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8 1/2 de Federico Fellini : la ronde de la vie
8 1/2 (1963) de Federico Fellini est une confession publique énoncée dans le langage du rêve. Peu de films parviennent à consacrer l’alliance du cinéma et de la vie intime d’un réalisateur avec cette grâce. On sait qu’il s’agit du huitième film et demi de Fellini et que celui-ci eut l’idée, à première vue présomptueuse, de faire de sa propre crise d’inspiration la matière d’un film. Aussi se met-il en scène, ou plutôt une version sublimée de lui-même, à travers le personnage du cinéaste Guido Anselmi, incarné par Marcello Mastroianni, son alter ego depuis La Dolce Vita (1960). Hanté par ses rêves, poursuivi par les actrices, les auteurs, les journalistes, les producteurs, les intellectuels, mille et un quémandeurs enfin, qui gravitent autour du film qu’il prépare, Guido entre en cure thermale en espérant recouvrer l’inspiration qui l’a abandonné.
8 1/2 est un film si riche qu’on ne sait par quel bout le prendre. Il y a d’abord cette extraordinaire beauté formelle que le film déploie dans les décors somptueux de Piero Gherardi, un ancien architecte qui fut un artiste à part entière. Le noir et blanc du chef-opérateur Gianni di Venanzo est inouï, avec comme souvent chez Fellini un blanc lumineux et éclatant, un blanc virginal dont il attend peut-être une renaissance. Au son de La Chevauchée des Walkyries de Wagner (Fellini se moque gentiment des files d’attente de curistes), du Barbier de Séville de Rossini ou de Casse-Noisette de Tchaïkovski, la caméra évolue entre les groupes de patients de la cure avec une grâce de danseuse, constamment en mouvement, comme une invité participant aux festivités. C’est une caméra souvent subjective qui tourne régulièrement sur elle-même, selon un harmonieux mouvement de ronde, faisant du monde une prison d’yeux pour Guido : il est assailli par les questions que réclame la production en cours et épié par les patients de la cure qui le dévisagent du fait de sa notoriété. De sorte que cette ronde est un cercle qui l’emprisonne. Un des enjeux du film sera pour lui de devenir le maitre de cérémonie du tourbillon ambiant en dirigeant lui-même le mouvement du cercle, en redevenant metteur en scène, ce qu’il parviendra à faire à la fin. Truffaut disait que c’était un des films qui montraient le mieux la difficulté de faire un film – peut-être que s’il n’y avait pas eu 8 1/2, il n’y aurait pas eu La Nuit Américaine (1973), du moins sous cette forme là. Mais réduire 8 1/2 à un film sur la création et ses difficultés serait manquer l’essentiel. 8 1/2 est d’abord pour Fellini un plaidoyer pro modo où il affirme son credo cinématographique et ensuite, sur un plan plus personnel, une déclaration d’amour à sa femme Giulietta.
Dans le film, Guido travaille avec l’écrivain français Daumier, un intellectuel pédant et ennuyeux qui ne cesse de lui reprocher la faiblesse théorique de sa pensée, affirmant que « le cinéma a cinquante ans de retard sur les autres arts » et se moquant des symboles figuratifs que Guido veut insérer dans son film. Ce qui l’insupporte en particulier, c’est le désir de Guido d’évoquer des souvenirs d’enfance, désir qui lui parait infantile et sans utilité pour les débats théoriques et politiques de l’époque. Ce type de figure intransigeante est très représentatif des débats intellectuels d’alors et Fellini était régulièrement critiqué pour son absence de positionnement politique en particulier vis-à-vis du marxisme qui fondait l’horizon d’une partie significative de l’intelligentsia et du milieu du cinéma (d’où sa rivalité médiatique avec Visconti qui était lui communiste auto-proclamé).
A ces considérations abstraites et partisanes, Fellini oppose la primauté du rêve et des souvenirs d’enfance, ce qui d’un certain point de vue est presque la même chose. Fellini, qui suivait une psychanalyste jungienne, était un fidèle des enseignements de Jung. Or, pour ce dernier, les mythes sont le langage du rêve, mais aussi le langage de l’enfance de l’humanité, ce qui autorisait une analogie entre les fantasmes de l’enfant, les mythes antiques et les rêves. A cette aune, lorsque nous rêvons, nous réutiliserions sans le savoir le langage commun de l’humanité primitive qui survit en nous. Dès lors, lorsque Fellini filme ses souvenirs d’enfance dans Huit et demi, ce ne serait pas sous l’effet d’une nostalgie infantile du paradis perdu de l’enfance qui n’aurait de sens que pour lui, mais en prétendant s’adresser par le langage du rêve à ses spectateurs qui peuvent le comprendre intuitivement.
De fait, les deux scènes de souvenirs d’enfance de Guido comptent parmi les plus belles du film. La première montre Guido au bain avec sa mère, qui le couche ensuite tendrement, lui le plus beau de ses enfants. Sa grande soeur, dans leur chambre, lui propose ensuite de trouver un trésor dont le sésame est la formule Asa Nisi Masa (code secret faisant référence à l’anima de Jung, soit la représentation de la femme dans l’imaginaire collectif de l’homme). Le second souvenir a trait aux premiers émois érotiques de Guido écolier assistant à la danse lascive d’une femme aux formes généreuses sur une plage, la Saraghina. Surpris par les prêtres de son école catholique, Guido est vertement sermonné : le pêché de chair serait un pêché mortel et la Saraghina « le diable ». Ces deux scènes ne servent pas seulement à nous donner une idée de la psychologie fellinienne, elles illustrent aussi la psyché collective italienne de l’époque dans sa représentation de la femme (à la fois mère tendre et tentatrice) et de l’église (mère du sentiment de culpabilité). Ainsi que le lui reproche le prélat du film, Fellini mêle l’amour sacré et l’amour profane, et peu lui importe qu’il se fasse « complice » ce faisant de la conscience catholique italienne comme l’affirme Daumier.
Claudia Cardinale, qui apparait régulièrement à Guido sous la forme d’un ange de la jeunesse et de la pureté, représente ici l’idéal féminin tel que Fellini se le figure – l’actrice possède en même temps quelque chose d’innocent et quelque chose de charnel. Voilà qui peut paraitre simplificateur, et pourtant c’est par l’usage de ces représentations simples que le film touche à l’universel. Il en va de même dans le rêve du début, chacun peut comprendre, sans avoir besoin de lire Jung, que cet homme coincé dans un embouteillage et qui s’envole soudain dans le ciel représente l’aspiration à la liberté que l’on peut ressentir pendant sa vie quand les responsabilités et les attentes se font trop pressantes. Aussi bien, quand Daumier déclare qu’« il faut en finir avec les symboles, la pureté, l’innocence, l’évasion », Fellini se prémunit par avance contre la critique du symbolisme en l’intégrant au film et en montrant, en guise de réponse, ce que ces symboles ont de beau et d’attachant. Les rêves du film semblent souvent se dérouler sur une scène, grâce à des plans larges à l’impressionnante profondeur de champ, ce qui leur confère cette dimension symbolique qu’acquièrent les gestes tendrement répétés. Ils sont moins rêves compensatoires que sublimation par l’art de la duplicité coupable de Guido. Dans quel but ? Nous y venons.
