sâmbătă, 13 februarie 2021

La Beauté du diable 2 / René CLAIR

 Francomac™: Clair-1950-La beauté du diable

 Réalisation et scénario de René CLAIR Co-scénariste Armand SALACROU

actress info: Gérard Philipe

Beauté du diable"



Signification


Une beauté dangereuse, la beauté de la jeunesse.

Origine


Le proverbe dit le diable était beau quand il était jeune. L'expression fait référence à une beauté dangereuse, parce que trompeuse et éphémère. Plus généralement, elle désigne l'éclat éphémère de la jeunesse, pouvant masquer une personne malfaisante ou peu gracieuse.
Gérard Philipe La beauté du diable | Actors | St yves, Cinema ...
Gérard Philipe, 28 de ani
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L'HISTOIRE

Professeur d'université vieillissant, le professeur Faust rumine les regrets d'une vie manquée quand un démon, Méphistophélès, lui apparaît pour lui proposer la richesse et la jeunesse éternelle en échange de son âme. Dans un premier temps réticent, le professeur se laisse amadouer devant le Prince Henri, jeune éphèbe plein de fougue et de passion.

ANALYSE ET CRITIQUE

 
La Seconde Guerre mondiale aura marqué une rupture profonde dans le cinéma de René Clair : lui, qui, trentenaire florissant, avait  connu d’immenses succès dans les années 30 et était reconnu comme l’un des plus grands cinéastes français sinon mondiaux, avait pris en 1939 la direction d’Hollywood, où il avait tourné Ma femme est une sorcière, C’est arrivé demain ou Dix petits Indiens.  Surtout, lors de cet exil américain (1), Clair avait lutté contre le redoutable mode de production local, fignolant son script à l’extrême et limitant les prises pour avoir la garantie du "final cut". Progressivement, il était ainsi devenu un orfèvre du scénario, et avait laissé croître en lui l’idée qu’un film pouvait être considéré comme achevé avant même son tournage, une fois le point final posé sur la dernière feuille. (2) Cette conception du médium cinématographique n’allait pourtant pas tarder à se heurter aux élans contradictoires de la création mondiale : c’est en effet à l’époque qu’émerge le néoréalisme italien, et la Nouvelle Vague française ne tardera pas. Sans forcément réaliser que ses aspirations ne vont pas forcément dans le sens de son temps, Clair s’ancre dans un cinéma de qualité un peu passéiste, dominé par la nostalgie des temps révolus (l’action du Silence est d’or (1947) se situe en 1910, celle des Grandes Manœuvres (1955) en 1913, et Les Belles-de-Nuit (1952) vogue de 1830 à 1789…) et marqué par un mode de fabrication des films méticuleux mais obsolète. Le temps cruel faisant son ouvrage, le nom de René Clair s’effacera des monuments de la grande famille du cinéma français, pour même aujourd’hui devenir parfois l’incarnation d’un cinéma "à l’ancienne", "trop" littéraire, "trop" propre, "trop" académique (3)… Si son cinéma mérite certainement ces qualificatifs, il serait injuste de n’en faire "que" des défauts : ils sont aussi la garantie d’une qualité d’écriture et de production, dont La Beauté du diable est parfaitement emblématique.
 
