duminică, 6 iunie 2021

ROPE (La Corde) – Alfred Hitchcock (1948)

 

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ROPE (La Corde) – Alfred Hitchcock (1948)

Un soir d’été, dans leur appartement new-yorkais, deux riches étudiants étranglent un de leurs amis pour se donner des sensations et pour mettre en pratique la philosophie de leur ancien professeur. Rope (La Corde) représente une étape importante dans la carrière d’Alfred Hitchcock : c’est son premier film en couleur, le premier aussi qu’il maîtrise totalement, puisqu’il en est le producteur exécutif. Amateur de défis, il choisit de s’imposer des contraintes de réalisation qui l’obligèrent à des prouesses.

ROPE (1948)

Rope était le 35e film d’Hitchcock, mais le premier qu’il réalisait pour Transatlantic Pictures, la société qu’il avait créée en 1944 avec son ami, le producteur britannique Sidney Bernstein. Ce dernier s’occupait de la gestion, alors qu’Hitchcock assurait la partie artistique. Pour la première fois de sa carrière, le réalisateur pouvait donc maîtriser tout le processus de création.

ROPE (1948)

Mais cette société de production, qu’Hitchcock avait constituée pour s’affranchir de toute intervention des studios et des producteurs, ne le dispensait pas de chercher l’appui financier d’un grand studio, indispensable pour travailler à Hollywood et pour assurer la distribution. Il signa donc un contrat avec Warner Brothers, s’engageant à tourner des films pour eux, en plus de ceux qu’il réaliserait pour Transatlantic Pictures.

ROPE (1948)
UN NOUVEAU DÉPART

Le dernier film tourné par Hitchcock pour Selznick, The Paradine Case ( Procès Paradine), avait été un désastre commercial et critique – en grande partie à cause de Selznick – et le réalisateur voulait réagir avec un début exemplaire pour Transatlantic. Cette société voulait faire collaborer des artistes des deux Côtés de l’Atlantique. Hitchcock avait envisagé de travailler à partir de diverses oeuvres britanniques, avant de se décider finalement à adapter la pièce d’un écrivain anglais de vingt ans, Patrick Hamilton.

ROPE (1948)

Hitchcock demanda au jeune dramaturge d’effectuer une adaptation cinématographique de son texte, mais Hamilton, mal à l’aise au cinéma, refusa. Hitchcock se tourna alors vers un ami, l’acteur Hume Cronyn, qui fut très étonné, car, s’il avait certes publié quelques nouvelles, il n’avait encore jamais rien écrit pour l’écran. Les deux hommes commencèrent à travailler au printemps 1947. Selon Cronyn, quand ils rencontraient un problème, Hitchcock se mettait soudain à parler de tout autre chose. Cronyn était dérouté, jusqu’à ce qu’il comprenne pourquoi le réalisateur adoptait une telle attitude. « On est trop pressé, disait Hitchcock. On ne fait rien de bon sous la pression.»

L’ÉQUIPE

En avril, un autre écrivain dramatique, le new-yorkais Arthur Laurents, fut recruté pour écrire les dialogues. Agé de 29 ans, il avait déjà travaillé à Hollywood pour réécrire The Snake Pit (La Fosse aux serpents, 1948) d’Anatole Litvak, mais il était encore peu connu à cette époque. « Hitchcock m’a retenu parce que Rope devait être tournée comme une pièce et que j’étais un auteur dramatique », devait déclarer Laurents.

ROPE (1948)

En outre, ce dernier était lié avec l’acteur Farley Granger, qu’Hitchcock pressentait pour l’un des deux personnages principaux, Phillip Morgan. Pour l’autre, Brandon Shaw, il souhaitait Montgomery Clift – et le film avait originellement été conçu pour faire tourner Cary Grant dans le rôle de Rupert Cadell, le professeur et mentor des deux meurtriers. Cependant, après avoir lu le script, Grant refusa, tout comme Clift après lui, Le premier ne voulait pas risquer d’être pris pour un homosexuel parce que, tout au long de sa carrière, l’orthodoxie de ses mœurs avait été mise en doute.

ROPE (1948)

Clift renonça à cause de raisons similaires. Pour lui, Hitchcock avait un bon remplaçant en la personne de John Dall, nominé aux Oscars pour son premier rôle au cinéma dans The Corn es green (Le Blé est vert, 1945), d’Irving Rapper. Le retrait de Grant déçut beaucoup Hitchcock et entraîna une brouille entre les deux hommes, car le nom de Grant avait été utilisé pour le montage financier et son refus impliquait des difficultés budgétaires.

