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PANE, AMORE E FANTASIA (Pain, Amour et Fantaisie) – Luigi Comencini (1953)
En commençant à travailler ensemble sur le script de Pane, Amore et Fantasia, le réalisateur Luigi Comencini et le scénariste Ettore Margadonna n’imaginent certes pas que le cinéma italien leur devra l’un de ses succès les plus populaires… Comencini revient alors de Suisse, où il a tourné Heidi (1952), et il n’a aucun projet en perspective en Italie. Margadonna, à qui l’on doit l’une des premières histoires du cinéma italien, s’est déjà fait une solide réputation grâce aux scénarios de Il bandito (Bandit, 1947), d’Alberto Lattuada, et de deux films de Renato Castellani, Sotte il sole di Roma (Sous le soleil de Rome, 1948) et surtout Due soldi di speranza (Deux Sous d’espoir, 1952).
Il offre à Comencini de collaborer à un projet qui lui a été commandé par un producteur de Trévise : très catholique, celui-ci a en tête une histoire fort édifiante de séminariste jouant au bon Samaritain envers les habitants d’un village misérable. Comencini n’est guère enthousiasmé, mais, comme il est sans travail, il va essayer de tirer le meilleur parti possible de ce sujet. Il découvre alors un livre peu connu de Margadonna où ce dernier évoque sa jeunesse dans les Abruzzes. Séduit par cette galerie de personnages pittoresques (le maréchal des logis, le prêtre, la sage-femme, la sauvageonne), il décide de s’en inspirer pour le scénario. Dans un entretien avec
Lorenzo Codelli, publié dans la revue Positif en février 1974, il a déclaré : « Je voulais une comédie villageoise qui soit parfaite comme du Beaumarchais, une comédie « de caractères » assez élégante, et sans vulgarité, avec un fond social assez précis. Le maréchal des logis, qui est le personnage central, s’occupe de tout sauf des problèmes réels du village, il ne pense qu’à manger et à se trouver une femme. C’était à demi-sérieux, avec beaucoup de pointes comiques, mais avec un fond assez amer. »
Comme interprète, Comencini- et Margadonna ont pressenti Gino Cervi, qui a donné son accord. Mais entre-temps, leur mécène meurt subitement. Les maisons de production auxquelles ils présentent leur scénario sont réticentes. La Titanus et Marcello Girosi proposent alors Vittorio De Sica, qui vient d’avoir beaucoup de succès dans un film à sketches de Blasetti, Altri tempi (Heureuse Epoque, 1952). De Sica se laisse convaincre et Comencini insiste pour lui donner comme partenaire Gina Lollobrigida, avec laquelle il formait un couple idéal dans le sketch de la Maggiorata fisica. Pour le titre, qui sera l’un des éléments du succès du film, Comencini est inspiré par une histoire napolitaine : au touriste qui lui demande de quoi est fait son sandwich, un pauvre hère répond « de pain et d’imagination ». Margadonna suggère que l’on y ajoute le mot « amour » …
Toutefois, durant le tournage, l’atmosphère n’est pas à l’euphorie. Très pessimistes, les producteurs sont tentés à plusieurs reprises d’arrêter les frais. Comencini, lui, regrette un peu que le style de jeu de De Sica et de Gina Lollobrigida ait « recouvert, gommé cet arrière-fond, je ne dirai pas d’engagement social, ce serait un bien grand mot, mais d’amertume que j’aurais voulu conserver ». Le public plébiscitera néanmoins les deux interprètes.
Très grand succès commercial, Pane, Amore et Fantasia sera considéré avec mépris par les critiques, qui lui reprochent son manque de sérieux et de prétention. La veine néoréaliste, pourtant déjà pratiquement tarie à l’époque, reste en effet la seule source d’inspiration officielle pour les milieux intellectuels. Catalogué comme un cinéaste mineur, Comencini devra attendre le début des années 1970 pour se voir enfin reconnaître comme l’un des auteurs les plus intéressants et les plus sensibles du cinéma italien. Quant aux producteurs, le succès les incitera à rééditer cet exploit. Ainsi naîtront Pane, amore e gelosia (Pain, amour et jalousie, 1954), également dirigé par Comencini, avec les mêmes interprètes, puis Pane, amore e… (Pain, amour, ainsi soit-il, 1955), de Dino Risi, avec Sophia Loren.
L’HISTOIRE
La vie s’écoule paisiblement dans ce petit village de la campagne romaine, niché dans les collines. L’autorité et la loi sont représentées par les carabiniers, à la tête desquels vient d’être nommé un nouveau maréchal des logis (Vittorio De Sica). Cet homme expansif et volubile prend son rôle fort au sérieux et entreprend de lutter contre les mauvais esprits. Parmi ceux-ci, Maria, dite « la Bersagliera » (Gina Lollobrigida), semble le narguer à plaisir ; en compagnie de son âne, elle s’entête à ramasser du bois malgré les avertissements du maréchal des logis. N’a-t-elle pas de plus l’outrecuidance de séduire le plus jeune des carabiniers, le timide et rougissant Pietro (Roberto Risso). Mais le maréchal des logis a lui aussi ses problèmes de cœur : la sage-femme, l’autre beauté du village (Marisa Merlini), lui tient la dragée haute. Cette femme de tête finira pourtant par répondre à sa flamme. Ces deux romances ont mis le village en émoi. Tout s’arrangera pourtant et les deux couples fileront le parfait amour.
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