KIM NOVAK
Promue par Harry Cohn parce que Darryl F. Zanuck ne voulait pas lui prêter Marilyn Monroe ! Même si l’essentiel de sa carrière se déroula après 1955, Kim Novak est l’une des dernières « créatures » de l’ancien système des studios. Comme Rita Hayworth, elle fut persécutée par Harry Cohn, qui mobilisa le syndicat du crime pour faire cesser son idylle effrontée avec le génie noir Sammy Davis Jr. ! Ses rôles dans Picnic (J955) et Vertigo (Sueurs froides, 1958) ont fait rêver des générations de cinéphiles. Pourtant ni Joshua Logan, réalisateur du premier, ni Alfred Hitchcock. metteur en scène du second, ne voulaient d’elle. La manière dont la beauté froide de Kim Novak vibre devant la caméra reste probablement un mystère même pour les cinéastes ! Mais se sentir mal aimée è Hollywood lui retira bien vite sa joie de vivre et elle subit toujours avec réticence les contraintes liées à son métier, au point qu’elle finit par lui tourner le dos en 1991, à l’âge de 58 ans.
Au début des années 1950, la grande vedette de la Columbia s’appelait Rita Hayworth, que le patron du studio, Harry Cohn, avait en grande partie façonnée mais qu’il n’avait jamais réussi à attirer dans son lit malgré d’innombrables tentatives. Cependant Rita Hayworth ne se contentait plus de refuser les avances sexuelles de Cohn, elle exigeait désormais congés sur congés et refusait presque systématiquement les scénarios qui lui étaient proposés. Le premier réflexe du patron de la Columbia fut de téléphoner à Darryl F. Zanuck, le patron de la Fox, pour solliciter le prêt de Marilyn Monroe pour quelques films, ce qui eut pour principal effet de provoquer un éclat de rire cynique chez son puissant rival. Cohn avait laissé passer sa chance en ne renouvelant pas le contrat que Marilyn Monroe avait signé avec son studio en 1948. La bonne étoile du producteur se manifesta en la personne de Max Arnow, son directeur de casting. Arnow avait reçu la visite d’une certaine Marilyn Novak et lui avait dit de revenir le voir quand elle aurait perdu cinq kilos. Mais peu de temps après, Arnow l’avait croisée dans les bureaux d’un agent et lui avait immédiatement proposé un contrat à la Columbia. Il présenta aussitôt sa découverte comme la solution aux tourments de son patron. [Kim Novak, dernière star de studio -Hollywood, la cité des femmes – Antoine Sire (Ed. Actes Sud – Beaux-Arts – Institut Lumière) 2016]
ET MARILYN NOVAK DEVINT MISS « GRAND FROID »
Au moment où elle est remarquée par Arnow, Marilyn Novak a déjà participé à plusieurs tournages. Née à Chicago en 1933 dans une famille de la classe moyenne originaire de Bohême, elle effectue son premier pas vers le monde du spectacle en s’inscrivant dans un club de mannequins amateurs, les « Fair Teens de Chicago ». Le mari de la directrice du club se souviendra « qu’elle était plus sexy en blue-jeans que les autres filles ne l’étaient en robe du soir« . À 14 ans, elle devient le plus jeune mannequin professionnel de Chicago. Au carnaval d’hiver du club nautique, elle se voit décerner le prix convoité de « reine des neiges », une distinction qui fait penser au rôle de « reine de la fête du fleuve » que lui fera bientôt jouer Joshua Logan dans Picnic. Lassée d’incarner des beautés passives, elle tourne le dos au mannequinat et occupe des postes de liftière, de vendeuse et d’assistante dentaire. Début 1953, elle accepte pour 35 dollars par jour de parcourir l’Amérique pour le compte d’une société d’électroménager, qui lui fait jouer, selon les jours, les rôles de Miss Refrigerator ou de Miss Deepfreeze – Miss « Grand Froid ».
