"Le cinéma, c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière"
ARCHIVES DU MOT-CLEF LE TESTAMENT D’ORPHÉE
Jean Cocteau: un cinéaste ?
Senses of cinema (« Les sens du cinéma ») est une revue australienne en ligne, crée en 1999 par le réalisateur Bill Mousoulis. Les publications portent sur des critiques de films, avec des analyses filmique, ou de carrières, des cinéastes, et ce pour tous les films à travers le monde. Le journal participe aussi à la couverture d’événements comme les festivals internationaux.
Senses of cinema est un journal utilisant internet pour support et n’étant pas présent dans la presse écrite. Le mode de présentation du site ne laisse d’ailleurs pas supposer qu’il s’agit d’un journal. Il n’y a pas du numéro de revue publié chaque mois (il y aurait 60 numéros), l’accent semble être d’avantage mis sur les dossiers, de film ou de réalisateur. Les actualités récentes (« current issue ») portent aussi bien sur les derniers articles en date que sur le reste des publications ultérieurs au sein du site.
La rubrique «About us » nous en apprend cependant bien d’avantage sur ce journal, que ce soit son histoires, les membres de son équipe, le rédacteur en chef Rolando Caputo, les publicitaires et sponsors etc… Ce qu’on pourrait nommer la « ligne éditoriale » de ce journal est précisément décrite dans cette rubrique. On comprend donc que les articles traitent surtout d’analyse filmiques, impliquant autant que possible des sujets théoriques et philosophiques. Le but est aussi de proposer une très large approche des films, de l’univers de la culture visuelle dans sa globalité. Les œuvres étudiées comportent toutes les nationalités avec une intention particulière pour les films australiens (le journal étant basé à Melbourne).
Le site est particulièrement sobre, dans les tons noirs et blancs, avec une organisation proche de celle d’un blog (le site va cependant changer d’ici peu), une large bande noire comprend les différentes rubriques : les sujets récents figurants aussi sur la page d’accueil, la rubrique « à propos » , une rubrique entière dédiée aux liens, liens qui sont classés par thèmes (il y a par exemple une dizaine de site sur le cinéma asiatique). Le reste des rubriques regroupent l’essentiel du contenu, des dossiers : que ce soit les « dossiers spéciaux », une data-base des « grands réalisateurs », les « World poll » (sorte de tour d’opinion sur les films de l’année), les archives, les contacts, et une partie donation (un appel au don assez présent sur le site). Le journal possède en effet un très petit budget et ne déclare pas son activité comme étant à but lucratif.
Une fois encore, il est difficile d’évaluer le « sérieux » et la confiance que l’on peut placer dans un site peu connu (du moins en France) ou n’étant pas reconnu comme une institution officielle de référence dans le monde du cinéma. Néanmoins, il semble difficile de se tromper au regard de la quantité et de la qualité des articles de ce journal. De plus, le visiteurs disposent de larges et complètes informations sur les rédacteurs, tous ayant déjà participé à des publications ou faisant partie de près ou de loin du monde professionnelle du cinéma. L’article sur Jean Cocteau est écrit par Richard Misel, un réalisateur et conférencier en analyse filmique à l’Université de Bristol. Il est également l’auteur de Chromatic Cinema (ed. Wiley-Blackweel, 2010). Ces informations sont contenus en fin de page après une bibliographie, une webographie et des notes de fin de page.
Dans cet article, l’auteur se demande comment qualifier la production cinématographique de Jean Cocteau : était-il vraiment un cinéaste ? Bien sur qu’il était cinéaste, au même titre que romancier, poète, peintre, journaliste, promoteur, essayiste, une célébrité à temps plein…(ligne 2). Le cinéaste, à la différence du réalisateur, est un terme qui implique le concept de « politique d’auteur ». Dans une démarche de sacralisation et de reconnaissance de ces auteurs on les nomme cinéaste. Un terme qui convient indéniablement à Cocteau, avec ses trois films phares Le Sang d’un poète, la Belle et la bête et Orphée. Cependant, comme le dit l’auteur, Cocteau s’est toujours considéré lui même comme un amateur. Comme beaucoup d’écrivains de l’époque (Aragon, André Breton, Colette), il s’est lancé dans l’adaptation au cinéma avec les avant-garde. Cocteau n’était pas attiré par un art plutôt que les autres (l5). « Instead he utilised all the media available to him to create a complex personal mythology which mixed imagery and text, poetry and prose, fact and fiction, realism and fantasy, history and modernity. » Cocteau à recours à plusieurs medium pour projeter sa biographie-mythologie.
