sâmbătă, 6 martie 2021

Ivan cel groaznic 3

 encyclopédie Larousse

Ivan IV le Terrible

Ivan IV le Terrible

(Kolomenskoïe 1530-Moscou 1584), grand-prince (1533), puis tsar (1547-1584) de Russie.

Ivan IV, dit « le Terrible », n'a pas usurpé sa légende noire, qu'Eisenstein exploita dans le célèbre film qu'il lui consacra. Le premier des tsars fut cependant le père de la Russie moderne et du nationalisme russe.

L'AVÈNEMENT DU TSARISME

Né le 25 août 1530, Ivan IV n'a que 3 ans lorsqu'il succède à son père, le grand-prince de Moscou Vassili III. Sa mère, Hélène Glinskaïa, gouverne jusqu'à sa mort en 1538, laissant alors un pays aux mains des grands féodaux – les boyards – qui le livrent au chaos. Dès l'âge de 16 ans, Ivan entreprend de restaurer le pouvoir monarchique en Moscovie : il se fait proclamer « tsar – c'est-à-dire nouveau César – et grand-prince de toute la Russie », puis sacrer par le métropolite de Moscou, chef de l'Église orthodoxe russe. En cette même année 1547, il épouse la fille d'un riche boyard, Anastassia Romanovna.

Homme instruit, Ivan IV décide de hisser la Russie au niveau de l'Occident, alors en pleine Renaissance. Il inaugure son règne par une série de réformes : il publie un nouveau Code (1550), remanie l'administration locale, afin d'en éliminer la corruption, et réorganise l'Église orthodoxe (1551). S'appuyant sur la noblesse, il instaure aussi un nouveau service militaire, qui lui permet de mettre sur pied une armée bien organisée et bien équipée ; en son sein se détache un corps d'élite de 40 000 arquebusiers, les streltsy, qui forment la garde rapprochée du tsar.

L'ESPRIT DE CONQUÊTE

Fort de son armée permanente, Ivan IV veut sortir son royaume de son isolement et éloigner les ennemis qui le menacent. Ainsi, il entre en lutte contre les Tatars, annexant successivement les khanats de Kazan (1552) et d'Astrakhan (1556), qui offrent à la Russie un débouché sur la Volga. Ces victoires éclatantes forgent la légende d'un tsar conquérant, chrétien triomphant dans sa croisade contre les infidèles. Tandis que les Cosaques, franchissant l'Oural, annexent de vastes contrées en Sibérie, le tsar cherche à se frayer un passage vers la Baltique et se lance dans la guerre de Livonie (1558-1583), sans parvenir toutefois à briser la coalition qui soude la Suède, la Pologne et la Lituanie.

Moscou, devenue la capitale d'une nation victorieuse, s'agrandit (elle compte bientôt plus de 100 000 habitants) et s'embellit. Sur la place Rouge, Ivan IV fait édifier la somptueuse cathédrale Basile-le-Bienheureux, aux coupoles en forme de bulbe, et ériger des enceintes fortifiées pour protéger les quartiers qui se sont formés autour du Kremlin, construit sous le règne de son grand-père Ivan III.

LA TERREUR DE FIN DE RÈGNE

À l'intérieur du royaume, l'opposition des boyards à Ivan IV fait basculer ce dernier dans une tyrannie qui n'épargne ni ses proches ni ses conseillers. Exerçant un pouvoir sans limites, le tsar crée un nouveau territoire, l'opritchnina, en accaparant les terres les plus riches où il installe des hommes à sa solde. Surtout, il institue l'opritchniki, une administration spéciale chargée de la sécurité intérieure ; dotée de pouvoirs d'exception, elle sera l'instrument au seul service de celui qui est désormais Ivan le Terrible. L'aristocratie est la première victime du tsar, qui aura fait déplacer 12 000 familles et tuer des milliers de boyards. Mais les habitants de certaines villes, telle Novgorod, et les paysans paient, eux aussi, un lourd tribut en victimes. On parle alors de démence d'Ivan IV, qui, en 1581, ira jusqu'à tuer son propre fils.

