joi, 31 decembrie 2020

SILK STOCKINGS / Mamoulian /1957-- Ninotchka / Lubitsch, 1939

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« What are the news from Moscow? » « Good, very good. The last mass trial were a great success. There is going to be fewer but better Russians » (- Quelles sont les nouvelles de Moscou ? - Bonnes, excellentes : les derniers procès ont été une vraie réussite: il y aura moins de Russes mais ils seront meilleurs).

LA COMÉDIE MUSICALE

SILK STOCKINGS (La Belle de Moscou) – Rouben Mamoulian (1957)

Brillant remake du Ninotchka d’Ernst Lubitsch, avec Greta Garbo, ce film a la grâce des chefs-d’œuvre accouchés dans le doute et la douleur. Fred Astaire croyait être en fin de carrière et craignait qu’on ne ricane devant ses acrobaties légèrement ridées. Cyd Charisse frémissait à l’idée qu’on la compare avec la Divine et travaillait dur pour montrer ses vrais talents d’actrice plutôt que d’exhiber une nouvelle fois ses jambes mythiques… Le réalisateur, Rouben Mamoulian, avait mis dix ans à se remettre du désastre financier de son précédent film et restait intimidé par cette comédie antisoviétique, qui trouvait un écho dans sa vie personnelle. D’origine géorgienne, il avait en effet grandi à Paris avant de partir faire ses études à Moscou. Enfin, les déhanchements d’un certain Elvis menaçaient de plus en plus la pérennité de la comédie musicale version Arthur FreedSilk Stockings (La Belle de Moscou) traverse ces dangers avec flamboyance, forte de ses répliques spirituelles, de sa sensualité feutrée et de ses superbes numéros musicaux. A noter la participation inattendue et délicieusement caricaturale de Peter Lorre en apparatchik rabelaisien. [Marine Landrot – Télérama]

SILK STOCKINGS (Rouben Mamoulian, 1957)

« Ce qui m’intéressait dans le film, était de faire de la danse une véritable expression dramatique. J’avais deux merveilleux danseurs – Astaire et Charisse – et je voulais me servir de la danse pour faire progresser leur histoire d’amour. Ce qui me passionna fut de donner à la danse une importance plus grande qu’à l’action dramatique proprement dite, qui n’était qu’une reprise de Ninotchka. La progression dramatique et psychologique n’existait que dans les ballets. C’est en dansant que les personnages prenaient conscience de telle ou telle chose, et les ballets n’étaient pas du tout conçus comme des moments de simple spectacle. » Rouben Mamoulian

SILK STOCKINGS (Rouben Mamoulian, 1957)

Le scénario suit assez fidèlement – tout en le modernisant – le sujet du Ninotchka d’Ernst Lubitsch et ce qui aurait pu paraître comme une idée absurde devient, grâce au couple formé par Fred Astaire et Cyd Charisse, une suite de moments magnifiques. L’anticommunisme se réduit à une succession de conventions et il est vite évident que Rouben Mamoulian, qui réalisait ici son premier film depuis dix ans – Summer Holiday (1947) – a soigné avant tout les numéros musicaux, bénéficiant de la présence d’Hermes Pan et d’Eugene Loring. [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de La Martinière (1993)]

SILK STOCKINGS (Rouben Mamoulian, 1957)

« Sans Fred Astaire, j’aurais refusé de faire le film », a d’ailleurs toujours reconnu Mamoulian. Face à la vulgarité – voulue – de « Satin and Silk » et « Josephine », deux des numéros de Janis Paige, « AlI of You » est un superbe ballet à deux dansé dans l’appartement entre Fred Astaire et Cyd Charisse, un moment troublant au cours duquel ils comprennent qu’ils s’aiment, ce que confirmera peu de temps après le ballet « Fated to be mated », plus acrobatique. Entre-temps, Cyd Charisse, seule, aura interprété le sublime « Silk Stockings » au cours duquel elle se débarrasse de ses vêtements soviétiques pour s’habiller avec délice et érotisme à la mode occidentale, transformant un strip-tease en une fascinante métamorphose physique et mentale.

