joi, 25 martie 2021

Mort de Bertrand Tavernier / 25 mars 2021 / un cinéaste éclectique

Bertrand Tavernier, né le 25 avril 1941 à Lyon et mort le 25 mars 2021 à Sainte-Maxime
                                                






Mort de Bertrand Tavernier, inlassable cinéaste et amoureux vorace du septième art

Du cinéma, il disait tout aimer. Au fil de ses indignations, le réalisateur s’est promené d’un genre à l’autre, écrivant plusieurs ouvrages de référence sur le cinéma. Il est mort, jeudi à 79 ans.

Par  / Publié aujourd’hui à 15h31, mis à jour à 16h30

On ne peut pas être de Lyon et ne pas aimer la bonne chère, celle qui se dévore avec un appétit d’ogre et une convivialité de troupe. Le cinéaste multicésarisé Bertrand Tavernier, qui y était né le 25 avril 1941, n’a pas trahi, faisant honneur à cette nourriture qu’il a engloutie, comme il a bouffé la vie et les films. Fidèle à sa ville – où il tourna son premier long-métrage L’Horloger de Saint-Paul (1974) et où il présida l’Institut Lumière –, aux origines, à la culture héritée des anciens, aux amis, il était peut-être arrivé à satiété, comme on se plaît à le croire. A bout de souffle.

Ce souffle dont la tuberculose le déposséda, dès son plus jeune âge, envoyant le gamin au sanatorium, et sur lequel il n’eut de cesse de prendre sa revanche. Peu enclin à la tiédeur, Bertrand Tavernier n’était pas homme d’engouements et d’énervements mais de passions et d’emportements. Lesquels firent entendre sa voix quand il s’est agi de dénoncer la torture pendant la guerre d’Algérie, de défendre la légalisation des sans-papiers, de combattre le Front national et le mauvais sort réservé aux banlieues. Militant aussi pour l’exception culturelle française, la lutte pour le respect du droit des auteurs. La grande gueule – et signature – du cinéma français est mort jeudi 25 mars à l’âge de 79 ans, a annoncé l’Institut Lumière à Lyon, dont il était le président.

L’engagement, une affaire de famille. Plus précisément un héritage venu du père, René Tavernier, écrivain et critique littéraire qui fit acte de résistance en fondant la revue Confluences dans laquelle il publia, sous l’Occupation, Paul Eluard et Louis Aragon. Ce dernier trouva, avec Elsa Triolet, un abri dans la villa des Tavernier, à Lyon.

Lire notre entretien avec Bertrand Tavernier en 2008: « Chaque film était une bataille »

C’est pour Geneviève, la mère de Bertrand, qu’il aurait écrit son poème Il n’y a pas d’amour heureux. Bertrand, premier enfant du couple, né dans le confort bourgeois et le fracas des bombardements, dans l’ombre d’un père gaulliste avec lequel il faudra rompre, un jour ou l’autre. Ce qu’il fera. « Mon père a dilapidé son talent. J’ai fait beaucoup de choses pour me différencier de lui : je travaille énormément, je n’aime pas les dîners en ville », a-t-il confié en mars 1999 à Libération.

Fou de littérature, de jazz, de blues et de cinéma

Bertrand Tavernier choisira donc le cinéma – « une manière inconsciente de me séparer de mon père et d’avoir mon propre domaine » – et sera toute sa vie viscéralement de gauche. Prompt à désobéir et à se mettre en colère. Quitte à la diriger contre les socialistes dont il juge la politique trop frileuse.

Une mauvaise gestion du père, justement, fait péricliter la revue Confluences et oblige la famille à abandonner Lyon pour Paris où le petit Tavernier est envoyé en pension à l’école Saint-Martin-de-France à Pontoise que dirige la congrégation des Oratoriens. De ces années, Tavernier gardera le souvenir du « sadisme des profs de gym » et de l’humiliation. Peu sportif, l’enfant trouve refuge dans les livres dont il fait un usage immodéré. Son tempérament est ainsi fait qu’il n’est jamais amateur mais fou de… littérature, et plus tard, de jazz, de blues et de cinéma.

Tavernier réfute les chapelles et revendique son admiration pour le classicisme, la qualité française, héritière des Renoir, Duvivier, Autant-Lara

Le septième art, l’autre grande affaire de sa vie l’occupe très jeune. Etudiant à Paris, au lycée Henri IV puis à la Sorbonne, il fréquente la cinémathèque au sein de laquelle il fonde, avec le futur programmateur et conservateur Bernard Martinand et le poète Yves Martin, le ciné-club Nickelodéon. Lieu où les trois amis entendent réhabiliter le cinéma américain des années 1940 et 1950 qui ne passait plus dans les salles.

Du cinéma, Bertrand Tavernier aime tout. Polar, science-fiction, western, comédie musicale, petits et grands films. Il réfute les chapelles et revendique son admiration pour le classicisme, la qualité française, héritière des Renoir, Duvivier, Autant-Lara. Il n’est pas de la lutte des cinéastes de la Nouvelle Vague (Truffaut, Godard, Rivette, Rohmer…) qui ont à régler leurs comptes avec ceux de la génération précédente. Lui est de ceux qui prennent le cinéma dans son ensemble. Il relève, par-delà les défauts, les mérites que chaque film comporte, quel que soit le genre auquel il appartient et la forme qu’il revêt.