En 1954, elle apparaît pour la première fois à l’écran, dans un film de la RKO conçu par Howard Hughes pour célébrer son égérie, Jane Russell, The French Line. Son apparition dans un escalier n’est pas mentionnée au générique. Elle tournera ensuite dans Son of Sinbad (Le Fils de Sinbad, 1955) de Ted Tetzlaff, dont le principal intérêt réside dans les scènes de harem, pour lesquelles pas moins de 127 jeunes beautés avaient été recrutées par la production.
Lorsque, à l’initiative de Max Arnow, Marilyn Novak passe son premier bout d’essai à la Columbia, Harry Cohn est peu impressionné. Ses adjoints lui ont fait revêtir une robe fourreau semblable à celle de Rita Hayworth dans Gilda (Charles Vidor, 1946). Harry Cohn fulmine, car la diction de cette Mlle Novak est médiocre, on entend à peine ce qu’elle dit. « N’écoute pas, regarde », murmure à l’oreille de Cohn le producteur Jerry Wald, qui dira plus tard : « Kim Novak est la réponse à une prière de producteur. »
Cohn recrute la jeune femme mais sans lui dire qu’il a envisagé avec ses adjoints une cinquantaine de pseudonymes à la place de Marilyn Novak, et que son choix s’est finalement porté sur le nom de Kit Marlowe. Une fois informée, elle s’oppose à ce choix, mais comprend qu’il lui faut renoncer à son prénom de Marilyn pour éviter la confusion avec Marilyn Monroe. Elle exige toutefois de garder son vrai nom de famille, Novak, « Un honnête nom originaire de Bohême », dit-elle. Elle choisit elle-même le prénom Kim, malgré la concurrence des jolies actrices Kim Hunter et Kim Stanley, et devient ainsi Kim Novak.
En 1954 sort Pushover (Du plomb pour l’inspecteur), film noir de Richard Quine aujourd’hui considéré comme un classique, mais réalisé avec un petit budget dont une bonne partie a été grevée par le cachet du seul acteur connu de la distribution, Fred MacMurray, dans un rôle de flic véreux. Au générique figure aussi Dorothy Malone, qui a déjà du métier puisqu’elle a été en haut de l’affiche de Colorado Territory (La Fille du désert, 1949) de Raoul Walsh. Mais c’est bien Kim Novak, plus grande, plus sculpturale, plus conforme aux canons de la perfection féminine, qui est la révélation de Pushover. Le producteur, Jules Schermer, a dit d’elle : « Ce n’était pas une véritable actrice lorsque nous avons commencé le tournage. Le visage était magnifique. Le corps, superbe. Elle était photogénique. Mais elle était incapable de montrer la moindre émotion. Nous avons décidé de limiter son dialogue au minimum. Lorsque vous ne jouez pas vous êtes forcé de réagir et c’est ce sur quoi nous comptions. »
La même année, Kim Novak joue dans Phffft ! une comédie de Mark Robson où elle échoue à faire oublier à Jack Lemmon la femme dont il vient de divorcer, interprétée par Judy Holliday. C’est un film assez médiocre malgré une distribution prestigieuse, mais il correspond bien au goût de son époque. La prestation de Kim Novak lui vaut l’attention des photographes pendant la promotion, au grand désespoir de Judy Holliday, qui avait eu l’oscar de la meilleure actrice pour Born Yesterday (Comment l’esprit vient aux femmes, George Cukor, 1950). En 1955, on retrouve Kim Novak dans 5 Against the House (On ne joue pas avec le crime), comédie policière de Phil Karlson où elle joue une danseuse de cabaret (elle est doublée par Jo Ann Greer, une habituée du doublage, puisqu’elle avait déjà donné sa voix, entre autres, à Rita Hayworth dans Affair in Trinidad).
