, deux ménestrels, se rendent au château du baron Hughes où l'on doit célébrer le mariage de sa fille Anne avec le chevalier Renaud. ..

  
1945Les enfants du paradis 

Avec : Arletty (Garance), Jean-Louis Barrault (Baptiste Deburau), Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître). 3h10.

Le boulevard du Temple, au temps de Louis Philippe, avec ses théâtres où se jouent chaque soir des mélodrames aux sanglants dénouements, a été surnommé "Le Boulevard du Crime". C'est là que le comédien Frédérick Lemaitre aborde la belle Garance, mais elle rejoint son ami Lacernaire, personnage inquiétant. Tandis qu'ils regardent la parade des Funambules. Lacenaire vole une montre et disparaît. Garance va être accusée lorsque Baptiste Debureau, sous son maquillage de Pierrot, mime la scène. Garance en signe de reconnaissance lui jette une fleur....

  
1946Les portes de la nuit 

Avec : Pierre Brasseur (Georges), Serge Reggiani (Guy Sénéchal), Yves Montand (Jean Diego), Nathalie Nattier (Malou). 1h40.

Février 1945, à Paris. Diego sort du métro Barbès-Rochechouart. Il se rend chez la femme de son copain Pierrot Lécuyer pour lui annoncer sa mort devant le peloton d'exécution des occupants nazis. Or, Pierrot est bel et bien vivant....

  
1949La Marie du port 

Avec : Jean Gabin (Henri Chatelard), Nicole Courcel (Marie le Flem), Claude Romain (Marcel Viau), Blanchette Brunoy (Odile le Flem). 1h28.

A Cherbourg M. Henri Chatelard est l'heureux propriétaire d'une grande brasserie et d'un cinéma, ses affaires marchent bien et il y consacre tout son temps. Odile Le Flem, sa maîtresse, rêve d'un salon de coiffure à Paris mais se borne à paresser dans sa chambre. Son père venant de mourir, la jeune femme accompagnée de Chatelard se rend à l'enterrement à Port-en-Bessin. Tandis que Chatelard tue le temps au café Josselin, les oncles et les tantes se distribuent la progéniture du défunt. Seule, Marie, la cadette d'Odile, se dérobe.....

  
1951Juliette ou la clé des songes

Avec : Gérard Philipe (Michel Grandier), Jean-Roger Caussimon (Le prince / M. Bellanger), Suzanne Cloutier (Juliette), Gabrielle Fontan (L'épicière), René Génin (Père La jeunesse / Le greffier), Roland Lesaffre (Le légionnaire), Yves Robert (L'accordéoniste). 1h46.

Trois hommes se trouvent dans une cellule. L'un d'eux, Michel, dort. Il rêve qu'il arrive dans un village dont il demande le nom à une vieille femme. Celle-ci ne répond pas : c'est le pays de l'Oubli où tous les habitants sont amnésiques. Il cherche Juliette, celle qu'il aime dans la réalité. Au cours de ses pérégrinations, il croise divers personnages, dont un bossu et un accordéoniste qui retrouve ses souvenirs en jouant des airs. Enfin Michel rencontre Juliette. Ils s'échangent des promesses d'amour et se séparent après s'être donnés rendez-vous dans la forêt. Après avoir été rossé par un policier qui lui demande ce qu'il a fait avec Juliette. Michel est présenté au châtelain. Ce châtelain, sorte de Barbe Bleue, croit avoir un passé commun avec Juliette qu'il veut épouser. Michel se rend ensuite dans la forêt où il rencontre plusieurs personnes : un marchand de souvenirs, le père La Jeunesse, un légionnaire qui demande son passé à un chiromancien. Michel retrouve enfin Juliette. Pour qu'elle se souvienne de lui, il va chercher chez le marchand de souvenirs un châle. Mais, entre temps, le châtelain s'est installé près de Juliette et lui fait vite oublier Michel. Ce dernier essaiera de la reconquérir mais sera ridiculisé en public. La sonnerie de la prison le réveille. On lui annonce que la plainte a été retirée : il avait volé son patron - le châtelain dans le rêve - par amour pour Juliette. Le patron, qui va épouser Juliette, lui pardonne. Après avoir revu Juliette une dernière fois, Michel s'enfuit dans les rues. Il passe une porte où est inscrit " Danger". et se retrouve dans le village.