Curiosité sans borne

Cet enthousiasme qui le porte à une curiosité sans borne, il le transmet en écrivant dans de nombreuses revues spécialisées (le journal étudiant L’Etrave, Les Lettres françaises, les Cahiers du cinéma, Positif) puis comme attaché de presse pour le producteur français Georges de Beauregard grâce à qui Bertrand Tavernier réalise deux sketches pour Les Baisers en 1963 et La Chance et l’amour en 1964.

Dix années passent pendant lesquelles il promeut inlassablement les films oubliés ou boudés par la critique et écrit des scénarios pour les cinéastes Riccardo Freda et Jean Leduc, avant de parvenir à tourner son premier long-métrage en 1974, L’Horloger de Saint-Paul. Pour coécrire à ses côtés le scénario de l’adaptation du roman de Georges Simenon, L’Horloger d’Everton, il fait appel à Jean Aurenche et Pierre Bost, ceux-là mêmes que François Truffaut avait violemment montrés du doigt dans son article de janvier 1954, « Une certaine tendance du cinéma français ».

Le roman situe l’intrigue aux Etats-Unis, le film la transporte à Lyon, ville à la réputation bourgeoise et fermée de laquelle Tavernier souhaite rendre une autre image, tout aussi vraie. Celle des bouchons où l’on célèbre le pied de cochon, la charcuterie et le beaujolais, celle des « appartements aux plafonds très hauts, des cours où l’on entend des enfants faire des gammes ». Cette atmosphère, en somme, si chère à Simenon comme elle le fut à Claude Chabrol, lui-même bon mangeur et grand admirateur de l’écrivain.

Le thème du rapport filial

Bertrand Tavernier, au Festival de Cannes, en 2010.

L’Horloger de Saint-Paul, c’est aussi l’incompréhension puis la rencontre entre un père (Philippe Noiret qui sera longtemps l’« acteur autobiographique » de Tavernier) et son fils (Sylvain Rougerie) accusé du meurtre d’un homme. Moins que l’enquête, le rapport filial (distendu avant la réconciliation) est le vrai sujet du film. Le thème traversera bien d’autres films du cinéaste (Un dimanche à la campagne, 1984 ; Daddy nostalgie, 1990 ; La Princesse de Montpensier, 2010, entre autres), comme un ouvrage sans cesse remis sur l’établi pour l’affiner, le corriger, le réparer de ses imperfections, le comprendre.

Bertrand Tavernier est un terrien pétri de culture qui observe, saisit ce qui l’entoure, écoute les préoccupations de ses contemporains et revisite le passé pour appréhender le présent

Car Bertrand Tavernier est un artisan qui aime le travail bien fait au point de se voir parfois reprocher son académisme. Un terrien pétri de culture qui observe, saisit ce qui l’entoure, écoute les préoccupations de ses contemporains et revisite le passé pour appréhender le présent. Il en fait la matière de ses films, à mesure que surgissent ses indignations. Ainsi qu’en témoigne Des enfants gâtés (1977), où un réalisateur (Michel Piccoli) rejoint les voisins de son immeuble dans leur lutte contre les méthodes abusives du propriétaire, ou encore Ça commence aujourd’hui (1999), plongée dans la misère sociale à travers le quotidien d’un directeur d’école maternelle, dans le nord de la France.

Il s’émeut aussi, de façon saisissante et prémonitoire, des dérives du voyeurisme qu’encourage la télévision dans La Mort en direct (1980) avec Romy SchneiderEt n’en finit pas d’interroger la violence, sujet qui le fascine et fournit ses films les plus sombres. Parmi eux : L.627 sorti en 1992, chronique très documentée sur une petite brigade de policiers spécialisée dans la lutte contre la drogue que le manque de moyens matériels conduit au délabrement moral et social. Et L’Appât (1995), portrait de trois jeunes gens piégés par le goût du paraître, prisonniers de l’illusion de l’argent facile, et que leur inculture et un manque de repères conduisent à commettre deux crimes sordides.

Voracité et éclectisme

Bertrand Tavernier, à Los Angeles, en 2005.

Bertrand Tavernier pratique le cinéma comme il l’a découvert et défendu. Avec voracité – il tourne pratiquement un film par an – et éclectisme, se promenant avec plus ou moins de réussite d’un genre à l’autre. Polars et films en costume (Que la fête commence, 1975 ; Le Juge et l’Assassin, 1976 ; La Vie et rien d’autre, 1989 ; Capitaine Conan, 1996 ; Laissez-passer, 2002 ; La Princesse de Montpensier, 2010) nourrissent largement son œuvre.

Mais pas seulement. Avec Coup de torchon (1981), fable tragique sur une humanité pataugeant dans tous les vices, le cinéaste s’autorise une violente satire du colonialisme et du racisme. Avec Autour de minuit (1986)il signe son film musical et son hommage au jazz, et s’accorde avec La Passion Béatrice (1987) une fresque médiévale. Il fait enfin, en 2009, sa première et unique expérience américaine, s’autorisant un détour vers le western en adaptant le roman de James Lee Burke Dans la brume électrique avec les morts confédérés avec Tommy Lee Jones en vedette.

