duminică, 29 august 2021

DEAD END (Rue sans issue) – William Wyler (1937)

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DEAD END (Rue sans issue) – William Wyler (1937)

Dead End (Rue sans issue) est l’adaptation d’une pièce de Sidney Kingsley qui avait obtenu un immense succès sur les scènes de Broadway (elle donna lieu à sept cents représentations) et suscité de nombreuses polémiques. Samuel Goldwyn en acquit les droits pour la somme record de 165 000 dollars.

Cette pièce décrit les conditions de vie déplorables des taudis newyorkais, qui entraînaient inéluctablement à la délinquance toute une jeunesse livrée à elle-même. Ce qui attira Goldwyn dans ce sujet fut probablement moins les implications socio-économiques que la possibilité d’en tirer une œuvre de prestige. Soucieux de réunir une brillante distribution, il n’engagea de la troupe qui avait créé la pièce que Marjorie Main et la troupe des Dead End Kids et choisit pour le rôle principal Joel McCrea, déjà sous contrat ; il se fit prêter par la Warner, Humphrey Bogart, tout auréolé de son récent succès personnel de The Petrified Forest (La Forêt pétrifiée, 1936) et obtint de Walter Wanger l’actrice Sylvia Sidney, qui s’était fait remarquer dans Fury (Furie) de Fritz Lang et dans Sabotage (Agent secret) de Hitchcock, deux films de 1936.

La scénariste Lillian Hellman, par ailleurs célèbre auteur dramatique, eut pour tâche de modifier la pièce et de retoucher les personnages principaux dans une optique plus cinématographique : Dave, l’artiste raté de la pièce, devint, à l’écran, un architecte pauvre et idéaliste, sorte de gardien moral de la rue sans issue ; des thèmes tabous pour Hollywood, comme la relation de Kay avec un riche homme d’affaires ou la syphilis dont était atteinte Francey, l’ancienne maîtresse du gangster Martin, furent à peine évoqués.

La plus grande faiblesse du film tient à sa durée fictive : elle est totalement circonscrite à un seul jour, comme dans la pièce originale. En 24 heures, trop de choses arrivent à trop de personnages pour que l’ensemble demeure crédible. En outre, la description des bas quartiers comme un univers où la vie peut aussi réserver d’heureuses surprises plutôt que comme les effrayants ghettos qu’ils étaient en réalité, affaiblit considérablement la portée du film.

Ces défauts sont en grande partie imputables à Goldwyn qui était opposé à toute vérité trop crue. William Wyler, le réalisateur, soucieux d’authenticité, souhaitait tourner les extérieurs dans les quartiers mêmes de New York, mais le producteur s’y refusa et fit tout reconstituer dans un immense studio spécialement construit pour le film et qui coûta la bagatelle de 300 000 dollars.

Arthur Marx, biographe de Goldwyn, explique ce choix du producteur : « Sam s’opposait au réalisme excessif de Dead End, exactement comme il le faisait pour toutes ses autres productions. Bizarrement, il était convaincu que le public était sensible à un certain « glamour », même quand le sujet mettait en scène des personnages déshérités et vivant dans un cadre sordide. Peut-être Goldwyn cherchait-il ainsi à oublier sa propre jeunesse qui fut assez misérable ? »

Le film de Wyler, qui bénéficia des décors de Richard Day, d’une excellente photographie de Gregg Toland et surtout d’une remarquable interprétation, obtint cependant un grand succès public et critique. Le New York Times en fit le commentaire suivant : « Parce qu’il reflète courageusement les protestations sociales qui sont à la base de la pièce, Dead End mérite sans doute de figurer parmi les films les plus importants de l’année. »

La séquence d’ouverture souligne le contraste entre les arrogants immeubles de luxe et les habitations vétustes et croulantes des mal lotis. Dans ce contexte, les enfants perdent rapidement toute naïveté et n’éprouvent que haine envers ceux qui disposent si insolemment des richesses. Ils n’ont pourtant pas perdu toute trace de sensibilité : bien qu’aigris et habitués à vivre d’expédients, ils ne sont pas présentés comme fondamentalement « mauvais ». Ils ne sont que les victimes de leurs tristes conditions de vie et des adultes qu’ils prennent pour modèles. « Baby Face » Martin, le gangster, est la preuve vivante que le crime « paie ». A l’opposé, le jeune couple que forment Dave et Drina, foncièrement honnête, représente la part d’espérance dans cet univers noir.

