sâmbătă, 6 martie 2021

Ivan cel Groaznic 2

 


Ivan le Terrible

Ivan Groznyj

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».


Film historique en deux parties de Serguei Mikhaïlovitch Eisenstein, avec Nikolaï Tcherkassov (Ivan), Loudmila Tchelikovskaïa (Anastasia), Serafima Birman (Euphrosinia), Piotr Kadotchnikov (Vladimir), Mikhaïl Nazvanov (Kourbsky), Andrei Abrikosov (Kolitchev), Mikhaïl Jarov (Skouratov), Amvrosi Boutchma (Basmanov), Vsevolod Poudovkine (Nikola, le fanatique).

  • Scénario : Serguei Mikhaïlovitch Eisenstein
  • Photographie : Edouard Tissé (extérieurs), Andrei Moskvine (intérieurs)
  • Décor : Iossif Chpinel (d'après les croquis de S.M.E.)
  • Costumes : Lidia Naoumova (d'après les croquis de S.M.E.)
  • Musique : Serge Prokofiev
  • Montage : S.M.E., assisté d'Esfir Tobak et L. Indenbom
  • Production : SOKS (Alma Ata), Mosfilm
  • Pays : U.R.S.S.
  • Date de sortie : Sortie en U.R.S.S. en 1958 ([1re partie] 1942-1944 – [2e partie] 1945-1946)
  • Son : (1re partie) noir et blanc, (2e partie) couleurs
  • Durée : 1 h 40 et 1 h 30

RÉSUMÉ

Ivan IV, grand-duc de Moscovie, se fait couronner tsar malgré l'opposition farouche des nobles, les boyards, et de sa propre tante, Euphrosinia, qui souhaite placer sur le trône son fils Vladimir, un simple d'esprit. Il épouse la princesse Anastasia, que courtise également le prince Kourbsky, et brise un soulèvement populaire fomenté par les boyards. Il mène campagne contre les Tatars de Kazan qui lui ont déclaré la guerre et s'empare de la ville. Il parvient à conserver le pouvoir malgré les menées d'Euphrosinia et la trahison de Kourbsky, mais Anastasia est empoisonnée par Euphrosinia. Basmanov, un forgeron, réunit autour de lui une garde personnelle, les Opritchniki. Découragé, Ivan décide d'abdiquer pour s'assurer de la fidélité du peuple et quitte Moscou : le peuple vient en foule le conjurer de rester au pouvoir.

À son retour à Moscou, informé que la tsarine a été victime d'Euphrosinia, Ivan fait exécuter trois des principaux boyards tandis que le moine Philippe le somme de se soumettre. Euphrosinia décide de le faire assassiner, mais le tsar déjoue le complot et, grâce à sa ruse, c'est Vladimir qui est poignardé. Définitivement assuré sur son trône, Ivan proclame la nécessité d'un pouvoir fort pour vaincre les ennemis de la patrie.

COMMENTAIRE

Un grandiose film-opéra

Tourné à Alma-Ata (Asie centrale), le film devait comporter une troisième partie qui ne fut pas réalisée et dont il ne subsiste que les vingt dernières minutes (en couleurs) de la deuxième partie, laquelle fut interdite par la censure jusqu'en 1958. Il est clair que Staline s'était senti visé par cette hagiographie ambiguë où l'on peut voir aussi bien une condamnation de la dictature qu'une apologie du pouvoir légitime : « Ma force est la confiance du peuple », dit Ivan. Ce grandiose film-opéra conjugue les prestiges plastiques de la peinture et les vertus dramatiques du théâtre, chaque plan étant conçu comme un tableau, au sens où l'on parle de tableaux au théâtre, dans un constant souci de composition dynamique. Dominée par la puissante interprétation de Tcherkassov, cette œuvre à la fois hiératique et convulsive rejoint « le bruit et la fureur » des tragédies shakespeariennes. Le caractère expressionniste du style visuel atteint son apogée dans les séquences en couleurs conçues dans une perspective psychologique et non réaliste.





Ivan le Terrible (film) / Sergueï Eisenstein

Ivan le terrible
Titre originalИван Грозный
Ivan Groznyy
RéalisationSergueï Eisenstein
ScénarioSergueï Eisenstein
Acteurs principaux

Nikolaï Tcherkassov
Erik Pyriev
Lioudmila 

Tselikovskaïa

Sociétés de productionMosfilm
Tsentralnuyu
Obedinyonnuyu Kinostudiyu
Pays d’origineDrapeau de l'URSSUnion soviétique
GenreBiopic
dramehistorique
Durée103 minutes
Sortie1944



Ivan le Terrible (en russe : Иван ГрозныйIvan Groznyy) est le dernier film réalisé par le cinéaste soviétique . Il est composé de deux parties dont la première, en noir et blanc, est sortie en 1945 tandis que la seconde, dont les scènes finales sont en couleur, n'est sortie qu'en 1958, bloquée par la censure.

Il s'agit d'une fresque historique retraçant les efforts du tsar Ivan IV de Russie (1530-1584), dit Ivan le Terrible, pour unifier les terres russes en un État moderne et puissant. Le tsar doit affronter aussi bien des adversaires étrangers, à l'est et à l'ouest, qu'un terrible complot ourdi parmi les siens.

Le personnage historique d'Ivan le Terrible

Ivan IV de Russie, surnommé Ivan le Terrible, est né en 1530. À la mort de son père Vassili III en 1533, il devient Grand Prince de Russie. En attendant sa majorité, sa mère Hélène Glinskaïa assure la régence. Cette dernière meurt en 1538, laissant l’État aux boyards qui cherchent à prendre le pouvoir. En 1547, Ivan IV atteint sa majorité ; il est le premier grand-prince moscovite à être officiellement couronné tsar. La même année, il épouse Anastasia Romanovna de la famille des Romanov.

Il s’entoure de fidèles conseillers et se tient à l’écart de la noblesse à cause de la révolte des nobles durant son enfance. Il réunit le premier zemski sobor, qui est une sorte d’états généraux. Il réorganise le pays et renforce sa position autocratique en enlevant des pouvoirs aux boyards et à l’Église.

En 1550, il lance une réforme du système administratif et judiciaire : des directions unifiées sont créées pour les finances, les affaires étrangères et la guerre ; les pouvoirs des voïvodes, les gouverneurs de provinces, sont limités. En 1560, il entreprend une nouvelle réforme de l’administration locale et du système fiscal, réorganisés notamment au détriment des boyards qui se voient privés des taxes qu’ils ont toujours eu le droit de prélever sur les impôts qu'ils collectent pour le tsar.

En 1564, Ivan IV abdique et part de Moscou avec une partie de la cour. Mais quelques semaines plus tard sous la pression populaire, il accepte de remonter sur le trône.

En 1565, il s'approprie une partie de la Moscovie à titre personnel (ce domaine sera dénommé opritchnina) et la dirige lui-même pour la redistribuer à ses plus fidèles partisans, créant ainsi de nouveaux fonctionnaires, les opritchniki. Les boyards mécontents de leur perte de pouvoir complotent contre le Tsar qui les extermine sans pitié ce qui lui vaut le surnom de « Ivan le Terrible ».

En 1552, les armées moscovites conquièrent et annexent le royaume tatar de Kazan et Astrakhan qui deviennent des territoires russes en 1556. Il pacifie les frontières de l’Est de la Russie. Il autorise les rapports commerciaux entre l’Angleterre et la Russie.

Souvent excessif et cruel, Ivan IV fonde une Russie forte et crée un modèle de pouvoir suprême pour les tsars.

Le film

Le film raconte les efforts du prince Ivan de Moscou qui, au xvie siècle, transforma un ensemble disparate de principautés en un puissant État russe unifié, magnifia la renommée guerrière de la Russie et pour cela, fut ceint, le premier, de la couronne de tsar de toutes les Russies.

Première partie

Le film s'ouvre sur les fastes du couronnement du grand-prince de Moscou, Ivan Vassilievitch, désormais tsar de Moscou et seigneur absolu de toutes les Russies. Sitôt ceint de la couronne, le nouveau tsar proclame sa ferme volonté de lutter contre les ennemis extérieurs et intérieurs du pays. Sa première tâche est d'unifier le royaume, par la force s'il le faut. Les puissants boyards sont invités à se soumettre à son autorité. Une nouvelle institution, les streltsy, est créée comme bras armé du tsar. Enfin des contributions financières sont maintenant exigées, y compris des riches monastères. Telles sont les conditions qui, selon le tsar, permettront à la Russie de retrouver l'intégralité de ses terres et sa grandeur passée comme troisième Rome. Le discours du tsar est fraîchement accueilli par les boyards. Les ambassadeurs présents sont mécontents. Quant à la tante d'Ivan, l'ambitieuse Efrossinya Staritskaya qui rêve de voir son fils Vladimir -un simple d'esprit- à la place d'Ivan, elle promet pour la Saint Siméon des noces bien particulières au tsar.

