duminică, 20 noiembrie 2022

GRAND HOTEL – Edmund Goulding (1932)

 



GRAND HOTEL – Edmund Goulding (1932)

Cosmopolite et mondain, le Grand Hôtel est un lieu de refuge pour les névroses berlinoises. Déchue, la ballerine Grousinskaya est venue y chercher une solitude salutaire. Elle surprend le baron Felix von Geigern en train de lui voler ses bijoux. Une idylle naît entre eux. Grand Hôtel est mythique. D’abord parce qu’il réunit une brochette de stars de la MGM et arbitre une course haletante entre une actrice à l’ancienne mode, héritée du muet (Greta Garbo), et une autre, beaucoup plus moderne et physique (Joan Crawford). Mais surtout, c’est ici, allongée sur un gigantesque carrelage à damier, telle une autruche neurasthénique en tutu mousseux, que Garbo dit sa réplique légendaire : « I want to be alone. » La Divine est peu crédible en ballerine, mais très convaincante en ermite hypnotique. Merveilleusement éclairée par William Daniels, Garbo éclate dans les gros plans : seul sur l’écran, son visage ne respire jamais le narcissisme, mais la difficulté d’être, à l’état pur. Le monologue de la fin, proféré à l’encontre de John Barrymore sans qu’on le voie jamais, est resté sublime. [Marine Landrot – Télérama]

Au début des années 1930, un nouveau style s’imposait dans le monde cinématographique. Il procédait de la volonté de réunir le plus grand nombre possible de vedettes dans un même film, et allait donner les fameuses « parades d’étoiles ». Le modèle du genre, c’est-à-dire – selon les critères de Hollywood – celui qui allait obtenir le rendement commercial maximal, fut le film Grand Hôtel, réalisé par Edmund Goulding et produit par la MGM. C’était la première fois qu’une affiche réunissait, dans un même film, une distribution aussi pléthorique de grandes gloires de Hollywood et dans des rôles d’égale importance. Ce film, qui apparaît aujourd’hui un peu lourd et rhétorique, fut acclamé à sa sortie par le public et la quasi-totalité des critiques. C’était l’époque du culte des vedettes et les files d’attente aux guichets des salles qui projetaient les films de Greta Garbo ou de Joan Crawford, de Beery ou de Barrymore semblaient ne jamais devoir disparaître. En rassemblant ainsi L' »Olympe » de Hollywood, le « studio system » savait qu’il s’ouvrait la voie des premières places au « box office ».

Grand Hôtel était l’adaptation d’un roman de Vicki Baum, « Menschen im Hotel », publié en 1929 en Allemagne, qui avait connu un triomphe immédiat auprès des lecteurs. Dès 1930, une adaptation théâtrale du roman était montée à Berlin, mais les premières n’eurent pas de succès. Les incessants chassés croisés des personnages, parmi lesquels on comptait une danseuse sur le déclin, un voleur qui était aussi baron, un employé obscur atteint d’un mal incurable et une secrétaire d’une troublante beauté, se prêtaient mal à la scène. Mais Kate Corbaley, chargée par la MGM de trouver en Europe des sujets transposables à l’écran, après avoir lu une critique de la pièce de théâtre, décida de la proposer au studio pour un éventuel achat des droits d’adaptation. Les droits théâtraux ayant déjà été acquis par Herman Shumlin – producteur de Broadway -, la MGM s’engagea à ne produire le film qu’après la fin de toutes les représentations théâtrales ou quinze mois au moins après la première, fixée en novembre 1930.

La MGM eut donc tout le temps nécessaire pour préparer le film et pour choisir avec soin le cinéaste, les scénaristes et les interprètes. Pour la réalisation, Thalberg pensa d’abord à Paul Fejos, mais il changea d’avis après avoir vu son essai dans The Great Lover. Il fit alors appel à Lewis Milestone, auteur du film All Quiet on the Western Front (A l’ouest rien de nouveau), qui, semblait avoir toutes les qualités requises pour affronter la pléiade de stars engagée par la MGM. La « chance » finit enfin par favoriser un autre réalisateur, l’Anglais Edmund Goulding, qui avait déjà dirigé des films pour la Metro.

