"La mort m'a visité ce matin, nous jouons aux échecs."
Le septième sceau
Le chevalier Antonius Blok revient des Croisades avec son écuyer Jons. Soudain la silhouette noire de la mort apparaît sur le bord de la mer pour appeler sa victime ; le Chevalier de la raison la défie aux échecs pour pouvoir ainsi gagner du temps et découvrir le sens de la vie. Non loin de là, Jof le bateleur, sa femme Mia, leur bébé Mikhaël et le jongleur Skat. Jof a vu la Vierge Marie. Plus tard Blok et Jons s'arrêtent dans une église de campagne : le moine qu'interroge le chevalier n'est autre que la Mort. Quant à Jons, qui regarde un peintre travailler à une danse macabre, il raconte sa croisade et se déclare sceptique. Sortis de l'église, ils aperçoivent une jeune sorcière vouée au bûcher et, poursuivant leur route, arrivent dans un village déserté par ses habitants : la peste règne sur la contrée et, au moment où Jof fait son numéro, une procession de flagellant débouche au chant du "Die Irae".
Le chevalier, Jons et une fille muette sauvée d'un moine renégat, rejoignent la roulotte de Jof et de Mia : moment de paix. Dans une clairière, le bûcher est dressé : Blok interroge en vain la sorcière. La Mort lui reproche de toujours poser des questions. La partie d'échecs reprend : Blok qui voit Jof partir détourne l'attention de la Mort qui lui avoue ne rien savoir et n'avoir pas de secrets. Le chevalier et un petit groupe arrivent enfin au château où les attend la femme de Blok. Au matin, Jof aperçoit la Mort qui les entraîne tous sur la colline.
Le septième sceau est le dernier qui permettra d'ouvrir le Livre de la révélation (Apocalypse), et de connaître les secrets divins qu'ils enferme. Seul l'Agneau (le Christ) peut briser ce seau -qui vient après six autres symbolisant les fléaux dont est accablé l'homme (pouvoir, violence, faim, peste, mort…) :
"Et lorsque l'Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit dans le ciel un silence d'environ une demi-heure" : l'aventure du chevalier -qui apparaît de nulle part, rejeté par la mer sur la grève, de même qu'ex nihilo apparaît son adversaire la mort se joue dans l'espace spirituel de cette demi-heure, au moment où le secret du ciel est en instance de révélation.
A la fin du film, le chevalier n'a pas eu accès à la révélation. Ses rencontres terrestres se sont avérées décevantes entre l'écuyer athée, l'esprit qui nie, et le jongleur innocemment chrétien, sorte d'Adam d'avant la chute qui a la Grace mais ne le sait pas. Ces deux pôles délimitent le terrain de son questionnement. Mais lui cherche une foi consciente à la mesure de l'homme réel et c'est pour cela qu'il s'est mis en tête de converser avec la mort, face à face avec Dieu.
Saint Paul a promis qu'après la mort, nous ne verrions plus comme dans un miroir (titre original, mal traduit en français de A travers le miroir) mais face à face. C'est toujours l'obsession bergmanienne, même s'il n'y a pas de Dieu, pas de figure visible dans l'au-delà, il y a peut-être, au moins une vérité qui m'attend et dont je ne serai plus seulement condamné à voir le reflet.
- Je suis pris de dégoût et d'épouvante. Mon mépris des hommes m'a rejeté de leur communauté. Je vis dans un monde fantôme prisonnier de mes rêves
- Mais tu ne veux pas mourir ?
- Si je le veux.
- Alors qu'attends-tu ? La connaissance... ou des garanties?
- Appelles ça comme tu veux. Est-ce si impossible de comprendre Dieu avec ses sens ? Pourquoi se cache-t-il derrière des promesses à demi articulées et des miracles invisibles ? Qu'advient-il de nous si nous voulons croire mais nous ne le pouvons pas ? Pourquoi ne puis-je pas tuer Dieu en moi ? Pourquoi continue-t-il de vivre de façon douloureuse et avilissante ? Je veux le chasser de mon cœur. Je veux savoir, pas croire. Pas supposer mais savoir. Je veux que dieu me tende la main, qu'Il me dévoile son visage et qu'Il me parle.
- Mais il se tait.
- Des ténèbres, je crie vers lui mais il n'y a personne
- C'est peut-être cela.
- Alors la vie est une crainte insensée. On ne peut vivre face à la mort et au néant de tout.
- La plupart ne pensent ni au néant ni à la mort.
- Et quand la fin approche, ils voient des ténèbres !
- Oui ce jour là.
- Je comprends : à notre crainte, il nous faut une image et cette image nous l'appelons Dieu.
- Tu t'alarmes ?
- La mort m'a visité ce matin, nous jouons aux échecs. Ce délai me permet de vaquer à une affaire importante
- quelle afaire ?
- ma vie durant j'ai cherché, erré, discouru. Tout était dénué de sens, ça n'a rimé à rien, je le dis sans amertume ni contrition parce que je sais qu'il en est de même pour tous. Je veux utiliser ce délai à quelque chose qui ait un sens.
