Textul celor doua postari Salomon Mikhoëls in format PDF
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Histoire
1952: La nuit des poètes juifs assassinés
La scène est aisée à imaginer. Un homme prostré sur une chaise, brisé par la torture. Face à lui, trois officiers de l’Armée rouge ou du NKVD [1], enfin, d’une émanation quelconque de l’État policier. Au fond de la pièce, des gardes, devant la porte, des gardes, derrière l’accusé, encore un garde. Dans cette salle du Collège de la Cour suprême de l’URSS [2], les casquettes militaires sont posées sur un bureau immense, vide de tout dossier. Ou bien ceux-ci restent-ils fermés... Il n’y a en effet rien à discuter, rien à instruire, la cause est entendue, et la sentence anticipée.
Les hommes et femmes qui se succèdent devant ces juges s’appellent Itzik Fefer, Ilya Ehrenbourg, Peretz Markish et Vassili Grossman, Solomon Losovski, David Bergelson, Lina Stern... même Polina Jemtchoujina, la femme de Molotov, pilier du stalinisme, s’assiéra devant ces sinistres figures. Ils et elles sont membres du Parti, souvent bolchéviques de la première heure, intellectuel
les, artistes, poètes, tous sont juifs, juives.Nous sommes en 1948. Les procès succèdent aux accusations et les purges spécifiques prolongent les « grandes purges » de 1930. Staline, à la tête de l’URSS, poursuit un régime de terreur massive. Et en ce mois de novembre 1948, les Juifs irritent le Premier secrétaire du Parti : l’État naissant d’Israël s’est rapproché des États-Unis, réduisant à néant les efforts qu’il fait depuis un an pour séduire les sionistes. Pourtant un mois plus tôt, la visite de Golda Meir est acclamée à Moscou. Seulement, ces cris de « le peuple juif vivra », agacent le petit père des peuples. Et d’agacement en irritation, Joseph Staline accumule la colère à l’encontre du « peuple à la nuque roide » [3] dont l’enthousiasme révolutionnaire, les initiatives et l’engagement aiguisent davantage la méfiance paranoïaque que l’envie de les mettre de son côté.
Tenez, prenons l’exemple du Comité international juif antifasciste. Ses créateurs, Victor Alter (du Bund) et Henryk Erlich (de l’internationale socialiste) ont été faits prisonniers en Pologne, envoyés au Goulag condamnés à mort. En tant que polonais et malgré leurs responsabilités de longue date dans le mouvement révolutionnaire, le NKVD les soupçonne de collusion avec les nazis. Leur sincérité socialiste n’en est pas refroidie. Ils rédigent une note à Staline : créons un Comité convainquant juifs et communistes en zones occupées de rejoindre les rangs des armées polonaises ou russes, de miner les actions de l’occupant et de soutenir l’URSS. La gratitude de Staline les renvoie directement en prison, Victor Alter étant exécuté immédiatement après son arrestation.
Yidn fun der gantser velt ! Juifs de tous pays !
Le comité antifasciste voit néanmoins le jour en août 1941, mais sous égide strictement soviétique. Une première allocution à Radio Moscou invite, en yiddish, les juifs du monde entier à rejoindre la lutte antifasciste. Rendue publique presque un an plus tard, cette organisation va se composer de 70 membres et sera présidée par Solomon Mikhoels, célèbre acteur et directeur du théâtre juif de Moscou. Ces travaux se déroulent en yiddish également et s’appuieront sur un journal baptisé Eynikeyt - Unité.
L’objectif du Comité antifasciste juif est de diffuser la propagande prorusse auprès du monde entier, mais plus particulièrement auprès des sympathisants juifs et du monde intellectuel de l’époque. Le message central se place en contrepoint de la politique allemande : l’URSS n’est pas antisémite. C’est ainsi que de 1942 à 1948, le Comité va multiplier les voyages en Europe et aux États-Unis. À l’une de ces occasions, leur accueil aux prestigieuses Polo Grounds de New York est assuré par Albert Einstein à la tête d’une délégation comptant le maire de New York Fiorello La Guardia, ou encore Stephen Wise président du Congrès juif mondial, le tout devant un parterre de 50000 personnes. Ce rassemblement restera le plus grand événement prosoviétique de l’histoire étasunienne. Chagall, Chaplin, le grand chanteur afro-américain et activiste communiste Paul Robeson soutiendront l’idée qu’il faut aider la Russie à lutter contre l’ogre hitlérien. Près de 45 millions de dollars seront ainsi collectés, sans compter l’envoi de matériel médical et technique, des ambulances... Et puis on insiste auprès de l’opinion nord-américaine pour que les GI rejoignent la guerre.
Interdiction de mentionner la solution finale
Dès 1943, les discussions entre Einstein, Fefer et Mikhoels font germer l’idée de compiler dans un Livre noir : les faits prouvant l’extermination scélérate des Juifs par les envahisseurs fascistes allemands dans les régions provisoirement occupées de l’URSS et dans les camps d’extermination en Pologne [4]. L’insistance de certains intellectuels européens de l’époque à réaliser un tel travail prouve déjà que camps, massacres et système génocidaire sont connus des contemporains.
C’est une riche idée. Mais une idée qui va se heurter à l’habituelle paranoïa du sourcilleux locataire du Kremlin. Elle se heurte en effet à deux fondamentaux du régime : primo il n’a jamais tort , secundo l’ennemi est partout. Mais surtout à l’intérieur. Le Livre noir fait en effet ressortir que les nazis en territoire russe, polonais, ukrainien ont nécessairement bénéficié du soutien des populations locales pour mener à bien tant la Shoah par balles que le gardiennage des camps, la logistique, etc. Inadmissible ! Comme il est inadmissible de considérer que des soviétiques auraient été tués par les allemands.