Les festivités des noces d'Ivan et d'Anastassia vont bon train. Pourtant deux intimes du tsar font grise mine. Le prince Andreï Kourbski pense que le mariage va l'éloigner d'Ivan (et d'Anastassia qu'il aime en secret). Le mystique Fiodor Kolytchov craint que les réformes annoncées ne suscitent des troubles. Il demande au tsar l'autorisation de se retirer dans un monastère. Comme en réponse aux inquiétudes de Kolytchov, une foule d'émeutiers excités par le clan d'Efrossinya fait irruption en plein banquet. Sus au tsar, il est ensorcelé ! Des prodiges l'attestent : des maisons s'embrasent spontanément et des cloches tombent toutes seules ! Grâce à sa haute stature et son autorité naturelle, Ivan calme la foule et lui fait reprendre ses esprits. Il lui explique la grande cause qu'il poursuit : remettre de l'ordre dans le royaume, écraser sans pitié toute sédition, favoriser le travail et le commerce. La foule est conquise, enthousiaste. C'est alors qu'un représentant du khan de Kazan vient défier le tsar. Rompant son amitié avec Moscou, Kazan lui déclare la guerre. Le khan offre un poignard à Ivan pour qu'il se suicide ... et évite la honte. C'en est trop. Ivan jure de laver l'affront et d'en finir avec Kazan. Sans attendre, la foule part au combat : tous à Kazan !

Ivan et son armée s'installent devant la citadelle de Kazan et de formidables explosions ébranlent les fondations de la citadelle. Les tours de siège sont poussées vers les remparts. Sous le commandement du prince Kourbski, la cavalerie est lancée à l'assaut de Kazan. Les fantassins accourent. Les canons tirent leurs boulets. La citadelle cède rapidement. La victoire d'Ivan est totale. Elle lui donne maintenant une légitimité incontestable. Il est bien le tsar de toutes les Russies.

Ivan est revenu à Moscou. Le temps a passé. Anastasia lui a donné un fils, Dimitri. Mais l'heure est grave. Le tsar Ivan vient de tomber malade. Tous viennent aux nouvelles. Quasi mourant, Ivan a fait venir l'archevêque Pimen pour recevoir l'extrême-onction. Serait-ce une juste punition de Dieu, comme le pense Efrossinya ? Mais avant de quitter ce monde, le tsar demande à tous de s'approcher de lui et d'embrasser la croix en signe d'allégeance à son fils Dimitri. Avec horreur, il voit chacun s'esquiver. Est-il possible que les boyards n'aient rien compris de la grande cause russe ? Interpelés l'un après l'autre par le tsar, les boyards restent muets. Ivan s'effondre. Anastassia les maudit.

Effrossinya tient sa vengeance et demande de jurer fidélité à son fils Vladimir. Seul le prince Kourbski hésite encore car il réalise qu'il peut accéder au trône en épousant la tsarine Anastassia. Mais celle-ci lui fait comprendre qu'il a peut-être enterré Ivan un peu trop tôt. Ivan n'est pas encore mort... Kourbski tente alors un coup audacieux. Devant l'assemblée des boyards il prête ostensiblement serment non à Vladimir mais au tsarévitch Dimitri. Son serment consterne les boyards, mais parvient aux oreilles d'Ivan qui, ayant repris quelques forces, s'est levé de son lit d'agonisant et fait une apparition inattendue. L'audace du prince a payé. Reconnaissant, Ivan lui confie une mission de grande importance : libérer les terres russes de l'Ouest. Quant aux terres méridionales, Ivan en confie la défense au fidèle Alexeï Basmanov, ennemi juré des boyards.

Efrossinya et les boyards se sont réunis pour examiner la situation. Ils se sentent opprimés par le pouvoir autocratique d'Ivan et ont peur. Ivan ne les écoute plus, pire, il accorde sa confiance à Basmanov, un homme de rien. Pour comble de malheur, le métropolite Pimen leur annonce qu'Ivan l'a démis de son titre et l'envoie à Novgorod. Une réaction s'impose. Pimen conseille de profiter de l'éloignement de Kourbski pour affaiblir le tsar en s'opposant à ses campagnes. Quant à Efrossinya, elle se propose de s'occuper personnellement d'Anastassia.

Le plan semble fonctionner car, du côté du tsar, les nouvelles ne sont pas bonnes. Les canons royaux manquent de plomb car les navires anglais sont bloqués par la ligue hanséatique et ne peuvent commercer avec la Russie. Furieux, Ivan décide d'ouvrir la voie septentrionale de la mer Blanche aux navires anglais. Ivan charge Népéja d'aller faire sa proposition à la reine Élisabeth d'Angleterre et de lui offrir un échiquier.

Allongé auprès de sa femme, Ivan lui confie sa solitude. De fait, il a quelques raisons d'être soucieux. Un messager apporte de mauvaises nouvelles de Riazan. Basmanov est en difficulté dans la défense de la ville et les boyards s'opposent aux ordres du tsar et sont prêts à livrer Riazan au khan de Crimée. La riposte doit être impitoyable, comme il l'avait promis. Désormais, non seulement les traîtres seront dépossédés de leurs terres mais les fiefs ne seront plus héréditaires ! Les terres ne seront données que pour le service rendu à l'État. Efrossinya, effrayée par ces dernières décisions, décide de passer à l'action. Elle empoisonne Anastassia. Plan diabolique car c'est Ivan lui-même qui apporte, sans le savoir, la coupe mortelle aux lèvres d'Anastassia.

Au pied du catafalque d'Anastassia, Ivan est anéanti. L'ambiance est angoissante. Maliouta, son fidèle serviteur, lui lit les dernières nouvelles : ce ne sont que trahisons et séditions. Même le prince Kourbski, son ami Andreï, a trahi la grande cause russe en passant au service du roi de Pologne Sigismond. Ivan est en proie au doute. A-t-il raison ? Est-il puni par Dieu ? Ivan veut réagir et fait le compte de ses derniers amis. Ils sont peu nombreux. Il y a le fidèle Fiodor Kolytchov qu'il veut voir revenir de son monastère. Il y a aussi Maliouta, Alexeï Basmanov et son fils Fiodor. Ces deux derniers font comprendre au tsar qu'il doit s'appuyer sur des hommes nouveaux, « l'anneau de fer », qui se dévoueront corps et âme à la grande cause russe. Basmanov a raison, mais Ivan voit plus loin : s'appuyer sur le peuple même et en obtenir une nouvelle légitimité. Pour cela il quitte Moscou et se retire à Alexandrov où il attend l'appel du peuple.

Le peuple est informé du départ du tsar pour Alexandrov. Les hommes sont appelés à former la garde personnelle du tsar. L'appel du tsar a été entendu. Une immense procession rejoint la retraite d'Ivan. Celui-ci s'incline respectueusement devant la foule, qui, à son tour, s'agenouille dans la neige. Il est temps pour Ivan de retourner à Moscou.

Seconde partie, la conjuration des boyards

Nous sommes à la cour du Roi de Pologne Sigismond. Le roi remet une décoration au prince Kourbsky qui vient de trahir la cause russe. Le prince affirme que les boyards vont bientôt renverser le tsar reclus à Alexandrov. Il se dit prêt à monter sur le trône. Le Roi trouve préférable de briser l'unité russe en rendant le pouvoir aux boyards et expose avec enthousiasme ses projets ambitieux d'expansion à l'est. Soudain, un messager accourt. C'est la consternation : Ivan fait marche sur Moscou !

À Moscou, devant les boyards réunis, Ivan annonce que l'essentiel des terres reviendra aux boyards - c'est la zemchtchina-- tandis qu'il administrera le reste avec sa garde personnelle, l'opritchnina. Fedor Kolytchev, devenu le moine Philippe, fait son apparition. Il tance sévèrement le tsar pour son autoritarisme. Ivan veut se justifier. Nous revenons à l'adolescence d'Ivan, à l'époque où les boyards gouvernaient en son nom. Nous revoyons l'empoisonnement de sa mère, les manœuvres des boyards, leur hypocrisie et leur arrogance. Le jeune Ivan s'est alors juré de devenir un tsar autocrate, débarrassé des boyards. Nous retournons au tsar Ivan. Il fait le bilan de son action. Il a réussi à asseoir son autorité en s'appuyant sur le peuple et la défend maintenant grâce à l'opritchnina. Mais il se sent très seul. Anastasia n'est plus. Kourbski l'a trahi. Il a besoin d'amis. Il conjure Kolytchev de ne pas l'abandonner. Pour vaincre la réticence de Kolytchev-Philippe, qui est du côté des boyards, il lui propose le titre de métropolite et lui concède même le droit d'intercéder pour les condamnés.