Car l’autre versant du film est des plus intimes : Fellini met en scène sa propre infidélité et ses démêlés conjugaux. C’était un mari volage et de l’avis de son biographe italien Tullio Kezich qui le connaissait, Carla (Sandra Milo), maitresse de Guido dans le film, possédait les formes d’Anna, la maitresse de Fellini. Les scènes entre Guido et sa femme Luisa (Anouk Aimée) font aussi écho aux disputes de Fellini avec sa femme Giulietta Masina qui connaissait ses aventures, de même que le tout cinéma italien. D’aucuns trouveront peut-être impudique d’étaler ainsi sur la place publique ce qui devrait appartenir aux secrets du foyer. Objection valable sur le plan des principes mais qui ne tient pas compte du contexte : puisque les frasques de Fellini étaient de notoriété publique autant tâcher de se faire pardonner sans plus cacher ce qui ne peut l’être. Certes, Fellini a la complaisance d’avoir choisi pour alter ego le plus bel acteur italien et Mastroianni fait assaut de charme tout le film durant. Mais la crise artistique qu’évoque le film renvoie à la crise existentielle et conjugale que traversait Fellini dans la réalité et cette mise en abyme contribue à rendre le film émouvant et sincère. Reste-t-on menteur quand on se confesse menteur, l’absolution (qu’accorde l’Eglise justement ; on en revient à la conscience catholique italienne) est-elle possible ?
Si l’on pose l’hypothèse que Huit et demi est véritablement la confession publique de celui que l’église traita de « pêcheur public » à la sortie polémique de La Dolce Vita, alors on peut voir que Fellini ne s’y ménage pas. Guido est entouré de femmes qu’il traite avec bien peu d’attentions comme l’atteste le célèbre rêve du harem, scène un peu longue du reste, qui est sauvée par son humour et sa chute où le sort d’une vieille actrice en devient le vrai sujet. Voyez aussi les scènes entre lui et l’actrice française censée jouer un rôle dans le film de science-fiction qu’il prépare. Elle lui demande de quoi son rôle retourne, puis devant son mutisme, essaie tant bien que mal d’attirer son attention, se justifiant de ses choix, évoquant le couperet de l’âge pour une actrice. Lui demeure indifférent, absent, l’humiliant par ses silences et sa manière de se défausser systématiquement sur un autre. Voyez encore la scène du café avec Luisa où il s’emporte en assurant que tout est fini entre lui et sa maitresse depuis trois ans alors qu’elle se trouve assise à quelques mètres de distance, attendant l’occasion. Maitresse dont il semble d’ailleurs tenir l’intellect en piètre estime.
Or, après s’être ainsi assigné le mauvais rôle, Fellini/Guido demande à sa femme de patienter encore un petit peu dans le dernier tiers du film, de supporter une dernière fois ses frasques car ce seront ses dernières une fois qu’il aura appris de nouveau à vivre. Il lui demande pardon car c’est par elle qu’il peut réapprendre à vivre. Une scène en particulier supporte cette interprétation. Toute la troupe se retrouve sur le plateau du film que doit réaliser Guido, qui en a oublié le sujet. Or, ce plateau où se trouve une fusée, est situé sur une plage, comme à la fin de La Dolce Vita. Dans ce dernier film, le visage d’une jeune fille portait l’espérance que la vie pouvait peut-être, malgré tout, recommencer pour Marcello. Dans 8 1/2, c’est le visage de Luisa, la femme de Guido/Fellini qui joue ce rôle, c’est son visage que la caméra recherche à cet instant car c’est elle l’espérance. Disparue, la femme idéale incarnée par Claudia Cardinale, réduite au rôle de figurante la maitresse opulente jouée par Sandra Milo. Luisa revient au premier plan, peut-être prête à pardonner : elle accepte de rentrer de nouveau dans la ronde de la vie orchestrée par Guido. Et Guido/Fellini de pouvoir enfin redevenir le metteur en scène de sa propre vie, porte-voix à la main, ce porte-voix qu’il maniait sur les plateaux, alors que retentit la fanfare de la splendide musique de Nino Rota. Il faut croire que Giulietta trouva ce film génial convaincant, au moins à moitié, puisqu’elle ne quitta pas son mari, lequel allait même lui offrir un de ses plus beaux rôles dans le très beau Juliette des Esprits (1965), pendant féminin de 8 1/2 où ce sont cette fois les rêves des femmes qui sont mis en scène. Une idée fort jungienne là aussi.
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Huit et demi (1963) de Federico Fellini
TITRE ORIGINAL : « 8 1/2 »
Réalisateur connu dont on attend le prochain film, Guido est en proie à une crise de la quarantaine particulièrement aigüe. Tout s’embrouille pour lui. Ecartelé entre plusieurs femmes, ne sachant plus faire la part du rêve et de la réalité, il est harcelé par les acteurs et les intervenants de son prochain film qui devait être en grande partie autobiographique mais auquel il ne sait plus quelle direction donner… Huit et demi (le titre original était La Bella Confusione, Le Beau Désordre) est le film le plus autobiographique de Federico Fellini : le cinéaste a connu une crise similaire pendant le tournage de La Strada. Ce qui, en d’autres mains aurait été d’une déprimante tristesse, devient avec Fellini une grande fresque tourbillonnante et foisonnante sur les affres de la création et, surtout, sur la recherche de l’équilibre intérieur. Souvenirs, rêves et fantasmes sont l’occasion de superbes scènes, fééries qui sont les seules à apaiser l’esprit tourmenté de Guido. La fin peut s’interpréter de plusieurs façons (1). Claudia Cardinale, en idéal fantasmé d’une fraîcheur perdue, est d’une beauté virginale. L’image de Mastroianni avec chapeau et lunettes est devenue iconique. Le thème final de Nino Rota est aujourd’hui l’une des musiques des plus célèbres de toute l’histoire du cinéma. Huit et demi fait partie de ces films que l’on peut voir et revoir avec toujours le même plaisir.
Elle:
Lui :
Remarque :
* Plusieurs explications ont été avancées pour le titre du film. La plus couramment acceptée est que Fellini avait auparavant réalisé 6 films et 3 « demi-films » (coréalisations, films à sketches). Huit et demi est donc son « huitième et demi » film… Mais 8 1/2 pourrait aussi être l’âge du jeune Guido lors de ses premiers émois sexuels, le nombre de bobines du film ou encore la focale d’ouverture utilisée sur la plage d’Ostie. Une dernière explication : le chiffre 9 représenterait la maitresse de Guido (cf. Bus 99 dans la scène d’ouverture juste avant de la voir dans une voiture), le chiffre 8 représenterait la femme de Guido (cf. 8 8 ostensiblement présent sur plusieurs affiches lors de sa première apparition), or Guido est écartelé entre ces deux femmes, d’où le 8 1/2. Même si cette dernière explication peut sembler alambiquée, ces chiffres ne sont pas là par hasard…
(1) Tullio Pinelli, coscénariste, a raconté qu’initialement Fellini avait prévu de terminer son film par un suicide sous la table.