Ils ont été tués en tant que citoyens soviétiques, et non en tant que juifs [5]. Toute considération contraire relèverait du nationalisme - impossible lorsqu’on est internationaliste. Pis ! ce serait du « cosmopolitisme sans racines » ! Les contradictions formelles bien sûr sont négligeables pour la doxa stalinienne qui, pour tuer son chien, n’hésite pas à reprendre une terminologie nazie, et l’accuser de la rage du sionisme, ou d’être vendu aux Américains.
La mention même de solution finale perpétrée à l’encontre de juifs en tant que tels est interdite. C’est le vieil antisémitisme russe, celui des cosaques et des pogroms, qui se rhabille de justifications dogmatiques, parle de contre-révolution, influences de l’étranger, décadence... Car le même qui disait en 1931 : « les communistes, en tant qu’internationalistes cohérents, ne peuvent être que des ennemis jurés et implacables de l’antisémitisme », se prend à déclarer en 1952 : « chaque nationaliste juif est un agent potentiel des renseignements américains. »
C’est sur le plan de la religion que se positionne la propagande contre le judaïsme, en ce qu’elle est propre à véhiculer un « archaïsme rétrograde ». Mais une forme d’essentialisme lui est inséparable : cosmopolites, les juifs, ne peuvent qu’encourager l’infiltration étrangère, l’espionnage... Le recyclage des thèses du complot judéo-bolchévique nazi est complet.
L’opinion russe se laisse aller à exprimer ouvertement sa haine et les affaires se succèdent prouvant que la patrie du socialisme abrite un poison. Car, si les premières purges de Staline (1937-38) faisaient des victimes juives sans les viser de manière systémique, il devient flagrant qu’un antisémitisme d’État est désormais bien en place. Cela prendra même un air pseudo-scientifique avec la « sionologie », qui reprend les thèmes antisémites en les justifiant par la diabolisation de l’État d’Israël.
Pour les intellectuel
les juifs et juives, les choses se précipitent. Andreï Jdanov, membre éminent du Politburo, héros de Léningrad et bourreau de la culture russe, va s’acharner sur la langue yiddish et la production artistique et intellectuelle juive au nom du « réalisme socialiste », ce formalisme soviétique pour qui seule vaut la représentation de prolétaires à gros muscles et de paysannes à fichu, moissonnant les blés mûrs.Début 1946, une édition partielle du Livre noir paraît. En octobre 1947, il est interdit en URSS. En janvier 1948, parti de Moscou à Minsk, Mikhoels est retrouvé assassiné dans une rue de la ville. En mars 1948, le Comité est dénoncé comme « sioniste ». Staline, dans un ultime bras de fer, veut lui imposer de promouvoir un déplacement des juifs vers le Birobidjan, ville et région sibériennes où il compte les reléguer. C’est l’écrivain Peretz Markish – auteur de premier plan, à la pointe du renouveau yiddish, et lauréat du prix Staline de 1946 ! – qui lui signifie un refus : « On ne peut déplacer un peuple, l’arracher à ses racines historiquement formées avec sa terre natale, sa patrie ». Fureur stalinienne. Le 21 novembre 1948, le Comité antifasciste juif est dissous. Il s’ensuit une campagne de liquidation de la langue et de la culture yiddish, visant les quelques 3 millions de locuteurs du pays.
Décembre 1948, c’est Viktor Abakoumov, le sadique chef du MGB/KGB, qui est à la manœuvre de la politique antijuive. Il arrête Fefer qui a joué un jeu trouble contre ses collègues du Comité antifasciste. Pendant l’hiver 1948-49, tous les autres militants du Comité sont arrêtés, de nuit, clandestinement, enfermés à la Loubianka, le siège du KGB, interrogés, torturés. L’accusation : nationalisme bourgeois, trahison, cosmopolitisme sans racines... C’est d’ailleurs sous ce nom qu’une vaste campagne d’antisémitisme d’État est lancée en janvier 1949, à quoi P. Markish fera la remarque : « Hitler voulait nous détruire physiquement, Staline veut nous détruire spirituellement ».
Les lendemains de la purge
Enlevé
es en 1949, les membres du Comité seront torturé es et détenu es jusqu’en 1952. Mais leur calvaire va connaître deux temps : celui des aveux arrachés par la douleur dans les basses-fosses de la Loubianka, puis la rétractation. Car, au moment où s’ouvre officiellement le procès en mai 1952, ils et elles ont tout avoué, un ensemble de crimes tenant dans ce chef d’accusation : « planification d’une insurrection armée visant à établir une république sioniste et bourgeoise qui aurait servi de base américaine, activités d’espionnage, propagande antisoviétique ».Informé
es de ces motifs, rebondissement ! Celles et ceux qui furent des communistes d’une indéfectible loyauté, militant es de la première heure, décoré es, toutes et tous trouvent la force de nier en bloc les accusations, contraignant le tribunal à siéger à huis clos. Nous sommes à nouveau dans l’obscurité d’une pièce du Collège militaire de la Cour suprême, d’où tombent des accusations toutes plus absurdes les unes que les autres, kafkaïennes, orwelliennes, auxquelles on peut à nouveau imaginer que les accusé es ne daignent pas répondre. Tant ils comprennent qu’il s’agit d’une farce à la grande gloire du terrorisme d’État soviétique. Ils et elles sont fusillées le 12 Août 1952.Cuervo (UCL Aix en Provence)
TRAJECTOIRES DE MEMBRES DU COMITÉ ANTIFASCISTE JUIF
Solomon Mikhoels, acteur, directeur du Théâtre juif d’État de Moscou, assassiné en janvier 1948 (voir photo).
Solomon Losovski, ancien vice-ministre soviétique des Affaires étrangères, exécuté le 12 août 1952.