C’est à Rome que René Clair, à la fin des années 40, peaufine son projet d’une réadaptation du mythe de Faust, en collaboration avec le scénariste Armand Salacrou. Ayant le souci d’orienter son récit vers la fiction romanesque davantage que vers le réalisme poétique qui marquait certains de ses films du début des années 30, Clair crée un pays imaginaire, situe son action à une époque indéfinie et imagine pour les studios de Cinecitta, avec le chef décorateur Léon Barsacq (aux commandes quelques années plus tôt des Enfants du paradis de Marcel Carné), un ensemble sublime de décors excessifs et artificiels, des palais du Prince Henri aux ateliers de production d’or de Méphisto… Evidemment, cette grande théâtralité du cadre de l’action donnera du grain à moudre aux détracteurs du film, mais force est de reconnaître la puissance visuelle dégagée par certains lieux, dont l’artifice contribue à la dimension fantastique du film ; de la même manière, on pourra dénigrer certains effets de lumière ou de fumée plus théâtraux que véritablement cinématographiques, mais limiter la vision du film à ceux-ci présenterait une forme certaine de mauvaise foi. Extrêmement conscient du potentiel de la mise en scène cinématographique, René Clair utilise pleinement celle-ci à des fins narratives, et le film regorge d’astuces visuelles particulièrement ingénieuses : cette grande salle de bal qui se vide par la magie d’un contrechamp ; ces fonds peints qui se substituent l’un à l’autre par un simple effet de lumière ; et toute la séquence du miroir, baroque et géniale. Ce qui constitue l’un des points d’orgue du film fut évidemment l’une des séquences les plus compliquées à tourner (notamment pour ce changement de costume de Gérard Philipe à l’intérieur même d’un plan) mais s’avère de plus extrêmement touchante dans ce qu’elle révèle de la conception quasiment "méliesienne" du cinéma de René Clair : lors de cette séquence, La Beauté du diable retrouve une partie de la magie des origines du cinéma, dans l’émerveillement et le frisson qu’elle parvient à susciter conjointement.
 
Mais puisqu’on parle d’effet spécialLa Beauté du diable repose intégralement sur celui, démesuré et drolatique, que représente Michel Simon. Phénoménal de truculence, Simon se délecte en particulier à composer un Méphistophélès espiègle et menaçant, qui change de voix comme d’humeur, et dévore littéralement l’écran par sa présence de génial cabot. Le tournage ne fut cependant pas simple, et le tempérament du comédien ne fut pas étranger à cette ambiance parfois électrique : à l'époque, sa mère Véronique se meurt en effet, et Simon quitte d’ailleurs régulièrement le plateau pour se rendre à son chevet, à Plan-les-Ouates, en Suisse. Par ailleurs, si le film repose sur les épaules de ses deux "stars", la relation entre deux personnalités aussi radicalement opposées que Gérard Philipe (jeune, cérébral, tourmenté…) et Michel Simon (âgé, spontané, grivois…) s’avère compliquée : d’une nature déjà timide, et par surcroît échaudé par la réputation de briseur de "jeunes premiers" traînée par son partenaire, Philipe se méfie. Il a raison : Simon le regarde de haut, le sourcil circonflexe, et les propos qu’il tiendra plus tard trahissent son mépris pour la jeune gloire montante : « Gérard Philipe ? Un acteur ? Laissez-moi rire ! J’avais l’impression de jouer devant un mur. Il ne se préoccupait que d’une chose : trouver son meilleur profil ! » Philippe s’était par ailleurs rapproché de René Clair, Michel Simon s’agace également de l’attitude du cinéaste dont il admire pourtant profondément l’œuvre : « Tous les jours, Môssieur René Clair de l’Académie Française prenait son thé, le petit doigt en l’air. Et moi, systématiquement, je m’amenais pour dire une grossièreté. Il me détestait. » Si Simon crève l’écran, on peut toutefois trouver que sa performance ironique déséquilibre en partie le film : outre le décalage avec le sérieux romantique et désuet de certains partenaires (Philipe en jeune Faust,  Nicole Besnard en Marguerite…), elle atténue en partie la dimension dramatique du film, dans l’ensemble plutôt grave.
 