  
1953Thérèse Raquin 

Avec : Simone Signoret (Thérèse Raquin), Raf Vallone (Laurent), Jacques Duby (Camille Raquin), Maria-Pia Casilio (Georgette). 1h43.

Camille Raquin, homme de piètre envergure, a épousé sa cousine Thérèse qui n'est pas heureuse avec lui. Thérèse est vendeuse à la mercerie que tiennent sa tante et belle-mère, laquelle ne jure que par son fils. Un soir, Raquin, saoul est ramené par un camionneur italien, Laurent qui devient l'amant de Thérèse...

  
1954L'air de Paris

Avec : Jean Gabin (Victor Le Garrec), Arletty (Blanche Le Garrec), Roland Lesaffre (André Ménard), Marie Daëms (Corinne), Maria-Pia Casilio (Maria), Ave Ninchi (Angéla), Simone Paris (Chantal). 1h50.


Victor Le Garrec a eu dans sa vie une grande passion, la boxe. Il a réussi à ouvrir et à diriger une salle d'entraînement où il essaie de dénicher des poulains. Blanche, sa femme, l'aide de son mieux sans partager son enthousiasme et en rêvant de se retirer sur la Côte d'Azur. La rencontre d'un modeste employé à la SNCF, André Ménard, va tout à coup changer la vie de Le Garrec. Il discerne dans ce jeune garçon mieux qu'un espoir : un futur champion. Il le décide à venir habiter chez lui pour l'avoir constamment sous la main, ce qui n'est pas pour satisfaire Blanche. Personne ne doit venir troubler l'entraînement, mis à part le couple d'épiciers du coin dont la fille Maria qui n'est pas insensible au charme d'André. Victor Le Garrec ne pouvait évidemment prévoir qu'en assurant son service en gare, le jeune homme allait tomber follement amoureux d'une ravissante jeune femme aperçue à la fenêtre d'un train. Un objet égaré permet aux jeunes gens de se retrouver et un peu troublée, Corinne promet à André d'assister à son premier match. En effet, ce jour-là, elle est au premier rang. André, fou de joie, gagne brillamment et entame un grand amour partagé avec Corinne. Mais Victor veille. André hésite, va-t-il suivre la jolie fille au hasard de sa vie mondaine, ou continuer dans la voie du succès que lui a ouverte Le Garrec ? Corinne comprend ce qu'elle doit faire, elle quitte Paris en renonçant à un bonheur trop précaire. Abandonné, amèrement déçu, se croyant trahi, André Ménard retrouvera pourtant la fidèle amitié de Victor, balayant les souvenirs et dégageant l'avenir.

  
1956Le pays d'où je viens

Avec : Françoise Arnoul (Marinette Ardouin), Gaby Basset , Gilbert Bécaud (Eric Perceval / Julien Barrère). 1h34.

Eric Perceval est un fils de bonne famille en vadrouille sur le compte en banque de papa. Son oncle engage des hommes de mains pour le retrouver et le ramener au sein de la famille. Mais un soir de Noël, Eric entre dans une brasserie où est employé un pianiste qui lui ressemble trait pour trait.

  
1958Les tricheurs

Avec : Jacques Charrier (Bob Letellier), Pascale Petit (Mic), Andréa Parisy (Clo), Laurent Terzieff (Alain), Roland Lesaffre (Roger), Dany Saval (la fiancée de Bernard), Jacques Portet (Guy), Pierre Brice (Bernard), Anne-Marie Coffinet , Jacques Marin (Félix). 1h59.

