8 novembre 2008
Dix petits indiens (1945) de René Clair
TITRE ORIGINAL : « AND THEN THERE WERE NONE »
Lui :
Exilé aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale, René Clair y réalise quatre beaux films. Dix Petits Indiens est le dernier d’entre eux. Il s’agit de l’adaptation du roman d’Agatha Christie Les Dix Petits Nègres, incontestablement l’une des intrigues les plus parfaites de roman policier, où dix personnes se retrouvent invitées par un inconnu sur une île isolée pour y être assassinés un par un. René Clair crée une ambiance parfaite pour que le mystère se développe, utilisant éclairages et gros plans pour souligner l’intrigue, fantastique jeu du chat et de la souris. Les personnages forment une belle galerie de portraits très typés, parfaitement personnifiés, à l’exception de la jeune femme (interprétée par June Duprez) qui apparaît nettement plus fade. La fin est celle utilisée au théâtre, c’est-à-dire la fin heureuse. Cette version des Dix Petits Indiens est sans aucun doute la meilleure.
Note :
Acteurs: Barry Fitzgerald, Walter Huston, Louis Hayward, Roland Young, June Duprez
Voir la fiche du film et la filmographie de René Clair sur le site imdb.com.
Voir les autres films de René Clair chroniqués sur ce blog…
Les autres adaptations au cinéma :
Dix petits indiens (And then there were none), film anglais de George Pollock (1965) avec Hugh O’Brian et Shirley Eaton.
Dix petits nègres de Peter Collinson (1974) co-production européenne avec Charles Aznavour, Stéphane Audran, Richard Attenborough, Oliver Reed, …
Desyat negrityat de Stanislav Govorukhin (1987) film soviétique
Ten little indians d’Alan Birkinshaw (1989), film britannique avec Donald Pleasence (Autre titre : Death of safari).
Pour relire la comptine : > version anglaise ou sa traduction en français.
2 réflexions sur « Dix petits indiens (1945) de René Clair »
On a Barry Fitzgerald, le flic de La cité sans voiles, en juge patelin, Judith Anderson, la gouvernante de Rebecca en vielle fille tricoteuse, Walter Huston en docteur alcoolique, Roland Young en détective privé, Mischa Auer en prince Russe excentrique, forcément, C. Aubrey Smith, le colonel de la Folle ingénue en vieille baderne, Richard Haydn et Queenie Leonard que vous avez aussi pu croiser dans le Lubitsch en majordome et son épouse qui ont très bien pu faire le coup et il y a même une sorte de faux couple de héros pour rassurer le spectateur, Louis Hayward, le mystérieux explorateur et June Duprez, la jeune fille désargentée...
Bien entendu, cette brochette de personnages emblématiques du roman policier anglais désuet est enfermé sur une île dans une charmante propriété pour un huis clos mystérieux où les morts commencent à s'empiler selon la comptine du titre.
Ne nous voilons pas la face, tout le monde a du lire le livre et les seules surprises de l'adaptation, y compris la mauvaise de la fin, n'apportent rien de bien palpitant à une oeuvre honnêtement réalisée mais sans génie particulier.
Alors, il reste à regarder nos vieilles trognes cabotiner de leur mieux sur leur bout de rocher frappé par les vagues, savourer le plaisir ineffable du week-end dans les demeures anglaises et profiter au mieux du décor sans trop soupirer si une petite sieste vous fait rater quelques minutes pas franchement inoubliables...
Mais où sont les nègres d'antan ?
Dix personnes sont invitées à passer un week-end sur une île déserte par un mystérieux personnage dont ils ne savent rien. Mais lorsque celui-ci s’amuse à remuer le passé trouble de chacun d’entre eux, ils comprennent qu’il a l’intention de faire justice pour des crimes impunis, et que peu d’entre eux passeront le week-end…
Indéniablement, René Clair a du génie. Pas de ce génie spectaculaire qui animait le cinéma d'un Curtiz ou le génie humaniste d'un Wilder ou d'un Capra, mais simplement un génie de narration et de mise en scène. Qu’il fasse dans la pure comédie (Ma femme est une sorcière), tire vers le drame (La Beauté du diable) ou vers le policier, son cinéma porte toujours la marque du pur, du grand divertissement.
Avec Dix Petits Indiens, il s’adjoint les services d’un autre génie, celui du célèbre auteur Agatha Christie, et de son non moins célèbre roman Dix Petits Nègres. Si l’on remarquera que le petit démon du politiquement correct est venu hanter le titre, il n’est pas le seul à édulcorer le roman d’Agatha Christie, puisque le scénario de Dudley Nichols change la fin originelle pour mettre en place un happy end. Ce dernier n’a toutefois rien d’artificiel et on peut compter sur le talent de Nichols (qui a écrit quelques chefs-d’œuvre comme La Chevauchée fantastique de John Ford, L’Impossible Monsieur Bébé d’Howard Hawks, Les Cloches de Sainte-Marie de Leo McCarey) pour le faire intelligemment, et au lieu d’en faire un rapiéçage lourd, ce changement apparaît plus comme une facétie de plus à ajouter à la galerie de René Clair, dont la malice habituelle trouve un terrain de jeu idéal ici.