- C'est pourquoi tu joue aux échecs avec la mort ?
- C'est une habile tacticienne mais je n'ai encore perdu aucune pièce
- Comment espère-tu la déjouer ?
- Je jouerai avec mon cheval et mon fou. Mais elle n'a rien vu. Je détruirai l'un de ses flancs
Le Septième Sceau
Titre original | Det Sjunde inseglet |
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Réalisation | Ingmar Bergman |
Scénario | Ingmar Bergman |
Acteurs principaux | Max von Sydow |
Pays d’origine | Suède |
Durée | 96 min. |
Sortie | 1957 |
Le Septième Sceau (Det sjunde inseglet) est un film suédois d'Ingmar Bergman, sorti en 1957.
Le film est considéré comme un classique du cinéma mondial (en), ainsi que l'un des plus grands films de tous les temps. Il a établi Bergman en tant que réalisateur de renommée mondiale, contenant des scènes qui sont devenues emblématiques grâce aux hommages, à l'analyse critique et aux parodies.
Synopsis
Au xive siècle, un chevalier et son écuyer, après dix ans passés aux croisades, sont de retour en Suède où une épidémie de peste noire fait rage.
Sur une plage déserte, le chevalier rencontre la Mort et lui propose une partie d'échecs afin de retarder l'échéance, le temps de trouver des réponses à ses problèmes métaphysiques : Dieu existe-il ? La vie a-t-elle un sens ? L'épidémie de peste est-elle celle dont parle l'Apocalypse ? Tandis que l'écuyer professe l'idée de néant, le chevalier refuse de le croire.
Chemin faisant, ils se lient à une jeune famille de baladins qui cheminent au cœur du pays tourmenté. À leur contact, le chevalier redécouvre le bonheur insouciant des âmes pures et les plaisirs simples de la vie, qu'il dit avoir oubliés depuis son départ en croisade.
Le chevalier est ensuite fait échec et mat par la Mort ; son sursis est terminé. Le chevalier demande à la Mort de lui révéler « son secret », celle-ci lui répondant qu'elle n'en a pas. Avec son écuyer et quelques compagnons de rencontre, il rentre au château qu'il avait quitté dix ans auparavant. La Mort frappe alors à la porte et les entraîne dans une fantastique danse macabre, où seuls sont épargnés les baladins.
Fiche technique
- Titre : Le Septième Sceau
- Titre original : Det sjunde inseglet
- Réalisation : Ingmar Bergman
- Scénario : Ingmar Bergman
- Musique : Erik Nordgren
- Photographie : Gunnar Fischer
- Montage : Lennart Wallén
- Décors : P.A. Lundgren
- Costumes : Manne Lindholm
- Production : Allan Ekelund pour Svensk Filmindustri
- Société de distribution : Svensk Filmindustri
- Budget : 150 000 $ (estimation)
- Pays d'origine : Suède
- Langue : suédois, latin
- Format : Noir et blanc - 1,37:1 - Mono - 35mm
- Genre : Drame
- Durée : 96 minutes (1h36)
- Dates de sortie : (Suède), (France)
Distribution
- Max von Sydow : Antonius Block
- Gunnar Björnstrand : Jöns, l'écuyer
- Gunnel Lindblom : la jeune fille sans nom recueillie par Jöns
- Bengt Ekerot : la Mort
- Nils Poppe : Jof
- Bibi Andersson : Mia, la femme de Jof
- Erik Strandmark : l'acteur Jonas Skat
- Bertil Anderberg : Raval
- Åke Fridell : Plog, le forgeron
- Inga Gill : Lisa, la femme de Plog
- Maud Hansson : la sorcière
- Inga Landgré : Karin Block
Acteurs non crédités :
- Mona Malm : la jeune femme enceinte
- Gösta Prüzelius : un homme
Production
Inspiration
Le réalisateur Ingmar Bergman aurait été inspiré par une peinture d'Albertus Pictor située dans l'église de Täby représentant la Mort jouant aux échecs.
Le titre du film provient d'une phrase de l'Apocalypse selon saint Jean, les deux premiers verset du chapitre 8 :
« Et lorsque l'Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel, environ une demi-heure.Et je vis les sept Anges qui se tiennent devant Dieu ; on leur remit sept trompettes. »
Les sept anges soufflent tour à tour dans leur trompette, et à chaque sonnerie un fléau s'abat sur le monde.
Scénario
Pour les besoins de son récit, Bergman a pris des libertés avec la vérité historique, en faisant coïncider des événements non contemporains. En fait, l'époque des croisades est terminée dès la fin du xiiie siècle, la grande peste noire se manifeste au milieu du xive siècle, et les procès de sorcières dans le Nord de l'Europe n'ont vraiment commencé qu'à la fin du xve siècle (avec la publication du Malleus Maleficarum ou « Marteau des sorcières » par les inquisiteurs dominicains Heinrich Kramer et Jacques Sprenger en 1486).