Bob, fils de famille, rencontre par hasard Alain qui vient, pour le geste, de voler un disque dans un magasin. Une sorte de sympathie naît entre eux. Bob le présente à ses copains et l'emmène à une surboum chez Clo, la fille d'un diplomate. Au cours de la soirée, il devient l'amant de Clo qui lui présente Mic. Cette dernière et Bob se revoient mais prisonniers de leurs personnages et de la comédie qu'ils se jouent à eux-mêmes comme aux autres, ils n'osent s'avouer leur amour. Le malentendu s'aggrave lorsque Mic croit que Bob veut se livrer à une opération de chantage qui doit rapporter à la jeune fille l'argent nécessaire à l'achat d'une voiture. Par dépit, Mic se donne à Alain alors que Bob a décidé de mener seul cette dangereuse opération. Mic se rend alors compte de son erreur. Une surboum les réunit dans le château de Clo. On y joue au jeu de la vérité. Sous le regard d'Alain, Mic ment pour cacher son amour; Bob également. De plus par bravade, il annonce ses fiançailles avec Clo. Mic ne peut en supporter davantage. Elle saute dans sa "jag". Bob la poursuit. La Jaguar percute un camion. Mic meurt à l'hôpital. Bob, brisé, ne trichera plus.

  
1960Terrain vague

Avec : Claudine Auger , Jean-Louis Bras , Maurice Caffarelli , Dominique Dieudonné , Danièle Gaubert , Roland Lesaffre , Pierre Richard , Denise Vernac. 1h40.

Cela se passe en bordure d'une H.L.M. parisienne, sur un vaste terrain vague où peuvent se retrouver ou se réfugier les jeunes dont les familles peuplent l'immense bâtiment. Les jeunes aiment alors à se grouper en bandes où l'on officie dans une commune révolte contre les adultes. Une jeune et jolie fille, Dan, est le chef d'une de ces bandes. Son bras droit, Lucky, est beau et prompt à la bagarre. Tous deux s'aiment sans doute mais feignent de l'ignorer, et tout le monde se retrouve dans une vieille usine désaffectée. Mais des nouveaux vont apparaître. D'abord le tout jeune Babar qui se soumet tout de suite aux cérémonies d'initiation tant son admiration pour Dan est profonde. Arrive malheureusement ensuite "le grand Marcel" qui, lui, est un délinquant en rupture de centre de redressement. Jusqu'alors les jeux des vont prendre dangereuse tournure, Marcel essayant de créer un véritable gang. Il jette aussi son dévolu sur Dan dont il voudrait faire sa maîtresse. Celle-ci résiste. Par vengeance, Marcel la fait exclure du groupe. Mais Lucky veille et, à son tour, se heurte à Marcel. Celui-ci lâche la bande dont les gosses, furieux, s'emportent contre Lucky et contre Babar. Insulté, Babar a son chien tué, il cherche du secours près de Dan et la trouve dans les bras de Lucky. Bouleversé, Babar se précipite dans l'usine, grimpe l'escalier et, pour prouver qu'il n'est pas un lâche, se jette du troisième dans le vide. Il résulte de ce drame une prise de conscience collective. Dan et Lucky s'éloignent définitivement. Elle le pousse à devenir mécanicien comme il l'a toujours souhaité. Et sur le terrain vague, silencieux maintenant et vide, s'édifiera peut-être un centre de jeux pour jeunes enfants.