La question de savoir ou placer Cocteau, dans quel « genre » ou plutôt dans quelle « case », est le sujet de beaucoup d’écrit, surtout concernant sa production littéraire. L’intérêt de cet article est que celui-ci se place du point de vue de Cocteau lui-même face à sa production. L’auteur structure son article en annonçant ses intentions dans un premier temps : à savoir écrire un compte-rendu linéaire et chronologique de la vie de Jean Cocteau et de son travail, avec un intérêt particulier pour ses films.
L’avantage de cet article est qu’il présente des sources fiables, peu utilisés, avec des éléments de la vie de Cocteau beaucoup moins connus ou peu souvent évoqué (comme le scandale du ballet Parade avec Satie et Picasso). L’auteur prend aussi la peine d’insister sur sa place et ses relations avec le milieu artistique et les autres écrivains. L’auteur s’appuie sur les écrits de Cocteau mais aussi sur des ouvrages de référence tel que Jean Cocteau and his Films of Orphic Identity de Arthur B.Evans (Philadelphia, The Art Alliance Press, 1977).
L’auteur, toujours dans une démarche chronologique, suivant la vie de Cocteau, traite de 3 éléments caractéristiques de son esthétique, et que l’on retrouvera tout au long de son œuvre : la mythologie, le drame (la mort, thème réccurent), et le fantastique. On s’était déjà posé la question, au sein de ce blog, de savoir si Cocteau pouvait véritablement être classé dans le genre fantastique, du moins pour une partie de son œuvre. Ici l’auteur a la bonne initiative de replacer ce terme dans son contexte, et son évolution du XIXe au XXe siècle. Le fantastique de Cocteau se rapproche de celui d’Edgar Allan Poe et de Lovecraft. L’auteur le place ainsi dans la tradition des poètes romantiques et des pionniers du cinéma comme George Méliès et ses fantasmagories.
La suite de l’article porte ensuite sur les 3 œuvres principales de la carrière de Jean Cocteau (Le sang d’un poète, la Belle et la Bête, Orphée). Ces films sont ceux qui ont connus une grande postérité et témoigne chacun d’une période spécifique de création dans la vie de Cocteau. Le choix de ses œuvres et leurs analyses nous paraissent ici tout à fait pertinentes et approprié. Et ce d’autant que la rédaction à le mérite de suivre pour fil conducteur, la vie même de Cocteau.
L’auteur apporte une réponse, du moins une proposition de réponse à la « question » Jean Cocteau : a filmaker ? Cocteau lui-même dit ne pas appartenir au milieu du cinéma bien qu’il y rencontre un certain succès, il est avant tout un homme des lettres (« Cocteau was above all a man of letter »). De plus, essentiel de son œuvre ne porte pas sur le temps et l’amour, la mort et le temps, mais bien sur Cocteau lui-même. C’est surtout le cas pour Le Testament d’Orphée, le dernier de ses films.
L’article se termine sur la mort de Cocteau, éclipsé par celle de Edith Piaf, décédée un jour avant lui (10 Octobre 1963) ainsi que sur un commentaire sur la postérité et la réception de Cocteau, un sujet habituellement peu évoqué, alors que nous avons nous même observé à quel point ce cinéma n’a pas particulièrement bien vieillit. L’auteur précise en effet que sa réputation à quelque peu décliné, bien que – comme Edith Piaf – Cocteau demeure une véritable institution. Après un période de déclin il semblerait que notre générations s’intéresse de nouveau à son œuvre, en témoigne la rétrospective au centre Pompidou. L’auteur termine en ces mots : « Cocteau’s work continues to endure in a cycle of death and rebirth ». L’oeuvre de Jean Cocteau est à l’image de sa production, un cycle de vie entre mort et renaissance.
Le Testament d’Orphée
The Criterion Collection est une société d’édition vidéo, de DVD et Blu-Ray commercialisée aux Etats-Unis. « Son but est de proposer des éditions de référence de grands films du répertoire mondial, avec un accent particulier sur les cinémas américain, français, japonais et italien. » (article Wikipedia) Le site quant à lui sert à mettre en valeur cette collection, une collection dédiée aux rassemblements des plus grand films de par le monde avec pour but de les publier dans un format de haute qualité, avec un contenu supplémentaire permettant de mieux comprendre et apprécier ces films.
