vineri, 12 februarie 2021

F.W.Murnau 2 / bio + filmografie

 

(1888 - 1931)
21 films
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Histoire du cinéma : expressionnisme allemand

Friedrich Wilhelm Plumpe nait à Bielefeld en Westphalie le 28 décembre 1888. Ce fut un enfant à l'intelligence précoce, qui fit des études littéraires et artistiques brillantes. Passionné de théâtre, il les abandonna pour suivre en tournée le metteur en scène Max Reinhardt.

Il prend alors le nom de Murnau, ville des Préalpes bavaroises où il a passé des vacances avec son ami le poète Hans Ehrenbaum-Degele. Avec lui, il rejoint le cercle de Franz Marc et rencontre la poétesse else Lasker-schüler. Ils fondent la revue Das neue pathos avec le poète Paul Zech et le peintre Ludwig Meidner.

Reinhardt offre à Murnau le rôle du chevalier dans sa pièce Le miracle. Comme Ernst Lubitsch, Max Waneger et Henrik Galeen, il joue de petits rôles sous sa direction et monte quelques pièces à Berne et à Zurich. Au lendemain de la guerre de 1918, nous le retrouvons à Berlin, où il va dès lors se consacrer exclusivement au cinéma.

Très vite sa personnalité s'affirme. Grâce à l'appui du producteur Erich Pommer, il devient bientôt l'un des chefs de file du cinéma expressionniste allemand, auquel il donnera quelques-uns de ses chefs-d'œuvre : Nosferatu le vampire (1922), Le dernier des hommes (1924), Faust (1926). Certains de ses films sont nourris d'infiltrations réalistes, s'enracinent dans la vie quotidienne, d'autres touchent à l'allégorie, aux grands thèmes légendaires germaniques. Murnau tourne Nosferatu, film fantastique en décors réels. C'est la réalité qui est vampirisée par le fantastique. En revanche, Le dernier des hommes est entièrement tourné en studio pour expérimenter toutes les techniques cinématographiques. Le souci de rigueur plastique prédomine toujours : Murnau se révèle un maître du clair-obscur. "Il avait l'œil pour tout ce qui est lumière et mouvement", disait de lui son chef opérateur, Fritz Arno Wagner. "Il ne faisait qu'un avec la caméra, commandait au monde : s'il vous plaît, soyez photogénique !", déclara un critique autrichien de l'époque.

Sur l'invitation de William Fox, qu'avait enthousiasmé Le dernier des hommes, Murnau part travailler en Amérique en 1926. Il bénéfie pour L'aurore d'une liberté totale et d'un budget plus vaste que tout ce qu'il avait connu jusque là. L'aurore, est pour Jacques Lourcelles, "L'œuvre la plus symphonique, la plus synthétique, la plus cosmique et en définitive la plus lumineuse de Murnau." Le film obtient trois Oscars en 1927. Celui de la meilleure actrice pour Janet Gaynor, celui de la photographie pour Charles Roscher déjà chef opérateur sur Faust avec ses effets de lumière et pour Karl Struss au cadre et celui du meilleur film pour la Fox. Gliese obtient également une mention "honorable" pour le décor. Succès critique incontestable, le film ne fait cependant pas les entrées attendues et déçoit son producteur.

C'est cependant avec une grande confiance que Murnau entreprend Les quatre diables en janvier 1928. Pour sa première présentation à New York le 3 octobre 1928 au Gaieté, la Fox utilise une fin alternative, un happy-end plutot que la fin tragique voulue par Murnau. La Fox sort une version parlante le 10 juin 1929 à Los Angeles. Sont crédités à la mise en scène A. van Buren et A. Erickson alors que J. Hunter Booth est crédité des dialogues. Mais tous les critiques ré-attribuent le film à Murnau. Celui-ci ne vit jamais cette version, parti pour Tahiti le 12 mai. Après que la Fox ait modifié son titre Notre pain quotidien en City girl (L'intruse en français), il avait d'ailleurs rompu son contrat avec la Fox.

Murnau s'associe alors curieusement avec Robert Flaherty et s'embarque pour les mers du Sud, où il réalise seul une sorte de vaste poème lyrique sur fond documentaire : Tabou, tourné uniquement en plan fixe, sans mouvement de caméra. Le film s'annonce comme un succès, et la firme Paramount propose un contrat de dix ans à Murnau. Rentrant en Amérique pour la première du film, il est victime d'un grave accident de la route et meurt à l'hôpital le 11 mars 1931.

