duminică, 30 aprilie 2023

GERSHWIN la Hollywood

 


LA COMÉDIE MUSICALE

LES GERSHWIN À HOLLYWOOD

Comme leurs confrères Irving Berlin ou Cole Porter, George et Ira Gershwin ont mis leur talent au service du cinéma, jusqu’à ce que la mort du premier ne vienne interrompre leur brillant compagnonnage.

Compte tenu de l’engouement d’Hollywood pour les musiciens de Broadway, il aurait été surprenant que George et Ira Gershwin n’œuvrent pas pour l’écran. Quand survient la révolution du parlant, cela fait déjà des années que les deux frères se sont imposés sur la scène musicale new-yorkaise. En particulier George (né en 1898, deux ans près Ira), qui a osé signer des œuvres symphoniques puisant à la fois dans le jazz et le classique. Rhapsody in Blue, (1924) et Un Américain à Paris (1928) sont déjà considérés à l’époque comme des œuvres majeures de la musique américaine. Par ailleurs, les deux frères ont signé à Broadway plusieurs spectacles à succès, comme Lady Be Good (1924), Oh Kay (1926), et Funny Face (1927), pour lesquels George a écrit la musique et Ira les paroles.

Delicious, sorti en 1931, est le premier film auquel collaborent les Gershwin. Mais l’expérience s’avère décevante, car seules deux de leurs compositions ont été finalement conservées dans cette comédie musicale de la Fox. Ira et George jurent alors de ne plus remettre les pieds à Hollywood, mais c’est compter sans la ténacité du producteur Pandro S. Berman, qui parvient en 1936 à les convaincre de signer la partition de Shall we dance (L’Entreprenant M. Petrov). Cette fois, les musiciens sont satisfaits du résultat, et décident de poursuivre leur collaboration avec la RKO et Fred Astaire pour A Damsel in Distress (Demoiselle en détresse) – film dans lequel Joan Fontaine remplace Ginger Rogers, et qui introduit les standards A Foggy Day et Nice Work If You Gan Get It. Les deux frères s’attaquent ensuite aux chansons de The Goldwyn Follies (Hollywood en folie), mais George succombe brutalement à une tumeur au cerveau, le 11 juillet 1937.

Très affecté par cette disparition, Ira déserte Hollywood pendant plusieurs années. Il n’y reviendra qu’en 1944, pour signer avec Jerome Kern les chansons de  Cover Girl (La Reine de Broadway). Le parolier collabore ensuite avec des compositeurs comme Kurt Weill (Where Do Go from Here ?), Harry Warren (The Barkleys of Broadway), et Harold Arlen (A Star is born). En 1947, Ira utilise pour The Shocking Miss Pilgrim des compositions que son frère n’avait pas publiées ; il fera de même pour Kiss Me, Stupid (Embrasse-moi idiot), de Billy Wilder. Par ailleurs, de nombreux films continuent à puiser dans l’œuvre des deux frères, qu’il s’agisse du biopic Rhapsody in Blue, d’adaptations de leurs spectacles (Lady Be Good, Girl Crazy), ou de comédies musicales basées sur un florilège de leurs plus célèbres chansons (An American in Paris ou Funny Face, pour ne citer que les plus célèbres).


KING OF JAZZ – John Murray Anderson et Walter Lantz (1930)
Rhapsody in Blue – George Gershwin

Prix de consolation

En 1936, le producteur Pandro S. Berman s’est habitué à voir certaines chansons de Fred Astaire et Ginger Rogers devenir de grands succès, aussi demande-t-il expressément aux frères Gershwin de lui concocter « six tubes » pour Shall will dance. Le tandem fait de son mieux et livre au bout de plusieurs mois de travail une série de chansons fort réussies. Slap That Bass et They Can’t Take That Away From Me offrent à Fred la matière de grands numéros ; They All Laughed prend tout son sel grâce à la gouaille de Ginger ; quant au duo ironique Let’s Call The Whole Thing Off, il constitue l’un des sommets du film. George a également composé pour le numéro final le célèbre Hoctor’s Ballet, un morceau instrumental qui sera sa dernière pièce symphonique. Deux chansons écrites pour le film seront malheureusement écartées lors du tournage, mais l’une d’elles sera réutilisée plus tard par Ira dans Kiss Me, Stupid, sous le titre Sophia. Chose étonnante : bien que la plupart de ces morceaux soient aujourd’hui de grands standards, aucun ne connaît à la sortie du film le succès espéré par le producteur. Lequel se consolera en voyant They Can’t Take That Away From Me décrocher malgré tout une nomination à l’Oscar de la meilleure chanson…