L’onglet « Film » présente un menu permettant d’accéder à ces éditions, que ce soit par la barre le menu de gauche ou par le corps centrale composée de petites fenêtres illustrés (les nouveautés, les films à venir, tous les films…). Ceci serait en quelque sorte la partie « commerciale » avec la boutique en ligne (Shop). Mais l’essentiel du site consiste plutôt à présenter un contenu inédit et détaillé sur ces films. Outre la page d’accueil, proposant une navigation par un système de fenêtre, le visiteur peut se rendre sur la page « Explore ». Cette page propose une navigation part un top 10 des films, par des noms (réalisateur, acteurs etc) ainsi que des thèmes. La partie « Top 10 » est en fait un classement personnel, du point de vue d’un réalisateur, d’un acteur ou artiste, sélectionnant ses films préférés au sein de la Criterion collection. Exploration par thèmes est également très intéressante et très intuitive. Il ne s’agit pas d’une simple liste de genre mais d’une mosaïque d’image illustrant des catégories précise comme « avant-garde », « Classic Hollywood », mais aussi « amour fou », « food on film », « Blue Christmases ». Un classement atypique mais néanmoins parlant pour des cinéphiles.
Le public cinéphile a justement la possibilité d’être actif sur ce site en créant un compte My Criterion, gratuitement, dont l’intérêt est de construire une bibliothèque virtuelle de film, de partager (également via Facebook, Twitter) et de rendre publique sa « Criterion page ».
La page qui nous intéresse concerne Jean Cocteau. Nous pouvons y accéder au moyen de l’onglet « Current » (regroupant des flux de nouveauté et des catégories) mais surtout par la recherche par personne (Explore>People>Jean Cocteau).
La page de présentation ne consiste pas en une biographie mais un court résumé de son œuvre, de son esthétique, d’une manière très brève mais néanmoins efficace. Ce genre de présentation s’avère utile pour le visiteur qui cherche surtout à savoir qui était Jean Cocteau en tant que réalisateur et si son œuvre peut lui plaire.
Criterion ne possède pas tous les films de Cocteau mais en distribue tout de même 6, choses étonnante lorsqu’on constate que les firmes françaises (même René Château vidéo) ne les commercialise quasiment plus.
Nous allons nous intéresser plus particulièrement à la page sur le Testament d’Orphée (Testament of Orpheus) dont nous n’avons pas encore parlé, et qui constitue le 3ème et dernier film de la Triologie Orphée. Ce film réalisé en 1959 et sorti en 1960 est en quelque sorte une suite d’Orphée, on y retrouve les mêmes acteurs: Jean Marais (Œdipe), Maria Casarès (la princesse), François Périer (Heurtebise), Edouard Dermit (Cégeste) ainsi que la figure du poète, incarné par Jean Cocteau lui-même. L’absence de narration logiquement construire fait qu’il est possible de visionner ce film indépendamment des autres.
Il n’est pas précisé ici que le titre d’origine du film est Le Testament d’Orphée ou ne me demandez pas pourquoi. « Ne me demandez pas pourquoi » est une phrase particulièrement récurrente dans le film, souvent prononcée par le poète pour illustrer l’absence d’explication aux événements, dans le sens d’un « pourquoi? » « Pourquoi pas ».
Revenons à la page dédié au Testament d’Orphée: nous notons une fois encore la présence, particulièrement plaisante, d’illustration au sein d’un visuel épuré, lisible. La barre d’info sur le film présente une présentation de l’intrigue (évidemment pas un résumé complet de l’histoire). Ainsi que le casting (d’acteurs), les crédits et les informations sur le DVD en lui-même.
La 3ème partie concerne les postes récents sur ce film, nous avons ici une seule rédaction (« film essays »), de Jean Cocteau lui-même. Il s’agit de la préface de Two Screenplays: The Blood of a Poet and The Testament of Orpheus (1985) éditée par les éditons Marion Boyars. D’autres films regroupent plus de rédaction, comme Orphée avec un article de Mark Polizzotti, éditeur pour The Metropolitan Museum of Art et souvent cité pour ses travaux sur le surréalisme.
Enfin, la 4ème partie « My Criterion » implique les usagers du site, leur notes, leurs collections, leur « lists » (une playlist de film) regroupant par exemple les « Spiritual Poets », « Godard Favorites 1956-1965 » etc.