En 1955 sort The Man with the Golden Arm (L’Homme au bras d’or) d’Otto Preminger, où Kim Novak partage l’affiche avec Frank Sinatra et Eleanor Parker. Ce film est produit par United Artists, dont le responsable, Albert Broccoli, a obtenu de Harry Cohn l’autorisation d’utiliser Kim Novak en échange d’un chèque de 100 000 dollars. Otto Preminger a envoyé à Kim Novak le scénario en la priant de se préparer pour une semaine de répétitions, ce qui a eu pour effet de la faire totalement paniquer. Preminger apprend que, pour ses précédents films, la Columbia a déployé des trésors d’astuce au montage pour bâtir, à partir de fragments de prises, des scènes dans lesquelles Kim Novak joue continûment de manière convenable. Mais le réalisateur décide que, cette fois, il lui fera coûte que coûte délivrer les prestations d’une actrice digne de ce nom. Il lui fera pour cela répéter certaines scènes jusqu’à trente-cinq fois ! Dans le film, Kim Novak joue Molly, qui voudrait sevrer de la drogue son petit ami, malfrat repenti et aspirant batteur de jazz, interprété par Sinatra. The Man with the Golden Arm aborde ce thème de la drogue comme jamais aucun film ne l’avait fait à Hollywood, ce qui lui vaudra un refus d’évaluation par la Production Code Administration !
Kim Novak joue ensuite un rôle tragique dans The Eddie Duchin Story (Tu seras un homme, mon fils, 1956), un biopic réalisé par George Sidney et consacré à la vie d’un pianiste très célèbre dans les années 1930 et 1940, interprété par Tyrone Power. Kim Novak est Marjorie, l’épouse follement aimée par Duchin, décédée alors qu’elle venait de donner naissance à leur premier enfant. Tyrone Power et Kim Novak jouent le rôle de deux amoureux passionnés, mais leurs relations sur le tournage sont très tendues. Le service marketing de la Columbia associe la promotion de l’image de Kim Novak dans ce film à celle du savon Lux. « Pour lui, vous êtes comme une star de cinéma », clame la publicité !
Le succès commercial est au rendez-vous : en 1956, Kim Novak est l’une des deux stars féminines du box-office aux côtés de Marilyn Monroe. The Eddie Duchin Story débouche sur deux autres films avec George Sidney en 1957. Le premier est Jeanne Eagels (Un seul amour), avec Jeff Chandler, où elle incarne une actrice américaine des années 1920 au destin tragique, morte mystérieusement en 1929. Puisqu’elle incarne une comédienne, on voit Kim Novak dans les studios de la Paramount, en train d’être dirigée par Frank Borzage en personne ! Celle que nul ne considère vraiment comme une actrice mais dont presque tous les films sont de grands succès populaires découvre avec colère que Chandler est payé 200 000 dollars alors qu’elle n’en reçoit que 13 000. L’accueil triomphal fait à l’actrice lors de sa visite au Festival de Cannes 1957 achève de la convaincre qu’elle est exploitée par Harry Cohn, bientôt contraint de lui accorder une forte augmentation.