Marcello Mastroianni dans Huit et demi de Federico Fellini.
Claudia Cardinale dans Huit et demi de Federico Fellini.
Anouk Aimée (avec le fameux chiffre 8 en arrière plan) dans Huit et demi de Federico Fellini.
La scene d’ouverture du film est ma preferee de tous les films que j’ai vus et est d’une force enorme. Guido coince dans un embouteillage dans un tunnel romain, il tente de sortir de sa voiture desesperement alors que de la fumee envahit l’habitacle du vehicule et tous les gens autours le regardent et ne font rien et puis il s’evade on ne sait trop comment pour se retrouver en cerf-volant avant de chuter dans la mer et de se reveiller. C’est bien simple, j’adore et je ne me lasse jamais de voir cette scene quand je revois le film ou de la revisualiser dans ma tete comme je le fais actuellement alors que j’ecris ces lignes. Il y a ce plan magnifique ou on voit la silhouette de Mastroianni, tout de noir vetu, avec son chapeau et son echarpe flottant au vent, qui glisse litteralement sur les voitures embouteillees et sort du tunnel pour s’envoler. C’est tellement beau visuellement! Et puis, on entend le vent qui est le seul son accompagnant cette scene. A ce sujet, je n’ai jamais lu quelque part que l’on retrouve tres souvent dans les films de Fellini le son du vent qui souffle, ce qui est curieux car c’est une constante dans son oeuvre.
Cette scene d’ouverture est grandiose et est une superbe entree en matiere pour un film qui est un des plus beaux du cinema et une tres magnifique reflexion sur les affres de la creation. Comme dans la chanson de Brigitte Bardot, je manque d’adjectifs pour qualifier ce film.
films
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Huit et demi
Septembre 1962. Il fait chaud et lourd à Rome. A la sortie d'un tunnel, la circulation est paralysée par un gigantesque embouteillage. À l'intérieur d'une des voitures immobilisées, un homme suffoque, l'habitacle est envahi de fumée et pas moyen d'ouvrir porte ou fenêtre. Les passagers des autres véhiculent l'observent indifférents. L'homme grimpe sur le toit s'élève dans les airs. Attaché à un filin comme un cerf-volant, il survole une plage. Un homme maintient l'autre bout de la corde et un étrange cavalier lui ordonne de procéder à la chute mortelle : ce qui fait tomber comme une pierre l'homme des airs dans la mer.
Ce n'était qu'un cauchemar. Guido Ansemi, réalisateur célèbre de 43 ans, est en cure de repos dans un établissement thermale où on lui prescrit de l'eau et des bains de boue. Daumier, un intellectuel qu'il a fait venir pour revoir son scénario, préfère lui donner rendez-vous à la source thermale. Là se rassemblent les curistes alors qu'un orchestre joue la chevauchée des Walkyrie et un air du Barbier de Séville de Rossini. Alors que Guido s'approche des infirmières qui distribuent l'eau thermale, il baisse ses lunettes de soleil et voit apparaitre la belle Claudia, toute de blanc vêtue qui lui tend un verre d'eau. L'apparition cesse bientôt. Guido discute alors avec Daumier qui reproche au scenario existant de manquer de problématique ou de prémisses philosophiques. Ce qui fait du film une suite d'épisodes gratuits voire amusants, en raison de leur réalisme ambigu. On se demande ce que veulent les auteurs. Pauvreté de l'inspiration poétique, preuve la plus pathétique que le cinéma a 50 ans de retard sur tous les autres arts. Le sujet n'a même pas la qualité d'un film d'avant- garde, alors qu'il en présente tous les défauts. Guido ne sait plus pourquoi il veut faire le film. Il aperçoit alors son ami Mario Mezzabotta. Il est en compagnie de Gloria Morin, étudiante en philosophie aspirant à devenir actrice. Il attend l'annulation de son mariage qui dure pourtant depuis onze ans. A la gare, Guido lit les commentaires peu amène de Daumier sur son scenario (les apparitions de la jeune fille à la source que signifient-elles ? Une offre de pureté, de chaleur; de tous les symboles de votre histoire, celui-ci est le pire) en attendant Carla sa maîtresse qu'il a logé secrètement et modestement à l'hôtel de la gare. Ils font l'amour puis, alors que Carla lit des bandes-dessinées, il voit sa mère en rêve. Elle nettoie la tombe du père; celui-ci lui apparait aussi se plaignant d'être un peu à l'étroit dans son tombeau. Il demande des nouvelles de son fils au producteur Pace et à Conocchia, le directeur de la production et lui souhaite de continuer à être heureux avec sa femme; il s'enterre, la mère s'approche, embrasse son fils sur la bouche, c'est Luisa qui apparait alors, meurtrie qu'il ne l'ait pas tout d'abord reconnue.
Guido rentre à son hôtel. Dans l'ascendeur, il croise le cardinal alors que dans le hall Agostini, son assistant lui présente trois petits vieux attendent pour le rôle de son père. Arrive Cesare, l'impresario de Claudia, Conocchia s'inquiète du cout de l'aéronef, Madeleine et son impresario et Carini, un critique cinéma accompagné de sa femme qui écrit pour un journal féminin et une femme mystérieuse en blanc; Le producteur accompagné de sa starlette qui lui offre une montre
Soirée de gala devant la source. Mario et sa jeune fiancée dansent. Le critique l'interroge sur le lien entre catholicisme et marxisme. L'Italie est-elle, oui ou non, foncièrement catholique ? Madeleine est très déçue de n'être prévue que pour pas davantage que cinq à sept scènes. Carla solitaire mange une glace alors que le critique demande s'il pourrait créer une œuvre vraie, importante et belle à la demande du pape. Un magicien avec son acolyte, Maria, devine les pensées des invités ce qui les fait fuir. Guido s'y prête il pense à "Asa Nisi Masa" (Anima sans les sa si javanais). A cinq ans, il ne voulait pas du bain de vin, censé donner des forces. La nuit da sœur lui avait dit que le portrait de la chambre allait s'animer et la direction de ses yeux indiquer le trésor caché.