La Russie est un pays affaibli, sur lequel les Tatars ont à nouveau des visées. En 1571, le khan de Crimée prend la tête d'une armée de plus de 120 000 hommes et marche sur Moscou, qui est pillée et dévastée ; seul le Kremlin résiste. À ce désastre s'ajoutent les effets d'une terrible épidémie de typhus, qui durera une année, puis de la famine.

Ivan IV n'a que 53 ans lorsqu'il meurt, le 18 mars 1584. Il est inhumé dans la crypte de la cathédrale de l'Archange-Saint-Michel, aux côtés du fils qu'il a assassiné. Il laisse deux autres fils, Fédor et Dimitri, qui ne lui survivront pas. La grande Russie va bientôt entrer dans le « temps des troubles ».

LES « ÉTATS GÉNÉRAUX » RUSSES

Ivan le Terrible fut le premier, en 1549, à convoquer une assemblée des états sous le nom de zemski sobor. En son sein se trouvaient des représentants de l'Église orthodoxe, des boyards et de la petite noblesse, mais aussi, en plus faible part, des représentants des villes. Seule la paysannerie en était absente.

Le tsar faisait entériner par le zemski sobor les grandes réformes de l'État. Par la suite, cette assemblée eut parfois à désigner le nouveau tsar, comme ce fut le cas pour Boris Godounov en 1598, puis pour Michel Romanov en 1613. Le zemski sobor ne servit jamais qu'à donner l'apparence d'une

assise populaire à l'autocratie.



Ivan le Terrible

Ivan IV
Illustration.
Titre
Grand-prince de Moscou puis tsar de Russie
 – 
(50 ans, 3 mois et 14 jours)
Couronnement
PrédécesseurVassili III
SuccesseurFédor Ier
Biographie
DynastieRiourikides
Nom de naissanceIvan Vassiliévitch
Date de naissance
Lieu de naissanceKolomenskoïe
Coat of arms of Russia (XV Century).svg Grande-principauté de Moscou
Date de décès (à 53 ans)
Lieu de décèsMoscou
Drapeau du Tsarat de Russie Tsarat de Russie
SépultureCathédrale de l'Archange-Saint-Michel à Moscou
PèreVassili III
MèreHéléna Glinska
ConjointAnastasia Romanovna Zakharine
Maria Temrioukovna
Marfa Sobakina
Anna Koltovskaïa
Anna Vassiltchikova
Vassilissa Melentieva
Maria Dolgoroukaïa
Maria Fiodorovna Nagaïa
EnfantsDimitri Ivanovitch
Ivan Ivanovitch
Fédor Ier Red crown.png
Dimitri Ivanovitch
ReligionChrétien orthodoxe russe
Ivan le Terrible
Monarques de Russie
Portrait d'Ivan le Terrible par Viktor Vasnetsov, 1897 (galerie TretiakovMoscou).

Ivan IV Vassiliévitch (en russe : Иван IV Васильевич), dit Ivan le Terrible1 (en russe : Иван ГрозныйIvan Grozny), né le  à Kolomenskoïe et mort le 18 mars 1584 ( dans le calendrier grégorien) à Moscou, est le grand-prince de Vladimir et Moscou de 1533 à 1584, et le premier tsar de Russie de 1547 à 1584.

Une autre étape du développement de la Moscovie unifiée commence au xvie siècle et s'achève au xviie siècle par le Temps des troubles (1598 – 1613) qui marque la fin de la dynastie riourikide et l'avènement de la deuxième dynastie russe, celle des Romanov, en 1613.

Biographie

Enfance

Portrait d'Ivan IV de Russie, vers 1600.