ROPE (1948)

Warner Brothers insistait pour avoir une star : ce fut James Stewart. Le cachet qu’il demandait à l’époque, environ 200 000 $, était trop lourd pour le budget du film, et l’acteur accepta d’en abandonner une partie en échange d’un intéressement aux bénéfices. Stewart semble avoir ignoré le problème de l’homosexualité du rôle. Le scénario fait des allusions  claires aux rapports homosexuels du personnage et des deux meurtriers, mais cela ne transparaît pas du tout dans son interprétation.

ROPE (1948)
L’ATTRAIT D’UNE EXPÉRIENCE

Hitchcock avait vu et aimé la pièce au théâtre. Toutefois, ce qui l’attirait dans Rope n’était pas tant l’intrigue que la possibilité que lui offrait cette œuvre de tenter une expérience cinématographique. Pour lui conserver son caractère spécifiquement dramatique, il se proposait de la filmer en plans-séquences très longs, aussi longs que le permettaient les bobines de pellicule, c’est-à-dire dix minutes environ chacun. Dans ses entretiens avec François Truffaut, Hitchcock se montre, avec le recul du temps, assez sévère à propos de ce film : il parle de Rope et de l’exploit technique qu’il représente comme d’un « truc » – qui a marché puisque le film a été un succès. Mais à l’époque, le défi technique l’intéressait.

ROPE (1948)

Le réalisateur avait un autre défi à relever : Warner Brothers voulait un tournage en Technicolor. Hitchcock réalisait ici son premier film en couleurs, et il souhaitait Concevoir les décors et les costumes en conséquence, afin d’en tirer le meilleur parti possible, à la fois sur le plan cinématographique et d’un point de vue émotionnel. Il souhaitait aussi jouer sur la lumière, en l’atténuant graduellement au fur et à mesure que monterait la tension.

ROPE (1948)

La pièce se déroule entièrement dans un salon et Hitchcock se sentait stimulé par cette contrainte du décor unique. L’appartement luxueux, conçu par Perry Ferguson, était cependant beaucoup plus grand que le salon de la pièce puisqu’il comprenait aussi une salle à manger, une entrée et une cuisine, avec des fenêtres donnant sur les gratte-ciel de New York (des maquettes alignées en demi-cercle, avec un arrière-plan de nuages en laine de verre suspendus à des fils). À chaque coupe, les nuages étaient déplacés et la lumière atténuée pour suggérer la tombée de la nuit. Le ciel s’obscurcissant, les lumières des maquettes de gratte-ciel devaient être allumées, de même que les enseignes au néon – dont la silhouette lumineuse d’Hitchcock, l’une de ses deux apparitions dans le film.

LES PLANS-SÉQUENCES

Une légende veut que Rope soit constituée d’un seul plan, sans aucune coupe. En fait, le film est composé de plusieurs plans-séquences, car la durée d’une bobine était très courte. Chacune durant environ 10 minutes, les 80 minutes du film auraient pu se réduire à huit ou neuf plans-séquences. Ce n’est pas le cas : il y en a onze, dont trois seulement dépassent 9 minutes de longueur. Les plans-séquences impairs finissent tous par une coupe, tandis que les plans-séquences pairs se terminent par un fondu au noir sur le dos de l’un des personnages, ou sur le couvercle du coffre qui se relève pour le dixième.

ROPE (1948)

Le budget se montait à 1,5 million de dollars, ce qui était énorme pour un film à décor unique ; mais beaucoup de techniques étaient utilisées pour la première fois et l’expérimentation coûte toujours cher. Les acteurs répétèrent intensément pendant quinze jours avant que la première prise soit tournée. En même temps, Hitchcock réglait les séquences complexes et les mouvements du décor tout en entraînant son équipe.

ROPE (1948)

Le 12 janvier 1948, le tournage commença. Il fallut souvent interrompre une prise parce qu’un technicien se trouvait dans le champ, qu’un acteur avait sauté une réplique ou que l’accessoiriste s’était trompé dans ce ballet complexe. Certaines des séquences les plus longues ont demandé jusqu’à quinze prises, et le réalisateur n’obtint jamais plus d’une prise réussie par jour !