Tournage
Box-office
Box-office France : 642 796 entrées
Distinctions
- Festival de Cannes 1957 : Prix spécial du jury, ex æquo avec Kanal.
- Ruban d'Argent (Syndicat National des Journalistes de Cinéma, Italie) 1961 : prix du Meilleur réalisateur d'un film étranger.
- Cercle des écrivains de Cinéma (Espagne) 1962 : prix du Meilleur film étranger.
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Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman : le Chevalier et la Mort
Après dix ans de croisades, un chevalier et son écuyer retrouvent leur pays rongé par la Peste Noire. Le mal est vécu comme une punition divine par les Suédois, qui se préparent à l’Apocalypse. Le chevalier (Max Von Sydow), lui, met en doute l’existence de Dieu. et lorsque la Mort (Bengt Ekerot) lui rend visite, il propose une partie d’échecs afin de retarder sa dernière heure.
Dans la scène ci-dessous, le Chevalier est entré dans une chapelle. Il regarde le Christ en croix au-dessus de l’autel, puis il aperçoit un prêtre encapuchonné derrière une croisée. Il s’approche et s’adresse au clerc…
LE CHEVALIER : Je voudrais me confesser aussi sincèrement que possible, mais mon cœur est vide. Et ce vide est comme un miroir qui renvoie ma propre image. J’y aperçois mon reflet, et je suis saisi par le dégoût, et la peur. Mon indifférence pour les autres m’a placé en dehors de la société. Je vis maintenant dans un monde de fantômes, enfermé dans mes rêves et mes idées.
LE PRÊTRE : Et malgré cela, vous ne voulez pas mourir.
LE CHEVALIER : Si. Je veux mourir.
LE PRÊTRE : Qu’est-ce vous attendez ?
LE CHEVALIER : Je veux savoir.
LE PRÊTRE : Vous voulez des garanties.
LE CHEVALIER : Appelez ça comme vous voulez. (Il s’agenouille.) Est-il vraiment inconcevable qu’un homme parvienne à comprendre Dieu ? Pourquoi se cache-t-Il dans un nuage de pseudo-promesses et de miracles invisibles ? Comment peut-on croire au miracle de la Foi quand elle nous manque ? Qu’est-ce que deviendront ceux qui veulent croire mais qui ne le peuvent pas ? Et ceux qui ne veulent ni ne peuvent croire ? Pourquoi je n’arrive pas à tuer Dieu en moi ? Pourquoi survit-Il en moi de cette façon humiliante, alors que je veux le chasser de mon cœur ? Pourquoi demeure-t-Il, malgré tout, cette réalité moqueuse, dont je ne peux me débarrasser ? Vous m’écoutez ?
LE PRÊTRE : Je vous écoute.
LE CHEVALIER : Je veux savoir ! Je ne veux pas des croyances, ni des hypothèses. Je veux savoir. Je veux que Dieu me tende la main, qu’il me montre son visage et qu’il me parle.
LE PRÊTRE : Et Dieu demeure silencieux…
LE CHEVALIER : Je l’appelle depuis les ténèbres. Mais c’est comme si personne n’était là.
LE PRÊTRE : Peut-être qu’il n’y a personne…
LE CHEVALIER : Alors la vie est une horreur absurde. Aucun homme ne peut vivre face à la Mort, en sachant que tout est néant.
LE PRÊTRE : La plupart des gens ne pensent ni à la mort, ni au néant.
LE CHEVALIER : Mais un jour, on se retrouve au crépuscule de sa vie, face aux ténèbres.
LE PRÊTRE : Oui. Ce jour-là…
LE CHEVALIER : Oui, j’ai bien compris… Nous devons transformer notre peur en idole. Et cette idole, nous devons l’appeler Dieu.
LE PRÊTRE : Vous êtes inquiet, mon fils.
LE CHEVALIER : La Mort m’a rendu visite ce matin. Nous avons commencé une partie d’échecs. Cela m’a fait gagner un peu de temps, et je vais pouvoir régler une certaine affaire…
LE PRÊTRE : Quelle affaire ?
LE CHEVALIER : Toute ma vie, j’ai cherché, j’ai réfléchi, j’ai discuté sans la moindre pertinence, dans un perpétuel non-sens. Toute une vie de néant. Oui, je le dis sans amertume, et sans regrets, car je sais que la plupart des gens vivent ainsi. Mais je veux utiliser ce répit pour accomplir une action qui ait enfin un sens…
LE PRÊTRE : C’est pour cela que vous jouez aux échecs avec la Mort…
LE CHEVALIER : C’est un tacticien redoutable, mais pour l’instant, je n’ai pas perdu une seule pièce.
LE PRÊTRE : Comment arrivez-vous à surpasser la Mort dans ce jeu ?
LE CHEVALIER : Je joue une combinaison avec mes fous et mes cavaliers. Il ne l’a pas remarqué pour l’instant. Et, au prochain coup, j’exposerai son flanc.
Le prêtre tourne son visage vers le Chevalier, qui reconnaît la Mort avec stupeur.
