The Big Combo / Joseph H. Lewis
Titre original | The Big Combo |
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Réalisation | Joseph H. Lewis |
Scénario | Philip Yordan |
Acteurs principaux | Cornel Wilde |
Sociétés de production | Allied Artists Pictures |
Pays d’origine | États-Unis |
Genre | Film noir |
Durée | 89 minutes |
Sortie | 1955 |
Association criminelle (The Big Combo) est un film américain réalisé par Joseph H. Lewis, sorti le .
Synopsis
Le lieutenant Diamond s'use à traquer un chef de gang nommé Mister Brown mais en dépit de tous les moyens qu'il déploie, celui-ci reste intouchable. Le policier s'entête, sans doute mû par son attirance pour Susan Lowell. Ancienne pianiste devenue l'amante officielle du criminel, celle-ci finit par craquer offrant au lieutenant Diamond une mince piste pour faire choir Monsieur Brown.
Fiche Technique
- Titre : Association criminelle
- Titre original : The Big Combo
- Réalisation : Joseph H. Lewis
- Scénario : Philip Yordan
- Production : Sidney Harmon
- Société de production : Allied Artists Pictures
- Musique : David Raksin
- Photographie : John Alton
- Montage : Robert S. Eisen
- Pays d'origine : États-Unis
- Format : Noir et blanc - Mono
- Genre : Policier
- Durée : 89 minutes
- Date de sortie : États-Unis :
Distribution
- Cornel Wilde : Lieutenant de police Leonard Diamond
- Richard Conte : Mister Brown
- Brian Donlevy : Joe McClure
- Jean Wallace : Susan Lowell
- Robert Middleton : Capitaine de police Peterson
Commentaire
Association criminelle se situe dans la mouvance des films noirs de la dernière période de l’apogée du genre. Il sort après Règlement de comptes de Fritz Lang et peu avant En quatrième vitesse de Robert Aldrich. L'œuvre est demeurée célèbre pour son aspect sulfureux. Les relations entre les personnages sont très crues et équivoques.
THE BIG COMBO (Association criminelle) – Joseph H. Lewis (1955)
Le chef local de la pègre, M. Brown, a séduit la mondaine Susan Lowell . Pendant ce temps-là, l’inspecteur Leonard Diamond , qui cherche sans répit à faire tomber Brown, prend l’élégante Susan dans ses filets, mais il se laisse influencer par les sentiments qu’elle lui inspire. On raconte que le réalisateur Joseph H. Lewis aurait déclenché la fureur de son acteur principal, Cornel Wilde, en envoyant des billets explicitement sexuels à sa partenaire et épouse de l’époque, Jean Wallace. Theodora, la société de Wilde, faisant partie des producteurs du film, la stratégie de Lewis était pour le moins risquée, mais elle lui permit d’obtenir le jeu qu’il attendait. [Film Noir 100 All-Time Favorite – Paul Duncan, Jürgen Müller – Edition Taschen – (2013)]
Que cette anecdote soit vraie ou non, il est indéniable que la charge sexuelle (et sociale) qui sous-tend The Big Combo est très en avance sur son temps, même pour un film noir. Puisqu’il entretient déjà une relation « plutôt déplacée pour un policier » avec la stripteaseuse Rita (Helene Stanton), personne ne s’étonne qu’il tombe sous le charme de la sensuelle Susan. La façon dont l’attitude de Diamond reflète celle de Brown le caïd est plus surprenante. Les deux hommes sont sanguins et libidineux, obsessionnels et sans pitié, si bien que les différences entre flic et voyou, inspecteur juif et gangster italien, homme de loi et hors-la-loi, sont rapidement et profondément brouillées.