Guido rentre à son hôtel où on lui indique que sa femme a appelé. Il retrouve madeleine inquiète pour son rôle et Mezzabotta qui joue du jazz pour sa compagne. C'est Rossella l'amie de Luisa qui lui parle au téléphone puis celle-ci qu'il invite sur le tournage. Rend visite à l'étage de la production. Joyeux mais Conocchia renonce. En rentrant dans sa chambre, il se demande si la crise d'inspiration n'est que passagère. Mais Claudia surgit de derrière les rideaux et lui prépare le lit avec dévotion. Elle serait donc pureté, spontanéité. Il l'imagine fille de gardien de musée. Elle en rit lui aussi, elle le borde et s'allonge : elle est venue pour ne plus repartir et mettre de l'ordre, faire place nette. Mais Carla l'appelle au téléphone l'eau médicinale l'a rendu malade. Il se rend sur place mais s'inquiète surtout sur ce qu'il devra dire demain au cardinal. Il veut faire se rencontrer son personnage principal avec un prince de l'église lors d'un bain de boue .Il y apprendra une vérité qu'il réfute bien qu'elle le fasciné .saint Paul sur le chemin de Damas pense l'entourage du cardinal, surtout intéressé par l'oiseau Diomède. Une femme du peuple lui fait penser à ses huit ans au collège. Ses camarades l'entrainèrent pour voir la Saraghina, grosse femme sauvage vivant dans un bunker sur la plage danser la rumba pour quelques sous. Dans une poursuite burlesque, il avait tenté d'échapper aux curés. Il avait finalement dû affronter un tribunal ecclésiastique où sa mère avait pleuré puis condamné à l'écriteau "honte" porté sur le dos puis à l'humiliation devant ses camarades au réfectoire s'était confessé puis était venu dire adieu à la Saraghina sur la plage
Daumier en interroge le sens : juste un souvenir d'enfance rien à voir avec une conscience critique, sur le catholicisme en Italie, niveau culturel trop bas, sa tendre ignorance est trop négative souvenirs baignés de nostalgie, vos évocations naïves et émotives sont celles d'un complice, il faut être un Suétone au temps des césars (le cardinal plaisante) et non partir avec l'ambition de dénoncer pour aboutir à la connivence du complice. "Quelle confusion, quelle ambigüité !" conclut-il.
La cure de ce matin-là ressemble bien aux thèmes romains, le producteur lui demande d'être clair dans l'explicitation de son thème : la confusion dans l'esprit d'un homme. Rêve ou réalité: Guido est appelée pour voir le cardinal. Son assistant lui demande d'intercéder pour des dispenses. Guido confie n'être pas heureux, ce n'est pas une finalité réplique le cardinal, hors de l'église point de salut
Au Grand hôtel La Ponte, il y a concert. Dans la rue, Guido retrouve Luisa devant une salle des ventes. Elle est venue avec Rossella, Enrico, son soupirant, et Tilde. Le soir ils dansent ensemble heureux puis, soudain, alors que le départ pour l'astronef s'organise, son humeur s'assombrit.
L'astronef mesure maintenant 70 mètres et doit être prêt pour le 20, 400 tonnes de béton armé sur le sol de sable pour 80 millions de lires (10 appartements). Sur une terre ravagée par la guerre nucléaire, l'astronef fuit la peste atomique, l'humanité cherche asile sur une autre planète plus de 10 000 figurants.
Le soir à l'hôtel, Luisa lui explique qu'elle a vu Carla; ils s'endorment fâchés. Le lendemain Carla est sur la place, il nie l'avoir fait venir. Puis, il s'imagine que les deux femmes se rencontrent et s'apprécient. Sa vie est comme dans un grand harem où il distribue les cadeaux. Sa femme lave le sol et l'aime et sont là toutes les femmes de sa vie même une hawaïenne que Luisa lui a ramené car il en parlait. Jacqueline a 28 ans. Elle doit être conduite à l'étage du dessus. Toutes les femmes vont dormir et Luisa lave encore.
Dans le théâtre de la ville on visionne les rushes. Guido ne sait pas choisir. En rêve Il pend Daumier. Les essais ne sont pas très convaincants. Tous s'énervent mais arrive Carla, il l'emmène se promener en voiture puis sur une place où il tente de lui expliquer son rôle.
C'est la conférence de presse du premier jour de tournage. Guido est tétanisé. Il rêve qu'on lui procure un revolver pour se suicider sous la table. Il renonce. Daumier le conforte dans son abandon prônant le choix de la page blanche pour l'intellectuel responsable.
Mais le magicien arrive et le félicite et Claudia apparait. Daumier tente vainement de le décourager de recoudre les lambeaux de sa vie : ces vagues souvenirs des visages des êtres qu'il n'a pas su aimer. Mais Guido suit le magicien : "Quel est ce bonheur qui me fait trembler, me redonne force et vie ? Pardon douces créatures, je n'avais pas compris, je ne savais pas qu'il est naturel de vous accepter, de vous aimer et que c'est simple. Luisa je me sens délivré. Tout me semble bon, tout a un sens, tout est vrai j'aimerais tant pouvoir t'expliquer mais comment ?"
Et voilà que tout redevint comme avant tout est de nouveau confus. Le magicien fait allumer les projecteurs et Guido réaffirme alors : "Mais cette confusion, c'est moi. Moi tel que je suis et non tel que je me voudrais et cela ne m'effraie plus. Dire la vérité, ce que j'ignore, que je cherche, que je n'ai pas trouvé. Ainsi je me sens en vie, je peux regarder sans honte tes yeux fidèles. La vie est une fête. Vivons-là ensemble. Je ne peux mieux dire, Luisa à quiconque. Accepte-moi tel que je suis si tu peux. C'est le seul moyen de nous retrouver". Luisa lui répond :"J'ignore si tu as raison mais je peux essayer".
Tous apparaissent père et mère, Carla. Guido a compris qu'il ne pouvait se passer d'eux tous. Il monte dans la ronde avec Luisa. C'est la nuit, le jeune Guido continu de diriger ses clowns au son de sa flûte.
Durant son tournage, le film s'appelait La bella confusione (Le beau désordre). Le titre énigmatique qu'il a pris ensuite renvoie peut-être à sa place dans l'œuvre de Fellini. Il venait en effet après sept long-métrages et les sketches Agence matrimoniale de L'amour à la ville et La tentation du docteur Antonio de Boccace 70 qui, au vu de leur durée, ne comptaient ensemble que pour un demi-film. Il est aussi possible que le titre fasse référence au nombre de bobines 35 mm sur lequel il était impressionné une fois fini. Chaque bobine dure en effet entre 15 et 20 minutes. On notera cependant que le film aurait pu tenir sur huit bobines et qu'il aurait fallu attendre la toute fin de la production pour avoir une telle idée. Or il semble bien que Fellini fasse une discrète allusion à ce chiffre de huit et demi dans le film lors des premières présentations de Carla et Luisa.
Une troisième explication du titre, bien que cryptée, est plus autobiographique. Dans le prologue-cauchemar, un homme dans une voiture caresse une femme qui se pâme. C'est Carla, la maîtresse de Guido. Au-dessus d'eux, les passagers d'un bus dont le numéro est 99. Plus tard, la première apparition de Luisa a lieu devant une salle des ventes dont l'affiche montre deux chiffres : 88. La graphie de l'affiche redouble l'idée de la barre de moitié (1/2) qui coupe les deux silhouettes contenues dans le vide des deux ronds du huit. Guido, en ne choisssant pas entièrement entre sa maîtresse et sa femme n'aura que la moitié de chacune d'elle, du 9 comme du 8, et restera partagé entre elles.
Sans doute Fellini, qui a mis énormément de lui-même dans le film, n'a-t-il pas voulu exhiber cette allusion trop personnelle en orienter vers un titre qui pouvait apparaitre comme faisant juste référence à sa filmographie de son œuvre propre.
Esthétique et morale de la fragmentation.
Le fil narratif du film est constitué par le calvaire que représente pour Guido, en panne d'inspiration, d'achever le scénario et le casting de son film alors que le début du tournage est imminent et qu'il est sollicité par l'équipe de production et les stars et leurs impresarios. Il en a même rajouté en faisant intervenir un intellectuel, Daumier pour, croit-il, l'aider à terminer son scenario et qu'en rêve il pendrait bien et en invitant sur le tournage sa femme et sa maitresse.
