sâmbătă, 15 aprilie 2023

GÉRARD PHILIPE / Tineretea vesnica

 

mon cinéma à moi

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GÉRARD PHILIPE

 (1922- 1959)






GÉRARD PHILIPE : L’IMAGE DU PRINTEMPS

Gérard Philipe a laissé le souvenir du plus grand acteur de sa génération, même s’il fut parfois contesté, avant et après sa mort. En tout cas, il fut certainement le plus fêté, le plus aimé, le plus populaire.

Cette unanimité presque parfaite était le fait, chose rarissime, de la critique aussi bien que du public. Elle provenait d’une réputation sans égale, reposant elle-même sur une carrière exceptionnelle : vingt pièces et trente films, parmi lesquels on compte bien peu d’échecs et d’erreurs. Il arriva à Gérard Philipe de se tromper comme tout le monde, mais il ne céda jamais à la facilité, et fut toujours d’une grande exigence vis-à-vis de lui-même et de son art.

UN DRAME SECRET

Né à Cannes en 1922, dans un milieu de la bourgeoisie aisée, il eut une enfance parfaitement heureuse, entre des parents unis et un frère aîné. qu’il aimait également. Sa jeunesse, par contre, fut traversée par les bouleversements du siècle, et il en conserva toujours comme une ombre, qui contribua sans doute, à l’insu de tous, au romantisme profond de son personnage. Tenu soigneusement secret de son vivant, ce drame fut divulgué plusieurs années après sa mort. Le voici en deux mots : son père, d’abord avocat, puis directeur d’un grand hôtel, s’était jeté dans les mêlées politiques confuses de l’avant-guerre. Il fut un des premiers adhérents du P.P.F. de Jacques Doriot, qui fut la seule vraie tentative d’édification d’un parti fasciste français. Marcel Philipe devint le responsable départemental pour les Alpes-Maritimes. Resté fidèle à ses engagements politiques pendant la guerre, il fut contraint, en 1944, de choisir l’exil en Espagne, et ne fut plus dès lors qu’un proscrit politique, condamné dans son pays.

Gérard Philipe, très attaché à son père, en souffrit profondément, et contrairement à ce qui fut parfois écrit, il alla lui rendre visite en Espagne. Lui-même devait afficher souvent des prises de position politiques bien différentes, pour ne pas dire plus ; nul doute qu’elles s’expliquent, pour une bonne part, par le souvenir de ce drame intime et familial. Mais avant même que le drame ne fût consommé, Gérard Philipe, peu avant, s’était engagé sur la voie qui allait rapidement le conduire à la gloire.

LA RÉVÉLATION DE L’ANGE

Après des débuts théâtraux à Nice, en 1942, ce fut à l’automne de 1943, dans le lourd Paris de la fin de l’Occupation, la création de « Sodome et Gomorrhe » de Jean Giraudoux. Cette pièce, qui n’est pas la meilleure de son auteur (malgré de magnifiques morceaux) et qui fut la dernière jouée de son vivant, fut diversement accueillie par les critiques d’alors. Mais tous furent unanimes à saluer la révélation, dans le personnage de l’Ange, de ce jeune acteur inconnu, à la présence lumineuse et au talent éclatant, et le public ratifia cette opinion. Tout de suite, tout le monde sut qu’il serait un des premiers de sa génération. Au cinéma, ce fut moins immédiat. En mai 1944, dix jours avant le débarquement allié, sortait Les Petites du quai aux Fleurs, où lui-même se plaignait qu’on « ne le voyait que de dos », dans un rôle peu. important. Mais ce n’était que partie remise.