Toujours en 1957, Kim Novak retrouve George Sidney pour Pal Joey (La Blonde ou la Rousse), qui lui permet de côtoyer à nouveau Frank Sinatra. Dans ce film, Sinatra chante quelques beaux standards et oscille entre deux femmes, l’une blonde et très jeune, incarnée par Kim Novak, l’autre rousse et moins jeune, interprétée par Rita Hayworth. Celle-ci joue une ancienne danseuse de cabaret devenue une prospère femme d’affaires, mais encore capable d’exécuter de beaux numéros de danse. Kim Novak est terriblement intimidée de devoir donner la réplique à une comédienne aussi chevronnée que Rita Hayworth, qui est aussi une danseuse extraordinaire. Un jour, elle perd même connaissance dans sa loge et doit passer une semaine à l’hôpital avant de se reposer dans une maison louée à Malibu. Malgré tout, dans le film, c’est avec Kim Novak et non Rita Hayworth que part Frank Sinatra, et ce choix résonne comme un passage de témoin entre la star sur le déclin et sa jeune rivale. [Kim Novak, dernière star de studio -Hollywood, la cité des femmes – Antoine Sire (Ed. Actes Sud – Beaux-Arts – Institut Lumière) 2016]
« CETTE FILLE VA RUINER MON FILM »
Lorsque Alfred Hitchcock prépare Vertigo, qui sortira en 1958, il est décidé à confier à Vera Miles le rôle principal, celui d’une femme qui joue un jeu trouble aux côtés d’un James Stewart souffrant d’un vertige maladif, et qui va réapparaître un jour dans sa vie alors qu’elle est supposée s’être suicidée en tombant d’un clocher. Mais Vera Miles se retrouve enceinte, et le maître du suspense se voit obligé de changer d’actrice alors que son film est bien engagé. Non seulement les producteurs de la Paramount ne veulent pas attendre que Vera Miles ait accouché pour démarrer le tournage, mais ils sont décidés à solliciter le « prêt » de Kim Novak auprès de Harry Cohn. Hitchcock visionne en deux jours les quatre plus grands succès de l’actrice et s’exclame, consterné : « Cette fille va ruiner mon film ! » Mais la Paramount ne lui laisse pas le choix, tandis que Cohn, déjà rémunéré 250 000 dollars pour le prêt de Kim Novak, exige en plus que Stewart joue avec elle dans Bell, Book and Candie (L’Adorable Voisine) de Richard Quine, un film Columbia.
De son côté, Kim Novak a acquis une assurance nouvelle depuis son voyage à Cannes. Elle exige une augmentation de son salaire, fixé à 1250 dollars par semaine. Elle est d’abord suspendue par Cohn, mais, au bout de plusieurs semaines de négociations, elle est augmentée à hauteur de 2750 dollars la semaine. Juste avant le tournage de Vertigo, elle obtient en outre un congé de trois semaines, à la grande exaspération d’Hitchcock. Le film a pris tellement de retard que Vera Miles aurait très bien pu jouer le rôle. Elle avait alors accouché depuis longtemps !
Hitchcock n’est pas au bout de ses peines : il découvre que Kim Novak entend jouer un rôle actif dans le choix des tenues qu’elle portera dans Vertigo. Edith Head, la costumière attitrée du réalisateur, se heurte à un refus implacable lorsqu’elle propose à Kim Novak de porter un tailleur gris pour jouer Madeleine, la femme aux tendances suicidaires sur laquelle James Stewart enquête. « Madame Head, lui dit Kim Novak, sachez que je ne porte jamais de tailleur et que je ne porte jamais de gris. Naturellement, je mettrai ce que vous voudrez si vous respectez ces deux conditions. » Mais le tailleur gris figurait au scénario que Kim Novak avait accepté : Hitchcock et Edith Head ont beau jeu et restent inflexibles. Cinquante-cinq ans plus tard, Kim Novak déclarera dans un entretien donné à l’occasion de sa venue au Festival de Cannes 2013, pour la « ressortie » du film en copie neuve : « J’ai souffert dans ce tailleur mais Hitchcock avait raison : il voulait que Madeleine se sente mal à l’aise dans ce tailleur, un peu stressée. »
À propos de Vertigo, James Stewart estimait que Kim Novak s’en était très bien tirée et qu’Hitchcock lui-même était au final satisfait de la prestation de l’actrice ; le bon souvenir que celle-ci garde aujourd’hui du film n’est peut-être pas le fruit d’un enjolivement tardif de sa mémoire. De son côté, avec son amabilité coutumière, Hitchcock a dit un jour : « Si j’avais utilisé une actrice réellement douée, Vertigo n’aurait pas été aussi efficace. »
