Le Pharaon (en polonais Faraon) est le quatrième et dernier roman majeur de l'écrivain polonais Bolesław Prus (1847-1912). Composé sur un an en 1894-1895, sérialisé en 1895-1896 et publié sous forme de livre en 1897, c'est le seul roman historique d'un auteur qui avait auparavant désapprouvé les romans historiques au motif qu'ils déformaient inévitablement l'histoire.
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Le Pharaon (Faraon) est un péplum polonais réalisé par Jerzy Kawalerowicz, sorti en 1966.
Ce drame à la réalisation soignée, tiré du roman éponyme de Bolesław Prus publié en 1897, possède un arrière-plan idéologique. Le pouvoir communiste de l'époque, en finançant le film, invitait à y voir une métaphore de sa propre situation face à la puissante Église catholique polonaise.
Synopsis
Ce film décrit les manipulations de prêtres et hauts-prêtres conservateurs à l'encontre du nouveau monarque Ramsès XIII, trop progressiste à leurs yeux, et qu'ils finiront par éliminer en jouant de la crédulité populaire.
Titre : Le Pharaon
Titre original : Faraon
Réalisation : Jerzy Kawalerowicz
Scénario : Tadeusz Konwicki, Jerzy Kawalerowicz
Acteurs principaux: Jerzy Zelnik, Piotr Pawłowski, Leszek Herdegen
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QUELQUE CHOSE DE POURRI AU ROYAUME D'ÉGYPTE
par Sébastien Chapuys
Le huitième film du Polonais Jerzy Kawalerowicz (Train de nuit, Mère Jeanne des anges…) présente toutes les caractéristiques d’un péplum : reconstitution fastueuse de l’Antiquité, multitude de figurants en pagnes et toges, tournage en scope mettant en valeur de magnifiques paysages, exotisme et érotisme. Difficile pourtant de résumer Pharaon à ce genre ou à un autre, tant il apparaît sans équivalent – ni, hélas, descendance – dans l’histoire du cinéma.
Pharaon raconte la lutte qui oppose le jeune et ambitieux Ramsès XIII, s’appuyant sur son pouvoir militaire et symbolique, et la classe des prêtres, qui détiennent quant à eux les leviers économiques – et donc politiques – de l’Égypte. Dans son montage international, amputé d’une bonne demi-heure[1], Pharaon souffre de quelques ellipses qui rendent cryptiques certains aspects de son récit, d’autant que celui-ci s’inscrit dans un contexte social et géopolitique aussi complexe (Assyriens, Phéniciens, Juifs et Libyens sont de la partie) que peu familier. C’est cependant avec fascination que le spectateur démêle l’écheveau d’une intrigue aux ingrédients feuilletonesques (un sosie, une éclipse, un trésor enfoui au cœur d’un labyrinthe mortel…), et qui dessine un propos jamais univoque.
La richesse du film vient en effet de ce que Kawalerowicz se garde de prendre parti pour ou contre ses personnages. Les usuriers phéniciens sont caricaturés et rendus bouffons, mais leur manigances se justifient par les périls qu’encourt leur pays, et leur comportement outrancier par l’ostracisme et le mépris dont ils font l’objet. Les prêtres s’agrippent à leurs richesses, mais ils représentent l’âme de l’Égypte, et si certains sont retors et corruptibles, d’autres savent se montrer sages et avisés. Quant au jeune et impétueux Pharaon aux velléités réformatrices, il n’est pas montré sous un jour particulièrement flatteur : par son obsession de la grandeur, il met en péril l’équilibre fragile de son pays. Son orgueil constitue sa principale faiblesse, ce que métaphorise avec subtilité le film quand il lui fait affronter son propre reflet, à travers son sosie.
Pour ce Pharaon, la réalisation du cinéaste polonais s’est mise au diapason du hiératisme des décors et des paysages désertiques. Alors que le récit file à vive allure, les scènes s’étirent, laissant s’installer un sentiment d’attente et de tension permanentes. Chaque plan est construit selon une géométrie rigoureuse : le plus souvent isolés au centre de l’image, figés comme des hiéroglyphes, les personnages semblent disposés sur l’écran telles des pièces sur l’échiquier du pouvoir. Même lorsqu’ils s’animent et que l’image épouse leurs mouvements, voire leur regard – le film recourt régulièrement à la caméra subjective –, ils apparaissent toujours prisonniers de leur position sociale et des obligations induites par leur rang. La mise en scène ne se départ que rarement de sa symétrie, plongeant alors dans la confusion d’une course éperdue, dans les vertiges d’une orgie, ou dans le fracas d’une bataille filmée à hauteur d’hommes, dans toute sa brutalité.
Le dépouillement du film se retrouve également dans sa bande son. En dehors de quelques chants solennels qui installent une atmosphère à la fois antiquisante et ésotérique, aucune musique ne vient souligner les états d’âme des personnages. Seul le bruit du vent dans les dunes – omniprésent, obsédant – résonne avec leurs tourments intérieurs.