Deux autres grands numéros, l’un d’Eugene Loring « The Red Blues » dansé par Cyd Charisse lors de son retour en URSS), l’autre d’Hermes Pan (« The Ritz Roll and Rock » qui voit se mélanger l’élégance d’Astaire à des rythmes à la « Rock around the Clock ») sont tout aussi spectaculaires. De même, on se souviendra du très brillant « Too Bad » dansé par Fred Astaire, Peter Lorre – superbe – Jules Munshin, Joseph Buloff et les trois ravissantes Parisiennes, dont Barrie Chase, la future partenaire d’Astaire.

SILK STOCKINGS (Rouben Mamoulian, 1957)

Cyd Charisse, à qui on avait proposé en même temps le rôle finalement tenu par Taina Elg dans Les Girls de George Cukor et celui de Nina Yoshenko ici, avait préféré retrouver Fred Astaire, donnant ainsi à ce dernier une éblouissante occasion de terminer en beauté sa carrière musicale et cinématographique. Astaire tournera en effet d’autres films mais Silk Stockings sera sa dernière grande comédie musicale, l’ultime étant Finian’s Rainbow (1968). Le film est par ailleurs également la dernière réalisation de Rouben Mamoulian puisque ce dernier n’achèvera ni Porgy and Bess, repris par Otto Preminger, ni Cleopatra, mis en scène par Joseph L. Mankiewicz.

SILK STOCKINGS (Rouben Mamoulian, 1957)

Parallèlement au couple formé par Cyd Charisse et Fred Astaire, le personnage de Peggy Dayton est pour les scénaristes du film l’occasion de se moquer – assez méchamment – d’Esther Williams qui souhaitait renoncer à sa carrière aquatique au profit de rôles plus dramatiques et du monde des stars. Le moment où Peggy affirme aux journalistes qu’il n’y a rien de vrai dans les rumeurs qui feraient état d’une liaison entre elle et Tolstoï en est le plus bel exemple.

SILK STOCKINGS (Rouben Mamoulian, 1957)

« J’ai, reconnaissait Mamoulian, une espèce de marque de fabrique : quelque part, dans chacun de mes films, il y a un chat. Lorsque nous avons fini Silk Stockings, j’ai brusquement réalisé qu’il n’y avait pas de chat. Ainsi – à grands frais – nous avons eu un jour de tournage supplémentaire, juste pour le chat. L’avez-vous remarqué ? »  Le chat fétiche apparaît en effet sur un fond de décor moscovite lorsque Nina et les trois envoyés repartent pour l’URSS… [La comédie musicale – Patrick Brion – Edition de La Martinière (1993)]

SILK STOCKINGS (Rouben Mamoulian, 1957)

Dans Silk Stockings ce sont les éléments de la danse qui comptent ici – Astaire dans son plus élégant et Cyd Charisse l’associant avec grâce étape par étape tout au long. Sa performance en tant que miss au sérieux qui se plie progressivement à ses voies est l’une de ses meilleures contributions à la comédie cinématographique. En résumé : un délicieux mélange de chansons de Cole Porter et un script intelligent en font un pur plaisir, doux comme de la soie.

L’HISTOIRE

Le producteur Steve Canfield (Fred Astaire) a engagé le compositeur russe Peter Boroff (Wim Sonneveld) qui profite de l’occasion pour rester à Paris au lieu de rentrer en URSS. Les trois agents soviétiques chargés de le ramener, Brankov (Peter Lorre), Ivanov (Joseph Buloff) et Bibinski (Jules Munshin), goûtent, grâce à Steve, le charme de la vie parisienne et oublient leur mission. Markovitch envoie alors à Paris l’implacable Nina Yoshenko (Cyd Charisse). Celle-ci y fait la connaissance de Steve qui tente – vainement – de l’initier au luxe du monde capitaliste. Mais, peu à peu, Nina succombe au charme de Paris et de Steve. Elle est brusquement ramenée à la raison en découvrant l’actrice Peggy Dayton (Janis Paige) interpréter l’un des airs de Boroff. Elle repart alors en Russie avec les trois envoyés extraordinaires et tous évoquent bientôt le bonheur des jours heureux passés à Paris. Steve, ne parvenant pas à obtenir un visa qui lui permettrait de se rendre en URSS, réussit à faire revenir Nina en mission à Paris. La jeune femme retrouve avec bonheur Steve et découvre qu’Ivanov, Brankov et Bibinski ont ouvert un cabaret, « La vieille Russie ».