Fils tardif et héritier longtemps attendu2 de Vassili III (1479 – 1533) et de sa seconde épouse3Héléna Glinska, fille de la princesse serbe Anna Jakšić (ru)4 (1506/1507 – 1538), Ivan naît le  et est baptisé le dimanche  au monastère de la Trinité-Saint-Serge5. À cette occasion, il reçoit le second prénom de Zmaragd6 (« émeraude »).

Vassili III meurt le . Ivan lui succède. Le garçonnet a trois ans et est donc trop jeune pour régner. Le pouvoir est exercé par un conseil de régence conduit par sa mère et par vingt boyards. Héléna gouverne avec son favori, Ivan Fedorovitch Ovtchina Obolenski. Ils continuent la politique de Vassili III, réagissant aux intrigues des boyards. Pour assurer les droits d’Ivan, Héléna et l'entourage du grand-prince font emprisonner ses deux oncles, Iouri, le rival potentiel le plus dangereux7,8, et André9, qui est arrêté le  (ainsi que sa famille) et meurt en prison le 10 ou . Elle meurt le , peut-être empoisonnée5, et le pouvoir se partage alors entre différentes factions de familles de boyards (ChouïskiGlinski, Bielski).

Ivan passe son enfance dans une ambiance de haine et de mort. Il conçoit la crainte permanente d’être assassiné. Dans une lettre, il raconte au prince Kourbski comment lui et son frère Iouri ont été « élevés dans la honte et la misère, comme les enfants étrangers, comme les enfants des pauvres ou la plus petite valetaille ! » Il ajoute : « On n’avait parfois pas de vêtements propres, tout était troué, vieux et sale. […] Parfois on avait faim, très faim. […] Ah oui, depuis je connais les pauvres, je connais ça ! j’ai vu la haine10. » Ses loisirs se partagent entre la torture d’animaux, la chasse et la maltraitance des villages alentour. Il donne en outre des signes d'une personnalité très contrastée. Immense est la légende noire qui entoure le futur souverain11 : d'un côté, c'est un homme intelligent, très affairé, dynamique prenant à cœur sa responsabilité de souverain, de l'autre, c'est un homme déséquilibré, au psychisme fragile, sujet à de violentes sautes d'humeur et à de longues dépressions. Il considérait l'aristocratie comme son principal adversaire.

Autodidacte, il s’intéresse aux Saintes Écritures et à force de se prosterner devant les icônes, son front porte la trace d’une callosité (hyperkératose).

À 16 ans, il rejoint l’armée à Kolomna, où celle-ci vient de mener une action contre les Tatars : il y fait exécuter cinquante arquebusiers de Novgorod porteurs d’une pétition au sujet des vexations qu’ils subissent.

Premières années de règne

Il est sacré tsar à Moscou le  à la cathédrale de la Dormition et est proclamé « Tsar de toutes les Russies ». On prend en outre la décision de marier le souverain. Ivan décida de chercher une épouse, non à l'étranger, mais au sein de ses États. Le , il épouse Anastasia Romanovna Zakharine (en russe Анастасия Романовна Захарьина), fille d'une famille de boyards qui faisaient partie des cercles les plus proches du tsar. Il est le premier tsar régnant. Plus qu’un titre à ses yeux, il se croit investi d’une mission divine, même si son investiture n'est consacrée qu'en 1561 par le patriarche grec Ioasaphe II de Constantinople12.

À la suite des incendies de Moscou de 1547, qui provoquent des milliers de morts, Ivan, se croyant abandonné de Dieu, décide de convoquer des représentants de toutes les régions de la Russie. Cette assemblée a lieu en 1550 et Ivan y promet de défendre le peuple contre l’oppression et l’injustice. Mais cette assemblée lui permet aussi d’imposer son code (tsarski soudiebnik) pour remplacer celui de son grand-père Ivan III qui datait de 1497.