Cette économie d’effets n’empêche pas le film d’être souvent spectaculaire (deux mille soldats furent prêtés par l’Armée rouge pour les scènes de batailles). Elle lui permet surtout d’éviter l’écueil du kitsch sur lequel la plupart des superproductions du genre se sont échouées. On est ainsi surpris de constater aujourd’hui à quel point Pharaon a bien vieilli[2].
Outre son ton et son rythme, ce qui distingue le plus nettement le film de Kawalerowicz des péplums hollywoodiens ou italiens est l’attention saisissante portée à la vraisemblance historique. Son récit est pourtant fictif : les deux pharaons dont il narre les règnes (Ramsès XIII et son père) sont tout droit sortis de l’imagination de l’écrivain polonais Bolesław Prus, la dynastie des Ramessides s’étant éteinte avec le onzième du nom. Tout comme le roman dont il s’inspire[3], c’est avec une précision quasi documentaire que le film s’attache à décrire les coutumes qui avaient cours dans l’Égypte du XIème siècle avant Jésus-Christ : la mise à mort d’un cheval en l’honneur d’un chef de guerre, l’embaumement d’un pharaon défunt, un vote à pierres levées… Autant de visions politiques auxquelles le cinéma ne nous a pas habitués, et qui confèrent à Pharaon une puissante aura d’étrangeté. Pour autant, la reconstitution de ces mœurs exotiques aux significations parfois obscures ne nous éloigne pas du récit. Bien au contraire : c’est en le replaçant dans son époque si lointaine et si singulière que le film fait ressortir l’intemporalité d’un drame quasi shakespearien. Pharaon décrit en effet l’éternelle lutte entre les pouvoirs économique et militaire, spirituel et temporel, et leur instrumentalisation du peuple.
Le film de Kawalerowicz est bien sûr inscrit dans son époque. La décadence de l’Empire égyptien, menacé d’annexion par d’anciens royaumes vassaux, fait écho à celle de la Pologne du XXème siècle, ancienne grande puissance européenne dépecée par ses voisins. Le clergé qui voit son autorité millénaire contestée par un Pharaon matérialiste, renvoie quant à lui aux prêtres polonais mis à mal par l’anticléricalisme des autorités communistes. Mais, comme tout grand film, Pharaon offre d’inépuisables niveaux de lecture et s’adresse également aux spectateurs d’autres lieux et d’autres temps que ceux qui l’ont vu naître. Ils y trouveront, outre un spectacle de qualité et une mise en scène étonnante d’intelligence et d’invention, une parabole politique à la portée universelle.
Notes
↑1 On rêverait de découvrir le film dans sa version polonaise de trois heures, hélas introuvable et jamais diffusée en France.
↑2 À l’exception des maquillages, qui échouent à faire passer de blancs et blonds Polonais pour de bronzés Égyptiens.
↑3 Sorti la même année que le Quo Vadis? d’Henryk Sienkiewicz (qu’adapta également Jerzy Kawalerowicz en 2001, pour la télévision polonaise), le roman de Prus s’appuyait sur les découvertes archéologiques et sur les progrès de la science historique de la fin du XIXème siècle.
https://www.critikat.com/panorama/analyse/pharaon/#:~:text=Pharaon%20raconte%20la%20lutte%20qui,politiques%20%E2%80%93%20de%20l'%C3%89gypte.
Naissance 19 janvier 1922
Gwoździec (Pologne)
Nationalité Drapeau de la Pologne Polonais
Décès 27 décembre 2007 (à 85 ans)
Varsovie (Pologne)
Profession Réalisateur, scénariste
Films notables Mère Jeanne des anges
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Filmographie
comme réalisateur et scénariste
Jerzy Kawalerowicz est scénariste des films qu'il réalise, à l'exception de L'Ombre.
1952 : Le Moulin du village (Gromada)
1954 : Cellulose (Celuloza)
1954 : Sous l'étoile phrygienne (Pod gwiazdą frygijską)
1956 : L'Ombre (Cień)
1957 : La vraie fin de la guerre (Prawdziwy koniec wielkiej wojny)
1959 : Train de nuit (Pociąg)
1961 : Mère Jeanne des anges (Matka Joanna od aniołów)
1966 : Le Pharaon (Faraon), d'après l'œuvre de Bolesław Prus
1969 : Le Jeu (Gra)
1971 : Maddalena
1978 : La mort du Président (Śmierć prezydenta)
1980 : Rencontre sur l'Atlantique (Spotkanie na Atlantyku)
1983 : Austeria
1989 : L'Otage de l'Europe (Jeniec Europy)
1991 : Bronsteins Kinder
1996 : Za co?
2001 : Quo Vadis?
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