Murnau, a écrit Charles Chaplin, "avait porté le cinéma muet à un point de perfection absolue". Auteur de vingt-et-un films en douze ans, il s'est affirmé, au cours de sa brève carrière, comme un des plus purs poètes de l'écran. Nul mieux que lui n'a su décrire l'angoisse de l'homme au seuil de l'invisible ; le sens de la fatalité qui pèse sur les destinées ; et enfin la nostalgie de la nature, corrompue par la civilisation moderne.

L'expressionnisme de Murnau invoque sans cesse une obscure vie marécageuse où plongent toutes choses, soit déchiquetées par les ombres, soit enfoui dans les brumes. La vie non-organique des choses, une vie terrible qui ignore la sagesse et les bornes de l'organisme tel est le premier principe de l'expressionnisme qu'il applique.

Il révèle la puissance vitale pré-organique, commune à l'animé et à l'inanimé, à une matière qui se soulève jusqu'à la vie et à une vie qui se répand dans toute la matière. Il pousse l'expressionnisme en un mouvement violent qui ne respecte ni le contour organique ni les déterminations de l'horizontale et de la verticale : son parcours est celui d'une ligne perpetuellement en mouvement.

Dans son expressionnisme, le mouvement se déchaîne au service de la lumière pour la faire scintiller, multiplier des reflets, tracer des traînées brillantes comme dans le rêve du Dernier des hommes .

 

Ressource internet : internettrash.com

FILMOGRAPHIE :

1919Le cavalier bleu 
 (Der knabe in blau). Avec : Ernst Hoffmann (Thomas von Weerth), Blandine Ebinger (Zigeunerin), Karl Platen (Diener), Margit Barnay (Schauspielerin), Georg John (Zigeunerhauptmann), Leonhard Haskel, Rudolf Klix. 1560 mètres
  
1920Satanas 
Conrad Veidt (Der Weise von Elu/ Gubetta/ Dr. lwan Grodski), Fritz Kortner (Pharao Amenhotep), Sadjah Gezza (Nouri), Ernst Hofmann (Jarob), Margit Barnay (Phahi), Else Berna (Lucrezia Borgia), Kurt Ehrle (Gennaro), Jaro Fürth (Rustinghella), Ernst Stahl-Nachbaur (Fürst Alfonso d'Este), Martin Wolfgang (Hans Conrad), Marija Leiko (lrene), Elsa Wagner (seine Mutter), Mac Kronert (sein Vater). 2561 mètres.
  
1920Le bossu et la danseuse 
(Der bucklige und die Tänzerin). Avec : Sascha Gura (Gina), John Gottowt (James Wilton), Paul Biensfeldt (Smith), Anna von Palen (Smith's Mutter), Henri Peters-Arnolds (Percy), Bella Polini (eine Tänzerin).1540 mètres
  
1920Le crime du docteur Warren 
(Der Januskopf. Eine Tragödie am Rand der Wirklichkeit). Avec : Conrad Veidt (Dr. Warren/ Mr. O'Connor), Magnus Stifter (sein Freund), Margarete Schlegel (Grace), Béla Lugosi, Willy Kaiser-Heyl, Margarete Kupfer, Gustav Botz, Jaro Fürth, Marga Reuter, Hans Lanser-Ludolf, Danny Gürtler . 2220 mètres.
  
1920L'émeraude fatale 
(Abend-Nacht-Morgen). Avec : Bruno Ziener (Cheston), Gertrud Welcker (Maud), Conrad Veidt (Brilburn), Carl von Balla (Prince), Otto Gebühr (Ward).1713 mètres
  
1921La marche dans la nuit 
(Der gang in die nacht). Avec : Olaf Fönss (Dr. Eigil Boerne), Erna Morena (Helene), Gudrun Bruun-Steffensen (Lily), Conrad Veidt (Der Maler), Clementine Plessner. 1927 mètres
  
1921Sehnsucht
 (Bajazzo). Avec : Conrad Veidt (Tänzer), Gussy Holl (Großfürstin), Eugen Klöpfer, Margarete Schlegel, Paul Graetz, Helene Gray, Danny Gürtler, Albert Bennefeld, Marcela Gremo, Ellen Bolan . 1765 mètres.
  