The Criterion Collection est donc un site plutôt complet, aux références et contenu plutôt sérieux, et pas seulement axé sur des enjeux commerciaux mais aussi sur l’implication des usagers ayant la possibilité de se constituer une bibliothèque de films, des films difficile à trouver car peu commercialisés. C’est malheureusement le cas pour certains films de Jean Cocteau, comme le Testament d’Orphée. Ce film clos la Trilogie d’Orphée par la mort du poète et constitue sans doute la réalisation la plus autobiographique de Jean-Cocteau ou il y projette sa propre mythologie.
Jean Cocteau à Menton
Les ressources numériques sérieuses uniquement dédiées à notre sujet, Jean Cocteau et le cinéma, étant assez rares, élargissons nos sources et intéressons-nous au site officiel du Musée Jean Cocteau – collection Séverin Wunderman de la ville de Menton, commune française du département des Alpes-Maritimes, dans laquelle Jean Cocteau séjourna et laissa la trace de son génie artistique multiforme.
Le site du Musée, hébergé par AMEN SASU, a été entièrement conçu par ce même Musée ouvert en 2011. Dans ses mentions légales, le Musée déclare que « les contenus du présent site représentent un volume important d’informations. Celles-ci sont régulièrement vérifiées » assurant la qualité d’un contenu riche et exact.
Le site présente bien sûr dans l’une de ses rubriques ses « informations pratiques » (horaires, tarifs, contacts, plan d’accès) que complète la rubrique « votre visite ». D’autre part, le site présente ses « évènements » comme l’exposition Lucien Clergue, Écritures de lumière du 3 février au 9 septembre 2013 ou encore le nouvel accrochage de Cocteau, « Rouge et Or », inauguré le 2 décembre 2012 et consacré à son théâtre.
La rubrique « Le musée » nous propose de découvrir sa structure mais aussi l’histoire de sa fondation, notamment grâce à Wunderman, passionné de Jean Cocteau, et qui sa vie durant collectionna des œuvres de l’artiste. Il fait don au futur Musée en 2003 d’une collection de 1800 pièces, dont 990 œuvres de Jean Cocteau, faisant du Musée la plus importante ressource publique mondiale de l’œuvre de Jean Cocteau. Cette collection est enrichie grâce à Lucien Clergue, photographe français et ami de Cocteau, qui fait don en 2011, à l’occasion de l’ouverture du Musée, de 240 photographies liées à l’œuvre de Jean Cocteau. Parmi elles on trouve de nombreuses photographies de tournage du Testament d’Orphée, dont une galerie, disponible en bas de la page dédiée au photographe, permet un bref aperçu.
Face à cette riche collection, le « parcours muséographique » propose chaque année un accrochage renouvelé de 250 œuvres parmi lesquelles des dessins, des photographies, des peintures et des extraits de films rendant compte des talents multiples de Cocteau.
Ainsi le nouvel accrochage « Rouge et Or », dont une présentation est disponible dans la rubrique « évènements » ou via « le Parcours Muséographique » (proposant une étude plus approfondie, néanmoins synthétique), a été inauguré le 2 décembre 2012 et se consacre tout particulièrement au théâtre de Jean Cocteau à travers six thèmes : « Le Mal Rouge et Or », « Vers une poésie de théâtre », « Les nouveaux monstres sacrés », « La tragédie revisitée », « Mettre en scène l’invisible », et « Le cinéma de théâtre ».
Cette dernière thématique se consacre à l’adaptation cinématographique de L’Aigle à deux têtes, des Parents terribles et d’Orphée, qui sont, bien plus qu’un théâtre filmé, « une nouvelle forme hybride de son œuvre : sa mise en scène cinématographique devient une mise en scène du regard, s’affranchissant de la distance que procure le théâtre », selon les mots du rédacteur de l’article. Sont exposés des extraits de films, des affiches originales, des photographies de tournage, ainsi que des maquettes de costumes réalisées par Yves Saint-Laurent pour L’Aigle à deux têtes prêtées au musée par la Fondation Yves Saint-Laurent.
Le Musée Jean Cocteau – collection Séverin Wunderman doit aussi sa fortune à son architecture que la page d’accueil met en valeur au détriment de l’œuvre. Le projet architectural de Rudy Ricciotti fut retenu en 2008 à l’issue du concours international lancé par Menton et reçut le Grand Prix National d’Architecture. La galerie, présente sur la page de ce projet architectural, permet de considérer ce vaste Musée de 2700 m² ainsi que son architecture design.