Itzik Fefer, poète, exécuté le 12 août 1952.
Solomon Bregman, ministre-député du Contrôle d’état, mort en détention le 23 janvier 1953.
Aaron Katz, général de l’Académie militaire, libéré après la mort de Staline, mort en 1971.
Boris Shimeliovich, médecin en chef de l’Armée rouge. Exécuté le 12 août 1952.
Joseph Yuzefovich, historien, exécuté le 12 août 1952.
Leib Kvitko, poète, exécuté le 12 août 1952.
Peretz Markish, poète, exécuté le 12 août 1952.
David Bergelson, écrivain, exécuté le 12 août 1952.
David Hofstein, poète, exécuté le 12 août 1952.
Benjamin Zuskin, acteur, exécuté le 12 août 1952.
Ilya Vatenberg, éditeur, exécuté le 12 août 1952.
Emilia Teumim, éditrice, exécutée le 12 août 1952.
Leon Talmy, journaliste et traducteur, exécuté le 12 août 1952.
Khayke Vatenberg-Ostrowskaya, traductrice, exécutée le 12 août 1952.
Lina Stern, femme médecin et biochimiste, condamnée à la prison à vie, libérée après la mort de Staline. Morte en 1968.
Der Nister, écrivain, exilé au Birobidjan en 1947, emprisonné au 1949, mort en détention en 1950.
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BLOG DU CRIF - J'AI DÉCOUVERT L'EXISTENCE DU "LIVRE NOIR"
Pour connaître le destin du Livre noir et de ses auteurs, je vous invite à découvrir le documentaire intitulé « Vie et Destin du Livre noir. La destruction des Juifs d’URSS ». Diffusé le dimanche 13 décembre à 22h40, sur France 5. Puis en replay pendant 30 jours sur Francetv.fr
J'ai découvert l'existence du "Livre noir" et des ses auteurs grâce au passionnant documentaire « Vie et Destin du Livre noir. La destruction des Juifs d’URSS », réalisé par Guillaume Ribot.
Solomon Mikhoels, Ilya Ehrenbourg, Vassili Grossman … Il y a encore quelques heures, ces noms m’étaient complètement inconnus.
Leurs destins, intrinsèquement liés à ceux des Juifs d’URSS pendant la Shoah, sont pourtant hors du commun.
Ensemble, ils ont travaillé à la réalisation du Livre noir.
Lorsqu’on pense à la Shoah et la destruction des Juifs d’URSS, on pense à l’Ukraine et à Babi Yar, au destin des Juifs de Lituanie … Et en effet, l’horreur et la barbarie nazie sont là, présentes en toile de fond et en fil conducteur de l’histoire qui nous intéresse aujourd’hui : l'élaboration du Livre noir, son destin, et celui de ses auteurs.
Nous sommes en Russie en 1941-1942. L'empire communiste est menacé. Il fait face aux attaques et à l'avancée de l'armée allemande sur son territoire.
Les Juifs sont inquiets. Patriotes, ils se mobilisent dans la guerre contre l’occupant nazi. Le Comité Antifasciste Juif, créé par Staline, est complètement dévoué au régime communiste. Staline use même de l'influence de certains Juifs soviétiques pour soulever des fonds auprès de la communauté juive, et soutenir l'effort de guerre.
Parmi les personnalités du Comité Antifascite Juif,
- Solomon Mikhoels, acteur et directeur du Théâtre national Yiddish. Il est le Président du Comité Antifasciste Juif.
- Ilya Ehrenbourg, écrivain et journaliste. Il est correspondant pour l'Etoile rouge, organe officiel de l'armée rouge. Il sera à la tête de la rédaction du Livre noir.
- Vassili Grossman, écrivain. Il se porte volontaire en tant que journaliste de guerre pour l'Etoile rouge. Il accompagne les troupes sur le front et est rapidement témoins des atrocités de la guerre.
Ces trois personnages sont au coeur du film. Ils sont célèbres en URSS et jouissent d’une grande renommée. Ils sont très appréciés.
Et surtout, ils sont Juifs.
En tant que journalistes de guerre, Vassili Grossman entend parler des horreurs commises aux Juifs par l’occupant nazi en URSS. Des témoignages de survivants à des massacres en Ukraine et en Biélorussie parviennent également.
Cela ne peut pas rester un secret. Ainsi, dès 1943, et jusqu’à la fin de la guerre, Ehrenbourg et Grossman ont travaillé à la réalisation du Livre noir. Un ouvrage qui recueille des témoignages et documents à charge contre l’armée allemande. Ils réunissent des preuves de l’extermination des Juifs mais également de leur participation à la résistance armée dans les territoires d'URSS.
Tous deux présents sur le front, ils recueillent eux-mêmes des témoignages du massacre des Juifs d’Europe et de l’existence des camps de concentration et d’extermination. En juillet 1944, Vassili Grossman est l’un des premiers à découvrir l’enfer de Treblinka et à écrire sur le sujet.
Ce Livre noir est le résultat d’un travail d’enquête considérable, sur plusieurs années. Ce document unique rassemble parmi les premiers témoignages de survivants et montre l’ampleur du massacre. Ce qu'ils veulent avant tout, c'est lutter contre l’antisémitisme et éviter que cela ne se reproduise.
Et ce fut en partie le cas. Au procès de Nuremberg en 1945, le Livre noir est introduit comme preuve des crimes commis par l’armée allemande par le procureur soviétique.
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BILLET DE BLOG /16 DÉCEMBRE 2020
Les Juifs d’URSS, du génocide nazi à la répression stalinienne
C’est un documentaire exceptionnel et à certains égards discutable que France 5 a diffusé : «Vie et destin du “Livre noir”», de Guillaume Ribot.
