sâmbătă, 20 martie 2021

La Voix humaine ( mars 2021) par Pedro Almodóvar

 

♥♥♥ La Voix humaine

Drame espagnol par Pedro Almodóvar, avec Tilda Swinton (29 min). Disponible en DVD/Blu-ray chez Pathé.

Tilda Swinton dans « la Voix humaine », de Pedro Almodóvar. (IGLESIAS MAS)

Tilda Swinton dans « la Voix humaine », de Pedro Almodóvar. (IGLESIAS MAS)

Pour conjurer l’angoisse de la pandémie, Almodóvar a tourné un court-métrage adapté de Jean Cocteau ! Pièce en un acte écrite en 1929, « la Voix humaine » obsède le cinéaste espagnol, qui la citait dans « la Loi du désir » et y a puisé l’idée de « Femmes au bord de la crise de nerfs ». Douleur amoureuse, combativité féminine : ce dialogue téléphonique à une voix entre une femme éprise et l’homme qui vient de la quitter, hors champ, déjà absent, est au cœur de l’inspiration d’Almodóvar. Il s’en empare librement, fait de l’éconduite une actrice évoluant dans un décor d’appartement et filme Tilda Swinton comme une gravure de mode qui tombe le masque à mesure qu’elle s’échappe de son cocon bariolé d’objets design, de costumes griffés et d’œuvres (peintures, livres, DVD) faisant écho à ses pensées. Derrière son dispositif éculé, un film fétiche sur l’amour et la création artistique, ces prisons sans barreaux qui aident à vivre autant qu’elles consument. Et un appel détourné à nous déconfiner.

Le film
Le bonus

Ça lui trottait depuis longtemps. A l’origine «  Femmes au bord de la crise de nerfs » partait sur le principe de l’adaptation de la pièce de Jean Cocteau .  Dérivation loufoque, il l’oublie, revient avec «  La loi du désir » à son projet qui voit enfin le jour par la grâce d’un confinement inattendu. C’est une pièce de théâtre et un film tourné en studio pour un monologue magnifiquement rapporté par Tilda Swinton sur l’attente, le désespoir, l’amour. Le décor est visible, les apparats almodovariens évidents. Le chatoiement des couleurs, le rouge bien évidemment, le vert, mélange de folie et de mélancolie de l’héroïne qui résiste. Nullement soumise, elle esquive la réalité, mais ne cache plus rien de son désespoir. Il faut saluer l’aura de Tilda Swinton, ce qu’elle porte en elle et transmet de manière singulière. Pedro Almodovar est à mes yeux l’un des plus grands réalisateurs au monde. Ils se sont trouvés. AVIS BONUS Une rencontre par vidéotransmission entre la comédienne et le réalisateur.

LA VOIX HUMAINE DE PEDRO ALMODÓVAR VOD et en DVD

Seule à l’écran, Tilda Swinton interprète une femme éconduite en reconstruction, devant la caméra du maître madrilène.

Article rédigé paJacky BornetFrance Télévisi
Tilda Swinton dans "La Voix humaine" de Pedro Almodóvar. (Copyright IGLESIAS MAS)

Pedro Almodóvar adapte librement la pièce en un acte de Jean Cocteau créée à la Comédie-Française en février 1930, puis filmée en 1948 par Roberto Rossellini avec Anna Magnani. Almodovar la citait en 1987 dans La Loi du désir, et s'en était servi comme point de départ pour ses Femmes au bord de la crise de nerfs en 1988. Il y revient dans un court métrage d'une petite demi-heure, avec la majestueuse Tilda Swinton. Le film sort en VOD et en DVD vendredi 19 mars.

Un texte obsessionnel

Vilipendée par les Surréalistes lors de sa première représentation privée, la pièce de Jean Cocteau à été depuis souvent donnée sur scène, inspira un opéra à Francis Poulenc, fut enregistrée par Simone Signoret (Grand prix du disque 1964), et plusieurs fois adaptée pour les grand et petit écran. Histoire d’une rupture au téléphone, La Voix humaine est celle d’une femme quittée par l’homme qu’elle a aimé durant quatre ans, dont en n’entend jamais les répliques.

A l’image du très beau générique où défilent des outils, cette femme anonyme bricole sa reconstitution. Elle hache le costume de son amant perdu, fait une fausse tentative de suicide, et incendie son appartement. Si la pièce a été aussi souvent adaptée, c’est qu’elle parle à toutes les générations depuis 1930. Une rupture est toujours un trauma, surtout pour celui ou celle qui est quittée. Dans sa pièce, Cocteau a capté avec sobriété un épisode de la vie qui se prêtait à tous les lyrismes. Or, dans le film d'Almodovar, malgré les apparences, il n'en est rien.

La femme en rouge

Si les actes que commet cette femme laminée s'offrent au débordement des sentiments, le texte est tout en retenue, en intériorité, avec une interprétation des plus sensibles de Tilda Swinton, toujours remarquable. Une fois encore Pedro Almodóvar invente une mise en scène qui lui est propre, stylisée, notamment dans le graphisme de ses décors aux couleurs verte et rouge dominantes. Apparaissent des œuvres de De Chirico ou Malevitch, mais aussi des toiles plus sensuelles. Les plans en plongée auscultent avec hauteur cette femme en quête de détachement. Elle cherche justement à prendre de la hauteur, se voit, se trouve.

Tilda Swinton dans "La Voix humaine" de Pedro Almodóvar. (Copyright IGLESIAS MAS)

Le style purement "almodovarien" ne devient-il pas toutefois un tic, une image de marque, un label ? La question ne vient pas nécessairement à l’esprit pour Fellini, Kubrick, Lynch ou Scott. Parce que ces grands cinéastes ont abordé des sujets différents, parfois à des époques différentes, alors qu’Almodóvar parle toujours, ou presque (La bonne éducation), des rapports hommes-femmes, au présent. Sujet inépuisable, certes, mais qui allié à un style reconnaissable entre tous, peut inspirer un manque de renouvellent. Il ne lasse pourtant pas, tant la beauté des plans est fulgurante, le texte juste, l’interprète idéale, et la progression narrative implacable. Superbe, mais on aimerait être plus surpris.

L'affiche de "La Voix humaine" de Pedro Almodóvar (2021) (PTAHE)

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Pedro Almodóvar
Acteurs : Tilda Swinton
Pays : Espagne
Durée : 0,29 mn
Sortie : 19 mars 2021, sur les plateformes de steaming et en DVD
Distributeur : Pathé

Synopsis : Une femme regarde le temps passer à côté des valises de son ex-amant (qui est censé venir les chercher, mais n'arrive jamais) et d'un chien agité qui ne comprend pas que son maître l'ait abandonné. Deux êtres vivants face 
à l'abandon.


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ROBERT SIODMAK (1904 - 1973)