Lors de la fameuse séquence du miroir, déjà évoquée plus tôt, on voit en effet le prince Henri devenir un dictateur, errant sur son cheval au milieu des ruines du pays qu’il a asservi. Dans la continuité des thématiques faustiennes autour du libre arbitre, de la cupidité humaine et des méfaits du pouvoir, évoquées de manière assez convenue par le film, René Clair avait pensé cette brève séquence en référence au contexte de peur de l’arme nucléaire, particulièrement présent dans la conscience collective à l’époque. Ainsi écrivait-il : «  Le personnage qu’est Faust s’éclaire étrangement à la lumière de notre époque. Le grand courant d'activité intellectuelle qui poussait les alchimistes à la recherche de la pierre philosophale et des secrets de la matière s'est continué  jusqu'à l'âge des découvertes atomiques. Et nos contemporains ont le privilège d'assister au spectacle étrange d’une humanité qui, ayant vendu son âme à la science, cherche à prévenir la damnation du monde vers laquelle l’entraîne ses propres travaux. » De fait, la sortie du film le 17 mars 1950 sera suivie, deux jours plus tard, par la signature de l’Appel de Stockholm, pétition contre l’armement nucléaire lancée par le Mouvement Mondial des Partisans de la Paix. Ce qui n’était qu’une forme de coïncidence chronologique provoqua finalement une forme de relecture rétrospective du film (paraît-il initiée par Aragon), qui faisait du Faust de René Clair un portrait déguisé de Frédéric Joliot-Curie, leader de ce mouvement anti-militariste. S’il s’agit d’une heureuse concomitance, celle-ci ne doit cependant pas être disproportionnée, et il nous semble tout à fait exagéré de faire du film de René Clair (cinéaste globalement peu engagé) un pamphlet anti-atomique en puissance.
 
Une autre facette importante du scénario nous semble bien plus fondamentale, révélée dans une différence sensible du scénario de Clair et Salacrou avec la version de référence du mythe de Faust : chez Goethe, Méphistophélès initie Faust aux jouissances terrestres, lui donne accès à un savoir infini, et le sert fidèlement jusqu’à la livraison de son âme. Mais contrairement à ce que nous montre le début de La Beauté du Diable, Faust n’y est pas un vieillard épuisé, et le pacte passé avec le démon ne repose pas particulièrement sur le don de la jeunesse éternelle (c’est à travers le personnage de Marguerite que Faust éprouve les joies de l’amour et de la jeunesse). Par ailleurs, dans le film de René Clair, ce n’est qu’une fois que Méphistophélès a fait naître la frustration chez lui, en le privant soudainement de tout ce qu’il lui avait offert, que Faust accepte de signer ce pacte auquel il s’est jusqu’alors toujours refusé. En plus de sa pertinente description de l’insatisfaction humaine (à peine dispose-t-on de quelque chose que l’on envisage ce qu’on pourrait avoir de plus), La Beauté du diable s’enrichit donc d’une composante précieuse autour du rapport de l'homme au temps qui passe, et son irrémédiabilité : c’est bien la jeunesse recouvrée qui attire le vieillissant docteur Faust, d’autant plus quand celle-ci s’incarne à travers la beauté inouïe, fougueuse et fière, de Gérard Philippe - mais aussi la victoire que cette jeunesse ambitieuse représente, au moins en apparence, sur la mort et sur la tragique impermanence de l’existence. Ainsi, comme l’évoque le titre, La Beauté du diable confère au personnage de Faust une indéniable composante charnelle, une aspiration au plaisir qui lui est offerte par la jeunesse et la beauté bien plus que par l’éternité. La belle, la grande, la magnifique idée du film, c’est donc bien ce transfert de caractères, cette inversion des rôles qui voit un démon insolent de jeunesse proposer à un barbu grabataire de devenir aussi beau que lui. Dans ce jeu sur la temporalité, Méphisto donne surtout à Faust l’opportunité de ne pas se contenter du présent : il est un instant magnifique quand Faust se redécouvre jeune, retrouvant son passé et bondissant comme un cabri ; et il en est un autre, ô combien exaltant, dans cette fameuse scène du miroir déjà plusieurs fois mentionnée, lorsque Méphisto offre à Faust - au moins en apparence - l’opportunité, le pouvoir incroyable, de prendre connaissance de son avenir et de dompter ainsi la fatalité.
 
Pour étendre, peut-être de façon un peu tirée par les cheveux, cette relation au temps à l'expérience même du spectateur, il faut tout de même avouer que La Beauté du diable a tendance à plonger celui-ci dans une sorte de torpeur dont on ne sait vraiment si elle est conséquence des pouvoirs infernaux de Méphisto ou si le film présente un vrai problème de rythme (ce que le critique Robert Chazal appelait une « lassitude distinguée ») ; et puis, certaines fulgurances visuelles, un noir et blanc splendide, quelques artifices merveilleux ou la voix de Michel Simon viennent soudainement nous agiter, bousculer notre somnolence, pour inscrire à jamais des images fortes dans notre imaginaire. Parfois considéré comme l’un des rares "classiques" du cinéma fantastique français, La Beauté du Diable n’est probablement pas un film parfait, mais c’est un film beau… à se damner !