Les relations tordues entre les personnages – les deux « mignons » de Brown, Mingo et Fante, sont aussi manifestement homosexuels qu’il est possible de le montrer à l’écran en 1955 tandis que leur besogne de tueurs sadiques leur procure à l’évidence une excitation sexuelle – composent une atmosphère d’apocalypse typique du film noir. La bande originale toute en staccato de David Raksin et les cadrages de John Alton emplis d’ombres et de brouillard contribuent à précipiter les protagonistes vers une conclusion forcément violente. Alors qu’il idéalise Susan dans un rôle romantique de victime et qu’il méprise Brown tant pour ses prouesses sociales et financières que pour les crimes dont il a pu se rendre coupable, on peut aussi considérer que Diamond surcompense ses propres échecs sociaux et sexuels. Comme dans le plus célèbre Noir de Lewis, Gun Crazy (Le Démon des armes, 1950) – où deux fugitifs, Bart Tare et Annie Laurie Starr, sont irrésistiblement attirés l’un par l’autre « comme une arme et ses munitions » – le triangle formé par Diamond, Brown et Lowell est le noyau émotionnel de The Big combo.
Comme dans ses autres films noirs, Lewis déroule son intrigue au fil de scènes dynamiques et étroitement liées. Les deux plus frappantes sont celles où Fante (Lee Van Cleef) et Mingo (Earl Holliman) exécutent les ordres de Brown. Dans la seconde, ils trahissent leur ancien chef Joe McClure (Brian Donleavy), devenu une sorte de chef émérite. McClure est dur d’oreille et dans un moment de clémence perverse les deux hommes de main lui enlèvent son appareil auditif afin que ni lui ni les spectateurs n’entendent la pluie de balles sous laquelle il va tomber. Mingo et Fante réutilisent cet accessoire original lorsqu’ils enlèvent Diamond ; ils le torturent en amplifiant le volume de l’appareil et en le soumettant à des sons douloureusement forts.
Le dénouement émotionnel et visuel de The Big combo est tout aussi équilibré. Diamond demande à Rita de soutirer des informations à Brown, ce qu’elle va payer de sa vie. Perturbé mais loin d’être découragé par la mort de sa maitresse, Diamond utilise la jalousie pour retourner la femme de Brown, Alicia (Helen Walker), contre son truand de mari.
Le tour de force noir de The Big combo intervient dans son célèbre dernier acte. Brown est acculé dans un hangar à avions. Alors que les renforts de police resserrent l’étau autour de lui, un échange de tirs s’engage avec Diamond, qui le blesse mortellement. Désormais libérée de l’emprise de Brown, tant physiquement que psychologiquement, Susan quitte le hangar avec Diamond.. Quand leurs deux silhouettes se détachent dans le brouillard dense, dessinées par le halo d’un projecteur, ils deviennent les archétypes du héros et de l’héroïne du Noir. Cette révélation – métaphorique – qui occupe le centre de l’image est en harmonie parfaite avec ces deux personnages de survivants. À cet instant du film, le spectateur sait qui sont ces gens et ce qu’ils ressentent, mais il ignore comment leur relation va évoluer. Traditionnellement, le brouillard nimbe les passages entre les mondes. Lowell et Diamond se tiennent à la lisière de quelque chose d’autre. Le brouillard les sépare de la réalité concrète du monde extérieur au hangar. La lumière du phare, qui balaye le cadre dessiné par l’ouverture du hangar, accentue l’impression de déplacement vers l’espace extérieur. Le mouvement conjoint de Lowell et Diamond vers la lumière suggère un comportement élémentaire : usés par les événements du film, ils marchent en direction du point le plus lumineux. Ils avancent en même temps, mais séparés. La distance entre eux est exagérée par le procédé que John Alton a appelé la « sensation tridimensionnelle » : le spectateur peut supposer que s’ils vont dans la même direction, ils vont finir par se rejoindre, mais le brouillard dans lequel ils disparaissent dissipe toute certitude. [Film Noir 100 All-Time Favorite – Paul Duncan, Jürgen Müller – Edition Taschen – (2013)]