Maliouta, devenu opritchinik et âme damnée d'Ivan, reproche au tsar sa faiblesse envers le nouveau métropolite Philippe. Il comprend la souffrance d'Ivan et veut le soulager un peu du poids du pouvoir. Il se propose de se charger lui-même des basses œuvres. Ivan accepte mais sent en lui un certain malaise.

En présence de Fiodor Basmanov, fils d'Alexeï Basmanov, le tsar se rend compte qu'Anastasia a peut-être été empoisonnée, et que c'est lui qui lui a apporté la coupe empoisonnée, coupe présentée par Efrossinya. De terribles soupçons pèsent maintenant sur la tante du tsar. Mais il faut encore des preuves.

Maliouta ne perd pas de temps. Il s'en prend à trois des parents du métropolite Philippe: Kolytchev "savant" et deux Kolytchev "non écrasés". Dans une parodie, il prétend qu'Ivan les accuse de félonie et qu'il les a condamnés à être décapités. Maliouta exécute lui-même la décapitation. Ivan arrive, contemple la scène et s'incline devant les corps.

L'heure est grave. Devant les trois cercueils des Kolytchev, une foule se recueille. Philippe médite. Sous la pression de l'archevêque Pimen et d'Efrossinya, il décide de passer à l'action. Son plan est de se rendre maître d'Ivan lors d'une cérémonie religieuse, le lendemain, à la cathédrale.

La cérémonie évoque le mythe des trois adolescents Anani, Azari et Missail, qu'un ange a mystérieusement sauvés de la fournaise allumée sur ordre du "tsar païen" Nabuchodososor. L'allusion aux Kolytchev et à Ivan est claire. Ivan fait son entrée dans la cathédrale, accompagné de ses opritchniki. Il s'incline devant Philippe et lui demande la bénédiction. Philippe refuse. Les deux se défient mutuellement. Philippe exige la suppression de l'opritchnina. Ivan lui intime l'ordre de se taire, puis voit dans la réaction d'Efrossinya l'aveu de sa culpabilité. Fou de douleur, Ivan prévient qu'il sera dorénavant comme on le nomme : terrible.

En compagnie des boyards, Efrossinya et l'archevêque Pimen examinent la situation. Philippe est arrêté. Il est perdu. Après lui Ivan s'attaquera aux autres. Il ne reste plus qu'une seule solution, tuer Ivan. Pour cela, l'archevêque désigne Piotr Volynets, un fanatique. En attendant l'assassinat du tsar, que faire concernant Philippe ? Le cynique archevêque Pimen n'hésite pas à le sacrifier comme futur saint et martyr. Resté seul avec sa mère, Vladimir prend peur. Pour le rassurer, Efrossinya le prend dans ses bras et lui chante la chanson du castor noir. Maliouta entre. Il offre une coupe de vin à Efrossinya et invite Vladimir à venir au festin du tsar. Efrossinya y voit l'occasion rêvée pour Piotr d'approcher le tsar et de l'assassiner. Le doigt de Dieu s'est donc exprimé. Mais curieusement la coupe est vide…

Entouré de ses opritchniki, Ivan, ses amis, son cousin Vladimir font bombance. Une troupe de danseurs et Fiodor Basmanov entonnent une chanson vengeresse contre les boyards. Ivan confie (faussement) sa solitude à Vladimir qui, un peu éméché mais touché, veut lui prouver son amitié. Vladimir révèle à Ivan qu'on projette de l'assassiner. Sans s'en rendre compte, il ajoute "qu'elle" veut le voir, lui Vladimir, revêtir les vêtements de tsar. Puisqu'il en est ainsi, Ivan imagine une bouffonnerie. Il fait revêtir à Vladimir des habits de tsar et procède au couronnement. Tous s'inclinent respectueusement devant le faux tsar Vladimir. Puis Vladimir est invité à les amener tous à la cathédrale. Plein d'appréhension, Vladimir prend la tête du long cortège. À l'intérieur de la cathédrale, embusqué derrière un pilier, Piotr attend le tsar. Vladimir s'arrête un moment. Piotr surgit et le poignarde de dos sans pouvoir le reconnaître. Vladimir s'écroule face contre terre. Piotr est maîtrisé. Efrossinya surgit et crie victoire. Elle sera de courte durée. La foule s'écarte pour laisser s'avancer Ivan. Terrorisée Efrossinya se jette à terre et retourne le corps. C'est celui de son fils Vladimir. Ivan s'approche de Piotr et le fait relâcher en tant qu'assassin d'un ennemi du tsar. Tous s'en vont en cortège, derrière Ivan. Ils jurent fidélité à la grande cause russe.

Le film se termine sur une brève exhortation du tsar Ivan. Les ennemis de l'unité de la terre russe étant définitivement défaits, le tsar aura pour tâche de la défendre de ses ennemis étrangers.

Fiche technique

Distribution

Analyse

Le film est « une réflexion sur la nature du pouvoir exercé par Staline »1.

Ivan le terrible a été tourné à Alma-Ata où les studios de Mosfilm avaient été évacués face à la menace de l'avancée allemande. Ivan est joué par Nikolaï Tcherkassov qui avait déjà interprété le rôle-titre d'Alexandre Nevski. Cet acteur, le préféré de Staline et membre du parti communiste, est d'ailleurs imposé à Eisenstein pour Ivan le Terrible2. Ceci permet plus facilement l'identification de Staline aux héros du passé. D'ailleurs la première partie montrant un tsar lumineux, unificateur et chef de guerre de grande qualité convient tout à fait à Staline. Quand elle sort en 1944, elle reçoit de prestigieuses récompenses3.

La seconde partie montre un Ivan vieillissant exerçant le pouvoir de manière despotique. Le film est servi par l'interprétation exceptionnelle des acteurs, le talent des chefs opérateurs Édouard Tissé et Andreï Moskvine qui installent un univers sombre et angoissant3. Quand Staline découvre cette seconde partie, il décide aussitôt de l'interdire. Eisenstein se voit reprocher la façon dont il a représenté la garde personnelle d'Ivan avec « l'allure d'une bande de dégénérés ressemblant au Ku Klux Kan américain4 ». Le film, perçu comme une critique de Staline et du culte de la personnalité, n'est autorisé à être projeté en URSS qu'en 1958 et met fin à la carrière d'Eisenstein qui meurt abandonné de tous en 1948.

Autour du film

  • C'est un film en noir et blanc. Le film devait comporter une troisième partie qui ne fut pas réalisée.
  • Le film reçut le Prix de la photographie au Festival international du film de Locarno en 1946 et fut classé septième des dix meilleurs films du cinéma mondial par la critique professionnelle d'après le magazine anglais Sight and Sound en 1962.

La musique de ce film a été composée par Sergueï Prokofiev. Peu après la sortie de ce film et sur la base de la musique qu'il avait écrite pour S. Eisenstein, Prokofiev composa une cantate pour grand orchestre, chœurs, alto, baryton et récitant. L'alto chante notamment la Chanson du castor qu'interprète Efrossinia dans le film d'Eisenstein. Le récitant tient le double rôle de l'auteur et d'Ivan.

  • Prokofiev avait déjà collaboré avec Eisenstein pour Alexandre Nevski et en avait également tiré une cantate. Malheureusement, le succès qu'avait rencontré Prokofiev avec Alexandre Nevski ne s'est pas renouvelé avec sa cantate tirée d'Ivan le Terrible.