LE PRÊTRE, narquois : Je tâcherai de m’en souvenir.
LE CHEVALIER : Tu n’es qu’un traître. Et un tricheur. Mais nous nous retrouverons. Et je trouverai une autre façon de te battre.
LE PRÊTRE : Nous nous retrouverons à l’auberge. Et nous continuerons notre partie.
La mort s’en va.
LE CHEVALIER, seul : Cette main est bien la mienne. Et je peux la bouger. Je sens mon sang battre sous la peau. Le soleil est encore haut dans le ciel. Et moi… Moi, Antonius Block, je joue aux échecs avec la Mort.
Dialogue extrait du film Le Septième Sceau réalisé par Ingmar Bergman (1957). Traduction en français effectuée par nos soins. N’oubliez pas qu’il est impossible de travailler un texte sans l’œuvre complète. Vous pouvez acheter le film en ligne et le récupérer dans la librairie la plus proche via ce lien Place des Libraires : Le Septième Sceau – Ingmar Bergman
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- 17 mai 2006
Ingmar Bergman, fils d'un pasteur luthérien, naquit à Uppsala en 1918 et fut, dès son enfance, en proie à des doutes et des préoccupations métaphysiques. La vie austère qu'il menait dans sa famille, l'éducation stricte qu'il reçut, en firent un enfant inventif et rêveur. Il éprouva très tôt une véritable fascination pour le monde du spectacle, monde qui figurait pour lui le fantastique, le mythique, l'imaginaire, en contradiction avec la vie ordinaire, et lui permettait d'outrepasser les interdits. En compagnie de sa soeur, il montait des spectacles et prêtait aux marionnettes qu'il animait ses audaces et ses fureurs, ses désirs et ses révoltes. Ainsi envisagea-t-il l'art comme le lieu idéal de la transgression, celui où l'homme s'autorise à vivre une vraie vie, celui où l'on franchit le seuil des tabous et des peurs. Il est vrai qu'il fût toujours en quête de l'effrayante vérité, celle qui, ne cessant de se réfugier dans les replis ultimes de notre inconscient, inspirera son oeuvre et l'incitera à exiger de ses acteurs et de ses actrices le paroxysme. Metteur en scène au regard implacable, il fut pour lui-même et les autres d'une exigence parfois impossible à satisfaire. Tourner sous sa direction était un honneur autant qu'une épreuve. Eric Rohmer - qui l'admirait - écrivit à son propos : L'art de Bergman est si franc, si neuf, que nous oublions l'art pour le problème des problèmes et son cortège infini de corollaires. Rarement le cinéma a su porter si haut et réaliser si pleinement nos ambitions.Le Septième Sceau fut tourné en 1956 et se vit attribuer en 1957 le Grand Prix Special du Festival de Cannes, alors que le cinéaste suédois avec déjà produit quelques-uns de ses chefs- d'oeuvre : Jeux d'été ( 1950 ), Monika ( 1953 ), La nuit des forains ( 1953 ), Sourires d'une nuit d'été ( 1955 ).
"Et lorsque l'Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit dans le ciel un silence d'environ une demi-heure".
"C'est l'ombre de la mort qui donne relief à l'existence ", disait-il et ce film, qu'est-il d'autre, sinon une longue méditation sur le sens de la vie, que la mort vient implacablement interrompre, dans sa trajectoire terrestre et humaine ? Un pessimisme fondamental, dont Kierkegaard est peut-être l'un des inspirateurs et père spirituel, mêle les thèmes du désespoir, de la révolte, de la misère d'une humanité sans amour, mais non sans Dieu, dont la présence sera ré-affirmée dans son film La Source ( 1959 ), comme l'unique moyen de réconciliation entre les vivants.
L'histoire est la suivante : un Chevalier interprété par Max von Sydow - avec lequel Bergman tournera plusieurs longs métrages - revient des Croisades, lorsque lui apparaît -au bord de la mer - sur une grève sauvage et solitaire, la mort. Pour gagner du temps et peut-être découvrir l'ultime vérité, le Chevalier lui propose une partie d'échecs. Autour d'eux, dans la Suède du XVIe siècle, que l'usage du noir et blanc restitue dans une sorte de dépouillement minéral, la peste sévit, fauchant les vies avec une sombre indifférence.
- Je veux utiliser ce délai ( celui que lui accorde la partie d'échecs ) a quelque chose qui ait un sens.
- C'est pourquoi tu joues avec la mort ?
- C'est une habile tacticienne mais je n'ai encore perdu aucune pièce.
- Comment espères-tu la déjouer ?
- Je jouerai avec mon cheval et mon fou.