Formé en 1942, avec le soutien de Staline, voire à son initiative, le Comité antifasciste juif (CAJ) a pour objectif d’appeler à la solidarité de l’opinion internationale, d’organiser le soutien matériel au combat de l’URSS contre le nazisme et de venir en aide aux Juifs victimes du génocide nazi. Sur proposition d’Albert Einstein et avec l’accord des autorités soviétiques, deux de ses principaux dirigeants, l’acteur Solomon Mikhoels et le poète Itzik Fefer, ont effectué en 1943 une tournée triomphale de plusieurs mois aux États-Unis : elle a permis à la fois de récolter des sommes considérables et de rehausser l’image de l’Union soviétique outre-Atlantique.
C’est encore sur la suggestion réitérée d’Einstein et après avoir obtenu l’aval de la direction du Comité central du Parti communiste d'Union soviétique (PCUS), que le CAJ décide dès l’été 1943 de se lancer dans la préparation d'un Livre noir sur l'extermination scélérate des Juifs par les envahisseurs fascistes allemands dans les régions provisoirement occupées de l'URSS et dans les camps d'extermination en Pologne pendant la guerre de 1941-1945. Les écrivains Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman coordonnent les recherches et notamment les interviews des témoins sur le terrain, puis l’écriture de l’ouvrage, avec 38 autres auteurs.
C’est un travail gigantesque et horriblement éprouvant. Car le génocide continue. Entre l’invasion hitlérienne de l’URSS, le 22 juin 1941 et le départ du dernier soldat allemand, plus de 1,5 million de Juifs sont exterminés, des pogroms « spontanés » aux fusillades de masse en passant par les camions à gaz, version modernisée des engins rudimentaires utilisés entre 1939 et 1941 pour liquider les handicapés allemands. Les historiens datent en général de juillet-août 1941 le passage du massacre au génocide : au moment où les directives appellent à tuer, non plus seulement les hommes (décret dit« des commissaires »), mais aussi les femmes et les enfants. À des degrés divers selon les Républiques, les régions et les villes, des milices de collaborateurs, voire une partie de la population civile assistent les tueurs nazis, quand elles ne les précèdent pas, notamment dans les Pays baltes.
La réalisation du Livre noir devient plus ardue et plus risquée au fur et à mesure que Staline change de politique vis-à-vis des Juifs soviétiques. En 1947, le Livre noir sera purement et simplement interdit. Entretemps, la répression antisémite a pris de l'ampleur. Les premiers rapports hostiles au « nationalisme bourgeois » du CAJ apparaissent dès 1943. Ils se multiplient et deviennent inquiétants en 1946. Et, à partir de 1948, à l'initiative d'Andreï Jdanov, se développe une vaste campagne de répression dite « anticosmopolite ».
L’année 1948 commence tragiquement avec, le 13 janvier, l'assassinat du président du CAJ, Mikhoels, puis des arrestations massives parmi ses camarades. Le Comité est bientôt dissous, son journal et sa revue fermés. À la suite du procès secret du CAJ, en mai-juillet 1952, tous les accusés – sauf une – seront condamnés à mort et exécutés. Puis vient l’interdiction de la quasi-totalité des institutions juives. La purge, massive et violente, va crescendo jusqu'à l’affaire des « Blouses blanches », ces médecins juifs accusés d'avoir comploté pour assassiner Staline et d'autres dirigeants. Seule la mort du Maréchalissime, le 5 mars 1953, aurait empêché – selon des sources polonaises citées dès 1956 et des historiens russes des années 1990 – une déportation massive des juifs soviétiques vers la Sibérie.
C’est ici que l’explication de Ribot me paraît courte. Certes, Staline était sans doute antisémite. Son passage, adolescent, par le séminaire orthodoxe de Tiflis (aujourd’hui encore, ces Églises, contrairement à l’Église catholique depuis le Concile Vatican II, considèrent encore les Juifs comme un « peuple déicide »…), la prégnance des préjugés anti-Juifs dans la société russe, leur inévitable reflet au sein du Parti bolchevik bien que (ou parce que) nombre de ses dirigeants étaient juifs, notamment ceux qui formeront l’opposition au successeur de Lénine expliquent sans doute cette tendance, attestée par de nombreux témoins. Mais cet antisémitisme ne saurait expliquer à lui seul la volte-face de la direction soviétique à l’égard du CAJ, qu’elle avait créé, soutenu et largement utilisé au profit de l’image – et des finances – de l’URSS.
Étonnamment, Ribot fait l’impasse sur la principale clé de ce « mystère » : l’engagement massif de Moscou aux côtés des forces juives dans leur combat pour la conquête de la Palestine et l’expulsion des 4/5e de ses habitants arabes. D’abord diplomatique (l'URSS se prononce le 14 mai 1947 à l’ONU pour le partage de la Palestine, qu’elle vote avec presque toutes les « démocraties populaires » le 29 novembre de la même année), cet engagement devient bientôt politique (le PCUS impose son choix à l’ensemble du mouvement communiste, provoquant même des scissions dans les PC arabes) et surtout militaire : Staline fait livrer par Prague des armes lourdes et légères en grande quantité et qualité à la Hagana à partir de la fin mars 1948 : « Les armes tchèques ont sauvé le pays (…). Elles constituèrent l’aide la plus importante que nous ayons obtenue. Je doute fort que, sans elles, nous aurions pu survivre les premiers mois », reconnaîtra vingt ans plus tard David Ben Gourion. Moins connu : le PCUS invite ses homologues des pays de l’Est à laisser les Juifs aller prêter main forte à leurs « frères » en Palestine, ce que feront 300 000 d’entre eux entre 1948 et 1951.
