La star de Hollywood Olivia de Havilland, qui avait notamment incarné l'inoubliable Melanie dans Autant en emporte le vent, est décédée dimanche, à l'âge de 104 ans. «Dame Olivia de Havilland est décédée pacifiquement de causes naturelles», a déclaré l'agente américaine Lisa Goldberg dans un communiqué. Elle s'est éteinte dans sa résidence parisienne, a-t-elle ajouté, précisant que des funérailles strictement «privées» seraient organisées.

Dernière actrice vivante de l'adaptation du roman éponyme de Margaret Mitchell, Olivia de Havilland vivait en France depuis plus de 60 ans. Elle était la doyenne des acteurs américains.

La lauréate de deux Oscars de la meilleure actrice - pour A chacun son destin (Mitchell Leisen, 1946) et L'héritière (William Wyle, 1949) - reste indissociable du film de Victor Fleming, aux côtés de Clark Gable et Vivien Leigh.

Des rôles de caractère qui feront d'elle une star

Elle a été, à ses débuts dans les années 30, cantonnée à des rôles de jeunes ingénues. A 19 ans, elle apparaît dans Alibi Ike de Ray Enright puis fait ses débuts sur scène à l'Hollywood Bowl en interprétant Hermia dans Le songe d'une nuit d'été de Shakespeare, avant de décrocher le rôle dans son adaptation cinématographique. Elle est prise sous contrat pour sept ans par la Warner qu'elle accusera de la cantonner à des rôles de partenaire attitré d'Errol Flynn, dans des films légers de Michael Curtiz comme Les aventures du capitaine Blood (1936), La charge de la brigade légère (1937), Les aventures de Robin des bois (1938).

Grâce à la Warner qui accepte de la «prêter», l'année 1939 est le point de départ des grands succès de l'actrice qui est choisie par Victor Fleming pour Autant en emporte le vent.

En 1943, la Warner refusant de la libérer à l'issue de son contrat en raison des périodes de «prêts», Havilland assigne le studio en justice. Le juge assimile la pratique à du servage et elle remporte une victoire qui fera jurisprudence dans la défense des droits des acteurs.

Les nombreux films qu'elle tourne ensuite lui donnent souvent des rôles et des partenaires de choix, comme Richard Burton (Ma cousine Rachel, 1953), Bette Davis et Joseph Cotten (Chut, chut, chère Charlotte, 1965), Liv Ullman (Jeanne, papesse du diable, 1973) Jack Lemmon, Joseph Cotten et Christopher Lee (Les naufragés du 747, 1977).

Une «soeur-ennemie» du cinéma

Américaine d'origine britannique, Olivia de Havilland est née à Tokyo le 1er juillet 1916, de parents britanniques, l'actrice Lillian Fontaine, alias Lillian Augusta Ruse, et Walter de Havilland, avocat spécialisé dans les brevets. Elle a pour soeur cadette (de 15 mois) et rivale depuis toujours, l'actrice Joan Fontaine (décédée en 2013), l'inoubliable Rebecca d'Alfred Hitchcock, également lauréate de l'Oscar de la meilleure actrice, pour son rôle dans Soupçons d'Hitchcock (1942).

Lire aussi: Les femmes fortes de l’âge d’or hollywoodien

Leurs relations, marquées par une rivalité affective et professionnelle extrême, leur ont valu le qualificatif de «soeurs-ennemies» du cinéma, irrémédiablement fâchées jusqu'au décès même de Joan Fontaine, à Carmel (Californie).

Après la séparation de ses parents, alors qu'elle a trois ans, Olivia arrive avec sa mère aux Etats-Unis, près de San Francisco (Californie). Olivia est la première des deux soeurs à se lancer dans le cinéma alors que Joan est repartie vivre deux ans au Japon, avec son père.

Mariée et divorcée deux fois - avec l'écrivain américain Marcus Goodrich (1946-1952) et le journaliste français Pierre Galante (1955-1979) - Olivia de Havilland a eu un fils, Benjamin (décédé en 1991), et une fille, Gisèle. Depuis 1953, elle vivait en France. En septembre 2010, le président Nicolas Sarkozy l'avait décorée de la Légion d'honneur.