(1) Au cours duquel il fut déchu de sa nationalité française par le régime de Vichy.
(2) Clair publia même certains de ses scénarios, à la fin de sa vie, préfacés et commentés, comme s’il s’agissait d’œuvres complètes, indépendantes des films qui en auront été tirés.
(3) Académie Française où René Clair fut élu en 1960, devenant le premier cinéaste à rejoindre les bancs de l’Institut de France.

La Beauté du diable


Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».
Film fantastique de René Clair, avec Michel Simon (Méphisto)Gérard Philipe (Henri), Simone Valère (la princesse), Nicole Besnard (Marguerite).

  • Scénario : René Clair, Armand Salacrou
  • Photographie : Michel Kelber
  • Décor : Léon Barsacq
  • Musique : Roman Vlad
  • Pays : France et Italie
  • Date de sortie : 1949
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 32

RÉSUMÉ
Sur le point de mourir, le vieux professeur Faust (M. Simon) sent que sa vie consacrée à la science a été totalement vaine et qu'il est passé à côté de l'essentiel. Méphisto lui apparaît et lui propose de troquer sa jeunesse contre sa vieillesse, puis la richesse et la gloire contre son âme. Il accepte. Ils échangent leur apparence. Faust devenu Henri s'aperçoit qu'il a fait un marché de dupe et se révolte contre le destin qui l'attend.
COMMENTAIRE
Conçu à l'époque où l'existentialisme triomphait, le film prône la liberté morale du choix humain contre le destin qui le pousse vers le mal. Si l'idée du film a vieilli, celui-ci reste remarquable par le duel Simon-Philipe, par la beauté stylisée du décor et de la mise en scène et par l'esprit Méliès qui y préside. La meilleure scène reste celle où Henri demande à Méphisto de lui montrer son avenir dans un miroir baroque. Il s'y voit répandant la destruction sur la Terre avant d'être envoyé en enfer.
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Commentaire de film : La Beauté du Diable de René Clair (1950)

La Beauté du Diable est un film du cinéaste français René Clair. Sorti en 1950, le film est à considérer dans la perspective de la 2e Guerre mondiale et du début de la Guerre froide. Cette «tragicomédie», adaptée d’après le Faust de Goethe comporte beaucoup d’éléments d’analyse moderne, et se veut optimiste. Au début du film, Michel Simon joue le rôle du vieux professeur Henri Faust et Gérard Philippe celui de Méphistophélès, suppôt de Lucifer. Faust obtiendra la jeunesse, Gérard Philippe prend donc le rôle du jeune Henri Faust quand Michel Simon est Méphistophélès revêtant l’apparence du vieux Faust. Le pacte de Faust avec Méphisto lui donne la gloire, les honneurs, la puissance, et le pouvoir de changer le sable en or, réalisant l’oeuvre de sa vie. Mais c’est l’amour de Marguerite qui sauve Faust de la damnation.

Les personnages du films sont des figures de l’imaginaire des sciences et du pouvoir.

• Le vieux professeur Faust est la figure du savant, l’érudit solitaire, le génie, isolé dans son laboratoire et derrière ses livres, “hors du monde”. Lorsqu’il regagne la jeunesse, Faust s’écrie «pendant de longues années, je n’ai vu à travers mes lunettes que des papiers, des mots et des chiffres. J’avais oublié qu’il existait des arbres, des étoiles, des visages de jeunes filles.»