En 1945, la création de « Caligula » d’Albert Camus, au théâtre Hébertot lui apporte la consécration définitive. Celle du cinéma n’allait pas tarder à suivre. Ce ne serait pas avec son film suivant, Le Pays sans étoiles (1945), bon scénario de Pierre Véry, mais platement réalisé par Georges Lacombe, ce serait avec le suivant, L’Idiot (1945). Pourtant, ce n’est certes pas un chef-d’ œuvre, que cette sèche adaptation par Charles Spaak, sur une réalisation sans éclat de Georges Lampin, du roman sublime et foisonnant de Dostoïevski. Mais Gérard Philipe donnait du personnage complexe du prince Muichkine une interprétation d’une telle intensité, qu’on vit bien de quoi il allait aussi être capable à l’écran. C’est grâce à Claude Autant-Lara que la preuve définitive fut fournie, l’année suivante.

JUVÉNILE ET ROMANTIQUE

Le Diable au corps n’est pas le meilleur film d’Autant-Lara (on peut lui préférer Douce ou même La Traversée de Paris), mais c’est sûrement le plus célèbre. Or, cette célébrité il la doit avant tout à la création de Gérard Philipe dans le personnage de François. Micheline Presle, dans celui de Marthe, n’était pas moins bonne, mais le fait est, qu’il n’y en eut que pour le protagoniste masculin, dont on célébra à l’envi le charme, la séduction et le talent, que vint ratifier un grand prix d’interprétation masculine au Festival international de Bruxelles en 1947. Dès lors, Gérard Philipe était installé au premier rang du cinéma français. Il allait y rester plus de vingt ans, alternant drames et comédies avec une égale réussite. On a beaucoup médit, à l’époque, de l’adaptation de La Chartreuse de Parme (1947) par Christian-Jaque et Pierre Véry. Aragon, excellent stendhalien, fut à peu près le seul à la défendre. Elle est pourtant beaucoup plus réussie et finalement plus fidèle à l’esprit de l’original que celle de l’autre grand roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir (1954) par Autant-Lara. Pour Gérard Philipe aussi, il est beaucoup plus satisfaisant en Fabrice, juvénile et romantique, qu’en Julien Sorel, pour lequel il n’avait déjà plus l’âge du rôle et paraissait manquer de la flamme intérieure qui doit habiter le personnage. De plus, il était fort bien entouré par Maria Casarès et Renée Faure, également remarquables en Sanseverina et en Clélia.

En 1948, Gérard Philipe revenait à l’époque contemporaine avec un scénario de son ami Jacques Sigurd, réalisé par Yves Allégret, Une si jolie petite plage. Ce titre célèbre recouvre une sombre histoire, assez conventionnelle, mais qui conserve des admirateurs. On peut penser que Gérard Philipe a heureusement fait mieux ailleurs. En 1950, il fait une rencontre beaucoup plus importante, celle de René Clair, qui deviendra un ami et sera même témoin de son mariage. C’est à l’occasion de La Beauté du diable, film plus qu’à moitié manqué, fort peu représentatif du génie de son auteur, mais où Gérard Philipe, à peu près seul, tire son épingle du jeu et même un peu plus. Sa jeunesse et son charme sont les seules lueurs de ce film en grisaille. L’auteur et l’acteur se retrouveront sous de meilleurs auspices. Les films de 1950 sont moins favorables ; dans La Ronde d’Ophüls, le comédien dispose d’un faux bon rôle, où il apparaît curieusement emprunté, presque mal à l’aise, et bien moins gâté que ses rivaux. Son sketch de Souvenirs perdus de Christian-Jaque est le plus mauvais du film, et il semble beaucoup s’y ennuyer. Quant à Juliette ou la clef des songes, qui amorce le déclin de Carné, il y a de bons moments, mais ce n’est pas sa faute si tout le film semble frappé de léthargie. Heureusement, en 1951, c’est le réveil en fanfare : Fanfan la Tulipe. Même si Gérard Philipe n’est pas Douglas Fairbanks ou Errol Flynn, ni Christian-Jaque, Allan Dwan ou Raoul Walsh ce film représente ce qu’on a fait de mieux chez nous, malgré quelques facilités, dans le genre « du cape et d’épée » à la française. En tout cas, ce rôle fit plus que n’importe quel autre pour la popularité de son interprète, plus même que Le Diable au corps, et au fond, cela se conçoit assez bien. Nouvelle grande réussite en 1952, avec Les Belles de nuit de René Clair. Ce film charmant, un René Clair « comme autrefois », le dernier d’ailleurs, doit beaucoup à l’entente qu’on devine entre l’acteur et le réalisateur. L’un a écrit le rôle pour l’autre, et celui-ci met beaucoup d’intuition à servir toutes les intentions de celui-là. Comme l’écrit Maurice Périsset, « il avait pris la parfaite mesure de ce réalisateur qui savait tirer du meilleur de lui-même sa fantaisie, son humour, son allégresse, sa fougue, sa gentillesse jamais dupe »Les Grandes Manœuvres (1954), dernière rencontre des deux hommes au cinéma, sera d’égale qualité, dans une note plus mélancolique, voire dramatique, que guette un soupçon d’académisme.