Les premières années de son règne sont consacrées à une modernisation de la Russie. Il place aussi aux postes clefs du pays de petites gens qui lui sont acquis, plutôt que les boyards. Il établit un code de lois en 1550, réorganise le clergé en 1551, en le soumettant à l'État, et crée le corps des streltsy, un corps d'infanterie constituant la garde personnelle du tsar. Il tient également, en 1549, la première réunion du Zemski sobor (земский собор), « assemblée de la terre » (le premier parlement russe d'État de type féodal), un conseil de nobles consulté lors des grandes décisions. Un nouveau code de lois (soudiebnik) et les diplômes royaux (oustavnie, otkoupnie gramot) élargissent la participation des représentants électifs paysans à la procédure judiciaire et la gestion locale13.

La première presse à imprimer est introduite sous son règne.

Durcissement du régime

À partir de 1560, année de la mort de sa femme Anastasia Romanovna dont il croit qu'elle a été empoisonnée par les boyards, le régime se durcit. Les premières lois restreignant la liberté des paysans sont prises, qui conduisent ensuite au servageIvan IV se lance dans un régime de terreur contre les boyards qu'il hait depuis sa jeunesse. Au début de 1565, il constitue l'opritchnina, le domaine royal, possédé personnellement par le tsar. Il est administré par sa police spéciale, les opritchniki, qui rapidement deviennent des despotes locaux, terrorisant la population et les nobles, imposant la conscription forcée pour le front livonien. Ce durcissement du régime ainsi que des pamphlets allemands et la correspondance littéraire échangée avec son homme de confiance, le prince André Kourbski, commandant ses troupes lors de la guerre de Livonie mais qui l'a finalement trahi, développent à cette époque la légende noire du tsar, archétype du despote tyrannique et cruel. De plus, le surnom d'Ivan le Terrible qui s'est propagé au xviiie siècle est une mauvaise traduction du russe « Grozny » qui signifie simplement « redoutable »14. Dans la lettre au prince Kourbski, mentionnée ci-dessus, il résume sa vision de l’exercice du pouvoir : « Les tsars doivent toujours être prudents, et comment ! […] Pour leurs serviteurs, pour les bons — la compassion, la douceur et la paix, mais pour les mauvais — la cruauté et la souffrance ! Mais s’il n’en est pas capable, le roi, alors, il n’est pas roi, il est rien ! Il est la honte et honte à lui10. »

À l'extérieur, Ivan IV assure l'extension de ses territoires. Les Suédois, les Polonais et les Tatars l’irritent au plus haut point et c’est contre eux qu’il va mener ses premières campagnes militaires. Il annexe les khanats de Kazan et d'Astrakhan en 1552 et 1556, ce qui met fin aux incursions dévastatrices des combattants de Kazan dans les régions du Nord-Est de la Russie, embarrasse la migration des hordes agressives nomades d'Asie en Europe et donne à la principauté un accès à la Volga15.

Après deux échecs en 1547 et 1549, Ivan quitte Moscou le  à la tête, dit-on, d’une armée de 100 000 hommes. Celle-ci est composée d’éléments hétéroclites, comme les streltsy, fantassins munis d’armes à feu ou de troupes (possokha) ni aguerries ni disciplinées fournies par les villes et les campagnes et est commandée pour la première fois par des officiers nommés au mérite et non par la naissance. Le Kazan, capitale des Tatars, devient russe après d’âpres combats. Pour célébrer cette victoire, Ivan fait bâtir à Moscou la cathédrale Saint-Basile. La construction dure six ans et, selon la légende, les yeux de son architecte, Postnik Barma Yakovlev, auraient été crevés afin que celui-ci ne puisse en rebâtir une autre aussi belle ; Yakovlev a toutefois participé aux travaux du kremlin de Kazan quelques années plus tard, ce qui laisse penser qu'il n'a pas été aveuglé.

Après la prise de Kazan, son général Ermak atteint l'Oural, puis la Sibérie.

Ivan repousse les Tatars et ouvre aux Anglais la mer Blanche et le port d'Arkhangelsk. En 1558, il s'engage dans la longue guerre de Livonie, qui, après lui avoir assuré un débouché sur la mer Baltique, se termine en 1583 par une défaite contre une coalition réunissant la Pologne, la Suède, la Lituanie et les chevaliers teutoniques de Livonie.