Au terme d'un tumultueux examen de conscience, Guido apaisé, invite tous ses compagnons de route (réels ou rêvés) à participer à une joyeuse farandole au centre de laquelle un enfant tout de blanc vêtu joue du pipeau. Cet enfant, c'est lui.
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8 1/2 (Le chef d'oeuvre de Federico Fellini ?)
Genre : Drame, fantastique; Année : 1963; Durée : 2h18
Synopsis :
Guido Anselmi, un cinéaste réputé, suit une cure de repos dans une ville d'eau. Pour son prochain film, qu'il ne sait comment démarrer, il écoute les conseils de ses amis. Le tournage commence mais, subitement, Guido n'est satisfait de rien. Les doutes l'assaillent. Luiza, sa femme, Carla, sa maîtresse, Claudia, l'inaccessible beauté qu'il doit prochainement diriger : les visages féminins se mêlent. Guido s'évade dans des visions. Il revoit des épisodes de son enfance, des souvenirs de jeunesse, il rêve et chevauche allègrement réalité et songe.
La critique :
ATTENTION SPOILERS : Un cinéaste dépressif fuit le monde du cinéma et se réfugie dans un univers peuplé de souvenirs et de fantasmes. Surgissent des images de son passé, son enfance et l'école religieuse de sa jeunesse, la Saraghina qui dansait sur la plage pour les écoliers, ses rêves fous de « harem », ses parents décédés. Dans la station thermale où il s'est isolé, son épouse Luisa, sa maîtresse Carla, ses amis, ses acteurs, ses collaborateurs et son producteur viennent lui tourner autour, pour qu'enfin soit réalisé le film sur lequel il est censé travailler.
http://cinemachoc.canalblog.com/archives/2018/08/11/36603069.html
Note : 18/20
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8 1/2
...Asa Nisi Masa.
"Ebranlé par le succès de La Dolce Vita et le scandale qu'il provoque dans certains milieux conservateurs, Fellini commence une analyse. Le docteur Ernst Bernhard l'initie aux théories de Carl Gustab Jung et lui fait comprendre que, contrairement au freudisme qui ne voit dans le symbole onirique qu'une traduction du refoulé, l'inconscient peut aussi renfermer un riche imaginaire poétique. La lecture de Jung lui permet d'explorer le symbolisme de l'inconscient collectif et de croire que les images irrationnelles peuvent être émotionnellement envoûtantes. Le cinéaste lui-même reconnaît que grâce à Jung, il fait de son cinéma "un point de rencontre entre science et magie, rationalité et imagination". Il commence à envisager un cinéma sans ligne de démarcation entre réel et imaginaire, un cinéma en immersion dans a psyché."
(Federico Fellini - Angel Quintana - collection Grands cinéastes - Le Monde/Cahiers du cinéma, p.44)
En proie à une sérieuse crise personnelle, un cinéaste se réfugie dans son imaginaire...
Quand Potzina a proposé comme thème de son nouveau ciné-club, le cinéma et/ou le théâtre, je jubilais : les exemples ne manquent pas et très souvent ce sont de grands films doublé d'un attachement personnel qui nous les rend chers. J'aurais pu évoquer l'un de mes chouchous, Bergman (dont je rends compte à plusieurs reprises ici en ces lieux), ou un peu de Woody Allen, voire me revoir une énième fois cet immense fou rire qui met dans la joie et la bonne humeur, Singing in the rain (qui aborde d'ailleurs en chanson et en malice le passage du cinéma muet au parlant). Et puis je me suis replié sur un autre de mes cinéastes favoris, Federico Fellini avec son immense chef d'oeuvre 8 et demi (dont je n'avais encore jusqu'ici jamais dit un mot sur le blog)
Dans l'Histoire du cinéma comme la carrière de son auteur (qui aborde véritablement un tournant à partir de 8 et demi face à l'apogée néo-réalistique qu'était La dolce Vita --autre chef d'oeuvre), 8 et demi est une oeuvre de cinéma qui révolutionne le rapport du spectateur aux images, de même qu'à la même époque Persona de Bergman, L'année dernière à Marienbad de Resnais, la trilogie existentialiste d'Antonioni (soit L'Avventura, La notte et L'éclipse). Chacune de ces oeuvres ont en commun de repenser le récit non plus dans sa linéarité mais en partant soit de plusieurs points recomposés selon un fragile fil rouge (Marienbad), soit selon la psychée et l'intériorité de leurs personnages (d'où les symboles forts en ouverture et fermeture de Persona, sa mise en abîme du théâtre et du cinéma, sa fissure en plein milieu de film quand l'oeuvre qu'on voit décroche d'un coup et brûle sous le projecteur imaginaire qui la déploie; sans oublier Guido -- Marcello Mastroianni-- en alter-égo de Fellini qui va déverser littéralement ici son passé, ses souvenirs et ses visions dans la réalité pour se ressourcer et survivre à un film auquel il ne pourra survivre), soit dans la durée du temps (L'avventura étire son récit pour nous faire oublier la disparition du protagoniste principal, La notte se concentre essentiellement sur cette fameuse nuit où tout bascule, quand à L'eclipse, sa fin est comme en train de nous faire plonger dans un monde parallèle en mettant en exergue des lieux connus des personnages principaux, mais sans eux, comme si on filmait à un autre moment, un autre temps). Et ne parlons pas de La Jetée qui en 30 mn d'images et photos fixes et l'animation d'un seul plan arrive à délivrer un hommage incroyable au cinéma (et Hitchcock).
Un autre point commun de tous ces films d'ailleurs c'est qu'on finit littéralement la séance abasourdis généralement la première fois qu'on en voit un, pour pousser un "Wouah, what the fuck I've seen ?" :)
On peut penser que tous ces films qui se veulent autant d'expériences cinématographiques peuvent rebuter d'emblée sous le prestige qui les orne, il n'en est rien. A tous ceux qui auraient peur de se lancer, je ne pourrais fournir que ce judicieux conseil : laissez vous porter par les images, les sons, le sens caché qui les enrobe tous. On aura tout notre temps après pour jaser, gloser, philosopher, décortiquer, que ne sais-je (et il y a de quoi faire). Et 8 et demi est ici l'exemple parfait du film où il faut accepter le voyage (mais c'est une constante de Fellini aussi cela dit).
De quoi parle 8 et demi ? Et d'abord c'est quoi ce titre étrange qui ne représente même pas un chiffre complet ? Peu après être sorti de La dolce vita, Fellini traverse une profonde crise existentielle et se remet tellement en cause qu'il envisage d'écrire une lettre à son producteur afin d'arrêter le cinéma. Il en est là de ses tergiversations, déprimé et morose, qu'il est invité à participer à une petite fête avec des membres de l'équipe. L'idée de son prochain film, floue mais alors embryonnaire va lui traverser l'esprit : un cinéaste (comme lui peut l'être) qui s'interroge sur un film qu'il n'arrive pas à faire, pressé de toutes parts, autant par des acteurs et techniciens que son épouse, voire sa maîtresse, les souvenirs, rêves et pensées devenant autant de visions à même d'émerveiller ou d'apporter le réconfort que la réalité ne peut donner.