  
1962Du mouron pour les petits oiseaux
Avec : Paul Meurisse, Dany Saval, Roland Lesaffre. 1h47

Dans son quartier, M. Armand passe pour être un homme des plus respectables. Son flegme en impose et aussi le fait qu'il est propriétaire d'un immeuble de rapport. Toutefois son honorabilité n'est que de façade, M. Armand est un ancien truand qui s'est assagi, mais qui surveille du coin de l'œil les agissements de ses locataires surtout lorsqu'il s'agit d'argent.
Ainsi Mlle Lucie, entraîneuse dans une boîte de nuit, est toute disposée à se vendre à son voisin du dessous, boucher de son état. Lucie, pleine de sentiment, souhaite offrir une belle voiture à l'italien, son amant. Lucie n'a pas de chance, le boucher a vu son portefeuille subtilisé par sa propre épouse qui achète ainsi les faveurs du commis, Jojo. Tout ce joli monde sait d'autre part que dans leur immeuble persiste à vivre une centenaire qui bat la campagne, mais dont le magot est, paraît-il, fort coquet. La mort subite de la vieille dame semble étrange à la police qui vient enquêter. Ce remue-ménage inquiète fort M. Armand prisonnier d'un passé peu reluisant.
Il combine alors un coup audacieux : il achète la voiture que souhaite Lucie et convainc la fille de partir avec lui sur la Côte d'Azur. Celle-ci, fine mouche, se débarrasse du gangster à la première station-service et file dans l'auto avec le bas de laine de la centenaire. Malheureusement pour elle, le subtil Armand avait transféré le trésor d'une boîte de bonbons à une vieille mallette, que Lucie jette avec désinvolture au fond d'une rivière.

  
1965Trois chambres à Manhattan

Avec : Annie Girardot (Kay Larsi), Maurice Ronet (Francois Comte), O.E. Hasse (Hourvitch), Roland Lesaffre (Pierre), Gabriele Ferzetti (Comte Larsi), Geneviève Page (Yolande Combes), Robert Hoffmann (Thierry), Margaret Nolan (June). 1h50.

" Deux français paumés vivant à New York font connaissance dans les vapeurs de l'alcool, s'aiment sans véritable désir l'un de l'autre. comme ça, presque pour passer le temps qui s'écoule interminablement.. Lui s'appelle François. Alors qu'il était devenu un acteur connu, il quitta tout à coup la France sur un coup de tête sentimental, mais les lumières d'Hollywood ne furent pour lui que des mirages et il recherche maintenant à New York de quoi vivre grâce à la télévision. Elle, c'est Kay. Elle avait cru trouver le bonheur avec Larsi, un authentique comte italien, la lassitude, l'ennui ont eu raison d'elle. Elle a fui son mari et son enfant. Elle vit péniblement elle aussi, partageant l'appartement d'une amie qui vient d'ailleurs de partir sans laisser d'adresse. C'est alors qu'elle rencontre François et que tous deux essaient de mettre en commun leurs détresses et de s'épauler mutuellement. Essai sans amour pour lutter contre l'asphyxie. Sans amour, mais non sans jalousie. Un homme, Pierre, surgit A-t-il été l'amant de Kay ? Soupçonneux. François écoute le producteur de T.V. qui l'adjure de se méfier de Kay et qui l'aiguille vers une fort séduisante actrice. Ce n'est qu'à la suite d'une courte séparation qu'ils finissent par comprendre la force de leur amour, sans même que celui-ci leur donne le ressort qui leur manquait. " (Marcel Carné).

  
1967Les jeunes loups
Avec : Christian Hay (Alain), Yves Beneyton (Chris), Haydée Politoff (Sylvie), Gamil Ratib (Prince Linzani), Elizabeth Teissier (Princesse Linzani) , Bernard Dhéran (Jean Noel), Maurice Garrel (Ugo Castellini), Elina Labourdette (Madame Sinclair), Serge Leeman (Jojo), Roland Lesaffre (Albert),