1567, 1568 et 1569 sont des années de mauvaise récolte et une épidémie de peste provoque une mortalité importante16. A cette époque, en 1567, Ivan est mis au courant d'un supposé complot organisé par des Boyards contre sa personne. Ivan punit sévèrement les présumés conspirateurs, et dans sa fureur, il ordonne aux Oprichniki de déclencher une vaste campagne de répression17. Le métropolite Philippe II de Moscou, qui dénonce ouvertement les actions du Tsar et des Oprichniki, est destitué et condamné à la prison à vie dans un Monastère17,18. Il sera ultérieurement assassiné, sur ordre d'Ivan le Terrible, en décembre 156917.

Le khanat de Crimée ruine constamment les terres frontalières de la Russie durant le règne d'Ivan IV (voir aussi Invasions des Tatars de Crimée en Russie). En 1571, le khan de Crimée brûle Moscou, mais l'année suivante les Tatars de Crimée sont vaincus non loin de la capitale russe, à la bataille de Molodi.

En 1570 les détachements polonais et suédois ruinent les territoires septentrionaux et occidentaux de la Russie, l'armée du roi polonais Stefan Batory supprime les garnisons et la population de quelques villes russes. La même année, les opritchniki du tsar massacrent la population de la ville de Novgorod, accusée de comploter contre son autorité.

Fin de règne

Ivan le Terrible tue son fils (1885), par Ilia Répine (tableau conservé à la galerie Tretiakov).

À la fin du règne d'Ivan IV, la Russie se retrouve dévastée par une guerre de 25 ans. En 1581, Ivan le Terrible cause la mort de son fils aîné Ivan Ivanovitch (1554-1581) en le frappant mortellement de son sceptre, alors que celui-ci est intervenu pour protéger l'enfant que portait sa troisième femme Yelena Cheremetieva, agressée par le tsar. L'épisode est illustré par plusieurs tableaux.

Les circonstances de sa mort, le 18 mars 1584 ( dans le calendrier grégorien), lors d'une partie d'échecs, restent non élucidées à ce jour. Cependant, les travaux de rénovation de son tombeau dans la cathédrale de l'Archange-Saint-Michel à Moscou dans les années 1960, ont permis un examen de ses restes. Celui-ci a révélé la présence dans les ossements de fortes doses de mercure, laissant à penser qu'il aurait été volontairement empoisonné. Mais il était très courant, à cette époque, que les médecins prescrivent aussi du mercure en poudre à des fins médicales, comme principe actif d'onguent (notamment dans le traitement de la syphilis), ignorant alors que l'absorption régulière d'une telle substance puisse porter atteinte au système nerveux central. Une telle intoxication prolongée au mercure expliquerait ainsi, selon certains historiens et scientifiques, les crises de folie du tsar.

Gouvernement moscovite

Envoyé en Russie en 1588 par la reine d'Angleterre Élisabeth Ire, en qualité d'ambassadeur auprès du tsar Fédor Ier, fils d'Ivan IVGiles Fletcher l'Ancien (en) décrit le régime politique du pays19 : « Le gouvernement est à peu près à la turque. Les Russes semblent imiter les Turcs autant que le permettent et la nature du pays et leur capacité politique. Ce gouvernement est une tyrannie pure et simple car il subordonne toutes choses à l'intérêt du prince et, cela, de la manière la plus barbare et la plus ouverte. On pourra en juger d'après les maximes du gouvernement russe que nous expliquerons plus tard, de même que par l'abaissement de la noblesse et du peuple, qui ne peuvent faire contrepoids au pouvoir, et aussi par les impôts et exactions qui vont jusqu'à l'excès et frappent sans distinction la noblesse et le peuple20. »

Mariages et descendance

Ivan IV se maria à huit reprises:

À sa mort, Ivan IV laisse deux fils, Fédor Ier et Dimitri, à qui il lègue une Russie en crise (le « Temps des troubles »), à la fois économiquement, socialement et politiquement, crise qui se termine par l'accession au trône du premier des Romanov en 1613.