SILK STOCKINGS (Rouben Mamoulian, 1957)


Ninotchka

Ninotchka
Description de cette image, également commentée ci-après
Titre originalNinotchka
RéalisationErnst Lubitsch
ScénarioMelchior Lengyel, Charles Brackett
Billy WilderWalter Reisch
Acteurs principaux

Greta Garbo
Melvyn Douglas

Sociétés de productionMGM
Pays d’origineDrapeau des États-Unis États-Unis
GenreComédie
Durée110 minutes
Sortie1939



Fichier:Ninotchka trailer (1939).webm
Bande-annonce

Ninotchka est un film américain réalisé par Ernst Lubitsch, sorti en 1939. C'est une comédie romantique et une satire politiqueGreta Garbo y campe une commissaire politique soviétique incorruptible qui, quand elle rencontre le séduisant et corrupteur comte d'Algout (Melvyn Douglas) à Paris, voit ses convictions mises à rude épreuve.

Ninotchka est le fruit de la rencontre de deux maîtres du cinéma, tous deux d'origine juive germanique : Samuel Wilder qui, fuyant le nazisme, a pris le prénom de Billy et qui apporte le scénario1 à Ernst Lubitsch. Et la fameuse « Lubitch touch » en fait un chef-d'œuvre du 7e Art.

Il reçoit un accueil enthousiaste à sa sortie. En 1990, il est inscrit au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès.

Synopsis

Trois agents du ministère soviétique du commerce, Iranoff, Buljanoff et Kopalski, sont envoyés à Paris pour vendre, afin d'acheter des machines agricoles, un lot de 40 bijoux confisquées à des aristocrates pendant la révolution russe. Ils font la connaissance du sympathique comte Léon d'Algout. Ils ignorent que celui-ci est payé (de différentes façons...) par la Grande Duchesse Swana, russe blanche immigrée à Paris, pour récupérer ses bijoux qui font partie du lot. Le comte distrait les trois émissaires en leur faisant goûter aux « charmes décadents » du capitalisme. Mais l'Union Soviétique dépêche Ninotchka Yakouchova, communiste dogmatique et inflexible pour reprendre les choses en main. Elle trouve sur son chemin le comte d'Algout, bien décidé à lui mettre des bâtons dans les roues. Elle éprouve la plus vive aversion pour cet oisif corrompu. Il est tout à fait impossible dans ces conditions qu'une idylle se noue entre eux... Théoriquement...

Fiche technique

Distribution

Commentaire

Lancé par le slogan « Garbo rit » (Garbo laughs)2Ninotchka est la première comédie de Greta Garbo et son avant-dernier film. Sous la forme d'une comédie sentimentale légère, c'est l'un des premiers films américains à prendre pour thème principal – et pour cible – l'Union Soviétique. Il brosse une satire mordante de la Russie stalinienne qu'il présente comme un régime austère où sévissent la misère et les arrestations arbitraires et qu'il oppose à la société parisienne qui s'étourdit dans le luxe et la frivolité.

Cette satire du système soviétique ne relève pas pour autant de l'« anti-communisme primaire » ou, tout du moins, ce n'est pas une apologie du capitalisme – c'eut été surprenant de la part d'un scénariste comme Wilder –, les inégalités de la société française ne sont pas escamotées. C'est encore moins une apologie du système tsariste balayé par la révolution russe, la duchesse Swana est présentée comme un personnage égoïste et plein de morgue, plus haïssable finalement que l'idéaliste Ninotchka.