Contrairement à ce qu’a soutenu Hélène Carrère d’Encausse, Staline, anti-sioniste convaincu, ne rêvait d’un Israël socialiste – aux premières élections, en 1949, le PC n’y obtiendra que 3,5% des voix, et le Mapam, sioniste de gauche, 15%. Dès août 1948, Ben Gourion accueillait l'ambassadeur américain en affirmant : « Israël salue le soutien russe aux Nations unies, mais ne tolérera pas de domination soviétique. Non seulement Israël est occidental dans son orientation, mais notre peuple est démocrate et réalise qu’il ne peut devenir fort et rester libre qu’à travers la coopération avec les États-Unis. »
Non : la position soviétique est purement géopolitique et pragmatique : elle vise à chasser les Britanniques de Palestine pour miner leur influence, vacillante, au Moyen-Orient. Les Américains se donnent d’ailleurs exactement le même objectif, sauf qu’ils veulent et peuvent y prendre pleinement à terme la relève des Britanniques. Cette convergence – qui se traduit par l’appui de Moscou et de Washington au plan de partage de la Palestine, donc à la création d’Israël – serait incompréhensible si on oubliait qu'en 1947, la guerre froide commence à peine : c’est le coup de Prague, en février 1948, qui en donnera le signal. L’ URSS et les États-Unis mesurent déjà le caractère stratégique de la région, voie de communication Europe/Asie/Afrique, détentrice des plus grandes réserves de pétrole du monde et ceinture méridionale du« camp socialiste ».
Mais politique extérieure et politique intérieure ne sont jamais étanches. Au-delà du climat antisémite propre de longue date à la Russie, l’obsession du régime depuis les années 1930, c’est le maintien à tout prix du caractère pyramidal du pouvoir. Sa principale crainte, c’est qu’une minorité, a fortiori juive, conquière son autonomie. Or le CAJ, son influence en URSS même, aux États-Unis et ailleurs dans le monde occidental inquiètent Staline. D’instrument ami, il devient progressivement un ennemi menaçant pour le Kremlin. Car il s’enhardit jusqu’à suggérer officiellement, par exemple, la création d’une République juive en Crimée, une région beaucoup plus importante que le lointain Birobidjan, créé en 1934 à 6 000 km de Moscou et aux confins de la Chine, dont la langue officielle reste le yiddish…
Le 11 septembre 1948, Staline panique. Ce jour-là, plus de 20 000 Juifs moscovites – au lieu des 2 000 fidèles habituels –se retrouvent à la Grande synagogue pour accueillir en liesse la première ambassadrice d’Israël, Golda Meïr. Cette mobilisation se répète le 4 octobre pour Rosh Hachana (le Nouvel an juif) et le 10 octobre pour Kippour (le Grand pardon). À mon avis, Ribot analyse unilatéralement le fameux article d’Ilya Ehrenbourg paru au beau milieu de ces événements, dans La Pravda du 18 septembre. Transmission d’un message menaçant de Staline, sans doute, mais aussi mise en garde du plus célèbre des intellectuels juifs encore en vie à ses « frères » : « L’avenir des travailleurs juifs de tous les pays est lié à celui du socialisme. Les juifs soviétiques, avec tout le peuple soviétique, travaillent à la construction de leur mère patrie socialiste. Ils ne regardent pas vers le Proche-Orient – ils regardent uniquement vers le futur. Et je crois que le peuple travailleur de l’État d’Israël, qui ne partage pas le mysticisme des sionistes, regarde maintenant vers le Nord – vers l’Union soviétique. »
Pour la direction du PCUS, que Moscou soutienne les forces juives en Palestine n’autorisait pas les Juifs soviétiques à manifester en toute indépendance pour cette cause. Et afin que nul n’en doute, Staline fait un exemple : l’épouse du ministre des Affaires étrangères Viatcheslav Molotov, qui avait osé s’entretenir en yiddish avec la représentante d’Israël lors d’une réception officielle au Kremlin, est arrêtée, contrainte à divorcer et envoyée au Goulag.
« La contradiction entre la politique intérieure – de répression des Juifs d’URSS – et la politique extérieure – de neutralité passive à l’égard d’Israël [était] devenue insurmontable », écrit mon ami Laurent Rucker, auteur d’une thèse remarquable, fondées sur les archives soviétiques, et d’un livre passionnant, Staline, les Juifs et Israël (PUF, 1991), qui éclairent toute cette histoire.
Y compris celle des procès qui se suivent et se ressemblent dans les « démocraties populaires ». À partir de celui de Laszlo Rajk (Hongrie, 1949), ils viseront souvent des Juifs, désignés comme tels ou comme « sionistes ». À Prague, les organisateurs de l’aide militaire à Israël seront jugés en marge du procès Slansky (1952) : Mordechaï Oren, dirigeant de l’Hachomer Hatzaïr (sioniste de gauche), qui avait coordonné l’opération, est condamné à quinze ans de prison – il n’en fera que quatre.
De fait, le grand écart ne durera pas. Israël arrimé avec la guerre de Corée à l’Occident, les relations entre Tel-Aviv et Moscou se dégradent progressivement jusqu'à la rupture diplomatique du 12 février 1953, après un attentat contre la légation soviétique. Trois semaines plus tard, Staline meurt et, avec sa disparition se referme cette page étrange.
Bientôt, les Soviétiques se tourneront dans le monde arabe, pour cueillir les fruits de l’effondrement de l’influence britannique aux Proche et Moyen-Orient : les révolutions qui renversent les monarques pro-britanniques d’Égypte et d’Irak amènent au pouvoir des dirigeants qui, snobés par l’Occident, s’allieront durablement à l’Union soviétique.