Bibliographie


https://www.allocine.fr/film/fichefilm-1223/critiques/spectateurs/

Publiée le 21 juin 2007
Une oeuvre démesurée, immense, grandiose... Les adjectifs ne manquent pas pour décrire ce chef d'oeuvre du cinéma, aussi impressionnant dans sa forme que dans la représentation de ses personnages. Nous avons droit à quelques séquences d'anthologie, rendues par des acteurs d'une incroyable expressivité, et des plans plus remarquables les uns que les autres. C'est donc un immense spectacle de 3 heures qui nous est offert, et dont on se lasse pas la moindre seconde. Brillantissime et magistral.
31
Benjamin A Membre du Club 300 Allociné

A la demande de Staline, Serguei M. Eisenstein s'attaqua à la vie de Ivan IV de Russie, surnommé Ivan le Terrible qui régna durant une quarantaine d'années au XVIème siècle en Russie et crée la dynastie des Tsar. Eisenstein décide d'en faire une trilogie mais le troisième film ne se fera jamais du à sa mort et le deuxième sera censuré pendant une dizaine d'années car Staline y voyait une critique de son règne. Mais pas pour ce premier volet et c'est compréhensible, vu que Eisenstein met en avant l'autocratie et la dictature de Ivan capable de user de tous pouvoirs au nom et pour le peuple ainsi que pour l'unité de la Russie qui n'est pas une grande puissance à son arrivée au pouvoir. Eisenstein montre dans cette première partie l'arrivée au pouvoir à sa majorité de Ivan à travers une brillante première scène de sacre, déjà révélatrice de la peur des boyards qui ne veulent pas perdre tous leurs privilèges et l'instauration d'un climat de complots face à un Ivan très ambitieux. Et la déroulement du film tourne autour de ca, de la montée en puissance de Ivan malgré quelques péripéties malheureuse pour lui avec cette lutte constante contre les boyards et quelques ambassadeurs étrangers mais Ivan a toujours avec lui quelques fidèles et surtout le peuple. Eisenstein rend son récit passionnant de bout en bout où règne complot, manipulation, trahison plus ou moins intimes ou encre grandeur d'un récit et ce grâce à un excellent scènario et des personnages très bien écrit à commencer par Ivan, son ascension et sa soif du pouvoir (au nom du peuple et de la Russie selon lui) ainsi que d'autres personnages comme les boyards et leurs chefs et les liens que les personnages auront entre eux. De plus, la forme est remarquable, que ce soit par son jeu d'ombres et de lumières rappelant l’expressionnisme ou encore au niveau des (très) gros plan souvent sur les visages des protagonistes et montrant leur réaction et leur pensé à travers de simples regards et/ou gestes. Les interprétations sont très bonnes, parfois proche du sur-jeu mais voulu et jamais ridicule et notamment Nikolaï Tcherkassov qui incarne à merveille le rôle de Ivan. Une très belle œuvre, une première partie tant passionnante sur le fond que la forme.
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Estonius
3,0 Publiée le 18 mai 2014
Il faut toujours relativiser les choses. Ce film contient des choses admirables, le montage, la photo, les jeux d'ombres et de lumières, des scènes inoubliables (le couronnement, la fête avec l'apparition de la couleur) des plans de folie (mais pas toujours logiques à l'instar de ces soldats qui zigzaguent pour aller tout droit), la musique sublime de Serge Prokoviev. Mais à côté de ça, il y a la façon de typer les acteurs qui non seulement surjouent jusqu'à l'excès mais sont tous caricaturaux tellement ils ont la gueule de l'emploi  (les méchants ont des tronches de méchants, les traîtres ont des tronches et des posture de traîtres, les gentils des bouilles de bisounours, quand à Ivan, il nous prend des poses genre "attention l'Histoire me regarde". Certes, on comprend rapidement que ces postures résultent d'un parti pris, mais on a le droit de ne pas les trouver judicieux (un film n'est pas un opéra) Tout cela est au service d'une l'histoire qui n'est que moyennement intéressante. Eisenstein est un maître du cinéma, mais n'est pas Shakespeare qui veut pour transcender un tel sujet. L'impression globale est donc mitigé.
11
Gumgum Le Fou
5,0 Publiée le 4 septembre 2014
Un film de Eisenstein rien que ça !En temps que cinéphile du XI é siécle je peut vous dire honnêtement que ce film est aujourd'hui encore plus intéressant, plus satisfaisant que des blockbuster récent.Et ça pour un film en noir et blanc... Fallait le faire !Une histoire Historique avec un grand H pour les accro à la culture générale, une histoire de politique pour ceux qui cherchent les "messages" prônés par des films, et enfin un film de guerre pour ceux qui ont du mal à resté éveillé devant les films "vide" sur le plan de l'action.A partir de là on peut dire (ou au moins je peut le dire) que ce film est l'un des plus grands chef d'oeuvre du siècle dernier !
22
PSGcinema
5,0 Publiée le 8 novembre 2010
Bien qu'il ait été élu avec le soutien du peuple, le tsar de toutes les Russies devient peu à peu un dictateur... Tourné en deux parties ( la troisième n'ayant jamais pu être terminée ) par Serguei M. Eisenstein au milieu des années 1940, " Ivan le Terrible " se trouve être un opéra visuel absolument magnifique à visionner. Le tout se suit avec grande delectation grâce à une mise en scène ingénieuse et d'une grande élégance de la part du célèbre réalisateur russe qui signe ici sans doute son plus grand film. Au niveau de l'artistique, ce long métrage fait également un sans faute et contribue grandement au fait que ce film soit si réussi. En effet que ce soit les faramineux décors, la superbe photographie en noir et blanc ( et aussi en couleur pour les sublimes trentes dernières minutes de la deuxième partie ), ou encore pour les costumes assez impressionnant, tout cela fait que chaque plan est un véritable régal à visionner et que l'on ne voit pas les trois heures défiler. Coté casting, Nikolai Tcherkassov ( qui interprèta le rôle d'Alexandre Nevski quelques années plus tôt ) nous délivre une performance tellement incroyable, que l'on aurait du mal à imaginé qu'un autre acteur puisse le remplacer. Le tout est emmener par une partition musicale d'anthologie de Serguei Prokofiev qui envoùte littéralement le spectateur tout au long du visionnage. En resumé, cette dernière oeuvre de Serguei M. Eisenstein est à visionner de toute urgence pour ceux qui ne l'aurait jamais vu, car on passe rarement un moment aussi intense et merveilleux devant un film.
12
AMCHIMembre du Club 300 Allociné
3,5 Publiée le 1 novembre 2010
On ne regardera pas Ivan le terrible pour son côté historique mais plutôt pour le talent d'Eisenstein et même si j'ai une préférence pour ses films muets (d'ailleurs par moment Ivan le terrible fait songer à un film muet) Ivan le terrible n'en est pas moins un film de toute beauté. Eisenstein filme à merveille en grand plan l'expression de ses acteurs et si ce film est parfois lourd Eisenstein captive par la maîtrise de son art.
01
nekourouh
5,0 Publiée le 14 mars 2012
Emouvant et d'une qualité de mise en scène rare : à voir absolument !
01
 KurosawaKurosawaMembre du Club 300 Allociné
2,5 Publiée le 6 septembre 2016
On pourrait résumer la première partie de « Ivan le Terrible » à sa brillante séquence d’ouverture, une cérémonie qui investit le nouveau tsar russe qui doit faire face à une opposition large et féroce. Le film annonce d’emblée sa logique propagandiste car, au-delà du charisme d’Ivan et de son apparente puissance, ce qui compte c’est la place de la Russie dans l’Europe et la domination de Moscou sur Kazan. Tout est donc ramené à l’intérêt de la patrie qu’il faut servir, tout est explicité par des dialogues solennels déclamés par des acteurs ne l’étant pas moins, un effet d’écrasement de l’individu appuyé par des redondances d’écriture et de mise en scène qui finissent forcément par irriter sur la durée ; pourtant, le film est traversé par de sublimes idées, comme celle de l’ombre du souverain sur un globe qu’il domine ou la multitude de gros plans qui captent l’expressivité troublante des acteurs. Fort d’une mise en scène radicale, qui casse parfois mais qui ne laisse en tout cas jamais indifférent, contenant entre autres un sublime travail sur la lumière qui appuie les contrastes pour dire des rapports entre les personnages, la première partie de ce classique laisse donc un sentiment mitigé, celui d’une lassitude causée par la lourdeur du message et des répétitions qui le dictent et l’admiration devant les trouvailles d’Eisenstein, animé par un réel projet de cinéma.
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chrischambers86
5,0 Publiée le 21 octobre 2009
C'est à ce personnage hors du commun et à son èpoque que Sergei Mikhailovich Eisenstein consacre son film "Ivan le terrible", à l'èpoque même ou l'Union soviètique entre dans la seconde guerre mondiale! La rèalisation du film s'èchelonnera sur trois annèes, de 1942 à 1945! Le tournage s'effectuera d'abord dans les studios d'Alma Ata, ville de la frontière chinoise dans laquelle le cinèma soviètique s'ètait retirè pour fuir l'avance allemande, puis à Moscou, dont les studios recommencèrent à fonctionner dès 1944! Conçue comme un triptyque, l'oeuvre ne put être achevèe! La mort subite d'Eisenstein, en 1948, empêcha que soit rèalisèe la troisième partie qui ètait pourtant dèjà prèparèe! Bien qu'incomplète, cette oeuvre n'en constitue pas moins un monument dont la richesse et la complexitè mèriteraient une longue ètude! C'est assurèment l'un des films les plus remarquables que le cinèma ait jamais produits dans le domaine de la reconstitution historique! "Ivan le terrible" est sur le plan formel une oeuvre baroque traitèe selon des mèthodes expressionnistes! Le grand metteur en scène russe a surtout le souci de rendre les images les plus significatives possibles; les èclairages, la scènographie, l'interprètation (admirable Nikolai Tcherkassov dans le rôle d'Ivan), ne visent pas à montrer l'essence des choses, mais plutôt ce qu'elles symbolisent! Quant à la mise en scène, elle est d'une telle rigueur et d'une telle intelligence qu'elle fait d'Eisenstein l'un des crèateurs les plus fèconds que le 7ème art ait connus...
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Tedy
0,5 Publiée le 20 août 2008
Après son retour dans l'estime du régime stalinien avec "Alexandre Nevski", Eisenstein continue de sacrifier ses convictions et son exercice de style pour réaliser un pur film de propagande bien gonflant.
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weihnachtsmann Membre du Club 300 Allociné
4,0 Publiée le 22 avril 2017
Le film alterne des moments de bravoure formidables, des scènes intimes et de grandes tirades épiques. Le tout avec une façon de filmer qui rappelle Fritz Lang et ses premiers films expressionnistes. Quelques scènes sont puissantes comme celle de procession dans la neige et quelle stature ce Ivan.....
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Ti Nou Membre du Club 300 Allociné
4,0 Publiée le 20 mai 2018
L’histoire d’un tsar Russe qui tente d’unifier le pays en faisant preuve d’autoritarisme, ce qui ne va pas être bien vu par les nobles. Intrigues et complots sont au cœur d’un récit qui n’est pas toujours très explicite et qui se traîne un peu mais magnifiquement mis en image.
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Charlotte28
3,0 Publiée le 22 janvier 2021
Impossible de nier les qualités techniques de cette production de commande, qu'il s'agisse de la reconstitution historique, du travail sur les lumières ou de la musique de Prokofiev mais l'aspect foncièrement dramaturgique de la mise en scène impose un mélange générique avec l'opéra que les interprétations outrancières des acteurs (Nicolas Tcherkassov conservant tout de même un charisme indubitable) rendent dommageable voire ridicule. Même si les enjeux scénaristiques existent, le surjeu couplé à une traduction partielle des dialogues (!) empêche tout intérêt émotionnel pour les personnages et renforce la lassitude. Un film historique redoutablement vieilli.
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Misoramengasuki
4,0 Publiée le 22 décembre 2009
Staline a vu dans "Ivan le Terrible" une critique de son pouvoir. Etrange, vu l’apologie que le film fait de l’autocratie (au nom du peuple, bien sûr), le plaidoyer qu’il propose pour l’unité de la Russie, la dénonciation des ingérences étrangères… autant de thèmes qui auraient dû plaire au bon Joseph. D’autant que le film passe allègrement sur les épisodes les plus sanguinaires du règne d’Ivan (massacre de Novgorod, etc.) et se concentre sur sa lutte contre les boyards rebelles à son autorité. La volonté de propagande est évidente : on est en pleine Seconde Guerre mondiale, et Eisenstein n’en est pas à son coup d’essai dans ce domaine. On ne retrouvera pas ici l’urgence et le lyrisme échevelé d’ "Alexandre Nevsky", mais un ton plus méditatif, une angoisse plus prégnante. Il est dommage que la partition de Prokofiev ne soit pas la plus marquante de celles qu’il a écrites pour le cinéma, mais l’art du metteur en scène n’en est pas moins confondant. Effets de perspective poussés à l’extrême, virtuosité des jeux d’ombre et de lumière, somptuosité des décors et des costumes : les images sont d’une beauté vertigineuse. Le jeu des acteurs, proche de la pantomime, s’inscrit parfaitement dans cette esthétique – et on remarquera l’importance des voix, toutes d’une puissance et d’une beauté proche de celles des chanteurs d’opéra. Bien sûr, il faut adhérer à ce cinéma aux effets très appuyés, grandiose et emphatique. Tout cela est daté, mais reste terriblement impressionnant.
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Henri M
4,0 Publiée le 17 septembre 2016
A la demande de Staline, Serguei M. Eisenstein s'attaqua à la vie de Ivan IV de Russie, surnommé Ivan le Terrible qui régna durant une quarantaine d'années au XVIème siècle en Russie et crée la dynastie des Tsar. Eisenstein décide d'en faire une trilogie mais le troisième film ne se fera jamais du à sa mort et le deuxième sera censuré pendant une dizaine d'années car Staline y voyait une critique de son règne. Mais pas pour ce premier volet et c'est compréhensible, vu que Eisenstein met en avant l'autocratie et la dictature de Ivan capable de user de tous pouvoirs au nom et pour le peuple ainsi que pour l'unité de la Russie qui n'est pas une grande puissance à son arrivée au pouvoir. Eisenstein montre dans cette première partie l'arrivée au pouvoir à sa majorité de Ivan à travers une brillante première scène de sacre, déjà révélatrice de la peur des boyards qui ne veulent pas perdre tous leurs privilèges et l'instauration d'un climat de complots face à un Ivan très ambitieux. Et la déroulement du film tourne autour de ca, de la montée en puissance de Ivan malgré quelques péripéties malheureuse pour lui avec cette lutte constante contre les boyards et quelques ambassadeurs étrangers mais Ivan a toujours avec lui quelques fidèles et surtout le peuple. Eisenstein rend son récit passionnant de bout en bout où règne complot, manipulation, trahison plus ou moins intimes ou encre grandeur d'un récit et ce grâce à un excellent scènario et des personnages très bien écrit à commencer par Ivan, son ascension et sa soif du pouvoir (au nom du peuple et de la Russie selon lui) ainsi que d'autres personnages comme les boyards et leurs chefs et les liens que les personnages auront entre eux. De plus, la forme est remarquable, que ce soit par son jeu d'ombres et de lumières rappelant l’expressionnisme ou encore au niveau des (très) gros plan souvent sur les visages des protagonistes et montrant leur réaction et leur pensé à travers de simples regards et/ou gestes. Les interprétations sont très bonnes, parfois proche du sur-jeu mais voulu et jamais ridicule et notamment Nikolaï Tcherkassov qui incarne à merveille le rôle de Ivan. Une très belle œuvre, une première partie tant passionnante sur le fond que la forme.
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A la rencontre de… Ivan le Terrible : Partie I & II (1944 & 1946)