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Olivia de Havilland, la dernière légende de l’âge d’or d’Hollywood, est morte à 104 ans

Olivia de Havilland s’est éteinte ce dimanche à 104 ans à Paris, où l’actrice d’« Autant en emporte le vent » vivait depuis plus d’un demi-siècle.

Olivia de Havilland avait reçu deux Oscars de la meilleure actrice, en 1947 et en 1950, pour « l’Héritière » puis « A chacun son destin ».
Olivia de Havilland avait reçu deux Oscars de la meilleure actrice, en 1947 et en 1950, pour « l’Héritière » puis « A chacun son destin ».
Olivia de Havilland est surtout connue pour son rôle de Melanie dans « Autant en emporte le vent »./Everett/B.I.
Olivia de Havilland est surtout connue pour son rôle de Melanie dans « Autant en emporte le vent »./Everett/B.I.

Elle est née et morte en juillet. Quelle vie, débutée à Tokyo, achevée à Paris, traversée par trois nationalités, puisque la future actrice naît anglaise avant de devenir américaine puis française après son mariage, en 1955, avec un journaliste de Paris Match, Pierre Galante. Ce dernier succède dans son carnet du cœur à Howard Hughes, James Stewart ou John Huston…

Une seule chose n'allait pas dans la vie de Olivia de Havilland : sa sœur cadette, Joan Fontaine, star elle aussi, et à qui l'opposait une jalousie sans merci depuis l'enfance. Ne pas avoir le premier rôle face à Scarlett, passe encore, mais voir sa petite sœur décrocher l'Oscar avant elle… Les déesses aussi se détestent parfois dans le nid de vipères des familles, nobles ou pas.

En 2010, la comédienne francophile recevait la Légion d’honneur au côté de Jacqueline Bisset. Reuters/P.W.
En 2010, la comédienne francophile recevait la Légion d’honneur au côté de Jacqueline Bisset. Reuters/P.W.

Elle tourne 49 films, puis des mini-séries, repasse par Broadway. Pour les 75 ans des Oscars ou son anniversaire de centenaire, l'ultime grande dame de l'âge d'or apparaissait d'une élégance toujours éblouissante en robe de soirée, le maintien et le verbe haut, clamant son « amour des films » d'une voix soyeuse à faire chavirer l'auditoire.

Un timbre comme trois notes de jazz à s'asseoir et l'écouter. Une voix doublée dans les versions françaises de ses films par une actrice de 108 ans toujours en vie, Renée Simonot, la mère de Catherine Deneuve. Un scénario si beau que le mot « The End » qui tombe sur le générique de sa vie donne plutôt envie de rembobiner ces classiques de ciné-club que de dire adieu à la dernière star. « Gone With The Wind », emportée par le vent, partie dans son souffle, quelle belle épitaphe.\

OLIVIA DE HAVILLAND NAÎT LE 1ER JUILLET 1916 À TOKYO.

Olivia de Havilland, actrice américaine doublement oscarisée, légende du cinéma hollywoodien, célèbre pour le rôle de Melanie dans le film culte Autant en emporte le vent (Victor Fleming, 1939), est morte à Paris, où elle résidait, dimanche 26 juillet 2020, à l’âge de 104 ans. Elle « est décédée pacifiquement de causes naturelles », a annoncé son agente, Lisa Goldberg, à la presse.

Olivia de Havilland naît le 1er juillet 1916 à Tokyo. Son père, Walter Augustus de Havilland, est un avocat britannique et sa mère, Lilian Fontaine, actrice de théâtre. Sa sœur cadette, Joan Fontaine, née le 22 octobre 1917, embrassera également une carrière d’actrice. En 1919, ses parents se séparent. Lilian quitte le Japon avec ses deux filles et s’installe à Saratoga, près de San Francisco, en Californie.

Rivalités familiales

Lors de ses études universitaires, Olivia de Havilland joue dans une troupe de théâtre amateur Le Songe d’une nuit d’été. Elle est remarquée par le réalisateur Max Reinhardt (1873-1943). En 1935, il lui confie le rôle d’Hermia dans l’adaptation cinématographique de la pièce. Elle signe un contrat de sept ans avec les studios Warner Bros.