Fred Astaire, George et Ira Gershwin

Aux États-Unis, son God Bless America en a fait un héros national. Mais on doit aussi au compositeur des succès comme Say It Isn’t SoEaster Parade Parade de Printemps), et l’inusable White Christmas (L’Amour chante et danse).

Dans les années 1930, la RKO révolutionne la comédie musicale grâce à deux artistes qui, de Carioca (Flying Down to Rio) à La Grande Farandole (The Story of Vernon and Irene Castle), vont s’imposer comme les maîtres du genre.

La comédie musicale a été longtemps l’un des genres privilégiés de la production hollywoodienne, et probablement le plus fascinant . Né dans les années 1930, en même temps que le cinéma parlant, elle témoigna à sa manière, en chansons, en claquettes et en paillettes, de la rénovation sociale et économique de l’Amérique. Mais c’est dix plus tard, à la Metro-Goldwyn-Mayer, que sous l’impulsion d’Arthur Freed la comédie musicale connut son véritable âge d’or, grâce à la rencontre de créateurs d’exception (Vincente Minnelli, Stanley Donen) et d’acteurs inoubliables (Fred Astaire, Gene Kelly, Judy GarlandCyd Charisse, Debbie Reynolds). Par l’évocation de ces années éblouissantes à travers les films présentés, cette page permet de retrouver toute la magie et le glamour de la comédie musicale.


Paris d’opérette, chansons de Gershwin et danse sur les bords de Seine : Un Américain à Paris joue résolument la carte de la légèreté. C’est pourquoi la MGM en a confié la mise en scène à l’un des grands spécialistes de la comédie musicale, Vincente Minnelli. Épaulé par Gene Kelly, qui signe avec son brio habituel les chorégraphies du film, le cinéaste livre en 1951 une œuvre appelée à faire date. Certes, Minnelli dispose à la fois de moyens très confortables et de collaborateurs précieux.

Attention, explosion de couleurs ! Avant tout, Funny Face est la rencontre, orchestrée par Stanley Donen, des teintes les plus pimpantes — le rose en majesté pop — et des noirs et bruns les plus profonds. C’est d’ailleurs dans la pénombre d’une librairie que Fred Astaire, photographe à la mode (inspiré de Richard Avedon) vient convaincre Audrey Hepburn, petit machin maigre et intello qui réinvente les canons de la beauté, de devenir modèle pour le magazine Quality (traduisez Vogue).

Pour un historien de cinéma, l’un des éléments les plus marquants de Cover girl est assurément le conflit de générations qui a marqué son tournage en 1943, même si cet affrontement n’a peut-être pas été perçu comme tel à l’époque. Une grande partie de l’équipe est en effet composée de vétérans du cinéma, qu’il s’agisse du réalisateur Charles Vidor, du chef opérateur Rudolph Maté, du compositeur Jerome Kern ou du parolier Ira Gerswhin.

Confirmant sa suprématie dans le genre musical, la MGM orchestre en 1949 le retour à l’écran des légendaires Fred Astaire et Ginger Rogers, qui menaient depuis dix ans une carrière solo.

Avec son titre repris régulièrement par la presse pour saluer l’avènement de la moindre vedette, A Star is born (Une Etoile est née) fait assurément partie des films les plus importants de l’histoire du cinéma américain. Il fut pourtant boudé à sa sortie, souffrant avant tout d’un montage tronqué par les exécutifs de la Warner. Mais peut-être le sujet du film lui-même a-t-il rebuté les spectateurs, tant il jette sur les coulisses de l’usine à rêves un éclairage peu reluisant…


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