Enfin, une rubrique « Jean Cocteau » propose également une galerie, ainsi qu’une biographie de l’artiste et un article « Jean Cocteau à Menton » qui retrace sa vie et son activité à Menton des années 50 jusqu’à sa mort, ville dans laquelle il fut conduit à l’occasion de la création de la Biennale de la peinture et du Festival international de musique de chambre. Charmé par l’atmosphère de la ville, Cocteau s’y installa, et plus qu’un lieu de vie, Menton devint pour lui une source d’inspiration : il contribua entre autres à la restauration et à la décoration du Bastion qu’il choisit pour musée, encore ouvert aujourd’hui et en collaboration avec le Musée Jean Cocteau – collection Séverin Wunderman.
Bien que le site n’aborde pas en profondeur notre sujet, la richesse de la collection Séverin Wunderman, les thématiques abordées dans les expositions ainsi que la qualité du site apportent un matériau de poids dans la compréhension générale de l’oeuvre de Jean Cocteau ; oeuvre qui fut d’une richesse hors du commun et dont témoigne l’abondante collection de ce Musée.
Jean Cocteau et le cinéma : le merveilleux d’une rencontre
Article Jean Cocteau et le cinéma, consultable sur le blog du département recherche de l’Université de NY Paris.
Il s’agit du blog du département recherche de l’Université de New York Paris. NYU Paris est une sorte d’annexe de l’Université de New York à Paris. Les formations sont adressées aux étudiants spécialisés en culture et civilisation souhaitant réaliser une partie de leur cursus en France. Cette université existe depuis 1969 et joue aussi le rôle de « centre culturel » franco-américain.
La création de ce blog de Recherche semble assez récente (beaucoup de page sont en cours de construction) et la rubrique « Qui sommes-nous? » nous apprend que la liste des participant à la rédaction est en cours d’élaboration. Ce blog est un travail de collaboration entre « une centaine de professeurs, maîtres de conférences, chercheurs, artistes et étudiants français ». Les auteurs sont donc français, ce qui n’empêche pas la rédaction d’article en anglais. Il n’est pas si clairement s’il s’agit ici d’un travail individuel ou de celui d’une équipe, comprenant la rédaction commune des articles. Nous n’avons pas non plus d’information plus précise sur les auteurs même si certains articles sont signés (par des étudiants ? des chercheurs ?). Et ce d’autant plus que l’onglet « contact » renvoie à l’adresse de la directrice de la Recherche à NYU Paris, on ne sait pas si celle-ci est véritablement en charge de ce projet.
L’onglet « Séminaires » reprend la même présentation dite « générale » que l’on retrouve aussi en page d’accueil: « Privilégiant les réflexions novatrices sur les transferts culturels dans le cinéma, la littérature, l’art, les nouvelles technologies et les pratiques sociales ».
Le propos est complété quelques lignes plus loin par le discours suivant : « Les chercheurs, les professeurs, les doctorants, les étudiants, et les artistes de toutes disciplines sont appelés à travailler ensemble sur les grands enjeux sociétaux du XXIe siècle en privilégiant les approches transdisciplinaires conçues comme un dialogue entre disciplines sociales, scientifiques, artistiques franco-américaines ».
Il n’est pas évident de comprendre l’enjeu exact de ces publications. Cette deuxième partie de la présentation semble d’avantage concerner le travail d’ensemble, au sein de la formation universitaire, des étudiants et chercheurs. On ne sait donc pas si leurs recherches portent exclusivement sur le XXIe, les artistes franco-américains en particuliers…? Il est donc difficile de donner une définition exacte de cet objet d’étude.
Le terme de « séminaires » désigne ici un grand 1 parmi les catégories. Le grand 2 étant les événements exceptionnels, le 3 les publications, le 4 les colloques, le 5 les journées d’étude et le 6 les ressources. Pour une meilleure lisibilité ainsi qu’une meilleure compréhension il aurait été utile de mettre en avant les catégories et les articles y étant associés. Car toutes les publications sont finalement regroupées sous ce terme de séminaire – terme qui comprend plutôt la dimension d’un travail en groupe – et non pas celui d’article.
La partie « Séminaires » est la seule à posséder des sous-catégories. La navigation y est difficile en raison des thèmes particulièrement disparates. Certains renvoient à une série d’article, mais aussi à des articles présentant le programme – cette-fois ci- de séminaire.