Son amour du cinéma s’est aussi traduit dans plusieurs ouvrages. Notamment un livre monumental de mille pages Amis américains (Institut Lumière-Actes Sud, 2008) qui réunit les entretiens réalisés sur un demi-siècle par Bertrand Tavernier avec les grands d’Hollywood (John Huston, Elia Kazan, Robert Altman…) ; et un recueil de souvenirs regroupés par Noël Simsolo dans Le Cinéma dans le sang (Ecriture, 2001). Dans le même souci de partage, il réalise à l’âge de 75 ans Voyage à travers le cinéma français (2016)un documentaire de plus de trois heures dans lequel le réalisateur revient sur sa vie à travers les nombreux films qu’il affectionne.

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Le documentaire approfondit sa pensée, prolonge ses engagements, dénonce autant qu’il éclaire ce qui le fâche. Le format apporte un cadre idéal à ses protestations. Il l’adopte pour revenir sur la guerre d’Algérie et signe avec Patrick Rotman La Guerre sans nom, où ceux qui se sont toujours tus témoignent. Il l’utilise, en 2001 pour affirmer son soutien à ceux qu’on appelle les « double peine » (parce que condamnés à la prison avant d’être expulsés vers leur pays) : Histoires de vies brisées, coréalisé avec son fils Nils Tavernier.

Père aussi d’une fille, la romancière Tiffany Tavernier, le cinéaste est toujours demeuré discret sur sa vie privée. Ce grand bavard timide qui détestait se regarder, s’analyser et parler de lui-même, préférait diriger son attention – et celle des autres – vers ces humains que la souffrance n’avait pas épargnés, ces inconnus dont les secrets, en ne cessant jamais de l’intriguer, ont abreuvé ses films.

Bertrand Tavernier en quelques dates

25 avril 1941 Naissance à Lyon

1974 « L’Horloger de Saint-Paul »

1975 « Que la fête commence »

1976 « Le Juge et l’Assassin »

1981 « Coup de torchon »

1984 « Un dimanche à la campagne »

1989 « La Vie et rien d’autre »

2008 Publie « Amis américains »

2016 «Voyage à travers le cinéma français », documentaire

2021 Mort à l’âge de 79 ans

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2021/03/25/le-realisateur-bertrand-tavernier-est-mort_


Temps deLecture 8 min.Bertrand Tavernier, au Festival de Saint-Sébastien (Espagne), en 2013.


miercuri, 24 martie 2021

Faraonul (1897) de Boleslaw Prus, adaptat de Jerzy Kawalerowicz in 1966

 

Boleslaw Prus (1847-1912)



Editii in limba romana

                 Editia 1967                                                                Editia 2005

Le Pharaon (en polonais Faraon) est le quatrième et dernier roman majeur de l'écrivain polonais Bolesław Prus (1847-1912). Composé sur un an en 1894-1895, sérialisé en 1895-1896 et publié sous forme de livre en 1897, c'est le seul roman historique d'un auteur qui avait auparavant désapprouvé les romans historiques au motif qu'ils déformaient inévitablement l'histoire.

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     Faraonul, film 1966

Le Pharaon (Faraon) est un péplum polonais réalisé par Jerzy Kawalerowicz, sorti en 1966.

Ce drame à la réalisation soignée, tiré du roman éponyme de Bolesław Prus publié en 1897, possède un arrière-plan idéologique. Le pouvoir communiste de l'époque, en finançant le film, invitait à y voir une métaphore de sa propre situation face à la puissante Église catholique polonaise.

Synopsis

Ce film décrit les manipulations de prêtres et hauts-prêtres conservateurs à l'encontre du nouveau monarque Ramsès XIII, trop progressiste à leurs yeux, et qu'ils finiront par éliminer en jouant de la crédulité populaire.

Titre : Le Pharaon

Titre original : Faraon

Réalisation : Jerzy Kawalerowicz

Scénario : Tadeusz Konwicki, Jerzy Kawalerowicz

Acteurs principaux: Jerzy Zelnik, Piotr Pawłowski, Leszek Herdegen

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QUELQUE CHOSE DE POURRI AU ROYAUME D'ÉGYPTE

  par Sébastien Chapuys

Le huitième film du Polonais Jerzy Kawalerowicz (Train de nuit, Mère Jeanne des anges…) présente toutes les caractéristiques d’un péplum : reconstitution fastueuse de l’Antiquité, multitude de figurants en pagnes et toges, tournage en scope mettant en valeur de magnifiques paysages, exotisme et érotisme. Difficile pourtant de résumer Pharaon à ce genre ou à un autre, tant il apparaît sans équivalent – ni, hélas, descendance – dans l’histoire du cinéma.