Affiche d'Ivan le Terrible (1944)
Affiche d’Ivan le Terrible (1944)

Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein est très probablement l’un des réalisateurs les plus influents de l’histoire du cinéma. Œuvrant de 1923 à 1946, il a été sollicité à plusieurs reprises par le gouvernement communiste russe afin de réaliser des films de propagande ayant pour but de louer le régime en place. L’un des fleurons de la carrière d’Eisenstein, et exemple parfait de ce type de « collaboration », reste Le Cuirassé Potemkine, réalisé en 1925, devenu un véritable classique du septième art.  Vingt  ans plus tard, de retour en URSS après quelques escapades en Europe et en Amérique, Eisenstein, surveillé de près par Staline, lequel a tout de même beaucoup de respect pour le réalisateur, décide de porter sur grand écran la vie d’Ivan le Terrible, légendaire tsar de Russie du XVIe siècle.

Nikolaï Tcherkassov dans Ivan le Terrible : Partie I (1944)
Nikolaï Tcherkassov dans Ivan le Terrible : Partie I (1944)

Eisenstein a choisi de développer l’histoire de la vie du tsar en plusieurs parties, deux plus exactement. La première s’intéresse à son accession au trône, et sa ferme volonté de fonder une Russie forte et unie autour de la province de Moscou, dont il est issu. Il souhaite pour cela mettre un terme à la suprématie des boyards, qui ne sont pour lui que des nobles paresseux qui divisent la Russie dont il rêve. De même, le tsar souhaite écarter l’Église du pouvoir. Le réalisateur nous propose donc un impressionnant biopic, qui suit le tsar dans ses démarches, ses moments de gloire, ses échecs, les complots qui le visent, etc. La première partie donne à Ivan l’image d’un souverain fort, dont le seul souci est d’unir son peuple pour créer un pays solide, d’unifier toutes les Russies et de faire taire les boyards, représentés comme des seigneurs locaux perfides et médisants.