L’article faisant l’objet de notre étude est compris dans la sous-catégorie n°3 : Littérature et Cinéma. L’article s’intitule Jean Cocteau et le cinéma et date du 1 janvier 2007 et écrit par Lydie Quaglia. Nous n’avons malheureusement pas plus d’information sur cet auteur ni dans quel cadre l’article a été proposé. Ce que l’on pourrait appeler un sous-titre « Le merveilleux d’une rencontre » figure en haut de page et suffit à nous donner le sujet du propos : la belle rencontre entre Cocteau et la réalisation cinématographique. Un vaste sujet donc, qui aurait sans doute requis plus de précision quant à une éventuelle problématique et de sélection des informations.
L’article commence par la citation suivante extrait du Journal (1942-1945) de Jean Cocteau : « […] Le cinéma, quelle écriture pour un poète ! Le texte n’est pas l’écriture dont je parle. C’est l’image, la chasse à l’image et la manière dont ces images s’emboîtent et forment la chaîne d’amour. » Cocteau l’a bien dit et redit, que ce soit en parole ou en image : il est un poète. L’auteur de l’artiste convient « d’insister sur un aspect qui différencie Cocteau des autres écrivains. Car justement, Cocteau n’est pas vraiment un écrivain. » Il est poète, et fait de la « poésie littéraire, plastique et cinématographique ». L’auteur en vient ainsi à parler sur cet article multiple qu’est Jean Cocteau et insiste aussi sur la pratique de différents arts, la capacité de décloisonner, entre autres, le cinéma et la poésie.
L’auteur s’intéresse ensuite au processus de création, cette « force inconnue » que l’on retrouve au sein de son œuvre, et dont lui-même parle dans de nombreux écrit. L’auteur s’appuie sur de justes citations comme nous l’indique les notes : certes numérotées mais peu fournies, renvoyant en plus de cela à des liens mort (bien qu’on les retrouve en bas de page).
La création cinématographique pour Cocteau serait une véritable « bouffé d’oxygène » dans le sens ou « contrairement à l’écriture, le cinématographe n’est pas un art individuel et solitaire mais collectif ». Cocteau disait en effet, en voix off, dans Le Testament d’Orphée, que l’atout du cinématographe était de permettre aux personnes de vivre ensemble le même rêve.
Cet article a pour défaut d’être quelque peu inattendu dans le sens ou le sujet n’est pas rattaché à un ensemble ou à une présentation plus précise. Le propos de l’article n’est de plus pas annoncé, nous notons l’absence de référence bibliographique, ou d’un lien pour citer. Malgré cela, richesse du contenu ainsi que la plume de son auteur nous conduit à placer cet article parmi les plus intéressants. La justesse du propos et le choix de thèmes habituellement peu traités constituent effectivement un bon résumé de la rencontre de Jean Cocteau avec le cinéma. Parmi ces termes abordés, et outre ceux déjà évoqués figurent les suivant : le retour à l’enfance, le tournage de la Belle et la Bête, la « paternité » de Cocteau pour ses films, son travail de scénariste… L’auteur parle également de la façon dont il conçoit le cinéma comme une forme de littérature, avec toujours se mélange des différents arts, dans le but d’apporter une légitimation plus forte au cinéma. Il est également mentionné la distinction que Jean Cocteau faisait entre cinéma et cinématographe ainsi qu’une autre question, qui pourrait faire l’objet d’une étude : Cocteau est-il un artiste moderne ? Il est en effet à la limite d’une modernité apparue au cinéma dans les années 1960-1970.
Nous recommandons ainsi ce bref et non moins intéressant article, sur un site difficile à naviguer, mais aux sujets d’études originaux pouvant suscite l’intérêt d’un large public.
L’invisible chez Coteau
OpenEdition est le portait d’OpenEdition Books, Revue.org, Hypothèses et Calenda, quatre plates-formes dédiées aux ressources numériques dans le domaine des humanités et des sciences sociales.
Entrelacs est une revue annuelle, hébergée par revue.org, éditée en ligne grâce au Centre pour l’édition électronique ouverte (CLEO, Open dédition, CNRS). Cette revue est proposée par l’École Supérieure d’Audiovisuel (ESAV) et l’équipe Esthétique du Laboratoire de Recherche en Audiovisuel (LARA) de l’Université de Toulouse II le Mirail. Le directeur de cette publication est Pierre Arbus, enseignant chercheur à l’ESAV.