Pharaon raconte la lutte qui oppose le jeune et ambitieux Ramsès XIII, s’appuyant sur son pouvoir militaire et symbolique, et la classe des prêtres, qui détiennent quant à eux les leviers économiques – et donc politiques – de l’Égypte. Dans son montage international, amputé d’une bonne demi-heure[1], Pharaon souffre de quelques ellipses qui rendent cryptiques certains aspects de son récit, d’autant que celui-ci s’inscrit dans un contexte social et géopolitique aussi complexe (Assyriens, Phéniciens, Juifs et Libyens sont de la partie) que peu familier. C’est cependant avec fascination que le spectateur démêle l’écheveau d’une intrigue aux ingrédients feuilletonesques (un sosie, une éclipse, un trésor enfoui au cœur d’un labyrinthe mortel…), et qui dessine un propos jamais univoque.


La richesse du film vient en effet de ce que Kawalerowicz se garde de prendre parti pour ou contre ses personnages. Les usuriers phéniciens sont caricaturés et rendus bouffons, mais leur manigances se justifient par les périls qu’encourt leur pays, et leur comportement outrancier par l’ostracisme et le mépris dont ils font l’objet. Les prêtres s’agrippent à leurs richesses, mais ils représentent l’âme de l’Égypte, et si certains sont retors et corruptibles, d’autres savent se montrer sages et avisés. Quant au jeune et impétueux Pharaon aux velléités réformatrices, il n’est pas montré sous un jour particulièrement flatteur : par son obsession de la grandeur, il met en péril l’équilibre fragile de son pays. Son orgueil constitue sa principale faiblesse, ce que métaphorise avec subtilité le film quand il lui fait affronter son propre reflet, à travers son sosie.


Pour ce Pharaon, la réalisation du cinéaste polonais s’est mise au diapason du hiératisme des décors et des paysages désertiques. Alors que le récit file à vive allure, les scènes s’étirent, laissant s’installer un sentiment d’attente et de tension permanentes. Chaque plan est construit selon une géométrie rigoureuse : le plus souvent isolés au centre de l’image, figés comme des hiéroglyphes, les personnages semblent disposés sur l’écran telles des pièces sur l’échiquier du pouvoir. Même lorsqu’ils s’animent et que l’image épouse leurs mouvements, voire leur regard – le film recourt régulièrement à la caméra subjective –, ils apparaissent toujours prisonniers de leur position sociale et des obligations induites par leur rang. La mise en scène ne se départ que rarement de sa symétrie, plongeant alors dans la confusion d’une course éperdue, dans les vertiges d’une orgie, ou dans le fracas d’une bataille filmée à hauteur d’hommes, dans toute sa brutalité.


Le dépouillement du film se retrouve également dans sa bande son. En dehors de quelques chants solennels qui installent une atmosphère à la fois antiquisante et ésotérique, aucune musique ne vient souligner les états d’âme des personnages. Seul le bruit du vent dans les dunes – omniprésent, obsédant – résonne avec leurs tourments intérieurs.


Cette économie d’effets n’empêche pas le film d’être souvent spectaculaire (deux mille soldats furent prêtés par l’Armée rouge pour les scènes de batailles). Elle lui permet surtout d’éviter l’écueil du kitsch sur lequel la plupart des superproductions du genre se sont échouées. On est ainsi surpris de constater aujourd’hui à quel point Pharaon a bien vieilli[2].


Outre son ton et son rythme, ce qui distingue le plus nettement le film de Kawalerowicz des péplums hollywoodiens ou italiens est l’attention saisissante portée à la vraisemblance historique. Son récit est pourtant fictif : les deux pharaons dont il narre les règnes (Ramsès XIII et son père) sont tout droit sortis de l’imagination de l’écrivain polonais Bolesław Prus, la dynastie des Ramessides s’étant éteinte avec le onzième du nom. Tout comme le roman dont il s’inspire[3], c’est avec une précision quasi documentaire que le film s’attache à décrire les coutumes qui avaient cours dans l’Égypte du XIème siècle avant Jésus-Christ : la mise à mort d’un cheval en l’honneur d’un chef de guerre, l’embaumement d’un pharaon défunt, un vote à pierres levées… Autant de visions politiques auxquelles le cinéma ne nous a pas habitués, et qui confèrent à Pharaon une puissante aura d’étrangeté. Pour autant, la reconstitution de ces mœurs exotiques aux significations parfois obscures ne nous éloigne pas du récit. Bien au contraire : c’est en le replaçant dans son époque si lointaine et si singulière que le film fait ressortir l’intemporalité d’un drame quasi shakespearien. Pharaon décrit en effet l’éternelle lutte entre les pouvoirs économique et militaire, spirituel et temporel, et leur instrumentalisation du peuple.


Le film de Kawalerowicz est bien sûr inscrit dans son époque. La décadence de l’Empire égyptien, menacé d’annexion par d’anciens royaumes vassaux, fait écho à celle de la Pologne du XXème siècle, ancienne grande puissance européenne dépecée par ses voisins. Le clergé qui voit son autorité millénaire contestée par un Pharaon matérialiste, renvoie quant à lui aux prêtres polonais mis à mal par l’anticléricalisme des autorités communistes. Mais, comme tout grand film, Pharaon offre d’inépuisables niveaux de lecture et s’adresse également aux spectateurs d’autres lieux et d’autres temps que ceux qui l’ont vu naître. Ils y trouveront, outre un spectacle de qualité et une mise en scène étonnante d’intelligence et d’invention, une parabole politique à la portée universelle.