ROPE (1948)

Par ailleurs, certains plans nécessitèrent plusieurs prises à cause de problèmes d’éclairage, pour la partie du film qui se passe au crépuscule. Lorsqu’il vit les rushs, Hitchcock constata que les fonds qu’il espérait assombris apparaissaient rouges et orangés. Il estima nécessaire de refaire les prises avec un éclairage différent, un nouvel opérateur et un conseiller pour le Technicolor. Les acteurs devaient mémoriser de longs dialogues, Le travail était difficile pour ceux venus d’Hollywood, habitués aux scènes courtes, mais ne posait aucun problème à-ceux qui étaient habitués au théâtre, comme Sir Cedric Hardwicke, Constance Collier et John Dall. Collier et Hardwicke animèrent largement le plateau durant le tournage. « C’étaient de vrais boute-en-train », dira Farley Granger. Même James Stewart, qui avait travaillé pour le théâtre avant de bifurquer vers le cinéma dans les années 1930, se montra joyeux et décontracté, après des débuts tendus.

ROPE (1948)

Malgré le caractère théâtral du décor, Hitchcock se préoccupa de détails réalistes. Les voix de la rue, par exemple, après les coups de feu tirés par Rupert à la fin du film, ont été enregistrées du sixième étage d’un immeuble, c’est-à-dire à la hauteur de l’appartement tel qu’on li le voit en ouverture du film. Pour les sirènes de police, l’arrivée d’une voiture partie à deux kilomètres de là a été enregistrée depuis les grilles du studio.

ROPE (1948)
ÉPILOGUE

Achevé le 21 février; le film sortit aux États-Unis en septembre 1948 sous le titre Alfred Hitchcock’s Rope (La Corde d’Alfred Hitchcock). C’était la première fois que le nom du réalisateur apparaissait dans un titre, et Hitchcock en était très fier. Les critiques furent néanmoins mitigées, et le succès public tempéré par l’action des ligues de vertu.

ROPE (1948)

Le film n’a pas eu de démêlés avec la censure, mais il a été interdit dans plusieurs régions des États-Unis, ou bien projeté avec des coupures – en général la scène du meurtre. Le National Board of Review le déconseilla au moins de 21 ans. En Europe, il a été tout d’abord interdit en France et en Italie. Rope n’a pas été un triomphe, mais les producteurs sont largement rentrés dans leurs frais. Le pourcentage de Stewart lui a rapporté 300 000 $.


DISTRIBUTION

James Stewart (1908-1997) joue Rupert Cadell. Après avoir été pilote pendant la Seconde Guerre mondiale, Stewart souhaitait donner un nouvel élan à sa carrière. Fatigué des héros sympathiques qu’il incarnait souvent – comme dans It’s a Wonderful Life ( Vie est belle, 1946) de Frank Capra – il cherchait à l’époque des rôles plus complexes.
John Dall (1918-1971), qui interprète Brandon Shaw, s’était imposé parmi les têtes d’affiche de Broadway au début des années 1940. Il avait été nominé en 1945 pour l’Oscar du meilleur second rôle, pour sa première apparition au cinéma dans The Corn es green (Le Blé est vert). Par la suite, il s’est consacré essentiellement au théâtre et n’a joué que dans huit films dont Gun Crazy (Le Démon des armes).
Phillip Morgan est joué par Farley Granger (né en 1925). Ce dernier a fait une belle carrière sans jamais devenir une star ; il a tenu son plus grand rôle en 1951, dans Strangers on a Train (L’Inconnu du Nord-Express) d’Hitchcock, en interprétant le personnage de Guy Haines. Par la suite, il tourna surtout dans des westerns européens et pour la télévision.
Cedric Hardwicke (1893-1964) interprète le père de David Kentley (quatrième à partir de la droite). Ami d’Hitchcock, il a été le plus grand acteur dramatique britannique de sa génération. Installé à Hollywood après 1938, il a beaucoup tourné, jouant notamment dans Suspicion (Soupçons, 1941) d’Hitchcock.
Pour Mrs Atwater, le réalisateur fit appel à Constance Collier (1878- 1955), une actrice de théâtre âgée de 70 ans ayant déjà beaucoup joué en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Elle avait travaillé avec Hitchcock comme co-auteur (avec Ivor Novello) de la pièce qui avait inspiré un de ses films muets, Downhill (1927).