Trois autres rôles dominent encore la carrière du comédien : Les Orgueilleux d’Yves Allégret (1953) un Gérard Philipe, remarquable qui donne à son personnage la complexité ambiguë et lui évite de sombrer dans la caricature ; de la même année Monsieur Ripois (1953), sorte de chef-d’œuvre insolite et méconnu, le meilleur film de René Clément, et Montparnasse 19 (1957), œuvre incomprise de Becker, où il faisait une composition intéressante en Modigliani. Par contre on peut glisser rapidement sur ses autres films pour Yves Allégret, Duvivier ou Autant-Lara, où son talent intact sert de médiocres prétextes, ainsi que sur sa tentative de mise en scène, Till L’Espiègle (1956) complètement manquée. Préférons encore deux silhouettes dans les amusantes revues historiques de Sacha Guitry (dont d’Artagnan, dans Si Versailles m’était conté, 1953), voire le Valmont des Liaisons dangereuses trop décriées de Vadim, son dernier bon rôle (1959). Et oublions l’ultime film, un Buñuel complètement raté, peut-être le plus mauvais d’un cinéaste bien plus inégal qu’on ne le proclame couramment.

En 1951, Gérard Philipe avait rejoint Jean Vilar au Théâtre national populaire (T.N.P.) et cette seconde carrière au théâtre vint redoubler sa gloire et sa popularité. « Le Cid », « Le Prince de Hambourg », « Lorenzaccio », « Ruy Bias », « Les Caprices de Marianne », « On ne badine pas avec l’amour » (monté par René Clair en 1959) firent autant que les plus célèbres films pour sa jeune renommée. « Gérard Philipe, ange, aigrette du théâtre… » écrivait Roger Nimier après sa mort survenue en 1959. Théâtre et cinéma sont inséparables dans cette carrière unique, ils ont également contribué à fixer la figure inoubliable de celui qui, « derrière lui, ne laisse que l’image du printemps », ainsi que l’écrivit Aragon, quand il disparut, encore en pleine jeunesse. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas – 1982]


C’est en 1917 que les deux protagonistes. Marthe Grangier, infirmière aux faibles convictions est fiancé à un soldat sur le front. François Jaubert, 17 ans, est encore lycéen. Dès les premiers instants, il s’éprend d’elle. Tous deux vont sans retenues se lancer dans une liaison passionnelle… Au risque de tout perdre. Claude Autant-Lara, le réalisateur, dira de son film : «J’ai traité le problème de la jeunesse et de l’amour avec une franchise totale. J’ai voulu exprimer le réalisme du sentiment et non pas faire un film scandaleux… Je me suis attaqué de front à un problème social et sentimental difficile, délicat, mais en conservant le plus de santé possible.»

L’interminable travelling qui ouvre le film permet au narrateur de traverser une scène de théâtre, un studio de cinéma, de s’habiller en costume 1900, de faire s’animer un manège sur lequel apparaît la fille des rues. Celle-ci rencontre un soldat, qui courtise une femme de chambre, et la ronde va tourner ainsi jusqu’à ce qu’un comte très snob retrouve la fille des rues…



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