Notes

↑1 On rêverait de découvrir le film dans sa version polonaise de trois heures, hélas introuvable et jamais diffusée en France.

↑2 À l’exception des maquillages, qui échouent à faire passer de blancs et blonds Polonais pour de bronzés Égyptiens.

↑3 Sorti la même année que le Quo Vadis? d’Henryk Sienkiewicz (qu’adapta également Jerzy Kawalerowicz en 2001, pour la télévision polonaise), le roman de Prus s’appuyait sur les découvertes archéologiques et sur les progrès de la science historique de la fin du XIXème siècle.

https://www.critikat.com/panorama/analyse/pharaon/#:~:text=Pharaon%20raconte%20la%20lutte%20qui,politiques%20%E2%80%93%20de%20l'%C3%89gypte.





Jerzy Kawalerowicz in 1966

Naissance 19 janvier 1922

Gwoździec (Pologne)

Nationalité Drapeau de la Pologne Polonais

Décès 27 décembre 2007 (à 85 ans)

Varsovie (Pologne)

Profession Réalisateur, scénariste

Films notables Mère Jeanne des anges

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Filmographie

comme réalisateur et scénariste

Jerzy Kawalerowicz est scénariste des films qu'il réalise, à l'exception de L'Ombre.


1952 : Le Moulin du village (Gromada)

1954 : Cellulose (Celuloza)

1954 : Sous l'étoile phrygienne (Pod gwiazdą frygijską)

1956 : L'Ombre (Cień)

1957 : La vraie fin de la guerre (Prawdziwy koniec wielkiej wojny)

1959 : Train de nuit (Pociąg)

1961 : Mère Jeanne des anges (Matka Joanna od aniołów)

1966 : Le Pharaon (Faraon), d'après l'œuvre de Bolesław Prus

1969 : Le Jeu (Gra)

1971 : Maddalena

1978 : La mort du Président (Śmierć prezydenta)

1980 : Rencontre sur l'Atlantique (Spotkanie na Atlantyku)

1983 : Austeria

1989 : L'Otage de l'Europe (Jeniec Europy)

1991 : Bronsteins Kinder

1996 : Za co?

2001 : Quo Vadis?


Co-scenarist: Tadeusz Konwicki, cunoscut pentru romanul orwellian Mica Apocalipsa
(Mała apokalipsa, 1979), 
adaptat pentru ecran de Costa-Gavras (La Petite Apocalypse, 1993)






marți, 23 martie 2021

Charles Boyer, le « French lover » / De la Sorbona la Hollywood

 encyclopédie Larousse

Charles Boyer

Acteur français naturalisé américain (Figeac 1897-Phoenix, Arizona, 1978).

Fixé en Amérique à partir de 1940, il devient l'acteur français le plus demandé par les studios d'Hollywood.


                                        Charles Boyer & Ingrid Bergman, Gaslight (1944)

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BOYER (Charles)

acteur français naturalisé américain (Figeac 1897 - Phoenix, Ariz., 1978).

Encouragé par le comédien Raphaël Duflos, il se rend à Paris après ses études secondaires à Toulouse et suit simultanément les cours de philosophie en Sorbonne (il obtiendra une licence) et ceux de Duflos et Maurice Escande au Conservatoire d'art dramatique. Firmin Gémier, qui met en scène les Jardins de Murcie, le remarque et lui demande de remplacer au pied levé son jeune premier, malade. Boyer ne s'interrompra plus de jouer, au théâtre (S. Guitry, P. Benoit, C. Farrère, H. Bernstein, etc.) comme au cinéma, où il débute en 1920 dans l'Homme du large de L'Herbier. L'avènement du parlant l'exile à Hollywood, puis en Allemagne, où (le doublage n'étant pas encore au point) il interprète les versions françaises de films tournés en plusieurs langues. Cette activité perd vite sa raison d'être, mais Boyer, adopté par les studios américains et immensément populaire aux États-Unis, s'y fixe définitivement, après son mariage en 1934 avec une comédienne anglaise, Pat Paterson, et son grand succès aux côtés de Claudette Colbert (elle aussi française d'origine), dans Mondes privés de Gregory La Cava (1935). Il prendra en 1942 la nationalité américaine, après avoir créé l'année précédente la French Research Foundation de Los Angeles. Sa carrière se partagera dorénavant entre les deux côtés de l'Atlantique. Ses activités sont alors multiformes. Le théâtre le requiert, avec, entre autres, les Mains sales (à Broadway, en 1948), Kind Sir (en 1953), et une tournée internationale de trois ans pour le Don Juan aux enfers de G. B. Shaw. Son intérêt pour la télévision naissante lui fait fonder en 1951, avec Dick Powell et David Niven, la Four Star Television, pour qui il interprétera nombre d'émissions, en particulier dans la série The Rogues, où il devient à l'occasion réalisateur. Charles Boyer se donne la mort dans sa maison de Phoenix, deux jours après celle de la femme dont il avait partagé l'existence durant 44 ans. Leur unique enfant s'était suicidé treize ans plus tôt.