1921La découverte d'un secret 

(Schloss Vogelöd). Avec : Arnold Korff (le chatelain von Vogelschrey), Lulu Kyser-Korff (Centa von Vogelschrey). 1h20.

À l'occasion d'une partie de chasse, un groupe d'amis se réunit dans le château de la famille Vogelöd. Mais l'arrivée du comte Oechst, soupçonné du meurtre de son frère survenu trois ans plus tôt, vient troubler l'harmonie du groupe...

  
1922Marizza 
Marizza, gennannt die Schmugglermadonna /Ein shönes tier (bel ami). Avec : Tzwetta Tzatschewa (Marizza), Adele Sandrock (Frau Avricolas), Harry Frank (ihr ältester Sohn Christo), Hans Heinrich von Twardowski (ihr zweiter Sohn Antonino), Leonhard Haskel (Pietro Scarzellas), Greta Schroeder (Sadja, seine Tochter), Maria Forescu (Yelina), Albrecht von Blum (Mirko Vasics), Max Nemetz (Grischuk), Toni Zimmerer (Haslinger). 1735 mètres.
  
1922Nosferatu le vampire 
(Nosferatu, eine symphonie des Grauens). Avec : Max Schreck, Alexander Granach, Gustav Von Wangenheim, Greta Schroeder, Georg H Schnell.

Nous sommes en 1838. Un jeune clerc de notaire. Hutter, va conclure une vente avec un châtelain des Carpathes. Il laisse à Viborg sa jeune épouse, Ellen. Sur sa route, s'accumulent les rencontres menaçantes et les mauvais présages. Il parvient cependant au château, où l'accueille le comte Orlock. Dès la première nuit, ce dernier révèle son vrai visage : il est la réincarnation du vampire Nosferatu, créature démoniaque qui ne peut vivre qu'en suçant le sang des humains....

  
1922La terre qui flambe 
 

(Der brenende Acker). Avec : Werner Krauss, Eugen Klöpfer, Wladimir Gaidarow.

"Le Champ du Diable" est un lieu maudit, qui effraie toute la population d'un petit village de Silésie, depuis qu'un ancêtre de la famille Rudenburg y a péri, victime d'une explosion mystérieuse, après avoir vainement creusé un puits à la recherche d'un trésor enfoui. Le comte von Rudenburg, actuel tenant du titre, fouille lui aussi les sous-sols, sans résultat...

  
1922Le fantôme 
 

(Phantom). Avec : Alfred Abel, Frieda Richard, Aud Egede Nissen.

Lorenz Lubota, un ancien détenu, rédige à la demande de sa femme, Maria, la triste histoire de sa vie... Petit scribe à l'hôtel de ville de Breslau, taquinant la muse à l'occasion, il menait avec sa mère une existence sans histoire jusqu'au jour où une calèche blanche, conduite par une jeune femme étrangement belle, le renversa dans la rue sans le blesser...

  
1923L'expulsion
 (Die Austreibung)
  
1924Les finances du grand Duc 
 

(Die finazen des Grossherzogs). Avec : Harry Liedtke (Le grand duc), Mady Christians (La grande-duchesse Olga). 1h20.

Un duché installé sur une île sompteux en apparence mais endetté en réalité. A sa tête, le grand Duc, gentleman aussi altruiste que distrait, menacé par son principal créancier, une crapule qui fomente bientôt une conspiration pour le renverser...

  
1924Le dernier des hommes 
(Der letzte mann). Avec : Emil Jannings, Maly Delschaft, Max Hiller.

Le portier du grand hôtel " Atlantic " est très fier de ses prérogatives : il occupe une fonction prestigieuse, que son costume désigne aux yeux de tous. Dans son quartier, il est respecté et envié. Or, un matin, en arrivant à son travail, il constate qu'il a été remplacé. Le directeur de l'hôtel lui explique, sans ménagement, que cette mesure est due à son grand âge.

  
1926Tartuffe 

(Tartüff). Avec : Emil Jannings (Tartuffe), Lil Dagover (Elmire), Werner Krauss (Orgon), Lucie Höflich (Dorine). 1h05.

Un vieux et riche bourgeois vit seul avec sa logeuse, une horrible mégère. Quêteuse d'héritage, elle rudoie le vieillard et lui fait impudemment la cour. C'est un état de fait dont se rend parfaitement compte le petit-fils qui vient de rentrer dans la demeure sans que la gouvernante s'en aperçoive. Déguisé en producteur de spectacle il revient peu après projeter dans son cinéma ambulant, l'histoire de Tartuffe...