Le fait que le film ait été tourné en marge des grands studios et à un moment où le Code n’avait plus la même importance qu’auparavant a permis à Joseph H. Lewis de traiter le sujet avec tout le réalisme et la franchise qu’il souhaitait. Imaginez un policier (Diamond) épris d’une stripteaseuse qui trouvera la mort à sa place, un couple de jeunes tueurs homosexuels (Fante et Mingo), un univers corrompu par l’argent et une atmosphère où la perversité des uns côtoie l’impuissance des autres. Cherchant à échapper à son amant, Susan n’a d’autre solution que le suicide, McClure porte un appareil auditif qui symbolise, face à la réussite de son patron, M. Brown, sa propre faiblesse et Brown est lui-même victime de la passion qu’il porte à Susan et qui va causer sa perte… Une nouvelle fois, John Alton joue sur les ombres et les lumières, rappelant à un moment où la couleur et le Cinémascope envahissent les écrans, ce qu’est un véritable film en noir et blanc. [Le film noir – Patrick Brion – Editions de la La Martinière (2004)]
Il y a dans The Big combo un sens de la fatalité et de la perversion sexuelle qui sont rarement poussées si loin dans le film noir. La relation entre Susan Lowell et Brown offre un mélange de respect et d’abandon sexuel étonnant. Brown idolâtre le corps de Susan : il l’amène au comble de l’excitation en couvrant son corps entier de baisers tout en murmurant des paroles lascives. Quant à Susan, bien qu’elle se sente coupable, elle ne peut échapper à cette irrésistible attirance sexuelle. Malgré sa tentative de suicide et l’apparent soulagement avec lequel elle accueille l’aide de Diamond, c’est sans conviction qu’elle cherchera à modifier son mode de vie dissolu. On trouve en outre dans The Big combo une grande violence, de nature à la fois brutale et érotique. L’homosexualité cachée de Mingo et de Fante s’épanouit dans l’atmosphère sadique du meurtre et de la torture et la violence raffinée prend pour eux la valeur d’un véritable rite sexuel. [Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)]
La mise en scène de Joseph H. Lewis met fortement en évidence, tout au long du film, les conflits sexuels qui déchirent les personnages; jusqu’à Diamond qui. semble être quelqu’un de sexuellement frustré cherchant à compenser son impuissance. De même que dans le désormais classique Démon des armes, on trouve cette manière propre à Lewis de lier la violence et le sexe quant à l’exploration du fantasme, elle rappelle étrangement la première époque du film noir ; celle de Scarlet street (La rue rouge) et de The Woman in the window (La femme au portrait). La photographie fortement contrastée de John AIton et les harmoniques sexuelles de Lewis enferment les personnages de The Big combo dans une sorte d’univers insulaire et noir où la répression du non-dit s’exprime avec une terrible violence graphique. [Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)]
Les grands thèmes de The Big combo sont suggérés dès le départ : la partition de David Raksin sursaute, stridule, un peu comme si un groupe burlesque accompagnait une strip-teaseuse. Susan s’enfuit d’un match de boxe, est poursuivie à travers les ruelles sombres puis finalement empoignée par les séides de Brown. Cette scène est une pure métaphore visuelle de domination sexuelle. La possession de la belle femme est à la base de sa quête du pouvoir. Brown et son béni-oui-oui, McClure (Brian Donlevy), visitent la loge de Benny, le boxeur de Brown, qui vient de perdre un combat. Brown offre à Benny un cours de rattrapage de philosophie, se servant de McClure, complètement à sa botte, comme exemple type. « Nous mangeons les mêmes steaks, buvons le même bourbon. Regarde – même manucure, même boutons de manchette. Mais on n’a pas les mêmes filles. Pourquoi ? Parce que les femmes font la différence. Elles ont de l’instinct. Le premier est le premier, et le deuxième n’est rien… Qu’est-ce qui fait la différence ? La haine. La haine, Benny. Hais l’homme qui essaye de te tuer. Hais-le jusqu’à ce que tu voies rouge, hais-le jusqu’à ce que tu récoltes le gros paquet de fric. Après, les filles pleuvront de partout. Tu seras obligé de couper le téléphone et de fermer ta porte à clé pour avoir une nuit de repos. » Brown frappe alors le visage déjà commotionné de Benny, puis lui dit : « T’aurais dû me rendre mon coup. T’as pas la haine. Déchire le contrat de Benny. Il ne m’est plus d’aucune utilité. »