Cette première partie, étrangement dira-t-on, plut beaucoup à Staline, couvrant Eisenstein de récompenses à l’issue de la projection du film. Il faut dire que le parallèle avec les idéaux communistes et le régime en place à l’époque est rapidement établi. Cependant, la seconde partie eut un effet tout à fait différent. En effet, Ivan, plus âgé, toujours mu par sa cause mais dépassé par celle-ci, est beaucoup plus reclus, paranoïaque, et est représenté comme un souverain despote, acculé et dangereux. Ici aussi, on peut rapidement faire un parallèle avec le régime soviétique de l’époque, le film pouvant être interprété comme étant une dénonciation du culte de la personnalité, des excès et des erreurs de conduite du gouvernement russe. La projection de cette seconde partie fâcha gravement Staline, qui interdit la distribution du film, et mis un terme à la carrière d’Eisenstein. Celui-ci commença tout de même à travailler sur une troisième partie, mais celle-ci ne fut jamais achevée, le réalisateur décédant brutalement deux ans plus tard. La seconde partie, quant à elle, ne fut projetée publiquement qu’à partir de 1958.

Nikolaï Tcherkassov dans Ivan le Terrible : Partie II (1946)
Nikolaï Tcherkassov dans Ivan le Terrible : Partie II (1946)

Ce qui est sûr, c’est que le réalisateur a mis à contribution toute sa maestria pour réaliser cette puissante épopée. Pour incarner le légendaire souverain, Eisenstein a choisi Nikolaï Tcherkassov, avec lequel il a déjà collaboré dans Alexandre Nevski (1938). L’acteur, l’un des favoris de Staline, a notamment été choisi pour sa grande taille (1,98 m), lui conférant une silhouette impressionnante, longue et effilée, donnant à Ivan le Terrible la stature d’un souverain charismatique, mais aussi fragile. En effet, si celui-ci a davantage l’image d’un tsar tyrannique et dangereux, Eisenstein parvient ici à nous faire prendre parti pour lui, en nous faisant adhérer à sa cause, et en nous faisant espérer qu’il parviendra à faire taire ces maudits boyards.

Eisenstein réalise ici un biopic très psychologique, ne se contentant pas simplement de glorifier son héros, mais bien de le montrer sous toutes les coutures afin de mettre en lumière toute la complexité du personnage. Le réalisateur ne s’intéresse pas non plus spécialement aux campagnes menées par le tsar, mais se focalise sur le cercle familial du souverain, ainsi que de ses conseillers, et des boyards. Ainsi, le plus clair de l’action se déroule dans l’enceinte du palais royal, réduisant les espaces et alimentant le climat oppressant dans lequel vit le tsar. Cela lui permet également d’appuyer l’aspect paranoïaque et despote du souverain, reclus dans son palais, donnant ainsi une image autrement plus négative d’Ivan, preuve qu’Eisenstein, bien que cadré par les censeurs du gouvernement communiste, n’abandonne certainement pas sa liberté artistique et scénaristique à la pression.

Nikolaï Tcherkassov et Pavel Kadochnikov dans Ivan le Terrible : Partie II (1946)
Nikolaï Tcherkassov et Pavel Kadochnikov dans Ivan le Terrible : Partie II (1946)

Comme à son habitude, Eisenstein se sert de sa maîtrise technique très pointue pour étoffer son récit. Il met ici un point d’orgue à l’agencement du montage afin de se faire succéder les phases rapides et les phases lentes, ce qui évite au spectateur de sombrer dans la monotonie et de mieux distinguer les différentes phases du récit. A la fin de la première partie et au début de la seconde, les passages lents dominent, créant une ambiance pesante, voire fatigante, créant une rupture entre l’ascension du tsar et la volonté d’imposer son idéal, puis sa revanche en deuxième partie. L’esthétique du film suit également tous les standards du réalisateur : succession de gros plans, jeux de lumière très prononcés, jeux d’ombres, etc. Tous ces éléments donnent à Ivan le Terrible l’apparence d’une grande épopée théâtrale, à la fois majestueuse et inquiétante.

En d’autres termes, Eisenstein se sert de ces procédés pour donner une autre dimension à Ivan le Terrible, faisant passer à son œuvre de beau biopic au rang de vrai chef d’œuvre artistique. Nul doute, d’ailleurs, que la magnifique performance de Nikolaï Tcherkassov, soumis à de nombreuses transformations au cours de l’histoire, fait partie intégrante de ce somptueux tableau. Impétueux, charismatique, imprévisible, machiavélique, mais tout de même héroïque dans la défense de sa cause, le portrait d’Ivan est magnifié par cet acteur qui incarne parfaitement l’image que l’on se fait du légendaire tsar.

Nikolaï Tcherkassov dans Ivan le Terrible : Partie I (1944)
Nikolaï Tcherkassov dans Ivan le Terrible : Partie I (1944)

A mes yeux, les deux parties sont parfaitement complémentaires. La première représente une descente aux enfers pour le tsar, quand la seconde l’affiche comme un souverain revanchard, acculé par ses ennemis, mais encore assez fort pour répliquer et les vaincre. La première partie avait retenu mon attention, mais ne m’avait pas spécialement captivé, bien que je n’aie jamais remis en question la qualité de l’œuvre. La seconde partie, cependant, m’a littéralement subjugué, montrant le tsar plus seul que jamais et, paradoxalement, au sommet de sa puissance. Le fait que la thématique de la vengeance y est très présente m’a sûrement également influencé, et la dernière demi-heure, filmée en couleur grâce à des pellicules allemandes, est d’une puissance rare, grâce à la mise en scène du réalisateur, et toute la tension accumulée tout au long des deux films, qui se libère comme un torrent inarrêtable.

Ivan le Terrible reste une œuvre de référence du septième art, réalisée par l’un des réalisateurs les plus influents de l’histoire. Très psychologique et sombre, ce diptyque plonge le spectateur dans des âges sombres et obscurs pour la Russie, à l’instar de l’époque où a été réalisé le film. Porté par un Nikolaï Tcherkassov magnifique, Ivan le Terrible est ici montré dans toute sa splendeur, le puissant, tantôt haï et admiré, tsar de toutes les Russies. On regrettera, dans tous les cas, qu’Eisenstein n’ait pu achever la troisième partie de son œuvre, car il y avait encore matière à exploiter.

Note : 8,5/10 (Partie I : 7,5/10 – Partie II : 9,5/10)

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https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2008-2-page-83.htm

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Ivan le terrible

 

(Ivan Grozny). Avec : Nicolaï Tcherkassov (Ivan IV), Ludmilla Tzelikovskaia (la tsarine Anastasia Romanovna), Séraphina Birman (Efrosinia Staritskaya), Mikhail Nazvanov (Le prince Andrei Kurbsky),
Mikhail Zharov (Malyuta Skuratov, garde), Amvrosi Buchma (Aleksei Basmanov, garde), Mikhail Kuznetsov (Fyodor Basmanov), Pavel Kadochnikov (Vladimir Andreyevich Staritsky), Andrei Abrikosov (Fyodor Kolychev), Aleksandr Mgebrov (Archevêque de Novgorod). 1h43 et 1h23.
 
 

1e partie - En l'an 1547, le Grand Duc de Moscovie est couronné tsar de toutes les Russies. Le sacre a lieu dans une atmosphère de complot : les boyards craignent pour leurs privilèges, les ambassadeurs étrangers s'inquiètent de la puissance grandissante du nouveau souverain, ses proches eux-mêmes jalousent son pouvoir. Ivan a heureusement l'appui du peuple et la prise de Kazan conforte son règne. Mais il tombe malade. Sa tante, la perfide Euphrosina, monte les boyards contre lui et empoisonne la tsarine, Anastasia. Ivan, accablé, se retire sur ses terres. Le peuple en délégation immense vient l'y chercher.

 

2e partie - Pour briser le complot des boyards et du traître Kourbsky, Ivan crée un corps de miliciens, les Opritchnicks, dirigés par le fidèle Maliouta, et, se souvenant de son enfance déjà entourée de complots, fait régner la terreur. Nommé métropolite, Kolytchev accuse Ivan d'être un suppôt de Satan : le tsar le fait arrêter. Puis au cours d'un banquet, sachant que l'on projette de l'assassiner, il feint de céder son trône au fils d'Euphrosina, le simple d'esprit Vladimir : grâce à cette substitution, c'est ce dernier qui sera poignardé à sa place. Désormais, Ivan est le maître absolu.

"Ce film conte, la lutte du Tsar Iva qui fonda un état unique de Moscou contre les adversaires de l'unité de la terre russe".

https://www.cineclubdecaen.com/realisat/eisenstein/ivanleterrible.htm

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Ivan le Terrible, 1ère et 2ème partie (1957) : le test complet du Blu-ray

Ivan Groznyy I & II

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Sergueï M. Eisenstein
Avec Mikhaïl ZarovLudmila Tzelikovskaia et Nicolaï Tcherkassov

Édité par Bach Films

Voir la fiche technique

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Le 24/05/2019
Critique

Un chef d’oeuvre du cinéma à la gloire du premier tsar de toutes les Russies, commandé par Staline pour conforter une autorité sans partage.