  
1926Faust 

Avec : Gösta Eckmann, Emil Jannings, Camilla Horn, ...

Dans les nuées célestes, l'Archange de lumière, symbole du Bien, dresse sa rayonnante stature contre Méphisto, le Mal incarné. Celui-ci se fait fort de triompher par ses maléfices de l'intelligence humaine : il choisit comme victime le Dr Faust, vieil alchimiste célèbre par ses travaux et sa piété...

  
1927L'aurore 

(Sunrise). Avec : Gorge O'Brien (Ansass), Janet Gaynor (Indre), Margaret Livingston (la fille de la ville), Bodil Rosing (la servante).

Un paysan délaisse sa femme et son bébé. Il est attiré par une touriste, une vamp venue de la ville. Elle veut l'emmener là-bas, faire en sorte qu'il se débarrasse de sa femme. "Ne pourrait-on la noyer ?" Le paysan bondit pour étrangler sa maîtresse qui a eu cette idée. La tentative d'étranglement se transforme en étreinte passionnée... Le mari invite Indre pour une promenade en barque. Il ébauche son dessein criminel mais il n'a pas la volonté d'aller jusqu'au bout....

  
1928Les quatre diables

(Four devils). Avec : Janet Gaynor (Marion), Charles Morton (Charles), Mary Duncan (la femme fatale), Anders Randolf (Cecchi), Barry Norton (Adolf). Film perdu.

Dans une roulotte de Cecchi, le clown veille sur Marion et sa soeur qui ont perdu leurs parents. Bientôt deux jeunes garçons, orphelins de trapezistes viennent les rejoindre...

  
1930City girl 
 

(Our Daily Bread, L'intruse, La brue). Avec : Charles Farrell (Lem Tustine), Mary Duncan (Kate), David Torrence (Le père). 1h17.

Minesota en 1929, Lem Tustine, jeune paysan pur et sans expérience, est envoyé à la grande ville par son père, fermier dur et autoritaire, afin de vendre leur blé. Dans un snack-bar, il rencontre Kate, une jeune et jolie serveuse en butte aux assiduités des clients éméchés. Assoiffée d'air pur et de soleil, Kate rêve de changer de vie et de fuir à la campagne...

  
1931

Tabou 











(Tabu: A story of the South Seas). Avec : Matahi (Le garçon), Reri (La fille), Bill Bambridge et Jean (les policiers), Hitu (le prêtre). 1h02.

Matahi est pêcheur de perles à Bora-Bora : il est amoureux de Reri et, alors qu'il va se déclarer et être agréé, Hitu, prêtre et véritable chef de la tribu, voue Reri aux dieux. Désormais, elle est tabou. Matahi la rejoint dans l'île où elle a été emmenée par le prêtre et l'enlève...




Friedrich Wilhelm Plumpe, dit Murnau

Cinéaste allemand (Bielefeld 1888-Santa Barbara, Californie, 1931).

Maître du clair-obscur, Friedrich Wilhelm Murnau porta le cinéma muet à la plénitude de sa puissance expressive. En 1958, par la voix de François Truffaut, l'équipe des Cahiers du cinéma désigna son chef-d'œuvre l'Aurore comme « le meilleur film du monde ».

L'INFLUENCE DU FANTASTIQUE

Fils d'un drapier et d'une enseignante, Friedrich Wilhelm Plumpe étudie la philologie à Heidelberg puis à Berlin. Contre la volonté de son père qui l'encourage à devenir professeur, il intègre la compagnie de théâtre de Max Reinhardt en 1910. Il apprend alors les métiers de comédien et de régisseur, ainsi que la mise en scène. Peu après, il fréquente les artistes du Blaue Reiter, à Sindelsdorf et à Murnau am Staffelsee (Haute-Bavière), village qui lui inspirera son pseudonyme. Après la Première Guerre mondiale – à laquelle il participe en tant que lieutenant dans un régiment d'infanterie –, il se passionne pour le cinéma et tourne son premier film en 1919, Garçon en bleu (Der Knabe in blau), avant de réaliser Satanas (1920), le Bossu et la Danseuse (id.) et la Tête de Janus (id.).