Curieusement, l'image que nous gardons de lui nous parvient réfractée par la connaissance que nous avons de son image américaine, et le « French lover » idolâtré des foules pourrait nous faire oublier le comédien souvent subtil et discret, dont la carrière témoigne, globalement, d'une assez belle perspicacité dans le choix des rôles. Le mot qui s'impose pour le décrire, c'est bien sûr celui de distinction. Rien de forcé dans son aisance, de voyant dans son élégance ; même lorsqu'il lui arrive de jouer les minables ou — plus souvent — les mauvais garçons, ce n'est jamais sans éveiller un sentiment de déplacement, dont il joue avec habileté. Il n'y a donc pas à s'étonner que ses rôles les moins intéressants soient aussi ceux où il glisse avec élégance dans les eaux de la meilleure société : duc de Vallombreuse dans le Capitaine Fracasse (1928), prince hongrois dans l'Épervier (1933), marquis Yorisaba dans la Bataille (1934), archiduc Rodolphe dans Mayerling(1935) ou Napoléon dans Maria Walewska (1937). À ces rôles sans surprise, on peut préférer l'anarchiste saisi par l'amour, dans le trop méconnu Bonheur (1934), le général russe valet de chambre de Tovaritch (1937), film dans lequel il se parodie avec infiniment d'ironie, ou les voyous qu'il joue avec autorité et finesse, de Liliom(1933). Dans Casbah (1938), il parvient même à faire oublier Pépé le Moko interprété par Jean Gabin, à force de charme et d'insolence.

Par la porte d'or (1941) marque un tournant dans sa carrière : Boyer y expose l'envers de son image et incarne un gigolo européen qui voit s'effriter ses belles apparences et joue cyniquement les séducteurs pour gagner son entrée aux États-Unis. Audace d'autant plus fascinante que le film prétend mêler intimement fiction et réalité et qu'au moment du tournage Boyer attend lui-même sa naturalisation américaine. Il cultive cette ambiguïté dans Hantise (1944), où il est un mari inquiétant et charmeur, ou dans The Thirteenth Letter(1951), remake du Corbeau de Clouzot : il y incarne l'insoupçonnable auteur des lettres meutrières. Il trouve en 1953 son plus beau rôle de l'après-guerre avec le général de Madame de..., tout d'affectueuse ironie et de dignité, et il est excellent dans deux films de Minnelli. Il ralentit considérablement son activité avec les années 60 mais nous livre encore deux créations admirables : celle du baron Raoul dans le Stavisky de Resnais (1974), victime consentante et obstinément aveugle d'un de ces séducteurs qu'incarnait Boyer quarante ans plus tôt, et celle du comte Sanziani dans Nina (1976), où, réuni une dernière fois à Minnelli et Ingrid Bergman, il fait avec eux de poignants adieux à un certain cinéma.

Films  :

l'Homme du large (M. L'Herbier, 1920) ; Chantelouve(G. Monca et R. Panzini, 1921) ; l'Esclave (Monca, 1922) ; le Grillon du foyer (R. Boudrioz, 1927) ; la Ronde infernale (Luitz-Morat, id.) ; le Procès de Mary Dugan(M. de Sano, 1929 ; VF de The Trial of Mary Dugan,US) ; le Capitaine Fracasse (A. Cavalcanti, id.) ; Révolte dans la prison (P. Féjos, 1930 ; VF de The Big House de G. Hill, US) ; Barcarolle d'amour (H. Roussell et Carl Froelich, id. ; VF de Brand in der Oper, ALL) ; The Magnificent Lie (Berthold Viertel, id.) ; Tumultes(R. Siodmak, 1932 ; VF de Stürme der Leidenschaft,ALL) ; I. F. 1 ne répond plus (K. Hartl, id. ; VF de :  F. P. 1 antwortet nicht, ALL) ; le Revenant (The Man From Yesterday, Viertel, id.) ; la Belle aux cheveux roux(J. Conway, id., US) ; l'Épervier (L'Herbier, 1933) ; Moi et l'Impératrice et The Only Girl (F. Holländer et Paul Martin, id. ; VF et v. angl. de : Ich und die Kaiserin, ALL) ; Liliom (F. Lang, 1934) ; la Bataille (N. Farkas, id., VF et V. angl.) ; Caravane (E. Charell, id., US) ; le Bonheur(L'Herbier, 1935) ; Mondes privés (G. La Cava, id., US) ; Cœurs brisés (Break of Hearts, Philip Moeller, id.) ; Shanghai (James Flood, id.) ; le Jardin d'Allah(R. Boleslawsky, 1936, US) ; Mayerling (A. Litvak, id.) ; Tovaritch (Litvak, 1937, US) ; Marie Walewska(C. Brown, id., US) ; L'histoire s'écrit la nuit (F. Borzage, id.) ; Orage (M. Allégret, 1938) ; Casbah (J. Cromwell, id., US) ; Elle et lui (L. McCarey, 1939, US) ; Veillée d'amour (John M. Stahl, id., US) ; l'Étrangère (Litvak, 1940, US) ; Back Street (R. Stevenson, 1941) ; Appointment for Love (W. A. Seiter, id.) ; Par la porte d'or(M. Leisen, id., US) ; Six Destins (J. Duvivier, 1942, US) ; Tessa, la nymphe au cœur fidèle (E. Goulding, 1943, US) ; Obsessions (J. Duvivier, id., US) ; Hantise(G. Cukor, 1944, US) ; Coup de foudre (Together Again[Ch. Vidor], id.) ; Agent secret (H. Shumlin, 1945, US) ; la Folle Ingénue (E. Lubitsch, 1946, US) ; Vengeance de femme (Z. Korda, 1948, US) ; Arc de Triomphe(L. Milestone, id., US) ; The Thirteenth Letter(O. Preminger, 1951) ; la Première Légion (D. Sirk, id.,US) ; Thunder in the East (Ch. Vidor, id.) ; Sacré Printemps (The Happy Time, R. Fleischer, 1952, US) ; Madame de... (M. Ophuls, 1953) ; Nana (Christian-Jaque, 1955) ; la Toile d'araignée (V. Minnelli, id., US) ; la Chance d'être femme (A. Blasetti, id., IT) ; Paris-Palace Hôtel (H. Verneuil, 1956) ; le Tour du monde en 80 jours (M. Anderson, id., US) ; Une Parisienne(M. Boisrond, 1957) ; les Boucaniers (A. Quinn, 1958, US) ; Maxime (H. Verneuil, id.) ; Fanny (J. Logan, 1961, US) ; les Démons de minuit (M. Allégret et C. Gérard, id.) ; Adorable Julia (A. Wiedermann, 1962, ALL) ; les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (V. Minnelli, id., US) ; le Grand-Duc et l'Héritière (Love is a Ball, D. Swift, 1963, US) ; le Coup de l'oreiller (A Very Special Favor,M. Gordon, 1965, US) ; Comment voler un million de dollars (W. Wyler, 1966, US) ; Paris brûle-t-il ?(R. Clément, id.) ; Casino Royale (J. Huston, K. Hugues, R. Parrish, V. Guest et J. McGrath, 1967, GB) ; Pieds nus dans le parc (G. Saks, id., US) ; Folies d'avril (The April Fools, S. Rosenberg, 1969, US) ; la Folle de Chaillot (B. Forbes, id., GB) ; le Rouble à 2 faces(E. Périer et A. Lisa, id., ESP) ; les Horizons perdus(Ch. Jarrott, 1973, US) ; Stavisky (A. Resnais, 1974) ; Nina (Minnelli, 1976, US).