Devant le Soviet suprême, un Nikita Krouchtchev « amnésique » s’exclamera : « Nous comprenons les aspirations des peuples arabes qui luttent pour leur pleine libération de la domination étrangère. En conséquence, nous ne pouvons que condamner les actions d’Israël qui, depuis les premiers jours de son existence, a menacé ses voisins et adopté une politique hostile à leur égard. » Doté d’une meilleure mémoire, le ministre israélien des Affaires étrangères Abba Eban explique : « En 1948, Moscou nous avait soutenus parce que nous étions le meilleur garant du départ des Britanniques de Palestine. Une attitude identique de la part des pays arabes vis-à-vis de la Grande-Bretagne et de ses alliés amena par la suite les Russes à adopter une attitude pro-arabe. »
Dominique Vidal
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- Publisher : NOIR BLANC; NOIR SUR BLANC edition (August 1, 1990)
Pourquoi Staline liquida le Comité antifasciste juif
I
En 1946, au moment même où la publication du Livre noir est remise en question, les premiers rapports dénonçant le caractère « nationaliste bourgeois » des activités du CAJ émanent du parti sous la signature de Mikhaïl Souslov et de la Sécurité d’État. L’opération de liquidation du CAJ s’achèvera en août 1952, après six ans d’instruction et trois mois de procès à huis clos, par la condamnation à mort et l’exécution des treize accusés, dont Solomon Lozovski, Yitzhak Fefer, David Bergelson, Peretz Markish. Solomon Mikhoels ne fut pas jugé comme les autres membres du CAJ : il avait été assassiné en janvier 1948 à Minsk par la police de Staline, pour des raisons qui n’ont pas encore été élucidées.
La suspension de la publication du Livre noir et la machination montée contre le CAJ ne s’expliquent ni par la supposée paranoïa de Staline ni par le seul antisémitisme. Ce sont avant tout des aspects de la reprise en main de la société soviétique par (...)
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Mais ce livre incroyable causa la perte de ses auteurs.
Rapidement, l’existence du Livre noir perturbe cet équilibre. Au-delà des preuves accumulées contre l’armée allemande, Ilya Ehrenbourg et ses auteurs ont réuni des preuves de l’existence de collaborateurs locaux, des informations qui nuisent au régime stalinien. Par ailleurs, le Comité central du Parti communiste refuse de reconnaître la spécificité du génocide des Juifs.
Fin 1947, le Livre noir est censuré en URSS. Ses auteurs décimés.
Ce n'est que 60 ans plus tard, en 2010, qu'il sera intégralement publié en Russie.
Dans une démarche similaire à celle de Vassili Grossman en rédigeant le Livre noir, le documentaire porte la voix de ces trois hommes, Mikhoels, Ehrenbourg et Grossman, et redonne vie à leurs textes. C'est à la fois magnifique et tragique.
Pour connaître le destin du Livre noir et de ses auteurs, je vous invite à découvrir le documentaire intitulé « Vie et Destin du Livre noir. La destruction des Juifs d’URSS ». Diffusé le dimanche 13 décembre à 22h40, sur France 5, puis en replay pendant 30 jours sur francetv.fr.
Solomon Mikhoels
Naissance | Daugavpils |
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Décès | (à 57 ans) Minsk |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle | שלמה מיכאָעלס |
Nationalité | soviétique (à partir de ) |
Activités | |
Période d'activité | - |
Enfants | Nina Mikhoels (d) Natalia Mikhoels (d) |
A travaillé pour | Moscow State Jewish Theater (en) |
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Distinctions | Prix Staline |
Solomon Mikhoels (en yiddish : שלמה מיכאָעלס Shloyme Mikhoels, en russe : Соломон Михайлович Михоэлс Solomon Mikhaïlovitch Mikhoels), né Vovsi, est un acteur juif d'Union soviétique, directeur de théâtre yiddish et président du Comité antifasciste juif (Dvinsk, - Minsk, ).
Biographie
Né Shloyme Vovsi à Dvinsk (maintenant Daugavpils) en Lettonie, Mikhoels fait des études de droit à Saint-Pétersbourg, mais quitte l'école en 1918 pour rejoindre l'atelier de théâtre juif d'Alexander Granovsky, qui tentait de créer un théâtre national juif en Russie, s'exprimant en yiddish. Deux ans plus tard, en 1920, l'atelier s'installe à Moscou où est établi le Théâtre juif d'État de Moscou. Ceci en conformité avec la politique de Lénine concernant les nationalités, qui les encourage à poursuivre et à développer leur propre culture sous l'égide de l'État soviétique. Mikhoels, qui révèle un talent remarquable, devient l'acteur principal de la compagnie et à partir de 1928 son directeur. Il joue de nombreux rôles mémorables comme celui de Tevie dans l'adaptation théâtrale des histoires comiques de Tevie le laitier de Cholem Aleikhem, ou dans des œuvres originales comme Bar-Kokheba, et dans de nombreuses traductions.
Son rôle peut-être le plus fameux, est celui du roi Lear dans une traduction en yiddish de la pièce de William Shakespeare. Ces pièces sont ostensiblement en faveur de l'État soviétique; cependant l'historien Jeffrey Veidlinger affirme qu'une lecture plus attentive permet de déceler des critiques voilées contre le régime de Staline et des assertions sur l'identité nationale juive. Il est maintenant établi que le directeur ukrainien Les Kourbas a contribué à la production originale du Roi Lear après avoir été évincé de son théâtre Berezil en 1934. Il semble avoir eu une influence durable sur la manière de diriger de Mikhoels.
Au cinéma, il apparait dans le film de Boris Shpis et Rokhl Milman Le Retour de Nathan Becker réalisé en 1932 d'après le scénario d'un grand poète de la langue yiddish Peretz Markish, en deux versions - en russe et en yiddish1.