C'est en 1922, avec Nosferatu le vampire – d'après le roman Dracula de l'écrivain irlandais Bram Stoker (1847-1912) –, que Murnau connaît la notoriété. Il investit l'image du pouvoir d'épouvanter, non grâce aux artifices scéniques du Cabinet du docteur Caligari (Robert Wiene, 1919), mais par le réalisme de l'indicible. Il donne à déchiffrer la poésie de l'horreur avec une étonnante simplicité de moyens. Ce film marque une date importante dans l'histoire de l'expressionnisme allemand et du film fantastique. Après la Terre qui flambe (1922) et le Fantôme (id.), Murnau réalise le Dernier des hommes (1924), rejoignant les théories du kammerspiel – qui vise à créer une impression d'intimité par la simplification des thèmes et des décors –, puis Tartuffe (1925) et Faust (1926).

L'APOGÉE DU CINÉMA MUET

Auréolé par le succès de ses films allemands, Murnau part pour New York en 1926. S'engageant avec la Fox à Hollywood, il dispose alors de moyens considérables. L'année suivante, il signe l'Aurore, réalisée avec une équipe technique essentiellement allemande. Si le film connaît un échec commercial, il est reconnu comme l'accomplissement parfait de l'univers de l'auteur (l'ombre et la lumière, la paix de la nature et les artifices de la vie urbaine, l'amour, la passion et la mort). Avec les Quatre Diables (1928), l'art de Murnau évolue vers un dépouillement capable de marier l'intimisme – issu du kammerspiel – à un réalisme lyrique, caractéristique de la période américaine. Attentif à tous les aspects de la création cinématographique, minutieux et inventif, le cinéaste veille à ce que la technique demeure au service de l'idée, de l'expression, de la finalité qu'il a définie. Montage rapide, décors et caméra mobiles (caméra portée, à la grue, sur chariot, suspendue) sont ainsi des pratiques habituelles pour son équipe.

Pourtant, Murnau va bientôt se lasser des studios de Los Angeles. Avide de tourner dans une nature grandiose, il fait voile pour Tahiti en 1929. Deux ans plus tard et après la Bru (1930), il signe – en collaboration avec Robert Flaherty – Tabou, un « documentaire romancé » tourné à Bora-Bora. Le film est présenté au public quelques jours après la mort du réalisateur allemand, victime à 43 ans d'un accident de voiture sur la côte ouest des États-Unis. Rapatrié par bateau, il est inhumé près de Berlin.

Fidèle au cinéma muet, méfiant à l'égard du sonore qui fait son apparition, Murnau demeure un des premiers très grands cinéastes, autant par ce qu'il annonce que par une œuvre pour sa plus grande part exemplaire.

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MURNAU (Friedrich Wilhelm Plumpe, dit F. W.)

cinéaste allemand (Bielefeld 1888 - Santa Barbara, Ca., 1931).