Ivan le terrible

Première partie. En 1547, Ivan Vassilievitch, grand-prince de Moscou, aussitôt couronné, se déclare, sous le nom d’Ivan IV, tsar de toutes les Russies et soumet les boyards et les riches monastères à son autorité. Mais sa tante Efrossinya Staritskaya veut installer son fils Vladimir à la place d’Ivan et le khan de Kazan lui déclare la guerre…

Deuxième partie. Le prince Kourbsky informe le roi de Pologne Sigismond que les boyards projettent de renverser Ivan IV quand un messager annonce qu’Ivan a quitté Alexandrov, où il s’était retiré, et marche sur Moscou. Pour ramener le calme, Ivan décide de donner une partie des terres aux boyards et s’arroge un pouvoir absolu sur les autres, sous la protection d’une milice, l’opritchnina…

Ivan le Terrible (Ivan Groznyy), tourné à partir de 1941 dans les studios Mosfilm, transférés dans le Kazakhstan pendant la guerre, ne sortira dans les salles de l’Union soviétique que le 20 janvier 1945… et seulement sa première partie. La seconde fut censurée et confisquée au motif officiel qu’elle n’était pas conforme à la vérité historique. Le pouvoir craignait en réalité que le spectateur mal-pensant fasse le rapprochement entre le despotisme d’Ivan IV et les exactions des opritchniki et les purges du régime stalinien. La seconde partie ne put être distribuée qu’à partir du 1er septembre 1958, cinq ans après la mort de Joseph Staline.

Ivan le terrible

Ivan le Terrible devait avoir une troisième partie, sur le thème du repentir d’Ivan IV. Seule une vingtaine de minutes furent montées, dont il ne reste aujourd’hui qu’un fragment de scène d’une durée de quatre minutes. Tout le reste a été méticuleusement détruit !

Ivan le Terrible sera le dernier film de Sergueï M. Eisenstein. Un premier infarctus du myocarde avait retardé la réalisation du film. Le second lui enlèvera la vie en 1948. Il était âgé de 50 ans.

Bien que le film fut, comme Alexandre Nevski, autre figure légendaire de la Russie, une commande du régime totalitaire qui souhaitait identifier Staline, auréolé par son image de chef de guerre, aux héros d’un passé glorieux, Ivan le Terrible conserve l’esthétique du cinéma russe des années 20 et peut être comparé aux autres chefs-d’oeuvre que sont La Grève (Stachka, 1925), Le Cuirassé Potemkine (Bronenosets Potemkin, 1925), et Octobre (Oktyabr, 1927).

On ne peut qu’être subjugué par la beauté et la puissance de la plupart des plans du film, par l’étrangeté des décors gigantesques, sur lesquels les éclairages projettent des ombres allongées, menaçantes, par l’aspect redoutable que donnent à Nicolaï Tcherkassov son maquillage et ses longs costumes noirs, encore accentué par les prises en contre-plongée, saisies par le chef-opérateur attitré d’Eisenstein, Eduard Tisse.

L’irruption surprenante de la couleur rend inoubliable la scène du banquet des opritchniki, les sinistres miliciens, photographiés par Andrey Moskvin, avec leurs danses et costumes grotesques. Et toujours, dans un parfait contrepoint aux images, la musique originale de Sergeï Prokofiev.

Ivan le terrible

Généralités - 4,0 / 5

Ivan le Terrible, 1ère et 2ème parties (95 et 82 minutes) et son supplément (26 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un digipack décoré d’une affiche et d’une photo du film, glissé dans un étui.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio DTS-HD Master Audio 1.0.

Bonus - 4,0 / 5

Entretien avec Kristian Feigelson (26’), professeur de cinéma à l’Université Sorbonne Nouvelle. Il souligne que l’oeuvre, que Charles Chaplin regardait comme le plus grand film historique jamais tourné, reste fidèle au style d’avant-garde du cinéma d’Eisenstein des années 20, puis résume l’histoire d’Ivan IV. Il analyse la scène en couleurs du banquet, avec uns stylisation des formes en rupture avec le réalisme socialiste. Apparaît dans ce film, comme dans Alexandre Nevski, un héros quasi-divinisé : Ivan renvoie, tout comme Alexandre Nevski, à la personne de Joseph Staline, obligé de réprimer toute tentative de rébellion… pour le bien du pays. Il évoque, pour finir, une réincarnation d’Ivan le Terrible sur les écrans avec Ivan Vassilievitch change de profession (Ivan Vasilevich menyaet professiyu), une parodie réalisée par Leonid Gaidai en 1973 dans laquelle le tsar de toutes les Russies se retrouve piégé dans le XXème siècle par une machine à explorer le temps !

Ivan le terrible

Image - 4,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080i, AVC), allant de blancs lumineux à des noirs denses, en passant par un fin dégradé de gris, a été débarrassée de toutes marques de dégradation de la pellicule avec une réduction du bruit légèrement excessive donnant une photo trop lisse, notamment des visages en gros plan. La restauration d’Alexandre Nevski s’avérait mieux équilibrée à cet égard.

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0, nettoyé de tous les bruits parasites liés à la détérioration de la piste sonore, offre une assez bonne dynamique, avec peu de distorsions. Le souffle, sensible dans la première partie, est faible dans la seconde.

Crédits images : © Bach Films

Configuration de test

Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE

OPPO BDP-93EU

Denon AVR-4520

Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)

TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm

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CINÉASTE À LA CROISÉE DES ARTS L'ŒIL EXTATIQUE

www.centrepompidou-metz.fr ›

https://www.centrepompidou-metz.fr/sites/default/files/issuu/dp_eisenstein_fr_1609_web_vf.pdf

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Ce qu’il y a de terrible avec Ivan…

RECENSION
en rappel
[ Essai / Cinéma ]

★★★ ½

un texte par
   Élie Castiel

« Voir des films ne suffit pas… »

Une réflexion analytique, une conversation (presque de salon) entre un essayiste-réalisateur et le cinéma. Une discussion le plus souvent animée sur l’un des films les plus influents de Sergueï M. Eisenstein, Ivan le terrible, œuvre charnière du cinéaste controversé.

Le choix du film d’Eisenstein n’est pas fortuit, mais au contraire, un engagement intellectuel, une prise de position sur le cinéma et ses multiples fonctions. À travers le film d’un des géants du cinéma mondial, les plans, les cadrages, les transitions, les aspects narratifs, la grandeur des personnages, la majestuosité du spectacle : le tout converge vers une analyse du presque plan par plan. Sur ce point, Jean-Louis Leconte est exigeant.

Le dialogue, le vrai, est celui entre un auteur (Leconte) et son fils. Parler de la vie, parler du cinéma, situer le point de rencontre entre la fiction et la vie, entre l’art et le fait d’exister.

Pour comprendre le cinéma, pour mieux l’apprécier, pour le situer dans un contexte intellectuel et non pas mercantile, Leconte insiste : « Sans l’éducation qui passe inévitablement par la connaissance de l’histoire du cinéma, le spectateur est donc une cible facile à atteindre. Mais voir des films ne suffit pas, encore faut-il apprendre à les voir, et pour cela rien ne remplace la confrontation entre les œuvres du passé et celles d’aujourd’hui… » (p. 33).

Cette déclaration renferme sans doute une certaine éthique du regard, geste moral qui se perd de plus en plus de nos jours. Le dialogue, le vrai, est celui entre un auteur (Leconte) et son fils. Parler de la vie, parler du cinéma, situer le point de rencontre entre la fiction et la vie, entre l’art et le fait d’exister. Ces impératifs qui, pour certains esprits d’aujourd’hui, pourraient paraître pour le moins anachroniques sont exposés ici comme s’ils faisaient partie du développement intellectuel.

Ce qu’il y a de terrible avec Ivan… est écrit dans un français précis, comme un roman, sans fioritures, évitant les écueils de la rhétorique. Le recours aux chapitres (sans titres ni numéros) facilite également la lecture. Entre l’auteur et le lecteur, une sorte de relation privilégiée ne cesse de faire son chemin tout au long de l’ouvrage.

Mais en fait, ce qu’il y a de terrible avec Ivan… c’est surtout que, pour Leconte, l’engagement envers le film du réalisateur ait été un processus intellectuellement palpitant.