Ce cinéaste alter-égo, Fellini n'a pas à chercher bien loin, il le trouve en Marcello Mastroianni (*). Un Mastroianni qui va alors calquer son jeu et comportement sur celui de Fellini. Le plus surprenant contrairement à ce qu'on pourrait croire, est que 8 et demi n'est pas un film sur le cinéma comme on peut le voir ou le penser souvent (qu'on repense à La nuit américaine --que j'aime beaucoup d'ailleurs, hop, un lien featuring The movie freak-- ou ça tourne à Manhattan) dans le sens où l'on assisterait à un tournage de l'intérieur et en direct avec les aléas de joies et peines que ça comporte.
Non, ici, le cinéma se situe en amont, dans le processus créatif et ses choix qui détermineront l'oeuvre à venir. Ce sont les photos d'actrices et d'acteurs qui jouxtent le lit de GuidoMarcelloFellini et son bureau, ces décors de maquettes SF sur papier entrevues dans la chambre de son chef décorateur, puis, plus tard dans des reproductions 3D à l'air libre, près du gigantesque échaffaudage. Ou bien cette séance de rush qui se conclut sur une dispute irréversible entre Luisa, sa femme (Anouk Aimée, sublime) et où Guido fait dire à une actrice tout ce qu'il reproche et espère en même temps à son couple sans avoir le courage de le dire dans la réalité. Séance où Fellini avec malice alterne un gag où Guido imagine un court instant un critique redondant se faire pendre en direct, mais ce n'est malheureusement qu'une pensée furtive... Et complice de tous ce que les réalisateurs du monde entiers doivent parfois subir vis à vis des critiques et journalistes.
D'ailleurs Fellini n'est pas fou, le personnage du critique-écrivain convoqué en amont pour s'occuper du scénario du film à venir qui tout le long, adresera critiques et reproches constants au cinéaste n'est qu'une manière de placer un garde-fou entre ce film et les autres films du maestro. Car Fellini sait qu'il est attendu au tournant, or quoi de plus fascinant qu'un film qui désamorce consciemment toutes les critiques qu'on peut lui faire en les mettant dans la bouche d'un personnage pour mieux les contourner et dire d'une certaine manière au public d'accepter ce qu'il voit. Oui le cinéma et les êtres sont faillibles. Oui, on essaye de faire des oeuvres qui portent en elles leur part d'humanité, mais parfois aussi on échoue. De nos jours on appliquerait tous plein de procédés métas qui trouvent leurs sources ici dans ces oeuvres des 60's (on pense à un personnage qui jouerait avec le spectateur mais qui ne reprendrait que l'apostrophage de celui-ci comme le faisait déjà Bebel, pince-sans-rire, dans A bout de souffle) mais à ce stade, en 1963, le tout était fait sans cynisme, avec la volonté de proposer quelque chose qui ne soit pas qu'amusement (et burger de pellicules autoréférencées actuelles) mais qui interroge, fasse réfléchir, remette en cause même sa propre existence. C'est le pouvoir du cinéma, de ce film, de plein de films.
Et en marge du cinéma et des personnages à créer, il y a les rêves et souvenirs qui peuvent aussi réchauffer ou donner à s'interroger, voire recréer des personnages issus de ses rêves. C'est la séquence de la formule magique d'Asa Nisi Masa qui fait remonter à l'enfance, en un temps où les familles nombreuses sont bordées dans d'immenses lits et veillées à la bougie. A contrario ce film étouffant qui n'avance pas crée le cauchemar étrange de l'embouteillage du début.
Et avec ce film, Fellini se penche sur les multiples personnages féminins qui émaillaient déjà sa filmographie mais se multiplieront encore plus par la suite jusqu'à l'hommage ambigü, drôle et grinçant de La cité des femmes où femmes comme hommes en prennent chacun plein la tronche. Ici, chaque femme du film renvoie à une constituante de l'image féminine vue du côté de Guido (Fellini essaiera ensuite dans Juliette des esprits d'aborder le point de vue féminin), mâle basique des 60's. D'où la séquence drôle et grotesque du harem (et totalement absurde) qui les voient toutes réunies à travers le temps et les souvenirs dans un lieu n'existant qu'au fond des pensées du cinéaste, bien moins machiste qu'on veut le croire (les personnages féminins se rebellent d'ailleurs ouvertement contre leur créateur) car ici elles ne sont que concepts et non réalité, même si elles tentent de reprendre le dessus sur la conscience torturée qui les garde dans la cage dorée mais inoffensive du souvenir.
On ne les citera pas forcément toutes mais une poignée qu'on retrouvera de films en films sous d'autres visages et d'autres noms. Il y a La saraghina, archétype même de la pulsion sexuelle et libidinale primaire avec ses hanches, ses fesses et ses seins énormes (voir aussi dans Amarcord, la buraliste imposante ou dans La cité des femmes, la prostituée qui initiera le jeune adolescent à la découverte du sexe). Il y a la maternelle tendre et sensuelle (Sandra Milo qui joue ici Carla, sa maîtresse), la répressive (l'épouse délaissée qu'on ne peut qu'accepter après avoir vu les frasques de son mari cinéaste. D'ailleurs même s'il reste tendre avec Guido, on voit que Fellini, sans juger ni être complaisant, se range probablement du côté de l'épouse trompée), celle qui est inaccessible et presque trop parfaite (Claudia Cardinale, vision de rêve incroyable qui ne prendra corps que pour livrer une désillusion au réalisateur, comme si le rêve ne pouvait qu'être illusion constamment terrassée par la réalité), l'artiste et intellectuelle dans son monde (géniale Barbara Steele qui traverse le film comme une diva gothique échouée dans un autre monde comme Nico dans La dolce vita d'une certaine manière), la bonne copine confidente et neutre (Rossella) et j'en passe, j'en passe...
(*) Suite à mes visionnages Fellinien, je découvrais Mastroianni dans la foulée il y a quelques années. Coup de foudre immédiat qui le fit devenir un de mes acteurs préférés, si ce n'est mon acteur préféré. Ce n'est pas pour rien qu'il est un peu l'avatar de ce blog.
http://dvdtator.canalblog.com/archives/2015/09/24/32668609.html
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Bon allez courage !!
Difficile d'attaquer de face une oeuvre aussi intense, aussi dense et impressionnante que ce huitième film et demi du grand Federico.
Tout d'abord, je dois avouer qu'il y a dèja quelques années que je n'ai pas revu ce film. Mais il est aussi vrai que je l'ai regardé à de très nombreuses reprises durant mes jeunes années, pour essayer de décrypter ces images en noir et blanc, d'une beauté inouïe et d'un hermétisme excitant ma curiosité . De démêler le fil d'un scénario, dont je compris bien plus tard, qu'il n'était qu'un alibi alambiqué pour laisser libre cours à la vision féerique et poétique du cinéaste de Rimini.