La réalisation de Grand Hôtel revint à 70.000 dollars, une somme considérable mais non exceptionnelle pour les « majors ». Mais, plus que ces chiffres impressionnants, c’est la réunion des plus grandes stars qui créa réellement l’événement cinématographique de 1932.

Après la première, qui eut lieu à New York le 12 avril, on pouvait lire dans les journaux des critiques de ce genre : « Grand Hôtel est sans aucun doute le film le plus important depuis la naissance du cinéma parlant » (New York Timel ; « Greta Garbo dans un rôle inédit, bien loin de son personnage habituel de séductrice et jouant librement, soutenue par un Barrvrnore qui a abandonné son maniérisme facile, un Wallace Beery en pleine possession de ses dons d’acteur, Joan Crawford épanouie et d’une fascinante jeunesse, Lionel Barrymore se détachant avec une force insolite du reste de l’interprétation, tout cela rend le film unique en son genre » (The Observer).

Les critiques apprécièrent surtout Greta Garbo, dont le jeu fut jugé impeccable. On sut plus tard que la Divine aurait pu mieux faire encore si elle ni avait été troublée par la présence de Joan Crawford, une jeune star qui risquait de l’éclipser.

Ce sont justement les interprétations féminines de Grand Hôtel qui nous, apparaissent aujourd’hui les moins désuètes et les plus équilibrées (les acteurs masculins pèchent en effet par excès de redondance et d’affectation), mais le jeu de Lewis Stone et de Jean Hersholt ainsi que les décors baroques de Cedric Gibbons, typiques du Berlin d’avant guerre, gardent toutes leurs qualités. Grand Hôtel fait partie de l’ histoire du cinéma non seulement en raison de son plateau de vedettes, mais aussi pour les nouveautés qu’il apporta, se détachant ainsi de la production moyenne du Hollywood de cette époque. [La grande histoire illustrée du 7ème art – Editions Atlas – 1982]



L’HISTOIRE

Grusinskaya (Grta Garbo), danseuse étoile sur le déclin, arrive à la réception de l’hôtel. Elle s’enferme dans sa chambre pour cacher son désespoir. Elle décide de ne plus porter son magnifique collier de perles, persuadée qu’il lui porte malheur. C’est ce collier que va tenter de voler le baron déchu, Von Gaigern (John Barrymore). Entre-temps, le financier Preysing (Wallace Beery), qui est descendu dans le même hôtel pour conclure une affaire importante, tente de séduire Flaemmchen (Joan Crawford), la jeune et jolie secrétaire de l’hôtel. Celle-ci se laisse d’autant plus facilement convaincre qu’elle est décidée à suivre le plus court chemin pour réaliser son rêve : obtenir un manteau de vison.

Après une nouvelle représentation décevante, Grusinskaya, accablée, regagne sa chambre, sans même prendre la peine d’ôter sa tenue de scène. Son arrivée inopinée empêche le baron d’accomplir son larcin. Dissimulé, il assiste au désespoir de la ballerine, puis il sort de sa cachette et se présente comme un admirateur quand il s’aperçoit que la jeune femme songe à se suicider. Le charme de Grusinskaya est tel que le baron tombe aussitôt amoureux. Il lui restitue donc le collier. A son tour, Grusinskaya succombe à l’amour. Ils décident de partir ensemble pour recommencer une nouvelle vie. Juste après, le baron vole les économies d’un employé de Preysing, Kringelein (Lionel Barrymore), avec lequel il s’était lié d’amitié. Kringelein, atteint d’un mal incurable, était descendu au Grand Hôtel, bien décidé à vivre ses derniers jours en grand seigneur. Pris de remords, le baron lui restitue son argent. Mais alors qu’il tente de dévaliser le financier, il se fait surprendre par celui-ci. Preysing tue le baron en le frappant avec le téléphone. Flaemmchen qui a assisté au meurtre raconte la scène à Kringelein. L’employé décide de se venger de son patron en le faisant arrêter par la police. Ignorante de ces drames, Grusinskaya quitte l’hôtel, convaincue que le baron la rejoindra.


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