Dans le milieu des années 1930, la carrière de Mikhoels est menacée en raison de ses contacts avec d'autres personnes importantes de l'intelligentsia, victimes des purges de Staline. Mikhoels soutient activement Staline pendant la Seconde Guerre mondiale en se faisant élire en 1942 président du Comité antifasciste juif. En tant que tel, il voyage beaucoup autour du monde, rencontrant les communautés juives et les encourageant à soutenir l'Union soviétique dans sa guerre contre l'Allemagne nazie.
Alors que ces contacts étaient utiles à Staline pendant la guerre, celui-ci va s'opposer catégoriquement après la guerre à ce que des Juifs soviétiques rencontrent des communautés juives de pays non-communistes, qu'il considère comme « bourgeoises »2.
Mikhoels était certainement le personnage le plus connu de l'élite intellectuelle juive : un procès spectacle aurait pu conduire à des dénigrements de la politique de Staline. Aussi, en janvier 1948, il est assassiné à Minsk sur ordre personnel de Staline. Sa mort est déguisée en accident de voiture3. Mikhoels reçoit des funérailles d'État. Selon des documents recueillis par l'historien Gennady Kostyrtchenko, les organisateurs de l'assassinat sont L.M. Tsanava et S. Ogoltsov, et les meurtriers directs sont Lebedev, Krouglov et Choubnikov4.
Peu de temps après sa mort, le Théâtre juif d'État est fermé et les membres du Comité antifasciste juif sont arrêtés et tous, à l'exception de deux de ses membres, seront exécutés dans les purges survenant peu de temps avant la mort de Staline, lors de la « nuit des poètes assassinés ».
Le cousin de Mikhoels, Miron Vovsi (en) était le médecin personnel de Staline. Il est arrêté lors de l'affaire du complot des blouses blanches, mais relâché après la mort de Staline en 19535, la même année comme son gendre et aussi compositeur Mieczyslaw Weinberg6,7.
Arkadi Vaïner et Gueorgui Vaïner ont évoqué, sur le mode romanesque, l'assassinat de Mikhoels dans La Corde et la Pierre8.
En 2015, la romancière russe Ludmila Oulitskaïa met en scène dans son roman Lestnitza Jakowa (Лестница Якова) le personnage, l'action et la mort de Solomon Mickhoels9.
Œuvres
- Le Livre noir, participation avec 39 autres écrivains à ce recueil de textes et de témoignages réunis par Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman
Filmographie
- 1925 : Le Bonheur juif (Еврейское счастье) d'Alexis Granowsky : Menahem Mendel
- 1932 : Le Retour de Nathan Becker (ru) (Возвращение Нейтана Беккера) de Rokhl Milman : Tsele Becker
- 1936 : Le Cirque (Цирк) de Grigori Aleksandrov : spectateur au cirque
- 1939 : La Famille Oppenheim (en) (Семья Оппенгейм) de Grigori Rochal : médecin
Le Bonheur juif
Le Bonheur juif (russe: Еврейское счастье) est un film soviétique réalisé par Alexis Granowsky et sorti en 1925. Il est inspiré d'une nouvelle écrite par Cholem Aleikhem.
Synopsis
Berditchev, (Ukraine). Fin du xixe siècle. Menahem Mendel, courtier et commerçant, gagne sa vie péniblement. La fille du riche Kimbak aime Zalman, un garçon pauvre que son père lui interdit d'épouser. Mendel propose à ce dernier un "beau parti", mais le jeune promis est en réalité une fille : pour sortir de l'impasse, Kimbak accepte que sa fille se marie avec Zalman.
Fiche technique
- Titre du film : Le Bonheur juif
- Titre original : Evrejskoe sčast'e
- Réalisation : Alexis Granowsky
- Scénario: Grigori Gritcher, Boris Leonidov, Isaak Fainerman d'après Cholem Aleikhem
- Photographie : Edouard Tissé, Vassili Hvatov, N. Stroukov - Noir et blanc
- Son : Film muet
- Décors : Natan Altman
- Métrage : 2 400 m (environ 88 minutes)
- Pays : Union soviétique
- Sortie : 1925
Distribution
- Solomon Mikhoels : Menahem Mendel
- I. Rogaler : Oucher
- S. Epchtein : Iosele
- T. Hazak : Kimbak
- M. Goldblat : Zalman
En DVD
- Le Bonheur juif, de Aleksei Granovski, film muet de 1925, avec Solomon Mikhoels dans le rôle de Menakhem Mendel, I. Rogaler, S.Epstein, T.Hazak. DVD Bach film, coll. chefs-d'œuvre du cinéma russe, 2007
- Solomon (Shloyme) Mikhoels ( yiddish : שלמה מיכאעלס [également orthographié שלוימע מיכאעלס à l'époque soviétique], russe : Cоломон (Шлойме) Михоэлс , 16 mars [ OS 4 mars] 1890 – 13 janvier 1948) était un acteur soviétique et directeur artistique du Théâtre juif d'État de Moscou . Mikhoels a été président du Comité juif antifasciste pendant la Seconde Guerre mondiale . Cependant, alors que Joseph Staline poursuivait une ligne de plus en plus anti-juive après la guerre, la position de Mikhoels en tant que leader de la communauté juive a conduit à une persécution croissante de la part de l'État soviétique. Il fut assassiné à Minsk en 1948 sur ordre de Staline.
Né Shloyme Vovsi dans une famille d'origine juive à Dvinsk, Empire russe (aujourd'hui Daugavpils , Lettonie ), Mikhoels a étudié le droit à Saint-Pétersbourg , mais a quitté l'école en 1918 pour rejoindre l'Atelier de théâtre juif d' Alexis Granowsky , qui tentait de créer un théâtre national. Théâtre juif en Russie en yiddish . L'atelier s'installe à Moscou en 1920, où il crée le Théâtre juif d'État de Moscou . Cela s'inscrivait dans la politique des nationalités de Vladimir Lénine , qui les encourageait à poursuivre et à développer leur propre culture sous l'égide de l'État soviétique.