Un film qui de toutes façons ne laisse pas de marbre. On l'adore. On le déteste. Mais on réagit....
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Un film sur le cinéma
Sorti en 1963, 8 1/2 est un film réalisé par Federico Fellini. Le film doit son titre étrange au fait qu'il soit le huitième film de long-métrage de Fellini, et qu'entre temps, le réalisateur avait également signé une moitié de film (deux sketches dans deux films collectifs, dont Boccace 70). Soit 8 films et une moitié de film en tout ! Le film est interprété par Marcello Mastroianni, Anouk Aimée, Sandra Milo, Claudia Cardinale, Barbara Steele, Jean Rougeul et Rossella Falk. Tourné en noir & blanc, c'est une sorte de métaphore sur le cinéma et la création artistique. Un film très personnel.
Guido Anselmi (Marcello Mastroianni) est un cinéaste dépressif. Fuyant le monde du cinéma, il se réfugie dans un univers très personnel, rempli et de souvenirs, et de fantasmes non accomplis. Tout se mélange, souvenir familiaux, anciennes conquêtes, envies subites et fantasmes...réfugié dans une ancienne station thermale, il reçoit plusieurs visites de sa femme Louisa (Anouk Aimée), de sa maîtresse Carla (Sandra Milo), de ses collaborateurs, afin qu'il se remette au boulot et finisse enfin le film sur lequel il doit travailler, et qui urge...
Très personnel, 8 1/2 (ou Huit Et Demi) est un des meilleurs films de Fellini, même si, je l'avoue, je suis nettement plus fan de la période 1969-1974 que du reste de sa filmographie (c'est la période pendant laquelle il sortira Fellini Satyricon, Les Clowns, Fellini Roma et Amarcord, soit ses chef d'oeuvres). Assez complexe car navigant sans cesse entre rêveries et réalité, le film recevra un grand nombre de récompenses : Ruban d'argent en 1963, NYFCC Award la même année, Grand Prix au festival de Moscou aussi en 1963, Oscar du meilleur film étranger en 1964, et Bodil du meilleur film européen en 1964 aussi. Le film, qui était appelé Le Beau Désordre durant son tournage, est magistralement interprété.
Alors qu'un remake hollywoodien serait en cours de chantier (Nicold Kidman, Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard, Sophia Loren, Penelope Cruz et Kate Hudson l'interpréteraient), il faut absolument voir et revoir ce film mythique, bercé par une inoubliable musique de Nino Rota. 138 minutes de bonheur pour amoureux du cinéma !
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Maestria
Le 18 juin 2014
Ce non-récit des fantasmes d’un cinéaste est un monument du cinéma et la quintessence de l’art de Fellini. Cannes Classics 2014 en a présenté une version restaurée.
Oscars 1964 : Meilleur film étranger - Meilleurs costumes
Italian National Syndicate of Film Journalists 1964 : Meilleur réalisateur - Meilleur actrice dans un second rôle pour Sandra Milo - Meilleur producteur - Meilleur scénario - Meilleure photo noir et blanc - Meilleure musique
New York Film Critics Circle Awards 1963 : Meilleur film étranger
L’argument : Un réalisateur dépressif fuit le monde du cinéma et se réfugie dans un univers peuplé de souvenirs et de fantasmes. Surgissent des images de son passé, son enfance et l’école religieuse de sa jeunesse, la Saraghina qui dansait sur la plage pour les écoliers, ses rêves fous de « harem », ses parents décédés. Dans la station thermale où il s’est isolé, son épouse Luisa, sa maîtresse Carla, ses amis, ses acteurs, ses collaborateurs et son producteur viennent lui tourner autour, pour qu’enfin soit réalisé le film sur lequel il est censé travailler.
Notre avis : Après le triomphe critique et public de La Dolce Vita (1960), Federico Fellini obtint encore plus de liberté et réalisa ce film, sans doute son plus personnel, et l’un des plus brillants de l’histoire du cinéma. Le titre a fait l’objet de plusieurs interprétations, Fellini ayant simplement déclaré qu’il s’agissait du nombre total de ses films, en comptant les moyens métrages. Après la déconstruction du récit de La Dolce Vita, le réalisateur bouscule encore plus le langage cinématographique en proposant une narration éclatée, mêlant le réel et l’imaginaire, le passé et le présent, et multipliant les mises en abyme, avec une réflexion riche et complexe sur le métier de cinéaste et les doutes de l’artiste. Rompant définitivement avec sa période néoréaliste qui avait donné des œuvres puissantes mais classiques comme La Strada (1954), Fellini propose une histoire ouvertement autobiographique, le personnage de Guido (Marcello Mastroianni) étant manifestement son double. Comme Guido, Fellini a vécu sa crise de la quarantaine et était en proie à de nombreuses interrogations, sur son art mais aussi dans sa vie personnelle. Les figures féminines qui traversent le film sont ainsi inspirées des femmes qui ont traversé son existence. Luisa (Anouk Aimée) incarne son épouse Giulietta Masina, quand la voluptueuse Carla (Sandra Milo) est la reproduction de celle qui fut sa maîtresse pendant plusieurs années. Les autres femmes (prostituée de son adolescence, perle des Îles, amies de producteurs, matrones plantureuses), sont la reproduction ou la peinture de figures réelles ou fantasmées. Il en est de même d’ailleurs avec les hommes : le cardinal, le magicien, le critique de cinéma ou la figure paternelle (Annibale Ninchi) sont issus de cette osmose entre deux univers dont la frontière est floue.
Et au même titre que Buñuel brouillait les pistes dans Belle de jour, Fellini passe du pseudo-réalisme à l’inconscient avec une maîtrise rarement égalée. La première séquence est déjà révélatrice, qui voit Guido coincé dans un embouteillage, avant de parcourir les airs, attaché tel un ballon... Cauchemar de curiste. Luisa fait-elle une scène de ménage sur la terrasse de l’établissement, lui reprochant la présence de Carla à une table voisine ? Aussitôt au plan suivant les deux femmes se parlent avec courtoisie sur un ton amical, projection des fantasmes de réconciliation... Réconciliation qui culmine à la séquence suivante, Guido se retrouvant à son aise au sein d’un harem idéalisé... Tout Huit et demi est ainsi articulé, avec des références à la psychanalyse qui révèlent la dualité du créateur, partagé entre le besoin de jouissance et la culpabilité. Et si dans La Dolce vita, l’innocence apparaissait sous les traits de Valeria Ciangottini, Fellini s’offre ici une diva en la personne de Claudia Cardinale (dans son propre rôle ?), toute de blanc vêtue, et dont les traits évanescents sont l’image de la pureté. On pourrait multiplier les passages cultes de cette œuvre vertigineuse, des discussions philosophiques dans un hammam à la conférence de presse en plein air, sans oublier la farandole finale sur l’air désormais légendaire de Nino Rota. Huit et demi reçut un accueil élogieux, en dépit des réserves de certains, forcément décontenancés par une démarche aussi novatrice. Le film fut couvert de récompenses, dont l’Oscar du meilleur film étranger. En mai 2014, Cannes Classics a présenté une version restaurée en numérique, réalisée depuis le négatif auprès du Laboratoire Eclair.
