duminică, 18 iunie 2023

JEAN GABIN-om al legii

 

LES ACTRICES ET ACTEURS

JEAN GABIN: HOMME DE LOI

Opposé à l’ordre établi dans bon nombre de ses films, Gabin n’en a pas moins joué les policiers et les magistrats. De Razzia sur la chnouf à Verdict, en passant par En cas de malheur et la série des Maigret, portrait de l’acteur en justicier.

Nombreux sont les films policiers où représentants de l’ordre et hors-la-loi se voient renvoyés dos à dos, comme des frères ennemis qui ne représenteraient au fond que deux facettes d’un même tempérament. Une hypothèse que semble confirmer la filmographie de Jean Gabin : car si l’acteur a connu ses premiers grands succès en jouant les voyous à la Pépé le Moko, et s’est illustré dans ce registre jusqu’à la fin de sa vie (il incarne encore un gangster dans L’Année sainte, son tout dernier film), il a également joué les redresseurs de torts dans un grand nombre de filins, et non des moindres. Certes, Gabin ayant abordé ce type de rôles dans la seconde partie de sa carrière, il reste beaucoup moins identifié comme un justicier que comme un truand. Et pourtant, dès 1931, alors qu’il n’est encore qu’un débutant, l’acteur incarne son premier rôle de policier dans Méphisto, un ciné-roman en plusieurs épisodes inspiré des « serials » américains. Mais il est vrai qu’il lui faudra ensuite attendre 1954 pour repasser du « bon » côté de la barrière, en tenant le rôle du Nantais dans Razzia sur la chnouf. Et encore s’agit-il d’un inspecteur de police qui se fait passer tout au long du film pour un gangster – comme si cette transition devait se faire en douceur, sans heurter un public habitué à voir en Gabin un sympathique fauteur de troubles … Mais, une fois ce pas franchi, le comédien se fera une spécialité des rôles de « flics ». Interprète du commissaire Gallet dans la version moderne de Crime et châtiment signée par Georges Lampin en 1956, il enchaîne avec Le Désordre et la nuit, avant d’incarner à trois reprises le célébrissime commissaire Maigret. Et après une pause au cours des années 1960, Gabin reprendra du service pour Le Pacha et Le tueur.

Mais si le métier de policier s’avère le plus exposé (sur le terrain comme à l’écran), il existe une autre manière de veiller au bon ordre de la société : celle des magistrats, et de tous ceux qui participent de près ou de loin au système judiciaire. Gabin s’est également illustré dans ce domaine. C’est avec une certaine surprise que le public le découvre ainsi en 1955 dans la peau d’un juge pour enfants (Chiens perdus sans collier) – un type de rôle qui tranche radicalement avec ce que l’on avait pu connaître jusque-là du comédien. Puis il campe dans En cas de malheur un grand avocat parisien. En 1961, Gabin incarne même dans Le Président le plus haut dignitaire de l’État français, garant entre autres de la Justice. Au début des années 1970, il joue également dans Deux hommes dans la ville un rééducateur qui s’efforce d’aider un ancien détenu interprété par Alain Delon. Avant de se voir confier par André Cayatte le rôle d’un président de cours d’assises dans Verdict. Mais curieusement, ce nombre important de personnages appartenant au monde de la police et de la justice ne viendra pas à bout de l’image profondément « asociale » de Gabin. Sans doute parce que tous ces rôles comportent malgré tout une part importante de transgression, les méthodes utilisées par ces protagonistes n’étant pas toujours très réglementaires (En cas de malheur en est un parfait exemple). Comme si, avec Jean Gabin, la rébellion viscérale de Pépé le Moko ne parvenait jamais à disparaître totalement sous l’uniforme de l’homme de loi. [Eric Quéméré – Collection Gabin – 2006]



RAZZIA SUR LA CHNOUF – Henri Decoin (1954)
Rebondissant sur le succès surprise de Touchez pas au grisbi, Gabin se lance en 1954 dans l’aventure de Razzia sur la chnouf. Un polar qui, grâce à l’habileté du cinéaste Henri Decoin, rejoindra tout naturellement la liste des grands films de l’acteur. Dans ce film, Gabin peaufinera le personnage qui dominera la seconde partie de sa carrière : le dur à cuire impitoyable mais réglo.

EN CAS DE MALHEUR – Claude Autant-Lara (1958)
Réunissant les noms de Gabin, Bardot, Feuillère et Autant-Lara, cette adaptation d’un roman de Simenon avait tout d’un succès annoncé. Le résultat sera à la hauteur des espérances, et le film figure aujourd’hui parmi les classiques du cinéma français.

LE DÉSORDRE ET LA NUIT – Gilles Grangier (1958)
Sorti en mai 1958, ce film de Gilles Grangier met en scène un inspecteur de police qui, pour avoir du flair, n’en est pas moins très éloigné de la rigueur d’un Maigret. L’occasion pour Gabin d’une composition inédite, face à deux actrices d’exception. Tout est osé pour l’époque dans ce polar dur et tendre qui s’ouvre sur le visage en sueur d’un batteur de jazz noir dont le solo enflamme un cabaret du 8e arrondissement.

CHIENS PERDUS SANS COLLIER – Jean Delannoy (1955)
Chiens perdus sans collier fait partie d’une catégorie un peu à part dans la filmographie de Gabin, mais néanmoins importante : celle puisant dans un certain réalisme social. L’expression est à prendre au sens large, Gabin n’ayant pas réellement participé à des films « militants ».

CRIME ET CHÂTIMENT – Georges Lampin (1956)
Une fois n’est pas coutume, Gabin fait en 1956 une infidélité à son auteur de chevet, Georges Simenon, pour se plonger dans l’univers d’un des plus grands noms de la littérature russe, Fedor Dostoïevski.L’acteur avait déjà eu l’occasion de découvrir les tourments de  « l’âme slave » en jouant vingt ans plus tôt dans Les Bas-fonds, film tiré par Jean Renoir d’une œuvre de Maxime Gorki.



JEAN GABIN
S’il est un acteur dont le nom est à jamais associé au cinéma de l’entre-deux-guerres, aux chefs-d’œuvre du réalisme poétique, c’est bien Jean Gabin. Après la guerre, il connait tout d’abord une période creuse en termes de succès, puis, à partir de 1954, il devient un « pacha » incarnant la plupart du temps des rôles de truands ou de policiers, toujours avec la même droiture jusqu’à la fin des années 1970.


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