Mieux que Dreyer, Murnau lui-même aurait pu faire de son propre destin le sujet d'un de ses films. L'art, la solitude, le romantisme et le tragique s'y mêlent constamment. Superstitieux, il ne déjoue pas l'accident de voiture (il le provoque, selon ses proches) qui lui coûte la vie quelques jours avant la présentation du film qui s'avère le dernier. Le « faré » qu'il s'est fait construire à Punaauia, à Tahiti, sur un terrain tabou, est détruit par un incendie. Aux États-Unis, deux fois son cercueil est descendu à quai, les marins ne voulant pas embarquer un mort. Le peintre Marc, avec qui Murnau, dès l'époque du Blaue Reiter, s'était lié, dans cette Haute-Bavière où l'avant-garde venait travailler, résidant à Sindelsdorf, ou à... Murnau (village qui lui inspire son pseudonyme), est tué à Verdun. Friedrich Wilhelm avait déjà perdu un intime ami de jeunesse, Hans Ehrenbaum Degele. Dès lors, il se mure dans le secret. Même dans le milieu artistique où il apprend les métiers d'acteur, de régisseur et la mise en scène auprès de Max Reinhardt (1910), se refusant à devenir professeur, il allie à la séduction une infranchissable réserve. Dans presque tous les films qui nous restent, l'ombre le dispute à la lumière, la paix de la nature aux artifices de la vie urbaine, l'amour à l'échec ; et la traduction, l'expression visuelle d'une dichotomie aussi constante est d'autant plus saisissante que l'art de Murnau, influencé par les Scandinaves, touché par l'expressionnisme et aussitôt l'annexant pour le repenser, débouche sur un véritable réalisme lyrique, caractéristique de la période américaine. Sa culture, qui paraît avoir été multidisciplinaire et profonde, ne pèse jamais sur ses œuvres. Attentif à tous les aspects de la création cinématographique, minutieux, inlassable, il veille à ce que la technique demeure au service de l'idée, de l'expression, de la finalité qu'il a définie. Montage rapide, décors et caméra mobiles (portée, à la grue, sur chariot, suspendue...) sont des pratiques habituelles à l'équipe de Murnau, dues à son inventive exigence, qu'illustrent Fantôme, Faust ou le Dernier des hommes. Les remarques de Karl Freund à propos d'un prétendu désintérêt de Murnau pour les éclairages sont contredites par d'autres témoignages et, surtout, par l'analyse de l'œuvre. Sadoul lui reproche d'être incapable de mettre en scène des passions normales (il s'agit de Faust), visant, au-delà de la fatalité comme lot du couple, une autre sexualité qui, pour être diffuse (l'époque n'en eût pas autorisé davantage), n'en est pas moins présente en filigrane — révélée par un plan, profil ou visage d'un acteur, d'un jeune figurant, comme on la décèlera dans les premières œuvres, par exemple, d'un Visconti. Du Garçon en bleu (Der Knabe in blau) à Tabou, encore qu'on ne puisse évoquer les titres perdus qu'à travers des scripts, parfois annotés, et des photos de plateau, la filmographie fait apparaître des thèmes déterminants tandis que le style évolue vers un dépouillement capable de marier l'intimisme — issu du Kammerspiel — à un panthéisme lumineux que le jeune Plumpe avait sans doute découvert dans la peinture de Franz Marc, et qu'après lui (après City Girl et Tabou) le film américain ne retrouve véritablement que chez W. S. Van Dyke et Flaherty. Il y a, dans la personnalité voilée de Murnau, les marques d'une sorte de déracinement. L'espace n'est jamais une donnée décorative ni un élément neutre : dans Der Gang in die Nacht, le lac est devenu le seul lien permettant d'assurer le succès du sacrifice, du don rédempteur ; dans la tragédie un peu fin-de-siècle, voire un peu loufoque qu'est Schloss Vogelöd, la coupable baronne se jette, in fine, dans le lac du château ; dans l'Aurore, les marais jouent le même rôle de mer porteuse de la mort que dans Nosferatu et Tabou... Tempête de neige dans un film perdu (l'Expulsion), terre aux richesses néfastes : qu'il s'agisse des mines de soufre des Finances du grand-duc (mélodrame aujourd'hui assez drôle) ou des gisements de pétrole, dont les puits embrasés déchaînent l'enfer superbe où les passions médiocres sont enfin anéanties, les forces élémentaires tissent un contrepoint tragique à l'exaltation de la nature.

Les figures féminines se partagent selon qu'elles sont celles du sacrifice qui rachète (l'héroïne de Der Gang in die Nacht ; la délaissée de la Terre qui flambe), voire celles qui agissent de sang-froid (Elmire démasquant Tartuffe, ou la jeune épouse piégeant Nosferatu), ou celles par qui le malheur arrive : la baronne de Schloss Vogelöd ou, plus typiquement, la vamp de l'Aurore. Il semble que tout suscite ou justifie son contraire, y compris (mais le happy-end a été voulu, semble-t-il, par Jannings) le retournement ironique du destin du portier déchu (le Dernier des hommes). Ces oppositions, ces lignes de force divergentes, Murnau les traduit par le flux et le reflux de l'ombre et de la lumière, par les plongées et contre-plongées de la prise de vues, ou l'éviction des personnages du cadre, livré à la nature apaisante — ou oppressante. Murnau excelle à chanter la lente irruption de la menace et de la mort. Du Kammerspiel, il n'oublie jamais, cependant, le resserrement sur l'être, et sur l'indicible. Si le jeu des acteurs reste théâtral à nos yeux dans la tragi-comédie qu'est Schloss Vogelöd et dans les Finances du grand-duc, en revanche l'encombrant cabot qu'est Emil Jannings est utilisé par Murnau à partir de ses défauts comme de ses qualités.