Même la persévérance de Martin dans la voie du crime est présentée comme la conséquence directe du manque d’affection : sa mère le repousse et Francey, son ex-maîtresse, est une- prostituée.

La fin du film, optimiste en un certain sens, exclut pourtant toute concession. Tommy, le frère de Drina, perdra tout espoir de changer de vie et le jeune couple devra son avenir à la récompense que Dave touche pour le meurtre de Martin. Ce final cynique, dans lequel la société américaine se voyait mise en accusation, explique sans doute pourquoi, malgré son succès, le film ne reçut aucun Oscar alors qu’il avait bénéficié de quatre nominations.


L’HISTOIRE

Une bande de jeunes garçons des quartiers pauvres de New York traîne dans la rue. Tommy (Billy Halop), leur chef, est élevé par sa sœur Drina (Sylvia Sidney). Celle-ci est amoureuse de Dave (Joel McCrea), un architecte au chômage, lui-même amoureux de Kay (Wendy Barrie). Mais cette dernière se fait entretenir par un riche homme d’affaires. C’est alors que survient, flanqué de son lieutenant, Hunk (Allen Jenkins), le tristement célèbre « Baby Face » Martin (Humphrey Bogart), un gangster qui a passé sa jeunesse dans le quartier ; les gosses sont fascinés par le personnage. Dave le reconnaît mais promet de ne pas le dénoncer à condition que le truand quitte le quartier. Mais Martin, qui a modifié son visage grâce à une opération, continue à rôder dans les rues de son enfance. Il cherche à revoir sa mère et son ancienne maîtresse, Francey (Claire Trevor). Rejeté par sa mère (Marjorie Main), Martin découvre bientôt que Francey se prostitue. Les jeunes délinquants agressent Philip Griswold (Minor Watson), fils d’une famille aisée, pour lui voler sa montre. Surpris par le père de Philip, Tommy le menace d’un couteau avant de s’enfuir. Griswold dénonce Tommy à la police ; celui-ci est obligé de se cacher. Martin projette d’enlever Philip mais Dave menace de mettre la police au courant. Furieux, Martin frappe Dave à coup de couteau, le laissant pour mort. Mais Dave n’est que blessé et parvient à désarmer Hunk. Poursuivant Martin dans le dédale du quartier, Dave l’abat et touche la prime promise pour la capture du gangster. Spit, un des jeunes gamins de la bande est arrêté par la police et dénonce la cachette de Tommy. Alors que ce dernier allait se venger du traître. Dave parvient à le convaincre de s’en remettre à la clémence de Griswold. Mais celui-ci, sourd à leurs prières, livre Tommy aux autorités. Dave, désormais persuadé que tout le sépare de Kay, promet à Drina d’aider Tommy en lui payant le meilleur avocat. Drina et Dave décident enfin de recommencer ensemble une nouvelle vie, loin de la rue sans Issue.


LES EXTRAITS

Au début du New Deal. Hollywood réagit à la période noire de la crise économique par des films ou le réalisme. les sentiments forts et l’esprit d’aventure composaient une sorte d’« optimisme de la volonté ».



Humphrey Bogart naquit à New York le 25 janvier 1899. Son père, le docteur Belmont De Forest Bogart, était un des chirurgiens les plus renommés de la ville. Sa mère, Maud Humphrey, travaillait comme illustratrice pour des magazines. Après avoir fait ses études à la Trinity School, Bogart s’inscrit à la Philipps Academy d’Andover (Massachusetts) et prépare Yale. Expulsé pour mauvaise conduite, il s’engage en 1918 dans la marine, où il sert durant quelques mois. De retour à la vie civile, il entre au service du producteur de théâtre William A. Brady qui l’encourage à tenter une carrière d’acteur.



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