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Les meilleurs films de notre vie : '8 ½' le chef d'oeuvre aux multiples interprétations de Fellini
"Le labyrinthe tortueux, changeant, fluide des souvenirs, des rêves, des sensations, un enchevêtrement inextricable de quotidien, de mémoire, d'imagination, de sentiments, de faits qui ont eu lieu il y a longtemps et qui vivent avec ceux qui ont lieu à présent, qui se confondent entre nostalgie et pressentiment, le temps qui s'arrête, magmatique, et tu ne sais plus qui tu es, ou qui tu étais, et où va ta vie, qui semble n'être qu'un long demi-sommeil sans aucun sens." (Federico Fellini)
8 1/2 : derrière un titre mystérieux se cache le film dans lequel Fellini a mis à nu avec une sincérité criante sa propre crise de la quarantaine en tant qu'homme et artiste. Il s'agit d'un autoportrait à la fois fidèle et imaginaire, effronté et ironique, qui pénètre dans la dimension onirique, visionnaire et réelle du "temps intérieur".
Pas mal d’ouvrages sur le cinéma en tous genres fleurissent à l’occasion du festival de cannes qui commence demain soir, on va donc essayer de vous en parler de quelques-uns dans les jours à venir.
On commence par un livre qui met en avant un chef d’œuvre d’un grand cinéaste qui a été palmé en 1960 pour la Dolce Vitta, à savoir le chef d’œuvre Huit et demi de Fédérico Fellini qui inspira des générations de réalisateurs:
La collection Les meilleurs films de notre vie des éditions Gremese, qui a été inaugurée l’année dernière avec, entre autres, 'L'Atalante' et 'Madame de...' s’est récemment s'enrichie d'un ouvrage sur ce film mythique de Federico Fellini
Ce livret analyse est l’œuvre de Roberto Chiesi, critique de cinéma et responsable du Centre d'études de la Cinémathèque de Bologne.
Huit et demi, qui est un unanimement considéré comme un des plus beaux de l'histoire du cinéma, est aussi avant tout une magnifique réflexion sur les affres de la création.
C'estl’histoire de l’histoire d’un film (qui ne se fera peut-être jamais)qu'on suit à travers les états d’âme, les rêves et les obsessions de son metteur en scène Guido est évidemment une œuvre qui peut être source de quantités d’analyse et d' interprétations en tous genres.
Une analyse poussée de '8 ½'. montre à quel point Fellini est le cinéaste de l’autobiographie vécue ou rêvée. Il poursuit une exploration de son univers intérieur ou de ses souvenirs, et en particulier de ses souvenirs d’enfance dans ce si dense Huit et demi.
L’image de Mastroianni avec chapeau et lunettes est devenue iconique. Le thème final de Nino Rota est aujourd’hui l’une des musiques des plus célèbres de toute l’histoire du cinéma.
"Depuis j'ai revu 8 1/2 une dizaine de fois. Mais à chaque fois, j'ai pu faire l'experience d'un univers qui était devenu d'une part un lieu familier, déjà visité, où les possuières des souvenirs personnels et imaginaires avaient pu se déposer, et d'autre part un phénomène toujours nouveau-à la découverte d'itinéraires et de secrets inédits et inattendus-qui en fonction du lieu et du moment, révelait de nouvelles nuances" (Roberto Chiesi dans le prologue de son livre).
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Maurice Elia
Le réveil de notre propre éthique secrète Un degré de stagnation et de confusion E n juillet 1963, le Festival de Moscou en était à sa troisième édition et rassemblait, peut-être pour la première fois, un nombre considérable de personnalités, de cinéastes et de vedettes. Les films provenaient d'une soixantaine de pays. Quelques dissensions idéologiques avaient cependant entraîné le retrait in extremis des Chinois, et pour les mêmes raisons sans doute, l'Albanie et la Corée étaient absentes de l'événement. Cependant, la qualité des films présentés n'a pas répondu à l'attente de tous. Sans contredit, 81/2 se détachait du lot et c'est en toute justice qu'il lui fut accordé le Grand Prix (« pour le remarquable travail de réalisation qui reflète la lutte intérieure de l'artiste à la recherche de la vérité »), après une discussion acharnée d'ailleurs, car le jury était très divisé. On crut un instant que le Grand Prix ne serait pas décerné, puis l'unanimité finit par se faire devant l'évidence. Mais dans les milieux officiels soviétiques, il était clair que le film de Federico Fellini ne répondait que d'assez loin tant à la devise du festival qu'aux besoins du grand public. « La lutte intérieure de l'artiste à la recherche de la vérité » ? Les jurés des festivals ont de ces formules ! Le chef-d'oeuvre de Fellini nous apparaît plutôt, du moins aujourd'hui, comme un essai sur la stérilité artistique, un appel au secours vers une période heureuse, vers une enfance idéalisée et magnifiée du cinéma. Dans 81/2, Fellini fait entre autres le procès des intellectuels de gauche dont le jargon lui semble totalement étranger (Guido fait pendre en imagination le critique Daumier qui le harcèle de ses remarques), des artistes qui veulent dire quelque chose mais finissent par se taire (la femme de Guido le traite ironiquement de « prophète qui veut parler à la foule » alors qu'il est incapable de dire la vérité). Et il le fait avec une exubérance, une joie de vivre et de créer, une confiance qui éclatent à chaque instant de son film magique. Le baroque des images, des décors, des costumes, l'absolue beauté de la photographie, le tourbillon des accents musicaux de Nino Rota donnent à 81/2 un souffle d'émotion qui a rarement été atteint depuis. Devant le film qu'il doit finir par faire, le héros, finalement un homme quelconque, se sent victime de lui-même. Il a atteint un degré de stagnation totale, un degré de confusion qui l'anéantit. Il compatit bruyamment aux tortures qu'il s'inflige, se souvenant de son innocence perdue en revisitant en pensée l'époque où les enfants, tout nus, foulaient le raisin dans une ambiance qui sentait bon les draps frais, l'eau bue à la cruche, à l'ombre de la maison natale. Aujourd'hui, il se présente à nous avec une sorte de gêne qui lui gâche constamment le plaisir de tourner, de créer, de donner. À ce propos, la place donnée au rêve dans 81/2 (et cela rejoint la plupart des autres films de Fellini) est très révélateur : le cinéaste qui s'est taillé une réputation d'intellectuel nous avoue brusquement que c'est une imposture, car ce qui lui plairait vraiment, c'est le monde imaginaire, celui même des romans-photos qu'il avait l'habitude de condamner abusivement. Soudain, le voilà qui s'accuse lui-même d'exhibitionnisme. Ces aveux impudiques éveillent en nous une nostalgie où le péché n'existerait pas, où l'épouse et la maîtresse seraient assises, amies, à la même table, où les gens voleraient dans les airs. À la vision de 81/2, on se surprend, même aujourd'hui, à remarquer que certaines cordes ne vibrent plus en nous, que nous sommes peut-être trop vite devenus trop adultes, trop rationnels. Car notre éthique secrète, notre poétique profonde sont, semblet-il, toujours réveillées par le foisonnement des harmonies et des résonances felliniennes.