Alain a vingt ans. De condition modeste, il a misé sur le charme que lui confère sa beauté pour se pousser dans l'existence. Il vit pour l'instant aux crochets de la princesse Linzani, fastueuse dame qui l'entretient dans une cage dorée. Un séjour sur la Côte d'Azur provoque la rencontre d'Alain et de Sylvie. Cette jeune personne qui affecte volontiers des airs émancipés n'a cependant aucun amant; Alain va être le premier, mais, la nuit passée, le garçon se hâte de rentrer chez la princesse.
Déçue, Sylvie traîne sa tristesse dans Paris. Elle y fait la connaissance d'un aimable beatnik, Chris, qui l'emmène dans une boîte où justement Alain se trouve. Le jeune homme semble heureux de la revoir. Sylvie ne demande qu'à pardonner, mieux, elle lui propose un travail chez un photographe de ses amis. Mais Alain ne peut s'adapter au moindre travail; de plus, il commet un vol. Mis en demeure de rembourser, il s'emploie en vain à faire chanter la princesse, puis finit par extorquer la somme, en échange de ses bons offices, à Mme Sinclair, dont il devait décorer l'appartement. " Empruntant " une voiture, Alain emmène Sylvie passer un doux week-end à Deauville, après quoi il doit entrer au service d'un riche promoteur d'immeubles. Sylvie comprend très vite que ce monsieur multiplie les aventures homosexuelles : accablée, elle quitte Paris, retourne au Cannet. C'est là qu'elle voit revenir Alain, ramené par Chris. Les promesses pleuvent : travail, probité, pourquoi pas fidélité. Sylvie ne veut croire qu'à l'instant qui passe : la Côte est trop belle; la vie qui les cerne, trop luxueuse, les tentations trop évidentes pour que cesse de hurler la meute des jeunes loups.

  
1971Les assassins de l'ordre
 

Avec : Jacques Brel (Bernhard Level), Catherine Rouvel (Danièle Lebegue), Paola Pitagora (Laura), Charles Denner (Graziani), Michael Lonsdale (Inspecteur Bertrand). 1h47.

Le juge Level a pour mission d'enquêter sur la mort d'un certain Saugeat, arrêté un matin de décembre par deux inspecteurs de police. Aucun des témoins ne paraît très loquace. Seule une prostituée, Danièle Lebègue, ayant appris la mort de Saugeat, se présente d'elle-même au juge. Elle lui apprend que c'est sur les conseils du commissaire Bertrand qu'elle avait été invitée à quitter Paris pour quelque temps. Level est soutenu par la presse et les étudiants. Son enquête se heurte à de nombreux obstacles dressés par ceux qui craignent que la vérité éclate : son fils, François, est arrêté dans une rafle et l'on découvre de la drogue sur lui; son amie, antiquaire, est accusée de recel; le protecteur de Danièle est menacé d'en prendre pour cinq ans si celle-ci persiste dans ses déclarations.
Level tient bon car il est persuadé que le commissaire Bertrand et les deux inspecteurs sont responsables de la mort de Saugeat : ils l'auraient interrogé un peu trop brusquement pour lui taire avouer un délit mineur.
Ce n'est que grâce à la confiance de son fils et de ses camarades étudiants que le juge Level trouve la force de se battre jusqu'au bout. Mais les jurés acquitteront les accusés. Ce jour-là, devant le palais de justice, monte la rumeur d'une manifestation.

  
1974La merveilleuse visite 
 

Avec : Gilles Kohler (Jean, l'ange), Roland Lesaffre (Ménard), Debra Berger (Déliah), Lucien Barjon (Le recteur), Mary Marquet (La duchesse), Yves Barsacq (Le docteur Jeantel). 1h45.

Un jeune homme retrouvé sur la plage et amené au presbytère, prétend être un ange. Mais la population croit à un subterfuge, et après avoir été le responsable d'un accident, le jeune homme se retrouve poursuivit par la foule et acculé à une falaise.

  
1976La Bible
 Un documentaire sur des scènes de la Bible imagées par des mosaïques de Monreale en Sicile et des vues de Palestine commentées. 1h40.
  
1991Mouche
 (Inachevé)
  

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Filmographie





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ROBERT SIODMAK (1904 - 1973)