Entrelacs est le lieu de publication, de valorisation des travaux dans le domaine de la création-recherche dans tous les champs du cinéma et de l’audiovisuel. La revue est essentiellement destinée à des créateurs dans ce domaine, des enseignants-chercheurs, des docteurs et des doctorants comme c’est le cas pour Rana El Gharbie qui à rédigé l’article L’invisible…Dans le cinéma de Jean Cocteau faisant l’objet de notre étude.
Cet article est contenu dans le 8e numéro de Entrelacs qui adopte une présentation épurée, facilement abordable et lisible. C’est du moins le cas pour l’article qui présente bien distinctement un résumé, un plan, le texte, des notes, citation, et auteur(s). Pour ce qui est du site en lui-même la navigation est bien moins évidente avec 3 barres de navigation en haut de page en plus de la colonne de gauche, accolé à l’article. Les articles ne sont pas rangés en thème ou en catégories, on observe surtout une série de titres un peu floues, plutôt longs, sans savoir exactement à quoi se référer.
Le site possède deux barres de recherche, l’une concernant la totalité d’OpenEdition, l’autre dédiée aux recherches internes dans Entrelacs. Or on se rend compte que l’une comme l’autre renvoient à la même page, sur le portail d’OpenEdition.
La barre de navigation située tout en haut renvoie à OpenEdition ainsi que tous les cites qui y sont rattachés: OpenEdition Books, Revue.org, Calenda, Hypothèses, avec à côté une souscription pour s’abonner à la Lettre d’OpenEdtion et un autre onglet qui dirige vers le programme Freemium d’OpenEdition.
En dessous, la seconde barre de navigation concerne directement l’article consulté, avec les informations, références, la possibilité de télécharger l’article au format PDF ainsi que des icônes pour partager l’article (sur Twitter, Facebook…). La 3ème barre, qui serait sans doute bienvenue en deuxième position, concerne Entrelacs avec Accueil > Numéros > 8 > *nom de l’article* qui permet de situer celui-ci dans le site.
En ce qui concerne la forme de l’article en elle-même, comme nous l’avons dit précédemment, celle-ci permet une grande visibilité: avec l’annonce du plan, chaque partie renvoyant au passage concerné. Seule l’introduction n’est pas véritablement indiquée, mais le résumé suffit à saisir le contenu général de l’article. Au niveau du texte intégral on retrouve une icône pour agrandir le texte, pour l’imprimer, l’envoyer par courrier électronique, ou encore le convertir en format PDF. Une grande attention semble accordée au partage et à l’appropriation du contenu. Les notes que comporte le texte sont à la fois signalées dans la marge et à la fois en bas du texte. Chaque numéro renvoyant directement, par défilement, à la note concernée.
Le texte débute avec une citation de Jean Cocteau qui semble presque, à elle seule, justifier la raison d’être d’une telle étude: « Il n’est pas impossible que le cinéma puisse un jour filmer l’invisible, le rendre visible, le ramener à notre rythme, comme il ramène à notre rythme la gesticulation des fleurs. » Ce serait là le « défi » que Cocteau aurait lancer au cinéma, soit « filmer l’invisible« . Or la citation n’est pas ici clairement explicité: le cinéma révèle en réalité l’invisible, fait apparaître quelque chose au sein de cette œuvre. Le cinéma à la capacité de découper un mouvement, Cocteau prend ici l’exemple de la gesticulation des fleurs. Ainsi le cinéma permettrait cette décomposition du mouvement dans le temps, nous permettant d’observer ce que d’ordinaire on ne voit pas. Mais Cocteau ne donne pas sa propre définition de ce qu’est l’invisible, et c’est aussi le grand défaut de l’article que de ne pas le faire. L’invisible est le sujet même de ce texte et aucune définition n’est proposée. On ne comprend que dans la première partie (La théorie de l’invisible dans les écrits de Jean Cocteau) que l’auteur entend par « invisible » la partie intime de Jean Cocteau, en contraste avec son personnage physique bien trop public. Mais cela est-il vraiment le sens de la phrase de Cocteau? Parler de son ressenti intime à lui seul face aux critiques de personnes comme André Gide, André Breton?