En 1935, Jack Warner décide de faire d’Olivia la partenaire d’un jeune acteur quasi inconnu, Errol Flynn (1909-1959), dans Capitaine Blood, de Michael Curtiz, qui connaît un très grand succès et restera une référence en matière de film de pirates. Les deux comédiens deviennent un des couples en vogue à Hollywood, mais uniquement à l’écran, Olivia de Havilland ayant toujours repoussé les avances d’Erroll Flynn. Ils tourneront ensemble huit films, dont Les Aventures de Robin des bois, du même Michael Curtiz en 1938.

Olivia de Havilland est sollicitée par le producteur David O. Selznick pour jouer dans Autant en emporte le vent (1939), mais elle ne peut accepter le rôle qu’en accord avec la Warner, avec laquelle elle est sous contrat. Le studio accepte de la « prêter » à son concurrent, la MGM, en échange de deux comédiens. L’actrice obtient donc le plus fameux second rôle de l’histoire du cinéma, celui de Melanie Hamilton, la vertueuse cousine de Scarlett O’Hara. Ce personnage vaut à Olivia de Havilland sa première nomination aux Oscars, dans la catégorie second rôle. En 2016, l’actrice se confiera dans Vanity Fair sur le personnage de Melanie : « La première fois que j’ai lu le roman, je n’arrivai pas à m’identifier au personnage de Melanie, mais en lisant le superbe scénario de Sidney Howard, je découvris une tout autre Melanie. Grâce au scénario, je l’aimai, je l’admirai, je l’adorai ! »

En 1942, elle est à nouveau nominée pour l’Oscar de la meilleure actrice pour le film Par la porte d’or, de Mitchell Leisen, face à sa sœur, Joan Fontaine, qui sera récompensée pour son rôle dans Soupçons, d’Alfred Hitchcock. L’inimitié latente des deux sœurs devient définitive à la suite de cette campagne pour l’Oscar. Cette rivalité sera largement exploitée par la presse hollywoodienne, jusqu’à la mort de Joan Fontaine, en 2013. « Je me suis mariée avant Olivia, j’ai remporté l’Oscar avant elle et, si je meurs la première, elle sera sans aucun doute furieuse que je l’aie battue », avait déclaré Joan Fontaine, illustrant la violence de leur relation.

Jurisprudence pour les acteurs

Lasse d’être cantonnée aux rôles d’ingénue, Olivia de Havilland refuse plusieurs scénarios, ce qui lui vaut à chaque fois d’être mise à pied par la Warner. En 1943, son contrat arrivant à son terme, elle se pense enfin libre de choisir ses films et ses producteurs. Mais la Warner estime que les périodes de suspension doivent s’ajouter à la durée initiale du contrat. L’actrice de 27 ans assigne le studio en justice.

Pendant la durée du procès, Olivia de Havilland, ne pouvant pas tourner de films, propose ses services à l’institution patriotique qui organise des spectacles pour entretenir le moral des troupes américaines. Elle effectue une longue tournée dans le Pacifique, se produisant dans les bases militaires. Le juge qui instruit le procès assimile la pratique du studio à du servage, et Olivia de Havilland gagne au terme d’une décision qui fera jurisprudence dans la défense des droits des acteurs (De Havilland Law). Elle est louée pour le courage et la ténacité dont elle a fait preuve lors de sa bataille juridique face aux studios de la Warner.

Elle poursuit sa carrière en interprétant des rôles plus complexes et plus variés. Elle obtient l’Oscar de la meilleure actrice avec le film A chacun son destin, de Mitchell Leisen (1946) et un second pour L’Héritière, de William Wyler (1949).

En 1955, Olivia de Havilland, fraîchement divorcée du romancier Marcus Goodrich (1897-1991), avec qui elle a eu un fils, Benjamin (1949-1991), épouse un journaliste de Paris Match, Pierre Galante (1909-1998). Le couple, installé à Paris, aura une fille, Gisèle, en 1956.

Après une prestation remarquable avec son amie Bette Davis (1908-1989) dans Chut… chut… chère Charlotte, de Robert Aldrich (1964), ses apparitions au cinéma se feront plus rares. En 1965, elle devient la première femme à être présidente du jury au Festival de Cannes. Madame la Présidente : « Ce sera le rôle le plus lourd de ma carrière », disait-elle alors.