A partir de là, The Big Combo devient un film de boxe noir d’un autre genre, où Brown et Diamond, deux hommes des cavernes du XXe siècle, s’entre-tuent pour le trophée : la blonde. Diamond a beau vouloir limiter la propagation de la corruption de Brown, il préférerait le castrer plutôt que l’incarcérer. La perversité sexuelle est partout présente. Susan se laisse séduire par Brown de manière suicidaire. Ses ambitions personnelles sont sacrifiées, elle est complètement prisonnière de ses coups de langue et de ses rouleaux de billets. Brown s’excite en l’enlaçant dans une pièce secrète pleine d’argent et de munitions. Ses hommes de main, Fante (Lee Van Cleef) et Mingo (Earl Holliman) ressemblent à un couple homo utilisant le tabassage et la torture comme préliminaires amoureux. Rita, la petite amie du flic, lui explique les choses : « Les femmes se foutent de la manière dont un homme gagne sa vie, elles ne s’intéressent qu’à sa manière de faire l’amour. » Brown marque même des points contre Diamond par procuration.
« T’aurais aimé être à ma place, affirme Brown à Diamond. T’aurais aime avoir toute mon organisation, mon pouvoir, mon fric. Tu penses que c’est l’argent. Tu te plantes : c’est une question de personnalité. » Il reporte donc également les joutes verbales. Grâce au scénariste Philip Yordan, Brown lâche par rafales certains des meilleurs dialogues de gangster.
En plus de sa vivacité mordante, le récit de Yordan reste l’une des représentations les plus dépouillées du gangstérisme. II profite infiniment de l’austère mise en scène de Joseph H. Lewis, qui ferait du Robert Bresson si ce dernier éclatait à coups de poing un crétin ivre. Le manque de moyens de la production est magnifiquement dissimulé par la photo magistrale de John Alton. Tous trois ont pris un malin plaisir à jouer avec les conventions du genre et à repousser les limites de ce qu’on pouvait montrer à l’écran. Dans une scène, Conte lèche les épaules de Jean Wallace, puis quitte la scène en suggérant le cunnilingus. A un moment, les deux gâchettes, apparemment à voile et à vapeur, sont en planque : Fante, essaye de faire manger quelque chose à son copain agité du bocal. « Je ne peux plus avaler de salami », marmonne Mingo, assez subtilement pour échapper au radar de la censure.
L’HISTOIRE
Le chef d’une bande de gangsters entreprend de conquérir une jeune femme de bonne famille, Susan Lowell (Jean Wallace). Un détective zélé, Leonard Diamond (Cornel Wilde) observe toute sa stratégie dans l’espoir de le démasquer et de sauver Susan. Sa tactique consiste à procéder sans cesse à des arrestations plus ou moins injustifiées pour harceler Brown (Richard Conte) et tenter d’en savoir plus. Mais Brown, qui a pour maxime « être le premier, c’est être le premier, être le second, c’est n’être rien », trouve que Diamond va trop loin. Il décide de réagir : il le fait enlever par deux hommes demain, Mingo (Earl Holliman) et Fante (Lee Van Cleef), qui sont secrètement amants. Ils torturent Diamond en utilisant l’audiophone de Mc Clure (Brian Donlevy), gangster important qui a été détrôné par Brown : grâce à cet appareil, ils amplifient les sons au-delà des limites du supportable. Une fois rétabli, le détective est résolu à envoyer Brown en prison. Il commence par l’impliquer dans le meurtre du truand qui l’a précédé à la tête de la bande de malfrats. Brown élimine alors Mc Clure et ses hommes, juste au moment où ils étaient sur le point de découvrir sa déloyauté. Mais Brown est trahi par son ex-femme et se fait tuer par Diamond dans un hangar désert.
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