Activités antifascistes
Au milieu des années 1930, la carrière de Mikhoels était menacée en raison de ses associations avec d'autres principaux membres de l'intelligentsia victimes de la Grande Purge de Staline .
Le 24 août 1941, Mikhoels dirigea un rassemblement de milliers de personnes dans le parc Gorki, au centre de Moscou. Il s’agissait explicitement d’un rassemblement juif visant à collecter des fonds pour l’effort de guerre soviétique auprès de la communauté juive internationale. Parmi les intervenants figuraient l'écrivain David Bergelson . [6] : 79-80
Mikhoels a activement soutenu Staline contre Adolf Hitler et, en 1942, il a été nommé président du Comité juif antifasciste . À ce titre, il a voyagé à travers le monde et rencontré les communautés juives pour les encourager à soutenir l'Union soviétique dans sa guerre contre l'Allemagne nazie .
Cela a été utile à Staline pendant la Seconde Guerre mondiale , mais après la guerre, Staline s'est opposé aux contacts entre les Juifs soviétiques et les communautés juives des pays non communistes, en particulier les objectifs de Mikhoels d'établir l'autonomie juive en Crimée , qu'il considérait comme un complot des capitalistes américains. [7] Le Théâtre d'État juif a été fermé et les membres du Comité juif antifasciste ont été arrêtés. Tous sauf deux furent finalement exécutés lors des purges peu avant la mort de Staline.
La mort
Le matin du 13 janvier 1948, des ouvriers découvrirent le cadavre de Mikhoels gisant dans la neige dans une rue calme de Minsk . Le critique de théâtre Vladimir Golubov-Potapov gisait mort à côté de lui. Il a été annoncé qu'ils avaient été tués dans un accident de la route. Le corps de Mikhoels a été exposé pendant une journée au Théâtre national juif. [8] Il a été félicité dans une nécrologie de la Pravda et a eu droit à des funérailles nationales , avec des membres éminents du parti et des représentants du gouvernement parmi les personnes en deuil. [9] Sa fille, Natalya, et son mari compositeur Moisei Weinberg ont accueilli un flot de personnes en deuil dans leur appartement, dont le compositeur Dmitri Chostakovitch . [ Il a été enterré au cimetière Nouveau Donskoï , à Moscou. [11]
Même à l'époque, de nombreuses personnes soupçonnaient que sa mort n'était pas un accident, y compris le poète yiddish Peretz Markish , qui laissait entendre dans un poème que le nom de Mikhoels devait être ajouté aux six millions de victimes de l'Holocauste La fille de Staline, Svetlana Alliluyeva , a écrit plus tard que :
Deux semaines après la mort de Mikhoels, son assassin présumé, Lavrenti Tsanava , a reçu secrètement l' Ordre de Lénine « pour l'exécution exemplaire d'une mission spéciale du gouvernement ».
Après la mort de Staline en mars 1953, Lavrenti Beria reprit le contrôle du ministère de la Sécurité de l'État (MGB), qu'il avait temporairement perdu, et le 2 avril, il informa le présidium du parti que Mikhoels et Golubov avaient été assassinés. Les hommes qu'il accusait des meurtres, Tsanava, ministre de la Sécurité d'État de la république biélorusse , et le vice-ministre soviétique de la Sécurité d'État , Sergueï Ogoltsov , ont été arrêtés. Lorsque Beria a lui-même été arrêté, en juin, l'épouse d'Ogoltsov et Tsanava ont plaidé pour que l'affaire soit annulée. Ogoltsov a été libéré, bien que Tsanava soit mort en prison.
Selon l'ancien officier du MGB Pavel Sudoplatov, chargé en 1953 d'enquêter sur le meurtre, Mikhoels a été attiré dans la datcha de Tsanava , apparemment pour rencontrer certains des plus grands artistes dramatiques de Biélorussie, et a été poignardé avec une aiguille empoisonnée par un officier du MGB nommé Lebedev. avec Tsanava et Ogoltsov supervisant l'opération. Golubov était un informateur du MGB, qui a également été tué par les tchékistes parce qu'il était un « témoin gênant ». [14]
Famille
Mikhoels était marié à Anastasia Pototskaya , une Russe d'origine polonaise. Il a eu deux filles de son premier mariage avec Sara Kantor, Nina et Natalya Vovsi. [15]
Le cousin de Mikhoels, Miron Vovsi, était un médecin célèbre. Il fut arrêté lors de l' affaire du complot des Docteurs mais relâché après la mort de Staline en 1953, tout comme le gendre de Mikhoels, le compositeur d'origine polonaise Mieczysław Weinberg En 1983, la fille de Mikhoels, Natalia Vovsi-Mikoels, a écrit une biographie de son père : Mon père Shlomo Mikhoels : La vie et la mort d'un acteur juif .
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Le Bonheur juif
18 mars 2011 en VOD | 1h 40min
| Comédie, Comédie dramatique, Drame, Romance
De Alexandre Granovski | Par
Boris Leonidov, Isaak Teneromo
Avec Salomon Mikhoels, Moisei
Goldblat, Allen S. Epstein
Titre original Yevreyskoye
schastye
Synopsis
Adaptation du célèbre recueil "Menakhem Mendel le reveur" de Scholem Aleikhem.
Un pauvre juif d’Odessa rêve de
"marier" les beaux partis de la communauté. En version restaurée,
agrémentée d'une nouvelle bande musicale, la chronique d'un monde disparu,
inspirée d’un classique de la littérature yiddish, sur des intertitres d’Isaac
Babel.
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Le bonheur juif, un cinéma de l’utopie
Publié le dans Russie Cinéma par Jean-Philippe Guedas
Date modifiée:
Publié le 16.05.2016 - 02:32 dan
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