Toujours en 1958, Kim Novak, elle, retrouve James Stewart dans Bell, Book and Candle de Richard Quine. Ce film, plus encore que le I Married a Witch (Ma femme est une sorcière, 1942) de René Clair, influencera la série Ma sorcière bien-aimée. Dans Middle of the Night (Au milieu de la nuit, 1959) de Delbert Mann, Kim Novak interprète une jeune dactylo récemment divorcée dont le patron, un homme d’âge mûr et veuf depuis un an (Frederic March), tombe amoureux. C’est le rôle préféré de Kim Novak. Pourtant, c’est peut-être dans Strangers When We Meet (Liaisons secrètes, 1960), mélodrame de Richard Quine avec Kirk Douglas, qu’elle est la plus convaincante. Kirk Douglas interprète un architecte dont le couple est en crise. Il fait alors la connaissance de sa voisine (Kim Novak), qui vit une situation semblable. Ils deviennent amants. Kim Novak gardera un mauvais souvenir de ce tournage, de même que l’ombrageux Kirk Douglas, qui apprécie peu les conseils de comédie donnés par sa partenaire. À l’époque, Kim Novak vit une idylle avec Richard Quine et la presse ne cesse de spéculer sur leur mariage. Mais il n’y aura pas d’union, et Kim Novak méritera à nouveau son surnom de « la fille qui ne se marie pas » que lui ont donné les journaux. Cependant Quine tournera encore avec elle The Notorious Landlady (L’Inquiétante Dame en noir, 1962), avec Jack Lemmon dans un rôle moins comique que d’habitude et un Fred Astaire qui s’abstient dans ce film d’esquisser le plus petit pas de danse. [Kim Novak, dernière star de studio -Hollywood, la cité des femmes – Antoine Sire (Ed. Actes Sud – Beaux-Arts – Institut Lumière) 2016]
COHN MOBILISE LE SYNDICAT DU CRIME
Harry Cohn est mort en 1958, non sans avoir infligé à Kim Novak un ultime tourment. Elle est tombée amoureuse de Sammy Davis Jr. et cette passion interraciale scandalise les franges les plus conservatrices du public. Cohn aurait payé un ami gangster pour qu’il kidnappe brièvement Davis, puis lui annonce qu’il dispose de vingt-quatre heures pour quitter Novak et épouser une Noire. L’artiste a toujours nié ces faits, mais Truman Capote, préparant un livre qui ne fut jamais écrit, affirmait disposer de témoignages sérieux. Un documentaire de la BBC de 2014 précise que la menace portait sur l’unique œil valide du malheureux Davis… qui épousa à la hâte la danseuse noire Loray White, dont il divorça au bout de six mois.
Kim Novak n’est désormais plus en cour à la Columbia. Elle produit elle-même The Boys’ Night Out (Garçonnière pour quatre, 1962) de Michael Gordon. C’est un échec. En 1964, elle joue dans Of Human Bandage (L’Ange pervers), un remake, produit en Angleterre par la MGM et réalisé par Ken Hughes, du film tiré du roman éponyme de Somerset Maugham qui avait contribué à révéler Bette Davis. Ce film aurait dû être réalisé par Henry Hathaway, mais celui-ci quitta le tournage après quelques jours, à la suite d’un sévère accrochage avec Kim Novak, à qui il reprochait d’essayer vainement d’adopter un accent d’Anglaise du peuple, ce que Bette Davis n’avait su faire jadis qu’après de longues répétitions avec sa servante britannique.
Toujours en 1964, Kim Novak partage l’affiche avec Dean Martin et la belle Felicia Farr dans Kiss Me, Stupid (Embrasse-moi idiot) de Billy Wilder. Elle interprète une entraîneuse de saloon que des circonstances abracadabrantes conduisent à échanger momentanément son identité et ses mœurs avec la très respectable épouse d’un professeur de piano. Une comédie mais aussi une réflexion pas si anodine que cela sur la place des femmes dans la société américaine, et une vision décomplexée de l’adultère qui fut sévèrement condamnée par les ligues de vertu et obligea son producteur, United Artists, à sortir le film sous l’obscur label de Lopert Pictures. l’année suivante, Kim Novak fait encore scandale en jouant en Angleterre dans The Amorous Adventures of Moll Flanders de Terence Young, tiré d’un roman scandaleux pour son temps de Daniel Defoe.