Rope (1948) – De gauche à droite : Farley Granger, Edith Evanson, Douglas Dick, John Dall, Constance Collier, Cedric Hardwicke, Joan Chandler, James Stewart, Alfred Hitchcock

EFFETS SPÉCIAUX

La caméra Technicolor était énorme : trois ou quatre fois plus grosse qu’une caméra monochrome. Quant au décor, toutes ses parties, que ce soient les meubles, les murs ou les accessoires, avaient été conçues pour que les accessoiristes puissent les déplacer facilement afin de laisser passer la caméra. Lors de choque prise, le déplacement du chariot de la caméra et celui des acteurs était matérialisé à la croie sur le sol. On entrevoit d’ailleurs parfois ces traits dans le film. Ces déplacements étaient évidemment fort bruyants. Pour amortir leur intensité sonore, un plancher spécial revêtu de feutre avait été fabriqué, et tous les éléments du décor furent montés sur des roulettes en caoutchouc.

ROPE (1948)

Malgré tout, les nuisances sonores restaient trop importantes pour permettre l’enregistrement direct des dialogues. Hitchcock résolut le problème en faisant retirer, avant le tournage, les 24 microphones disposés dans le décor. Une fois la prise terminée, il faisait démonter les murs et réinstaller les micros : les acteurs devaient alors rejouer toute la scène rigoureusement de la même façon, et le son était alors enregistré. Heureusement, les dialogues avaient été si parfaitement réglés qu’il n’y eut que très peu de choses à rectifier au moment du montage pour synchroniser le son et l’image.


L’HISTOIRE

Générique – Le générique se déroule sur une vue d’une rue new-yorkaise, prise depuis une terrasse. Les ombres allongées indiquent qu’il s’agit d’une fin d’après-midi. Pendant le générique, nul mouvement n’anime la rue. Voitures et personnages ne commenceront à circuler qu’au début du chapitre 2.
Le pouvoir de tuer – La caméra quitte la rue et se retourne sur une terrasse située devant un appartement aux rideaux tirés. Un cri retentit. La caméra montre David Kentley, étranglé par une corde. Phillip et Brandon mettent le corps dans un coffre. Le premier est abattu, le second exulte pour ce crime qu’il estime parfait. Il parle du pouvoir de tuer, et ouvre une bouteille de champagne.

La touche finale – En conversant avec Phillip, Brandon apprend au public qu’il a prévu une soirée avec les parents et des-amis de David. Il a soudain l’idée de servir le repas sur le coffre où se trouve le corps – une idée qui a inspiré Hitchcock. Brandon commence à déplacer le buffet qui était dressé dans la salle à manger.
Le seul crime – Face aux critiques de Phillip, qui redoute que le buffet dressé sur le coffre n’attire les soupçons, Brandon argumente et finit par convaincre son ami. En montrant les deux hommes en train de s’affairer autour du buffet, la caméra révèle soudain la corde qui a étranglé David: elle dépasse sur le côté du coffre. Phillip s’affole. Brandon conserve son sang-froid et affirme que le seul crime à ses yeux serait de commettre une erreur.



Un accessoire de cuisine – Mrs Wilson, qui s’occupe de l’appartement des deux jeunes hommes, revient des Courses. Elle leur reproche d’avoir déplacé le buffet sur le coffre. mais Brandon. sur un ton ironique, lui explique qu’il s’agit d’une sorte d’autel pour une fête sacrificielle. Discrètement, il range la corde dans un tiroir de la cuisine. Phillip s’inquiète en apprenant que Rupert Cadell, qui selon lui pourrait soupçonner la vérité, est également invité. Brandon, au contraire, estime que c’est l’homme le mieux à même d’apprécier ce qu’il considère comme leur « œuvre d’art ».
La fête commence – Kenneth, un ami de David, arrive, suivi par Janet, qui a été sa petite amie avant de devenir celle de David. Brandon les a réunis pour gêner la jeune femme. Janet lui fait des reproches, mais il répond qu’il ne savait rien de ses affaires de cœur. Brandon et Phillip révèlent que Cadell a été le professeur des quatre jeunes gens, et leur a enseigné la pensée de Nietzsche.

Un charmant jeune homme – Mr Kentley arrive avec sa belle-sœur, Mrs Atwater. Celle-ci prend Kenneth pour David, qui devrait déjà être là. De surprise, Phillip brise un verre. Parlant à Janet, Mr Kentley révèle que David est son fils unique. Brandon – comme Hitchcock se délecte de l’humour macabre de la situation.
Enfant de la Lune – Férue d’astrologie, Mrs Atwater lit aussi les lignes de la main. Elle parle à Phillip, lui apprend qu’il est né sous le signe du Cancer et soumis à l’influence de la Lune. Elle prend ses mains et lui prédit qu’elles lui vaudront la célébrité. Troublé, Phillip se met au piano.