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Dix suspects, un meurtrier
Dix petits indiens est la toute première adaptation du roman Dix petit nègres d'Agatha Christie. Réalisé en 1945 par René Clair alors déjà bien familiarisé en tant que réalisateur avec ses nombreux films réalisés auparavant, celui-ci raconte l'histoire de dix personnes se retrouvant sur une île totalement isolé dans une demeure et dont les uns après les autres les personnages se retrouvent assassinés. Chacun va tenter d'élucider ce mystère et de découvrir qui est le tueur.
Même si je n'ai pas lu le roman pour ma part, celui-ci se révèle être un bon huit-clos mêlant thriller et humour avec une bonne mise en scène et des plans cadrés ainsi qu'une interprétation des personnages corrects, aux caractères et styles différents mais ayant tous un point commun
https://www.senscritique.com/film
Dix petits Indiens (And then there were none) (1945) de René Clair
Oui, tiens, encore une drôle d'idée que celle, un peu clair-obscur, de choisir un film du gars René, période américaine. On connaît le bouquin d'Agatha Christie par coeur (autant dire qu'on l'a complément oublié - pourquoi on ne se souvient jamais des trois dernières pages ? C'est là que réside, à mes yeux, tout le mystère des œuvres de la dame), on sait que les dix petits indiens risquent bien d'y passer un à un selon la joyeuse comptine annonciatrice, mais on se dit, tiens, pourquoi pas, cela risque peut-être de donner lieu à une sympathique pièce de théâtre vintage. Dix personnes accusées chacune d'un crime par le maître de maison absent, ou plutôt neuf personnes accusées chacune d'un crime par un maître de maison anonyme qui zigouille une à une ses proies, histoires de se prendre pour le justicier divin. On connaît la chanson et les cadavres de tomber les uns après les autres sans qu'on sache réellement qui peut bien être le mystérieux quidam vengeur… « Sans qu'on sache » parce qu'aucun indice ne transparaît jamais avant la chute ou tout simplement parce qu'on s'en fout un peu ? Il y a, dois-je l'avouer un peu perversement, un peu des deux.
C'est, comme on l'aura deviné au préalable, plus un film de personnages que de metteur en scène (sans faire ombrage au gars René, qui ne se bat d’ailleurs guère sur l’action, tout au service de son scénar). Passons donc en revue la troupe : un juge un peu trop joueur (Barry Fitzgerald, acteur taquin), un docteur alcoolique attirant forcément l’empathie (Walter Huston, plein de verve... mais pas longtemps on stage...), un bellâtre et une gorette (Louis Hayward et June Duprez, un peu ternes), un serviteur plein de morgue (Richard Haydn, sans doute mon favori, finalement, tant le type transpire la peur) et un restant de casting pas franchement marquant. Alors oui, chacun est solidement campé dans son rôle, dans sa profession, mais aucun ne surnage réellement : ce qui fait que chacun reste sur un pied d'égalité et qu'on s’intéresse finalement peu à celui qui sera le prochain trucidé (on attend les cinq dernières minutes, disons-le, un peu mollement). On reconnaît à Clair un certain plaisir à jouer sur le côté voyeuriste et curieux de chacun (les trois personnages qui s'observent par le trou de la serrure, avant de tenter une approche quand la personne observée se déplace - finissant ainsi par provoquer une jolie ronde un poil drolatique) mais il nous alpague jamais totalement par l'aspect noir de la chose, l'humour, l'émotion ou la peur (qui monte pourtant d'un cran à chaque meurtre – comment, pour chacun des invités, ne pas sentir que son heure va arriver dans les prochaines... heures ? On ne peut pas dire pour le coup qu’on assiste à un grand stress…). Le huis-clos n’est même pas étouffant et le décor alentour (on est sur île) jamais franchement exploité. Du coup, on compte les têtes qui tombent tout en réfléchissant à sa journée du lendemain (ah oui, tiens, je vais faire un truc sur les classes grammaticales, ça va les occuper), en attendant un peu impatiemment la fin (non point qu'on soit particulièrement hameçonné mais parce qu'on a surtout hâte de prendre du repos avant une grosse journée - je sais, c'est un peu bas comme argument). Au final, une adaptation honnête d'Agatha (la meilleure me siffle-t-on à l'oreille ? mouarf... je ne dis rien mais c'est bien parce que j'ai rien d'autre de valable en tête), un gentil petit film (de meurtres) de salon.
Je suis a le recherche de ce film depuis quelques mois et je n’arrive toujours pas a trouver un site qui commercialise le film de rene clair « les dix petits negres ».
Cette version est dépassée par la version russe -malheureusement inédite chez nous-beaucoup plus fidèle au roman initial.
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