L’auteur poursuit son explication ainsi : « Cocteau réussit donc à transformer cette invisibilité en une dynamique personnelle jusqu’à en faire un concept fondamental de son œuvre. » Nous dirions plutôt que c’est ici l’auteur qui fait de cette invisibilité la dynamique de son œuvre. « L’œuvre d’art est pour Jean Cocteau substantiellement invisible. Si l’invisibilité rime avec l’incompréhension, le poète en fait l’essence de sa création puisqu’il met « au doigt de [son] œuvre l’anneau qui donne l’invisibilité». Là en revanche nous touchons du doigt l’intérêt du sujet: l’œuvre d’art est substantiellement invisible. L’invisibilité n’induit cependant pas une incompréhension, si Cocteau met « au doigt de [son] œuvre l’anneau qui donne l’invisibilité » ce n’est pas dans le but de la cacher. L’auteur a cité la référence de cette phrase de Cocteau sans pour autant faire le lien avec l’anneau de Gygès de Platon, également appelé « l’anneau d’invisibilité ».
Pour revenir à la question de l’invisible, l’auteur poursuit en ces terme « Cocteau choisit le cinématographe pour rendre visible son invisibilité. Il va à la rencontre de l’inconnu pour filmer l’invisible. » C’est le moment idéal pour d’avantage expliciter cette problématique, cependant le lecteur se trouve perdu en étant directement projeté dans un 2ème partie « La création et la mort ou l’imaginaire du poète » qui ne semble pas faire le lien.
Nous dirons qu’en réalité, ici, l’œuvre cinématographique de Cocteau est le lieu de l’apparaître. Qu’est-ce qui apparaît dans cette œuvre/dans le contact avec l’œuvre? L’un des terme est polysémique l’autre est polémique. L’œuvre d’art est un objet crée par un homme doué de talent/génie, ayant une signification et dépassant la pure utilité. Au sens classique l’œuvre d’art est le résultat d’une activité créatrice visant à exprimer un idéal esthétique. Quel rapport existe-t-il entre cette expression et l’apparaître ? Autrement dit l’expression est-elle une reprise, une copie de ce qui apparaît dans la nature ou bien est-elle ce qui fait apparaître ? L’œuvre cinématographique est un objet crée avec l’intention de signifier quelque chose, elle est le lieu d’un sens et elle est faite pour apparaître, c’est-à-dire pour être perçue. Cette oeuvre d’art est faite pour apparaître et est aussi faite par l’apparaître et fait elle-même apparaître quelque chose.
Apparaître signifie se montrer, paraître comme, donc sembler ou prendre une apparence (sens platonicien). Un autre sens : apparaître signifie se révéler, devenir visible, se dévoiler. Un Troisième sens : apparaître signifie venir à l’être, commencer d’exister. Le premier sens me demande : l’œuvre d’art me présente-t-elle une apparence superficielle, mensongère ou au contraire l’œuvre d’art nous révèle-t-elle un être qui reste caché hors d’elle ? Comme le dit l’article, Cocteau questionne justement ce rapport entre le réel et l’imaginaire.
L’autre solution est l’œuvre d’art amène-t-elle quelque chose à l’être ? Quel est le sens de l’œuvre d’art, est-elle représentation/expression/création chez Cocteau ? Des éléments de réponses apparaissent dans la conclusion de l’article sans pour autant être véritablement traités: « Cocteau filme l’invisible pour se rendre paradoxalement visible. Les images de ses films, notamment de son cycle orphique, baignent entièrement dans l’imaginaire du poète cinéaste. Ils rappellent sa difficulté d’être et analysent les secrets de son mécanisme créateur. Accusé d’être excessivement visible, le poète rectifie son image trop apparente, trop irréelle. Il demande au spectateur de rendre visible son invisibilité, de mettre en avant son être et de condamner son paraître ».
Ce qui nous amène à compléter et à dire que l’œuvre cinématographique de Cocteau est la manifestation de sa subjectivité. La dialectique apparaître/cinéma: le film amène l’être à la présence. Le film fait être ce qu’il supporte et s’efface derrière lui. Ainsi cet art qu’est le film peut créer la beauté, et surtout, chez Jean Cocteau, la poésie.
Ainsi nous proposons sans doute ici qu’une autre vision de ce sujet que l’on ne jugera qu’à moitié traité dans cet article qui regroupe pourtant l’essentiel des éléments de l’esthétique et de la démarche de Jean Cocteau. Néanmoins, ce texte est utile pour avoir un aperçu global des grandes thématiques de son œuvre, avec quelques éléments d’analyse et un regard surtout centré sur Le sang d’un poète et Le Testament d’Orphée.