Postérité artistique

Cinéma

Musique

Peinture

Sculpture]

  • Le , un monument dédié à Ivan le Terrible est inauguré dans la ville d'Orel, le tsar étant présenté comme un « défenseur du pays » ayant « étendu les frontières de l'Empire », ce qui a suscité une controverse.

Mémorial

Bibliographie

Ivan le Terrible.
  • Pierre GonneauIvan le Terrible ou le métier de tyran, Paris, Tallandier (1re éd. 2014), 558 p. (ISBN 979-10-210-0275-3présentation en ligne [archive]).
  • (en) Alexander Filjushkin, Ivan the Terrible : a military history, Frontline Books,  (ISBN 1848325045).
  • Stephen Graham, Ivan le Terrible, Histoire Payot, 1933 (édition originale anglaise), 1980 (ISBN 978-2-228-70160-0).
  • Jean-Louis Leutrat, Échos d'Ivan le Terrible : l'éclair de l'art, les foudres du pouvoir, préface de Barthélémy Amengual, De Boeck,  (ISBN 2804149463).
  • (en) Isabel de Madariaga, Ivan the Terrible : first tsar of Russia, Yale University Press, illustrated edition (ISBN 0300119739).
  • Marie-Pierre Rey, Le Dilemme russe : la Russie et l'Europe occidentale d'Ivan le Terrible à Boris Eltsine, Flammarion,  (ISBN 2082100987).
  • Henri TroyatIvan le Terrible, Paris : Flammarion, 1982 (ISBN 2-253-05236-1).
  • Kazimierz WaliszewskiIvan le Terrible, Nabu Press,  (ISBN 1147696624).
  • Henri Vallotton, Ivan le Terrible, Fayard, Paris, 1939.
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    Opritchnina

    En hachuré, le territoire de l'opritchnina.

    La Réserve du Souverain, en russe Gassoudariéva Opritchnina (Государева Oпричнина), a été de 1565 à 1572, la part de la Russie sur laquelle le tsar Ivan IV le Terrible exerçait un pouvoir absolu, le reste du territoire, la Zemchtchina, étant dévolu, par un partage du pouvoir, aux différents boyards. Par métonymie, le mot deviendra un synonyme de pouvoir impitoyable et sans limites.

    Contexte

    Le 1, après dix-huit ans de règne, Ivan IV ordonne de quitter Moscou, sans désigner personne pour conduire l'État. Le périple prend du temps. Le cortège s'arrête jusqu'au  à Kolomenskoïe, passe par la Trinité-Saint-Serge et s'installe finalement à Alexandrovna Sloboda (nord-est de Moscou) avec la tsarine Maria Temrioukovna, les tsarévitchs et tous les familiers de la cour2.

    Le , Ivan adresse au métropolite de Moscou, Athanase, une missive dans laquelle il dénonce les trahisons des boyards et annonce son intention d'abdiquer3.

    Une délégation composée du métropolite, de boyards et de marchands se rend à Alexandra Sloboda pour lui demander de revenir sur le trône. Ivan pose une seule condition : que l'on accepte de lui laisser un pouvoir illimité. Le clergé doit donc renoncer à son droit d'intercéder en faveur de personnes tombées en disgrâce, et les boyards aux garanties d'une justice équitable. La délégation accepte la condition et, un mois plus tard, le tsar rentre à Moscou.

    Mise en place et étendue de l'opritchnina

    Les opritchniki peints par Vassili Khoudiakov.