- Je veux savoir, pas croire, dit encore le Chevalier à son partenaire, la mort. Je veux que Dieu me tende la main, qu'Il me dévoile son visage et qu'Il me parle.Mais le silence de Dieu parait être la seule réponse que reçoive l'ancien Croisé. Et ce silence est intolérable. L'obsession de Bergman se dévoile dans ce film avec une troublante intensité. Même si aucune figure visible de Dieu n'existe, il ne peut pas ne pas y avoir une vérité à découvrir et à comprendre. Une vérité qui se livre et ne nous condamne plus à la vision improbable de son reflet. Chacun des protagonistes du film cherche quelque chose, parfois sans le savoir, ou possède quelque chose, parfois en l'ignorant. Ainsi le jongleur, simple en esprit, sorte d'Adam avant la chute, nimbé de la grâce de l'innocence. Ou bien le jeune couple de la troupe de comédiens ambulants qui consacre le plus clair de son temps à chanter et à s'aimer.Ceux-là ne seront pas emportés dans la sinistre farandole de la mort. Ceux-là représentent une humanité, encore dans sa pureté originelle, qui n'apostrophe ni Dieu, ni Diable, et se contente de vivre, malgré la peste noire et les épreuves innombrables, avec une naïve simplicité.
Le grand mérite de ce film est d'abord d'être simplement un film et l'un des plus beaux que l'on puisse voir, bien qu'il comporte une part importante d'abstrait et de théorie. Son point de départ n'est pas - ainsi que nous le confie l'auteur - une idée mais une image. Et nous n'avons pas de peine à le croire, tant il y fait référence aux thèmes chers aux peintres et sculpteurs du Moyen-Age. S'il y a naïveté dans ces diverses allégories, c'est parce que Bergman a su retrouver la candeur et la saveur de cet art incomparable et qu'avec sa pellicule il en a restitué l'iconographie, sans céder au décalque, et en y ajoutant, pour notre plus grand bonheur, le fruit d'une création constamment originale.
Le Septième Sceau se déroule comme une longue fresque médiévale qui n'est pas sans évoquer les peintures du Hollandais Jérôme Bosch aux composantes mystiques et symboliques et les danses macabres, fréquentes alors, sur les murs des cathédrales. L'époque est évoquée avec un réalisme sans outrance, mais volontairement détaché, qui ajoute à l'esthétisme de ce film bien séquencé. C'est, à mon avis, l'un des plus aboutis de Bergman. Grâce à lui, il connut d'ailleurs une renommée mondiale et se révéla comme l'un des maîtres incontesté de l'art cinématographique. D'autant qu'il replace l'humain et le questionnement métaphysique au centre de nos préoccupations ; ce, avec une écriture sobre et des images qui cernent l'essentiel au plus près. Les acteurs, conduits de main de maître, sont tous excellents. Leurs visages, saisis avec précision dans leur nudité la plus émouvante, nous rendent étonnamment sensible le drame dans lequel le metteur en scène les immerge. Un film qui fait date et a le mérite de nous remettre en phase avec les problèmes fondamentaux de notre destinée.
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Un petit tour chez Bergman ? L'ironie du “Septième Sceau”
Ingmar Bergman, d'emblée, un mardi ? Attendez, pas un texte savant sur son œuvre, non merci, mais un p'tit coup d'œil sur Le Septième Sceau (1956), rien que du light. Envie d'un dialogue avec la Mort un poil plus enlevé, inspiré, profond que celui de Jean Dujardin avec sa tumeur. Ça se défend, non ? Je comprends qu'on puisse avoir peur de Bergman : la chape de sérieux dont l'entourent ses thuriféraires – quoique les études bergmaniennes semblent un peu passées de mode –, des œuvres bien austères pour les adulescents cinéphiles d'aujourd'hui (quoiqu'en fait on rigole pas mal chez tonton Ingmar). Y a-t-il encore des jeunes gens allant apprendre la vie et l'amour en s'enfilant du chef-d'œuvre suédois ? Bergman est-il réservé aux plus de 45 ans ?
Dans son sacrosaint Dictionnaire du cinéma, Jacques Lourcelles n'y va pas avec le dos de la cuiiler sur Le Septième Sceau : « Œuvre à la pâte assez molle, sans rythme, remplie de dialogues souvent vides... » Il exagère, bien sûr. Ce qui le gêne, c'est facile, c'est l'explicitement métaphysique. Le Septième Sceau agite une petite troupe de personnages dans un Moyen-Age de désolation (et de peste noire) et, parmi eux, un chevalier – Max Von Sydow, 27 ans, blondeur étrange –, de retour des Croisades, qui, on le sait peut-être, joue aux échecs avec la Mort. Le chevalier voudrait un signe de Dieu, il n'a droit qu'à des processionnaires qui se flagellent ou des brûleurs de sorcières... Il y a eu d'autres films avant celui-ci sur la peur de la mort et de ce qui la suit peut-être, sur l'Apocalypse annoncé, mais aucun n'a affiché le programme de façon si évidente, presque scolaire. Les cinéphiles aiment que le sens passe en douce...