Jean-Louis Leconte
Ce qu’il y a de terrible avec Ivan…
(Coll. « Vert Paradis »)

Paris : Hermann, 2013
127 pages

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Deux chefs-d’œuvre d’Eisenstein en haute définition (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Eisenstein Nevski Ivan 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)

Synopsis

Alexandre Nevski : la Russie du XIIIème siècle. Subissant encore le joug mongol, elle est attaquée à l'ouest par les chevaliers teutoniques. Nevski, prince pacifique qui règne sur un peuple de pêcheurs, est appelé afin d'organiser la lutte. Son armée populaire rencontre les Teutons sur le lac gelé…


Ivan le Terrible : devant l'incapacité des régents, le jeune Ivan décide de se faire couronner. Mais sa tante, qui voudrait voir son fils Vladimir sur le trône, avec la complicité des boyards, fait empoisonner la tsarine. Ivan se retire alors dans un monastère. Le peuple rappelle Ivan.

• Titre français : Alexandre Nevski - Ivan le Terrible - Ivan le Terrible La Conjuration des Boyards
• Titre original : Aleksandr Nevsky - Ivan Groznyy - Ivan Groznyy. Skaz vtoroy: Boyarskiy zagovor
• Support testé : blu-ray
• Genre : historique
• Année : 1938, 1944, 1946 (1958)
• Réalisation : Sergueï M. Eisenstein
• Casting : (1) Nikolaï Tcherkassov, Nikolai Okhlopkov, Andrei Abrikosov, Dmitri Orlov, Vasili Novikov, Nikolai Arsky (2) Mikhaïl Zarov, Ludmila Tzelikovskaia, Nicolaï Tcherkassov, Mikhaïl Nazvanov, Pavel Kadotchnikov, Seraphina Birman
• Durée : 1 h 43 mn 25 - 1 h 35 mn 17 - 1 h 21 mn 52
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique russe
• Bonus : entretiens avec Kristian Feigelson, professeur de cinéma à La Sorbonne Nouvelle (1) Alexandre Nevski, une fresque épique (23 mn 28) (2) Ivan le Terrible, un film dans l’Histoire (26 mn 21)
• Éditeur : Bach Films

Commentaire artistique

Alexandre Nevski, chef-d’œuvre du cinéma mondial, présenté ici dans la version restaurée en 2015 par Mosfilms, est clairement un film épique historique qu’il faut comprendre comme une œuvre de propagande contre toute menace en direction de l’URSS. Sergueï M. Eisenstein réalise son film en 1938 dans un contexte d’expansionnisme germanique et il n’est guère difficile de faire le parallèle entre les agresseurs (Mongols, Tatars, Livoniens) que son protagoniste Alexandre Nevki combat avec succès au 13e siècle dans le film et la montée en puissance du national-socialisme aux frontières de l’empire stalinien. Les cartons de clôture sont sans ambiguïté et de nombreuses allusions au nazisme sont symbolisées par la présence et les attitudes des chevaliers teutoniques. Fortement manichéen, ne reculant devant aucun cliché, la fourberie des ennemis et la noble grandeur patriotique du héros, Alexandre Nevski a tout du film de propagande stéréotypé chargé de galvaniser la nation contre l’envahisseur et imprégné par les idéaux communistes sur la lutte des classes, l’élan nationaliste et l’anticléricalisme. L’acteur principal, imposée par Staline, est Nikolaï Tcherkassov, un membre du parti qui interprète son personnage avec affectation mais dont la photogénie remarquable contribue à l’intensité de l’action. Sous contrôle étroit du parti, le réalisateur n’a aucune liberté artistique et intellectuelle sur le scénario et la réalisation : il écrira cependant que le patriotisme était la motivation unique de la création de ce film et que son art découlait de ses profondes certitudes dans le légitimité du communisme. Pourtant il va réussir à imposer ses recherches en matière d’esthétique et de langage cinématographique qui classent définitivement son film dans les œuvres incontournables du 7e Art. Longuement étudié par les spécialistes du monde entier, Alexandre Nevski est une œuvre unique dont toutes les composantes (image, son, interprétation, montage) sont traitées à l’extrême et débouchent sur un spectacle expressionniste grandiose. Le jeu affecté des comédiens, très artificiel, devient un élément de cet esthétisme exacerbé de l’art total prôné par le cinéaste théoricien du cinéma. Les incroyables cadrages d’Édouard Tissé et les magnifiques éclairages participent à la splendeur du film : la fameuse séquence de la bataille finale du lac Peïpous (tournée en plein été avec de faux glaçons), inspirée par un film de D. W. Griffiths, est une véritable leçon de mise en scène qui fera date. Son dynamisme, amplifié par le montage (gros plans, musique), a souvent été comparé à une symphonie cinématographique dont l’emphase homérique transcende l’évènement historique. Alexandre Nevski est bien l’œuvre d’un génie du 7e Art qui aurait mérité une édition aux suppléments plus copieux.

Sergueï Eisenstein, promu directeur artistique du studio Mosfilm en 1941, entreprend le tournage de son dernier film Ivan le Terrible qui est conçu comme une épopée épique en trois parties. La première, tournée en 1944, dépeint le prince Ivan comme unificateur d’un pays morcelé qu’il fédère en devenant le tsar Ivan IV de Russie. L’équipe d’Alexandre Nevski est reconstituée avec Nikolaï Tcherkassov (imposé) dans le rôle-titre, Édouard Tissé derrière la caméra (en compagnie d’Andreï Moskvine) tandis que Serge Prokofiev compose la musique. Du fait de la guerre, le tournage est déplacé à Alma-Ata : la magnifique photographie en noir et blanc, la somptuosité des décors et des costumes, les éclairages étudiés contribuent à magnifier le personnage historique auquel s’identifiait Staline qui va récompenser le film du Prix Staline (1945). La seconde partie, tournée dans la foulée en 1946, qui bénéficie d’une importante figuration et de séquences en couleurs (grâce à la saisie de lots de négatifs Agfacolor après la chute de Stalingrad), change de tonalité : Ivan est désormais présenté comme un despote paranoïaque. Staline l’interprète immédiatement comme une critique du culte à sa personne et, fâché par l’image donnée de la garde personnelle du Tsar, les opritchiniki, fait interdire le film. La troisième partie restera inachevée et son négatif probablement détruit : Ivan le terrible clôt hélas la carrière de son réalisateur, interdit de sortie d’URSS et qui meurt en 1948. Tout comme Alexandre Nevski, mais hissé un cran au-dessus, l’art total cher à Sergueï Eisenstein atteint dans Ivan le terrible son paroxysme avec une fusion de tous les arts (cinéma, danse, architecture, opéra) : une fresque grandiose - dès la séquence du couronnement - sublimée par la magie de sa mise en scène, le sens de l’action, la fascination exercée par un jeu inoubliable de regards et la forte impression provoquée par les éclairages dramatiques et les incroyables gros plans. Les décors sont époustouflants et savamment calculés (porte basse obligeant les acteurs à se baisser). Tous les études s’accordent à souligner le sens profond de la tragédie qui sous-tend ce film, pourtant dépourvu de réelle émotion, qui synthétise la théorisation du cinéma selon son auteur en une apogée de l’esthétisme aux savantes recherches plastiques aidées par l’apport de la couleur. Ivan le terrible est un film que tout amateur de cinéma, cinéphile ou non, devrait avoir vu : qu’on soit subjugué ou non par son traitement, le film reste une leçon de cinéma inégalée qu’il faut au moins avoir expérimentée au moins une fois dans sa vie de spectateur. Dommage qu’au regard d’un tel monument, le supplément offert soit si limité.

Commentaire techniqueBlu ray Eisenstein Nevski Ivan

Alexandre Nevski

Image : copie HD, nouveau master de 2015, image propre débarrassé de ses défauts, bonne définition, excellent piqué sur les gros plans, très bon contraste, noirs profonds, blancs nuancés, échelle de gris régulière
Son : mixage russe 2.0 monophonique au niveau trop bas et affecté d’un souffle assez prononcé, spectre très limité avec des aigus défaillants

Ivan le Terrible

Image : copie HD, master 2014, première partie avec une superbe définition, un piqué remarquable, un grain très limité, un superbe contraste aux noirs profonds et aux gris étagés, la deuxième partie est un peu moins bien définie, des images plus granuleuse, un bon contraste, un étalonnage chaud pour la parie couleurs avec une colorimétrie restreinte (rouge, noir, jaune), image exempte de défaut
Son : mixage russe 2.0 monophonique, affectée par un bruit de fond persistant, dialogues et musique clairs, spectre limité dans les aigus

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(2,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile griseetoile griseetoile grise(2/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb
Alexandre Nevski : https://www.imdb.com/title/tt0029850/
Ivan le Terrible : https://www.imdb.com/title/tt0037824/
Ivan le Terrible La Conjuration des Boyards : https://www.imdb.com/title/tt0051790/

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ROBERT SIODMAK (1904 - 1973)