    Le même mois, un Ukase du tsar divise la Moscovie en deux territoires : la zemchtchina conserve l'ancienne administration tsariste et l'opritchnina (la « réserve »), où Ivan IV détient un pouvoir sans limites. Par la même occasion, il crée les opritchniki, une troupe d'élite qui doit lui obéir au doigt et à l'œil. Ces hommes vêtus de noir, que le peuple appelle la « troupe satanique2 », ont un balai et une tête de chien accrochés à leur selle. Ils sont menés par des boyards qui ne jurent que par Ivan. Ils ont pour nom Alexis BasmanovAthanase Viazemski et Maliouta Skouratov.

    L'opritchnina comprend principalement la Moscovie elle-même et les territoires qui la sépare de la mer Blanche, par laquelle est assurée l'unique liaison maritime directe. Elle est composée de plusieurs territoires distincts et correspond globalement à la moitié septentrionale la moins peuplée du pays : sud de la mer Blanche et région de la Dvina septentrionale). Ces territoires seront étendus vers l'ouest (lac Ladoga) en 15714.

    Un régime de terreur

    Les habitants fuyant le massacre, décor d'Apollinaire Vasniétsoff pour l'opéra de Tchaïkovski L'Opritchnik.

    Le système de l'opritchnina dure de 1565 à 1572, sept ans pendant lesquels Ivan s'efforce d'anéantir ses adversaires et de briser l'ancien système de gouvernement qui ne lui convient pas. La répression fait que certains boyards incitent même la Lituanie à intervenir pour le renverser. Ivan intercepte les messages et intensifie ce qu'il faut bien appeler des purges. Le métropolite Philippe tente d'intercéder en faveur des prisonniers. Il est arrêté et assassiné. Ivan s'acharne également sur les Staritski : sa cousine Eufrossinia et le fils de celle-ci, Vladimir, sont contraints de s'empoisonner.

    En 1570, Ivan découvre que les fils du « complot » remontent à Novgorod. Ses opritchniks pillent, incendient et détruisent la ville. De retour à Moscou, la troupe satanique s'attaque aux notables non titrés et commence à les massacrer. La même année, Ivan croit qu'Alexis Basmanov et Athanase Viazemski, ses fidèles assistants tentent de le trahir et sont aussitôt exécutés.

    La fin de l'opritchnina

    Ivan le Terrible commence à douter de l'utilité de l'opritchnina après les exécutions d'Alexis Basmanov et d'Athanase Viazemski. Des membres de sa troupe d'élite, chargés d'assurer sa sécurité, ont été convaincus de trahison. La mort de sa troisième épouse, Marfa Sobakina, quinze jours après les noces, le convainc que seuls des opritchniks ont pu l'empoisonner. La troupe comprend alors 6 000 hommes qui pillent sans vergogne les terres de la zemchtchina sans qu'Ivan n'en ait donné l'autorisation.

    Au printemps 1571, les Tatars de Crimée envahissent la Russie et parviennent à Moscou, qu'ils incendient en partie, sans que les opritchniks n'aient levé le petit doigt pour défendre la ville. Ivan les soupçonne de l'avoir trahi au profit du khan de Crimée.

    Il décide alors de sévir. En juillet 1572, un nouvel oukase abolit le système de l'opritchnina et dissout la troupe des opritchniks. Les terres de l'ancienne opritchnina sont fusionnées à celles de la zemchtchina et les anciens propriétaires sont priés de reprendre leurs terres.

    Bilan

    Les historiens russes pensent que la terreur de l'opritchnina a fait près de 10 000 morts. Des paysans ont été obligés d'émigrer vers des régions plus tranquilles. Le commerce a été anéanti, le pays ruiné. L'économie russe s'en est ressentie pendant des années.

    Par la suite, Pierre le Grand et Joseph Staline prendront exemple d'Ivan le Terrible et de son système pour faire leurs propres purges.

    Bibliographie

    • Michel Heller (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard), Histoire de la Russie et de son empire, Paris, Flammarioncoll. « Champs Histoire »,  (1re éd. 1997), 985 p.
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ROBERT SIODMAK (1904 - 1973)