Le dernier grand rôle de Kim Novak sera celui d’Elsa Brinkmann dans The Legend of Lylah Clare (Le Démon des femmes) de Robert Aldrich, en 1968. C’est encore un double rôle, très proche de celui de Vertigo, puisqu’elle incarne une comédienne engagée par un réalisateur (Peter Finch) en raison de son incroyable ressemblance avec sa défunte épouse !
Par la suite, elle se retire progressivement du cinéma, tournant quelques petits rôles et faisant de rares apparitions télévisées, notamment dans une vingtaine d’épisodes de Falcon Crest, où elle incarne la redoutable Kit Marlowe… le pseudonyme que Harry Cohn avait voulu lui imposer à ses débuts.
En 1980, elle joue aux côtés d’une pléthore de vedettes chevronnées (Angela Lansbury, Elizabeth Taylor, Rock Hudson, Tony Curtis… ) dans une très bonne adaptation de The Mirror Creck’d (Le miroir se brisa) d’Agatha Christie, réalisée par Guy Hamilton. En 1991, elle joue un rôle important dans Liebestraum (Traumatismes), un thriller de Mike Figgis au scénario médiocre et à l’ambiance très sombre. On souffre pour la pauvre Kim Novak, qui semble être encore une bien belle femme et qui se retrouve obligée d’interpréter pendant toute la durée du film une malheureuse agonisant dans un lit d’hôpital et porteuse d’un terrible secret. La relation entre l’actrice et le metteur en scène sera exécrable et Kim Novak, mariée depuis 1976 avec le vétérinaire Robert Malloy (avec qui elle élève des chevaux et des lamas dans un ranch) décidera que ce tournage serait son ultime épreuve ! [Kim Novak, dernière star de studio -Hollywood, la cité des femmes – Antoine Sire (Ed. Actes Sud – Beaux-Arts – Institut Lumière) 2016]
PICNIC (JOSHUA LOGAN – 1955)
Picnic donne à Kim Novak ses lettres de noblesse, sinon comme grande actrice, du moins comme personnalité capable de porter un grand film sur ses épaules, même si c’est pour elle au prix de véritables tortures morales. Le film est tiré d’une pièce à succès de Broadway, déjà mise en scène par Joshua Logan, qui dépeint la société d’une petite ville de l’Amérique profonde. Madge (Kim Novak)J d’origine modeste, est la plus belle fille du patelin. Elle est promise à Alan (Cliff Robertson), l’héritier du propriétaire terrien qui tient toute l’économie de la ville. C’est alors qu’arrive Hal Carter (William Holden), un ancien ami d’Alan devenu un marginal errant.
Le tournage de la mythique scène de danse avec William Holden n’a pas été de tout repos. Tout d’abord, Wiliiam Holden détestait danser : le fait de devoir le faire avec Audrey Hepburn dans Sabrina de Billy Wilder (1954) l’avait mis dans un état de nerfs qui l’obligea à rester trois jours au lit. Pour Picnic, Holden accepta de danser contre une prime de 4000 dollars pour ce qu’il considérait comme une cascade et 4000 dollars supplémentaires pour accepter de danser avec Kim Novak. La magie de cette scène pas très bien engagée provient surtout du chef-opérateur, James Wong Howe, et des subtils mouvements de sa caméra posée sur une « dolly' »… [Kim Novak, dernière star de studio -Hollywood, la cité des femmes – Antoine Sire (Ed. Actes Sud – Beaux-Arts – Institut Lumière) 2016]
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