De fait, Le Septième Sceau est un des films qui feront du cinéma – pendant, quoi, un quart de siècle ? – un art sérieux pour gens sérieux. « Vous avez vu Le Septième Sceau ? Glaçant, non ? », s'interrogeait-on dans les dîners de 1956. Le contexte de l'époque n'y est pas pour rien : on est en pleine Guerre Froide, une autre forme de peste menace, et le chevalier à la triste figure est celui qui a vu Auschwitz et Hiroshima. C'est l'homme brisé du XXe siècle, le cousin de Steiner dans La Dolce Vita. Bergman n'est pas un idéologue, il n'a pas les réponses attendues sur l'humain et ce qu'il y a au-delà. Il peut poser les questions, en revanche, de manière dynamique, car c'est un homme de spectacle. Dans ces années-là, il passe l'hiver à la scène, l'été sur les plateaux : les acteurs sont les mêmes, et leur entente, leur jeu collectif donnent quelque chose de théâtral à ces aventures historiques. Voilà, Bergman peut donner un point de vue de saltimbanque, et ne s'en prive pas. Plus Beckett que Dreyer, en fait.
L'extrait ci-dessus vaut le coup d'œil. Les comédiens ambulants (dont Bibi Andersson, ultra-mimi) sont interrompus par une spectaculaire procession, menée par un oiseau de mauvais augure annonçant la mort pour tous. Par rapport à leurs tréteaux minus, l'Eglise, c'est un sacré budget, une sacrée mise en scène : des figurants, de la fumée comme dans un film d'Angelopoulos, etc. On admire l'organisation de l'espace : le long plan fixe, à hauteur d'homme sur les processionnaires, les cadres admirablement composés sur les visages. Une mise en scène en capte une autre, ce dont personne, ni le cinéaste, ni les personnages, ni le spectateur d'aujourd'hui, n'est tout à fait dupe. A la fin du show, l'écuyer du chevalier, dont Bergman a fait une sorte d'existentialiste, s'écriera : « Aucun homme moderne (il veut dire de son époque à lui) ne gobera ça. » L'anachronisme fait partie des coquetteries du maître. Il y a peut-être plus d'ironie que de profondeur dans Le Septième Sceau ; mais, sur certains sujets, l'ironie, c'est la profondeur.
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Le Septième sceau
Det sjunde inseglet
de Ingmar Bergman , Suède , 1957
Au Moyen-Âge, un chevalier rentre des croisades... L’un des chefs-d’œuvre du cinéaste. « Une allégorie sur l’homme, sa recherche éternelle de Dieu, avec la mort comme seule certitude », selon Bergman, qui, comme souvent, y allie aussi l’humour. (1h36, N&B, avec Max von Sydow, Gunnar Björnstrand, Bengt Ekerot, Nils Poppe, Bibi Andersson)Le père d’Ingmar Bergman était un pasteur luthérien, et le petit Ingmar l’accompagnait lors de ses déplacements dans les églises rurales. Pendant que son père prêchait, l’enfant observait « le monde secret de l’église, fait de voûtes basses, de murs épais, de parfum d’éternité, de lumière solaire colorée qui tremblait sur l’étrange végétation des peintures moyenâgeuses et des figures sculptées sur le plafond et les murs. » C’est de ces souvenirs que s’inspire le réalisateur du Septième sceau. Dans un univers terrifié par la peste et la crainte de la fin du monde, Antonius Block croise toutes sortes de figures : bateleurs, paysans, gens d’église, sorcières, pestiférés, visionnaires, catins. Il les regarde avec indifférence ou lassitude, avec doute ou désespoir. Sauf la Mort, figure noire et blême, repoussante et fascinante à la fois, qu’il regarde avec ironie, avec défi. Le Septième sceau est une épopée, une quête, éclairée par une flamme intérieure. C'est le surgissement d’un homme qui deviendra l’un des fidèles de Bergman mais aussi l’un des comédiens les plus fantastiques au monde : Max von Sydow.
Extrait: "Moi, Antonius Block..."
Pourquoi le 7e sceau ?
Le titre est tiré d’un psaume de l’Apocalypse selon saint Jean, au chapitre 8 : « Et lorsque l’Agneau ouvrit le septième sceau, il se fit un silence dans le ciel, environ une demi-heure. Et je vis les sept Anges qui se tiennent devant Dieu ; on leur remit sept trompettes. Les sept anges soufflent tour à tour dans leur trompette, et à chaque retentissement un fléau s’abat sur le monde. »
Jouer avec la mort
Pour la scène mythique du film représentant le personnage principal jouant aux échecs avec la Mort, Bergman s’est inspiré d’une fresque suédoise du Moyen-âge, peinte par Albertus Pictor. Cette référence est explicitée dans le film.
Grande carrière
Après ces débuts au théâtre et quelques petits rôles dans des films suédois, Max von Sydow, âgé de 28 ans (il est né en 1929), tient pour la première fois le rôle principal d’un film.