• Le jeune Henri Faust est un scientifique, mais c’est un idéaliste. Il suit des rêves immenses, et profite du levier que constitue Méphistophélès pour lui (voir ci-après). Il tient un grand discours devant une assemblée : «Par des chemins imprévus, nous découvrirons des choses qui étonneront les esprits les plus forts. Bientôt, plus personne ne souffrira de la faim. Bientôt, les guerres deviendront impossibles. Gloire au Progrès !» (rappelant pour le citoyen du XXe siècle les discours qui ont suivi la découverte de l’énergie nucléaire)

• Méphistophélès est la figure du tentateur, il met ses pouvoirs au service des idéaux du jeune Henri, le rend célèbre et reconnu, lui permet de réaliser son rêve d’alchimiste. Mais ce soutien est factice, car Méphisto cherche seulement à gagner la confiance de Faust pour le faire signer son pacte avec le diable.

• Le Prince est le symbole du pouvoir. C’est un pouvoir qui cherche toujours à se rassurer, se renforcer, il dispose de la force militaire et il a spontanément faim de conquêtes. Il fera quérir le professeur pour lui demander de fabriquer de l’or : «Vous seul pouvez nous sauver… il nous faut de l’or. Au travail professeur Faust.»

• Henri Faust signe le pacte par désespoir car Méphisto a été plus malicieux que lui («Tes ruses étaient de bonne guerre»). Le «Chevalier Henri», une fois qu’il a signé le pacte, est au service des ambitions militaires du Prince. Son ingéniosité se concrétise avec l’invention de machines. Ce petit extrait rappelle la dualité de cet apport : le progrès est à la fois positif et négatif.

«CHEVALIER HENRI (au Prince) : L’homme pourra explorer le fond des mers grâce à ce bateau sous-marin. FAUST [Méphistophélès] : …qui servira surtout à couler des flottes entières.»

• La puissance et la destruction sont des éléments qui apparaissent lorsque Henri se met au service des ambitions du Prince. Il déclare : «nous retirerons l’énergie que contient chaque grain de poussière […] ainsi l’homme aura le pouvoir absolu de détruire […] un pays, un continent si vous voulez, et peut être la Terre entière et les étoiles aussi.» Dans une anticipation de l’avenir, Faust se voit devenu tout puissant, guide suprême, autocrate destructeur. Méphistophélès de lui dire : «C’est pour leur bonheur que tu devras être sévère». Faust sera horrifié par les visions de l’avenir que Méphisto lui révèle et dès lors tente de s’enfuir, mais son pacte l’a lié. La maladresse du démon sauvera le savant. Ce dernier part avec Marguerite, abandonnant son rêve de puissance, pour s’adonner à la rêverie et n’avoir plus à supporter la contrainte de la cité et du pouvoir.

Ce film se lit comme une réflexion sur la condition de savant, sur l’engagement et la responsabilité du scientifique, et c’est une dénonciation de l’usage de l’arme nucléaire. Le savant cesse d’être un “rêveur” dès lors qu’il est «dans la cité», même le vieux Faust devait subir les pressions du pouvoir. Faust devenu jeune fait un «détour» par le puissant pour mettre en pratique son imagination, le Prince fait le «détour» par les savants pour servir son ambition. L’un et l’autre «composent» ensemble, font des concessions sur leurs intérêt : pour le Prince c’est son désir de maîtrise personnelle, pour le savant c’est son rêve de justice.

Le film est une mise en garde, et sa conclusion aussi positive soit-elle, donne au savant «dans la cité» le rôle d’un personnage ambivalent, qui n’arrive pas à trancher entre son désir de connaissance et ses rêves et la crainte d’un pouvoir tyrannique et totalitaire.


«Elle est là devant toi cette découverte à laquelle tu rêvais depuis tant d’années. […] Tout peut se changer en tout, le sable en or, et l’or en tout.» (Méphistophélès)


Faust dans la vision prémonitoire: «utiliser l’énergie que contient chaque grain de poussière, voila la grande découverte qui te vaudra l’admiration des peuples»
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LA BEAUTÉ DU DIABLE



    