Bégaiement – Phillip commence à jouer du piano. La caméra recule pour montrer l’arrivée de Rupert, introduit par Mrs Wilson. Brandon. agité, le présente aux différents invités. Rupert remarque son état et lui dit : « Vous bégayiez toujours quand vous étiez agité. » Tout en se servant au buffet, les invités parlent de vedettes de cinéma et de films. (Ce dialogue est repris de la pièce dont s’inspire le film, avec une actualisation.)
Etrangler des poulets – Phillip dit qu’il n’aime pas le poulet. Brandon plaisante à ce propos, expliquant qu’un dimanche à la campagne, Phillip n’avait pas réussi à étrangler des poulets, une chose qu’il faisait pourtant avec aisance habituellement. Phillip se rebiffe violemment et crie :« C’est un mensonge ! » Le ton monte.

Etres inférieurs – L’altercation continue hors champ, pendant que nous observons les réactions de Rupert. Le professeur détend l’atmosphère en parlant avec ironie des bienfaits du meurtre. Mr Kentley ne goûte pas son humour, qu’il juge macabre, et fait un rapprochement entre les assertions nietzschéennes de Brandon et Hitler. Brandon dit rejeter le nazisme pour sa stupidité, et non pour sa malfaisance. Rupert intervient à temps en évoquant les livres que Brandon a mis de côté pour Mr Kentley. La paix rétablie, tout le monde se dirige vers la salle à manger.
Un accroc – Janet et Kenneth restent seuls. Lorsque celle-ci comprend qu’elle a été manipulée par Brandon, elle lui reproche son humour pervers. Kenneth l’approuve, Rupert, qui a entendu, trouble Brandon en suggérant que quelque chose ne va pas, car les soirées qu’il donne sont d’habitude parfaites.

Subalterne – Mrs Wilson raconte sa journée à Rupert et critique l’étrange comportement de Brandon et de Phillip. Après un coup d’œil inquiet à Brandon, Phillip interrompt leur conversation en rappelant à Mrs Wilson, qui est traitée cavalièrement par ses deux jeunes employeurs, son rôle de domestique : elle est là pour servir les invités, pas pour discuter avec eux.
Le métronome – Rupert engage avec Phillip une conversation qui ressemble à un interrogatoire. D’abord soulagé parce que les soupçons semblent ne concerner que Kenneth et Janet, Phillip se ferme lorsque Rupert reprend l’histoire de l’étranglement de poulets, tout en jouant avec le métronome. Phillip se lève d’un bond lorsque Mr Kentley arrive en portant des livres attachés ave le bout de corde. Brandon et Phillip se disputent.

Après la fête – Mrs Wilson débarrasse et veut ranger les livres, mais Brandon intervient pour l’empêcher d’ouvrir le coffre. La soirée se termine. Mrs Wilson tend à Rupert un chapeau qui n’est pas le sien et qui porte les initiales de David. Les invités partis, Brandon s’abandonne à son triomphe, tandis que Phillip, secoué, continue à boire. Après le départ de Mrs Wilson, les deux garçons se préparent à transporter le cadavre dans la voiture de Brandon. Un coup de téléphone les interrompt : Rupert a oublié son porte-cigarettes. Phillip s’effondre et Brandon le gifle.

Le chat et la souris – Brandon, un revolver chargé dans sa poche, fait entrer Rupert. Les deux hommes s’affrontent verbalement. Brandon demande à son professeur comment il aurait bien pu tuer David. Il y a alors une coupe sur Rupert, qui reconstitue le meurtre comme il s’est sans doute déroulé. Sous le coup de l’émotion, Phillip brise son verre. Brandon et Rupert poursuivent. Brandon abandonne le revolver, mais lorsque Rupert révèle le bout de corde, Phillip craque, se saisit de l’arme et menace de tuer Brandon – qui a piteusement échoué dans sa tentative de faire admirer son œuvre. Rupert prend le revolver des mains de Phillip, ivre, et se blesse à la main.