===============================================================================LE SEPTIÈME SCEAU
De retour des croisades, le chevalier Antonius Blok rencontre la Mort sur son chemin. Il lui demande un délai et propose une partie d’échecs. Dans le même temps, il rencontre le bateleur Jof et sa famille. Jof a vu la vierge Marie. Un des films qui fit découvrir le cinéma suédois et qui contribua à la grande notoriété de Bergman.« Je ne crains ni l’Enfer, ni le Diable –Mais j’ai, de ce fait, perdu toute joie » (Goethe, Faust I, Acte I)
« Comment écrire une oeuvre qui parle d’eschatologie, qui fasse sens, dans une décennie où les questionnements métaphysiques liés à Dieu intéressent de moins en moins de monde ? En captant l’attention du spectateur, grâce à un enchaînement de circonstances extraordinaires, et d’apparitions fantastiques, comme celle de la Mort. Pour le scénario du Septième Sceau, Bergman joue avec la réalité des faits historiques, en mélangeant la fin des croisades, avec la survenue des premières vagues de la peste noire, dans le monde occidental moyenâgeux. Qu’importe ! Le Moyen-Âge a toujours été plus ou moins une période mal connue, que ce soit dans les années soixante, ou à l’heure actuelle. Il est donc des libertés face à l’Histoire qui, sublimées dans un traitement cinématographique, permettent de rendre compte du sentiment persistant de la fin, pas seulement d’un monde, mais du monde.
Après tout, le seul Moyen-Âge que l’on voit dans Le septième sceau est celui du contexte, des costumes, et des peurs régressives de la population, prête à laisser sacrifier une jeune femme qui aurait commercé avec le diable, au prétexte que cela anéantirait la peste. Les caractères, eux, sont plus contemporains. Le chevalier Antonius Block est un idéaliste déchu. Après dix ans passés à guerroyer en croisade, il rentre, dépité, en compagnie de son écuyer, Jöns, dont l’apparente bonhommie cache mal l’effroi face à la mort. Deux individus antagonistes, que seuls réunis la conviction que l’époque a changé. Fantômes d’un pays, le leur, qu’ils ne reconnaissent plus, ils sont passés du statut d’acteurs de leur temps, à celui de spectateurs blasés. Apogée des illusions perdues, l’homme qui, en son temps, prêchait leur départ en Terre Sainte, est devenu un voleur notoire, qui passe son temps à dépouiller des fermes abandonnées, et à boire à la taverne du coin. Le septième sceau représente une certaine idée de la décadence, à la fois morale et irrationnelle, telle cette peste, absurde, qui s’abat sur les Suédois, perçue comme l’acmé du châtiment divin.
Comble de l’horreur, la folie est aussi présente. Antonius Block, dépassé par ce qui l’entoure, doit composer avec la venue de la grande faucheuse, là pour prendre sa vie. Ne se laissant pas abattre, il décide de lutter, en jouant aux échecs, dans une allégorie de son combat pour préserver son existence terrestre. Ses rêves s’en étant allés, il ne lui reste plus que, dans ce qu’il comprend être ses derniers instants sur Terre, l’accès à la connaissance. Dieu existe-t-il ? Pourquoi, alors, est-il silencieux ? Et le Diable, qui l’a côtoyé ? Interrogeant tour-à-tour les uns et les autres, c’est finalement la Mort qui lui délivre la réponse ultime: il n’y en a pas. Il est inutile donc de continuer à chercher.
Là où Le Septième Sceau aurait pu être un film plombant, sans laisser de place à l’espoir, Bergman a décidé d’en faire une histoire riche d’enseignements, proche des romans d’apprentissage allemands (Bildungsroman). Peut-être que le monde court à sa perte, peut-être que, lorsque tout semble s’effondrer, la connaissance peut apparaître comme un refuge salutaire. Mais, en vérité, tant qu’il y a quelque chose à sauver, le jeu en vaut la chandelle. C’est cet enseignement que Antonius Block recevra, parvenant au passage à se jouer de la Mort, pour ceux qui lui sont chers. Plus qu’obtenir des explications sur les zones d’ombre, c’est finalement la transmission, le souffle de la vie sans cesse renouvelée, qui est le plus important
Livre
Les meilleures intentions : roman, Bergman, Ingmar, Edité par Gallimard - 1992
Par suite de quel malentendu, des êtres, animés par les meilleures intentions, peuvent-ils se faire tant de mal? C'est la question que Bergman se pose à propos de ses parents, dont il a essayé d'imaginer et d'analyser l'histoire, jusqu'au moment de sa naissance. Son texte est porté par une écriture toujours prête à s'adapter à la "prise de vue" la plus vive.L'Oeil sur l'écran
Blog cinéma, commentaires de films ... (anciennement films.blog.lemonde.fr
Le septième sceau (1956) de Ingmar Bergman
TITRE ORIGINAL : « DET SJUNDE INSEGLET »
Dans la filmographie d’Ingmar Bergman, Le Septième Sceau apparaît comme l’un des films les plus ambitieux dans son propos, un film auquel il a voulu donner avant tout une dimension philosophique ou métaphysique. Comme pour lui donner plus de poids, voire une certaine légitimité, Bergman ancre ses réflexions dans un contexte historique : un chevalier de retour des Croisades cherche des réponses sur l’existence de Dieu. Outre toute une série de réflexions sur la crainte de la mort et la vanité de notre existence, cette trame lui permet de mettre en scène des plans vraiment remarquables, telle cette partie d’échec de Max von Sydow avec la Mort sur la plage ou la procession des pénitents. Toutefois, ce n’est pas tant la puissance ou la richesse des images qui frappèrent tant à l’époque et assurèrent à ce film (et à Bergman) sa renommée car, comme certains critiques ne manquèrent pas de le souligner, Le Septième Sceau ne peut guère se comparer avec les œuvres de Dreyer ou Sjöström. Non, c’est bien l’ambition de son propos qui lui valu d’être remarqué. Dans un registre plus anecdotique, on notera que le soin de Bergman dans le choix de ses jolies actrices est souvent cité sur ce film.