Autour du film

  • Le succès du film a donné lieu en 1957 à une reprise sous la forme d'une comédie musicale : La Belle de Moscou (Silk Stockings) de Rouben Mamoulian, avec Fred Astaire et Cyd Charisse.
  • Ninotchka marque la deuxième collaboration entre Billy Wilder et Ernst Lubitsch, l’un au scénario l’autre à la réalisation. La première avait eu lieu l'année précédente avec La huitième femme de Barbe-bleue. L'action de ce film se passait également en France, sur la Côte d'Azur cette fois. À plusieurs reprises les deux auteurs ont affiché dans leurs créations une inclinaison pour la France (et parfois une certaine aversion pour l'Amérique puritaine) à telle enseigne que dix des douze films qu'Ernst Lubitsch a réalisés entre 1930 et 1939 ont été tournés en France.
  • Dix ans plus tard, Billy Wilder et Charles Brakett (deux des trois scénaristes de Ninotchka), écrivent La Scandaleuse de Berlin. Wilder le réalise lui-même, il met en scène cette fois un triangle amoureux dans le Berlin de l’immédiat après-guerre sur fond de corruption et de trafics dans la « valeureuse » armée américaine. Marlène Dietrich y tient le rôle principal.

Distinctions

  • Nominations aux Oscars 1939 (attribués en 1940) du meilleur film, de la meilleure actrice, de la meilleure histoire originale, et du meilleur scénario. Mais aucune statuette ne lui fut attribué, la plupart d'entre elles revenant cette année-là à Autant en emporte le vent.

Extraits

  • « The apartment may suit your convenience but I doubt it will fit your convictions. It's the royal suite » (Cet appartement vous conviendra sans doute pour le confort, mais je doute qu'il satisfasse vos convictions : c'est la suite royale) Le responsable de l'Hôtel Clarence aux envoyés de Moscou.
  • « That's an idea but who said we were to have an idea » (Ça c'est une idée, mais nous ne sommes pas là pour avoir des idées) Les envoyés communistes entre eux.
  • « Comrades, comrades, don't let's give in so quickly. After all we have to uphold the prestige of Russia. All right, let's uphold it for another 10 minutes » (Camarades, camarades, ne cédons pas si rapidement, nous avons à défendre le prestige de la Russie. D'accord, défendons-le encore pendant 10 minutes) Les envoyés communistes entre eux lors de la négociation de la vente des bijoux.
  • Iranoff, Buljanoff et Kopalski cherchent l'envoyé spécial de Moscou à la gare et croient le trouver quand ils voient un homme habillé comme eux et au physique ressemblant au cliché du soviétique. Ils n'ont pas le temps de le rejoindre qu'ils le voient saluer d'un « Heil Hitler » celle qui est venu le chercher.
  • À la gare, scène entre Ninotchka et le porteur: « What do you want? » « May I have your bags Madam? » « Why? » « He is a porter, he wants to carry them » « Why? Why should you carry other people's bags » « Well, that's my business madam » « That's no business, that's social injustice » « That depends on the tip » (- Que voulez-vous ? - Puis-je avoir vos bagages, Madame ? - Pourquoi ? - C'est un porteur, il veut les porter - Pourquoi ? Pourquoi voudriez-vous porter les bagages des autres ? - Mais c'est mon métier, Madame - Ce n'est pas un métier, c'est une injustice sociale - Ça dépend du pourboire).
  • « What are the news from Moscow? » « Good, very good. The last mass trial were a great success. There is going to be fewer but better Russians »3 (- Quelles sont les nouvelles de Moscou ? - Bonnes, excellentes : les derniers procès ont été une vraie réussite : il y aura moins de Russes mais ils seront meilleurs).
  • À l'ambassade d'URSS, un employé répond au téléphone : « Comrade Cazabine? No, I'm sorry. He hasn't been with us for six months, he was called back to Russia and was investigated. You can get further details from his widow. » (Le camarade Cazabine ? Non, je suis désolé, il nous a quitté il y a six mois, il a été rappelé en Russie pour enquête. Vous aurez plus de détails avec sa veuve).

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ROBERT SIODMAK (1904 - 1973)