Coups de feu – Rupert ouvre le coffre. Les explications de Brandon lui font comprendre sa responsabilité, symbolisée par le sang sur sa main, qui le lie visuellement à Phillip. Son horreur s’accroît lorsqu’il prend conscience de sa propre culpabilité. Confronté aux conséquences de ses idées, il les renie. Il ouvre la fenêtre, suscitant un véritable soulagement dans cette ambiance devenue étouffante – la bouffée d’air est presque palpable ! Il tire trois coups de feu dans la nuit. On entend les bruits de la rue et, dans le lointain, les sirènes ce la police. Les trois hommes sont face à leur destin.
Générique de fin – Le générique se déroule sur une musique symphonique: le Mouvement perpétuel n° 1 de Francis Poulenc. La couleur verte s’installe définitivement à l’écran, en fond coloré uni du générique. À la fin de la scène précédente, à partir du moment où Rupert s’était retourné face aux deux complices, montrant ostensiblement la corde avec ses mains, les lumières vertes, blanches et rouges des néons au-dehors s’étaient allumées, éclairant la scène finale d’une lumière changeante, et presque surnaturelle. l’alternance des couleurs avait contribué à augmenter l’intensité dramatique du dénouement. Maintenant, tout est bien fini !


Alfred Hitchcock est né en Angleterre, le 13 août 1899, au sein d’une famille de catholiques. Son père était un riche marchand de volailles. Il aimait le théâtre, mais se voulait rigoureux en matière de discipline et de religion. L’enfance heureuse d’Alfred fut marquée par un incident qu’il n’oubliera jamais. Lire la suite…

La première expérience parlante d’Hitchcock, ce sera Blackmail (Chantage, 1929). Aujourd’hui, cette œuvre conserve une authentique modernité. L’auteur y installe des personnages et des situations qui alimenteront ses films postérieurs : la femme coupable, le policier amoureux de la femme qu’il doit arrêter, l’union terrible par un secret encore plus terrible, l’itinéraire vécu par un couple et la traversée des apparences.

A la veille de la guerre, l’industrie cinématographique américaine domine le marché mondial. De nombreux cinéastes européens ont raillé Hollywood. la domination nazie accélérera cette migration, mais ce cosmopolitisme convient au public national. Ce peuple d’émigrants aime le cinéma. les images satisfont ses fantasmes et bercent ses espoirs. Il se retrouve culturellement devant des produits conçus par des réalisateurs européens.

Rentré aux U.S.A. après avoir réalisé Bon voyage et Aventure malgache (courts métrages à la gloire de la résistance française réalisés en Angleterre), Hitchcock tourne une production de Selznick : Spellbound (La Maison du docteur Edwards). Cette fois, la chasse à l’homme et la formation d’un couple s’inscrivent dans une structure plus complexe. La psychanalyse règne sur l’œuvre.

En 1954, Hitchcock entre à la Paramount. Il y restera de longues années et en deviendra l’une des plus fortes valeurs commerciales. Il commence par l’adaptation d’une nouvelle de Corneil Woolrich (William Irish) : Rear window (Fenêtre sur cour). C’est l’histoire d’un reporter photographe qui a la jambe dans le plâtre. Il passe son temps à observer ses voisins. de l’autre côté de la cour.

Au cours de la période 1966-1976, Alfred Hitchcock ne tournera que quatre films. Deux se rattacheront au cycle des œuvres d’espionnage. Les autres exploiteront la veine du thriller.


THE LODGER (Les Cheveux d’or) 1927
THE 39 STEPS (Les 39 marches) 1935
SABOTAGE (Agent secret) 1936
THE LADY VANISHES (Une femme disparaît) 1938
JAMAICA INN (La Taverne de la Jamaïque) 1939
REBECCA 1940
SHADOW OF A DOUBT (L’ombre d’un doute) 1943
NOTORIOUS (Les Enchaînés) 1946
THE PARADINE CASE (Le Procès Paradine) 1947
ROPE (La Corde) 1948
STRANGERS ON A TRAIN (L’Inconnu du Nord-Express) 1951
DIAL M FOR MURDER (Le crime était presque parfait) 1954
REAR WINDOW (Fenêtre sur cour) 1954
TO CATCH A THIEF (La Main au collet) 1955
THE TROUBLE WITH HARRY (Mais qui a tué Harry ?) 1955
VERTIGO (Sueurs froides) 1958
NORTH BY NORTHWEST (La Mort aux trousses) 1959
TORN CURTAIN (Le Rideau déchiré) 1966


ROPE (1948)

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