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Friedrich Wilhelm Murnau

Friedrich Wilhelm Murnau
Description de cette image, également commentée ci-après
                                    Friedrich Wilhelm Murnau.
Nom de naissanceFriedrich Wilhelm Plumpe
Naissance
BielefeldEmpire allemand
NationalitéDrapeau d'Allemagne Allemand
Décès (à 42 ans)
Santa BarbaraÉtats-Unis
ProfessionRéalisateur
Films notablesNosferatu le vampire,
Le Dernier des hommes,
Faust, une légende allemande,
L'Aurore,
Tabou

Friedrich Wilhelm Murnau (souvent en forme abrégée : F. W. Murnau), nom d'artiste de Friedrich Wilhelm Plumpe, est un réalisateur allemand, né le  à Bielefeld (Province de Westphalie), mort accidentellement le  à Santa Barbara (Californie)1,2. Il est l'un des maîtres du cinéma expressionniste allemand.

Biographie

Friedrich Plumpe naît dans une famille de la moyenne bourgeoisie allemande ; son père, Heinrich Plumpe8, est éditeur de tissus, et sa mère, Ottilie9, enseignante. Il commence des études de philologie à Berlin et d'histoire de l'art à Heidelberg, en 1908, il rejoint la troupe théâtrale de Max Reinhardt10,11, en 1910 il prend le nom de Murnau12 (nom d'une ville proche) puis abandonne définitivement ses études pour se consacrer au théâtre. Durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé et, en raison de sa grande taille, est intégré dans le premier régiment de la Garde impérial, puis il sert dans l'aviation. Malgré huit crashs, il n'est jamais gravement blessé, mais il est fait prisonnier en Suisse en décembre 191713. En 1919, il retourne dans son pays natal.

Il commence par signer des œuvres sentimentales ou fantastiques qui s'inscrivent dans la tradition du romantisme allemand. Il s'affirme très vite comme un réalisateur de grand talent par un style vif et tourmenté qui évoque l'expressionnisme pictural et poétique. Ce style éclate dans un film resté célèbre, inspiré du Dracula de Bram StokerNosferatu le vampire14,15 sorti en 1922.

Il enchaîne les films forts, entre réalisme et fantastique, et réalise des œuvres majeures, comme Le Dernier des hommes (1924), avec Emil Jannings, et Faust, une légende allemande16 (1926), qui l'imposent aux côtés de Fritz Lang et Georg Wilhelm Pabst comme une des principales figures du cinéma allemand.

Son travail est remarqué aux États-Unis, où il se rend, invité par les studios de la Fox en 192617, et où il réalise L'Aurore18, qui est considéré comme son chef-d'œuvre et comme un des plus grands films de l'histoire du cinéma.

Photo de la tombe de Murnau.
Tombe de Murnau au cimetière Sud-Ouest de Stahnsdorf (buste de Manzel).

Décidé à faire carrière aux États-Unis, il y réalise d'autres films dans un style assez réaliste jusqu'à son dernier, d'esprit symbolisteTabou19, tourné en Polynésie et coproduit avec Robert Flaherty. C'est au cours de ce tournage qu'il fait la connaissance du photographe français Émile Savitry et, admiratif de son travail, il l'engage comme photographe de plateau pendant quatre mois. Ce tournage sera émaillé de déboires, perçus par les Maoris comme étant en rapport avec la violation du site sacré de l'île de Motu Tapu par le réalisateur, qui déplaça une pierre sacrée pour poser le pied de sa caméra.

Quelques mois plus tard, à quarante-deux ans, il meurt à la suite d'un accident de la route, une semaine avant la première de Tabou, sa voiture, conduite par un chauffeur, ayant percuté un poteau électrique sur la côte californienne20. Il est inhumé au cimetière de Stahnsdorf, près de Berlin.

En 2015, « entre le 4 et le 12 juillet21 », le caveau de la famille Murnau, au cimetière du Südwestkirchof der Berliner Stadtsynode22 de Stahnsdorf23, dans les environs de Berlin, est profané24,25,26 par des inconnus et l’administration du cimetière constate que le crâne du cinéaste a été dérobé27,28,29,30.

Murnau était homosexuel, comme l'a rapporté l'historienne du cinéma Lotte H. Eisner31.

Les archives de F.W. Murnau sont déposées à l'Université Humbolt de Berlin32.

En 1966 est créée la Fondation Friedrich Wilhelm Murnau / Murnau Stiftung33 qui a pour mission de préserver le patrimoine cinématographique allemand34.

Filmographie

Photo de Murnau derrière une caméra.
Murnau à la caméra.

Récompenses

Bibliographie




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