Comédie de 1949 durée 96' N&B

Réalisation et scénario de René CLAIR
Co-scénariste Armand SALACROU
Directeur de la photographie Michel KELBER
Musique de Roman VLAD
Montage de James CUENET

avec
Carlo NINCHI
Paolo STOPPA
Tullio CARMINATI


 Sortie le 16 mars 1950

Résumé A une époque qui n'est pas définie, dans un lieu qui ne l'est pas davantage, (peut-être) la capitale d'une petite principauté italienne avec des monuments du XVII, siècle. se meuvent des personnages en costumes romantiques A l'Université, on fête le jubilé du doyen, le professeur Faust à qui, bientôt, Méphisto fait avouer qu'il ne sait rien et qu'il va mourir sans avoir rien accompli. Il accepte alors de retrouver, mais sans s'engager avec le diable, sa jeunesse. Il prend l'aspect d'un jeune étudiant Henri, tandis que Méphisto prend lui. l'apparence du vieux Docteur Faust.
 Ivre de sa nouvelle jeunesse, Henri-Faust rencontre Marguerite chez les forains. Il est bientôt arrêté, soupçonné d'avoir fait disparaître, pour le voler, le professeur Faust. Méphisto réapparaît pour le faire libérer, mais il se retrouve manceuvre alors que le démon fabrique de l'or pour le Prince. Bientôt, pourtant Henri obtient fortune, gloire. science et tombe amoureux de la Princesse pour se réveiller pauvre comme avant : alors Faust signe le pacte avec le Diable.
 Conseiller à la cour. Henri-Faust propose de construire sous-marins, machines volantes, et surtout d'extraire de l'énergie d'un grain de poussière Mais Méphisto lui montre son avenir : il assassine le Prince pour obtenir sa femme, la trompe, détruit tout devant lui Affolé, HenriFaust retrouve Marguerite que Méphisto va essayer de circonvenir. En vain. Alors, il fait se transformer en sable tout l'or qu'il avait prodigué. La révolte gronde et Marguerite est arrêtée comme sorcière. Méphisto-Faust montre à Marguerite le parchemin : elle lui arrache et le lance à la foule qui se rue sur Méphisto, " sauvé " par Lucifer, Henri part avec Marguerite et les forains.















Le vieux professeur Faust (Michel Simon), scientifique éminent et émérite de son pays, est au crépuscule de sa vie, au seuil de la mort. Sa vie il l'a dévouée à la science faisant fi du reste. Plein de regrets, il est une proie parfaite pour le Malin qui dépêche sur Terre son messager Méphistophélès (Gérard Philipe) pour s'enquérir de son âme. Peu enclin à la lui céder, il se verra rajeunir au dépens du prince de l'enfer (d'où inversion des rôles, Simon prenant celui de Philipe et vice-versa) en gage de sa bonne foi. Il s'agit surtout de le soumettre à la tentation.
Faust découvre alors les plaisirs de la jeunesse : il monte les marches par trois, s’enivre (porte un toast au diable), fait du gringue à une jeune femme de la balle et part avec elle et sa troupe sur les routes.
Mais l'enfer, qui n'aime pas laisser ses investissement dans la nature, veille et le ramène fissa en ville où Méphisto se démène pour lui faire signer de son sang le pacte qui fera de son âme celle du diable. En échange de quoi il sera, de son vivant, son fidèle serviteur. L'accord signé, après maints stratagèmes "de bonne guerre", Faust, devenu l'homme le plus puissant du pays, découvre le revers de la médaille quand il entrevoit son futur. Commence alors une tentative de rédemption du damné qui appellera finalement un miracle.
Il s'agit donc d'une relecture tout ce qu'il y a de plus conventionnelle du conte de Goethe. A ce titre, bien qu'il soit intelligent, voire brillant par moments, le film manque de souffle, d'enjeu, de vision. Il aurait fallu que Clair en fasse une parabole, qu'il est quelque chose à dire. Ce défaut limite forcément l'intérêt du film qui restera donc un simple, mais honnête, exercice de style.
Ceci dit, le jeu toujours impeccable de Gérard Philipe et surtout la gouaille de Michel Simon valent le visionnage.
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La Beauté du iable, France/Italie, 1949, 91 minutesLuc Chaput
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Avatar blig
 
Ô grand Luciffaaaaêr! Avis sur La Beauté du diable

Critique publiée par le 


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ROBERT SIODMAK (1904 - 1973)