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Charles Boyer

Charles Boyer
Description de cette image, également commentée ci-après
Charles Boyer en 1942
Naissance
Figeac (France)
NationalitéDrapeau de la France Française
Drapeau des États-Unis Américaine
Décès (à 78 ans)
PhoenixArizona (États-Unis)
ProfessionActeur
Films notablesLe Bonheur (1934)
Casbah (1938)
Elle et lui (1939)
Hantise (1944)
Fanny (1961)

Charles Boyer, né le  à Figeac (Lot) et mort le  à Phoenix (Arizona), est un acteur franco-américain. Après avoir débuté sa carrière en France, il devient l'un des acteurs français les plus célèbres à Hollywood durant les années 1930 et 1940. Se montrant aussi à l'aise dans les mélodrames, Le Jardin d'Allah (1936), Casbah (1938) et Elle et lui (1939), que dans les thrillersHantise (1944), il est nommé à quatre reprises à l'oscar du meilleur acteur.

Biographie

Enfance

Fils unique, Charles Boyer naît prématurément le 28 août 1899, boulevard Labernade à Figeac. Son père, Maurice Boyer tient un commerce familial de moissonneuses-batteuses, fourneaux de cuisine et faucheuses (créé en 1812) et sa mère, Louise, est mère au foyer1. Dès son plus jeune âge, il a l'habitude de s'installer sur le comptoir où il récite des poésies ou des tirades pour amuser les clients2. En 1909, son père décède brutalement et sa mère tient malgré tout à ce qu'il bénéficie d'une éducation bourgeoise, notamment par le biais de cours de violon3. Peu de temps après, il assiste pour la première fois à une pièce de théâtre, Samson, dans laquelle se produit le comédien Lucien Guitry. Impressionné par son talent, il fait alors le vœu de devenir acteur, au grand désarroi de sa mère4.

En 1914, la guerre éclate. Au cours de ces années noires, Figeac accueille des soldats convalescents. Pour les distraire, Charles Boyer crée et joue des spectacles5. En 1917, à 19 ans, il obtient son baccalauréat. Diplôme en poche, il part à Paris et s'inscrit à la Sorbonne. À l'occasion de vacances scolaires, il rencontre, à Figeac, Raphaël Duflos, qui tourne un film dans la région. C'est son premier contact avec le cinéma6.

Débuts et consécration

Après avoir suivi le conservatoire, Charles Boyer commence sa carrière par le théâtre. Mais c'est au cinéma, en France, notamment grâce à Marcel L'Herbier, puis à Hollywood, qu'il connaît ses plus grands succès comme « jeune premier » au cours des années 1920 et 1930.[réf. nécessaire].