Note : 3 étoiles
Acteurs: Max von Sydow, Gunnar Björnstrand, Bibi Andersson, Inga Gill, Inga Landgré
Voir la fiche du film et la filmographie de Ingmar Bergman sur le site imdb.com.
Voir les autres films de Ingmar Bergman chroniqués sur ce blog…
Une réflexion sur « Le septième sceau (1956) de Ingmar Bergman »
2 février 2009 à 14 h 03 min
« Moi Antonius Blok je joue aux échecs avec la mort ».
La peste noire doublement présente dans la réalité et sur fresques accentue les interrogations d’un esprit errant revenu de dix ans de croisades. L’initiation divine se quête en gagnant un temps nécessaire à la collecte de réponses, pour cela il faut entretenir la longévité d’une partie d’échecs en récupérant une stratégie captée faussement derrière les barreaux d’un confessionnal de fortune par une mort à visage humain habillant une entité dispensée par nature de moralité.
« Le vide est le miroir de mon visage, je veux savoir pour ne plus croire. Je veux que dieu me tende la main, qu’il me dévoile son visage et qu’il me parle ».
Antonius cherche à l’aide de ses interlocuteurs temporaires la mise en pages de ses réflexions, l’espoir d’une révélation consciente, une compréhension religieuse pure conquise dans le pré ou lors de la traversée de ces villages tuméfiés. Une découverte faisant de cet indécis un homme libre acquis à une croyance dévoilée par une image, un comportement ou un mot révélateur contre argument envers une époque souillée par les démences d’individus mystiquement isolés dans un moyen age dévasté par les épidémies et les malédictions.
L’étude se poursuit en croisant un chrétien naïf persuadé d’avoir vu la vierge. Les yeux exorbités d’une sorcière au bûcher scrutés intensément afin d’y percevoir une vérité au seuil du passage dans l’au delà s’avèrent décevant, ils ne conduisent qu’a un diagnostic primaire repositionnant Antonius dans un processus de questions sans réponses. Qui a-t-il après la mort ? A quoi sert la vie ? Quelle est notre mission sur terre ?
Ingmar Bergman signe une œuvre difficile, souvent hermétique, le contexte médiéval assoiffe ces âmes à la recherche d’un repos terrestre impossible. Manipulées par les désordres de leurs terres ils réactualisent les écritures apocalyptiques en y rajoutant l’outrance du désespoir.
Les configurations offertes ne procurent que peu de positionnement réfléchis. L’homme n’est plus homme, il se réfugie dans une prophétie réactualisée. Antonius ne dispose pas d’éléments pour travailler sur ses interrogations, l’époque est vide de lumière, croupie sous les superstitions, ses composants pillent les cadavres, rôtissent les illuminés, sarabandes sur les crêtes.
Un monde en dérive espère la rédemption dans des processions abusives pendant qu’un interrogatif recherche désespérément un apaisement dans ses conflits métaphysiques.
"L’un des plus grands acteurs du monde"
Dès la fin des années 60, il sort des frontières de la Suède et tourne aux quatre coins du monde. Il incarne Jésus dans "La plus grande histoire jamais contée" (1965) aux côtés notamment de Charlton Heston, et joue dans Hawaï (1966) avec Julie Andrews. Sa carrière hollywodienne est marquée par son rôle de prêtre dans "L’Exorciste" (1973) de William Friedkin, immense succès au box-office.
Puis il incarnera de nombreux méchants à l’écran, tournant sous la direction de David Lynch ("Dune"), Steven Spielberg ("Minority report"), Martin Scorsese ("Shutter Island"). Infatigable, il intègre la saga "Star Wars" en 2014, avec le rôle de Lor San Tekka, proche de la famille Solo, pour le septième épisode "Le réveil de la force" avant d’incarner la Corneille à Trois Yeux dans la série au succès planétaire "Game of Thrones".
Max von Sydow avait pris la nationalité française en 2002, il était marié depuis 1997 avec la réalisatrice française de documentaires Catherine Brelet. Pour l’ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob, "c’était l’un des plus grands acteurs du monde. Il pouvait jouer des rôles spectraux ou inquiétants, mais Max était d’une délicatesse et d’une humanité bien émouvantes."
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