Dans un entretien avec Armand Panigel en 1972, Fritz Lang déclare que Boyer n'a jamais été meilleur que dans le Liliom qu'il lui a fait tourner lors de son escale en France, en 1934. En effet, la gouaille et le dynamisme juvénile de ce rôle de petit voyou, finalement attendrissant, révèlent une face méconnue, et peu exploitée par la suite, du talent de l'acteur, ici presque à contre-emploi.[réf. nécessaire]

En 1934, il épouse une jeune actrice britannique, Pat Paterson, rencontrée quelques semaines plus tôt lors d'une soirée entre deux tournages de Caravane7.

En 1938, il décroche le fameux rôle de Pépé le Moko, le voleur en fuite dans Casbah, un remake en langue anglaise du film français Pépé le Moko avec Jean Gabin, son grand rival. Bien que dans le film Boyer n'ait jamais dit à Hedy Lamarr « Viens avec moi à la Casbah », cette réplique moquant son accent français était présente dans la bande annonce du film. La phrase lui collera à la peau à la suite des parodies des Looney Tunes8,9. Le rôle de Boyer dans Pépé Le Moko était déjà célèbre quand l'animateur Chuck Jones, responsable du personnage de Pépé le putois, la mouffette rayée romantique (et non un putois), apparaît pour la première fois en 1945 dans Odor-able Kitty8L'accent de Boyer a également été parodié dans les dessins animés de Tom et Jerry, notamment lorsque Tom essayait de courtiser une chatte (voir The Zoot Cat).[réf. nécessaire]. Ce rôle d'amoureux malgré lui le suivra toute sa carrière10.

Durant les années 1930 et 1940, il est une grande vedette et les studios se l'arrachent. Figure de la colonie française expatriée de l'époque (Jean RenoirJean-Pierre AumontJulien Duvivier...), il est dédaigné par Jean Gabin qui ne s'en cache pas et « trouve cette célébrité usurpée »10.

Années de guerre

Le , il obtient la citoyenneté américaine. Peu disert sur ce sujet, Charles Boyer explique qu'il ne se sentait plus « en Amérique » mais « d'Amérique »10. Si certains biographes rappellent que sa femme, Pat Paterson, avait exprimé en 1936, lors d'une interview accordée au magazine Picture Play (en), sa crainte de voir son mari être mobilisé pour la guerre qui se profilait, d'autres (Chassagnard, Brunelin) excluent l'hypothèse d'une échappatoire au rappel sous les drapeaux10. En effet, exempté de service militaire (étant orphelin de père), il revient à Figeac en 1939 pour s'engager dans l'armée. Il devient ainsi artilleur au 32e régiment d'artillerie coloniale mixte à Agen et est affecté à la défense des fortifications de la ligne Maginot11. Au bout de onze semaines, il est démobilisé par le président du conseil, Edouard Daladier, qui lui demande de retourner aux États-Unis pour convaincre ses amis américains du show-business du bienfondé de cette guerre11'12. Surpris par l'armistice, il est frappé par l'appel du 18 Juin de Charles de Gaulle, qu'il enregistre en anglais pour des radios américaines, et décide de soutenir la France libre13'11. Peu de temps après, il fonde un centre intellectuel à Los Angeles à partir des six cents volumes de sa bibliothèque, la French Research Foundation, qui en 1945 comptait plus de quinze mille livres. Ce don de sa part avait pour mission en période de guerre d'incarner l'esprit français aux États-Unis14. Durant la même période, il participe à la création et au financement du « French War Relief Committee » (Comité français de secours de guerre)13.

Fin de carrière

Les plus grandes actrices de son époque sont ses partenaires : Bette Davis (L'Étrangère), Greta Garbo (Marie Walewska), Marlene Dietrich (Le Jardin d'Allah), Danielle Darrieux (MayerlingMadame de...), Irene Dunne (Elle et lui), Olivia de Havilland (Par la porte d'or), Ingrid Bergman (HantiseNina), Michèle Morgan (Maxime). Dans son autobiographie, Ma vieIngrid Bergman a dit de lui : « C'était l'élégance et la courtoisie personnifiées ». Il continue d'avoir des rôles jusqu'à sa mort, mais avec un succès moindre.[réf. nécessaire].

Drame familial

Le , son fils unique, Michael Charles Boyer, né en 1944, se suicide d'une balle dans la tête en jouant à la roulette russe dans sa chambre à son domicile de Beverly Hills. Sa petite amie Marilyn Campbell, 22 ans, venait de lui annoncer qu'elle le quittait. Charles Boyer se trouve alors à Paris15.

Mort

Le , Charles Boyer se suicide16 à l'aide d'une dose mortelle de barbituriques, deux jours après le décès de sa femme, l'actrice Pat Paterson, des suites d'un cancer, et deux jours avant de fêter son 79e anniversaire. Il est enterré au cimetière Holy Cross à Los Angeles.

Filmographie

Charles Boyer en 1936
Charles Boyer avec Sigrid Gurie et Hedy Lamarr dans Casbah (1938)
Charles Boyer dans Elle et lui (1939)
Charles Boyer et Bette Davis dans L'Étrangère 
(1940)
Charles Boyer et Ingrid Bergman dans Hantise 
(1944)
Charles Boyer en 1955

Cinéma

Télévision

Téléfilm

Séries télévisées

Théâtre[modifier | modifier le code]

Récompenses et nominations

Hommages, citations

Distinctions

En 1948, il est fait chevalier de la Légion d'honneur.