sâmbătă, 8 februarie 2025

[prise de vue] MARCEL CARNÉ

 

Les Réalisateurs

LE MÔME CARNÉ

En seulement quatre films, Jean Gabin et Marcel Carné ont vécu l’un des compagnonnages les plus mythiques du cinéma français. De la rencontre de Quai des brumes aux grincements de dents de L’Air de Paris, retour sur une amitié parfois orageuse.  

On connaît l’habitude qu’avait Gabin de doter ses réalisateurs de surnoms affectueux. Duvivier était ainsi « Dudu », Renoir « le Gros » : malgré une différence d’âge d’à peine cinq ans, Carné sera « le Môme ». Bien que tous les historiens du cinéma ne s’accordent pas sur ce point, il semble que ce soit Gabin lui-même qui, en 1937, provoque la rencontre avec le jeune réalisateur. L’acteur vient de découvrir un peu par hasard son film Drôle de drame et, contrairement aux spectateurs qui désertaient la salle en vociférant, cette comédie loufoque lui a bien plu. Raoul Ploquin, responsable des films français à la UFA, arrange donc une entrevue, au cours de laquelle il demande à Carné s’il aurait par hasard une idée de film pour le comédien. Enthousiasmé à l’idée de travailler avec le héros de La Bandera, le réalisateur lui « vend » alors le projet de Quai des brumes. Lors du tournage, Gabin et Carné vont mutuellement s’impressionner, et l’acteur, user de tout son prestige pour épauler le cinéaste face aux récriminations du producteur. Le triomphe connu par le film à sa sortie achève de sceller leur amitié…

Les portes claquent

Lorsque Carné et Gabin décident de retravailler ensemble quelques mois plus tard, l’acteur suggère d’adapter Martin Roumagnac, un roman dont il vient d’acheter les droits. Mais, s’inclinant devant le refus de Prévert et Carné, il se lance avec eux dans le projet du Jour se lève. Pour la seconde fois, l’accord sur le plateau entre le comédien et le cinéaste est parfait. Malheureusement, la guerre va mettre provisoirement un terme à leur collaboration, et leurs retrouvailles en 1946 donneront lieu à une regrettable incompréhension. Gabin commence en effet par proposer à nouveau le projet de Martin Roumagnac à Carné et Prévert, lesquels n’ont pas changé d’avis dans l’intervalle. Déçu, l’acteur accepte toutefois de participer aux Portes de la nuit, une évocation du Paris nouvellement libéré, demandant seulement que le film comporte un rôle pour Marlene Dietrich. Mais celle-ci, n’obtenant pas les modifications de scénario exigées, se retire du projet, bientôt suivie par Gabin qui, estimant que la préparation des Portes de la nuit, a pris trop de retard, s’en va tourner Martin Roumagnac.

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LE JOUR SE LÈVE – Marcel Carné (1939) avec Jean Gabin, Jules Berry, Jacqueline Laurent, Arletty
Derniers rounds

Comme on l’imagine, l’incident jette un sérieux froid entre Gabin et Carné, d’autant que Martin Roumagnac  et Les Portes de la nuit s’avèrent tous deux des désastres commerciaux. qui vont longtemps peser sur la carrière des deux artistes. Au point que Carné alignera les projets avortés jusqu’à ce que, contre toute attente, Gabin lui propose en 1949 de porter à l’écran un roman de Simenon. Oubliant leurs rancœurs, les deux hommes tournent alors La Marie du port, film qui, sans obtenir un énorme succès, permet au moins au cinéaste de se remettre en selle. Le tandem décide même trois ans plus tard de se réunir à nouveau, cette fois pour L’Air de Paris : mais cette histoire d’entraîneur qui place tous ses espoirs en un jeune boxeur sera fatale à leur amitié. L’acteur estime en effet (non sans raison) que, modifiant l’histoire initialement prévue. Carné a privilégié le rôle du jeune Roland Lesaffre. Une «  trahison » qui n’empêchera pas Gabin de recevoir pour le film le Prix d’interprétations à Venise – mais les deux hommes ne tourneront plus jamais ensemble.

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LA MARIE DU PORT – Marcel Carné (1950) avec Jean Gabin, Nicole Courcel, Blanchette Brunoy, Julien Carette

MARCEL CARNÉ 
Marcel Carné illustre parfaitement cette école – ou cette tendance – dite du « réalisme poétique », qui marqua si profondément le cinéma français de la fin des années 30. Une tendance dont on retrouve l’influence dans les domaines les plus divers de la vie artistique, et qui donnera aux œuvres de cette période troublée de l’avant-guerre une atmosphère tout à fait caractéristique. Pour sa part cependant, Carné préférait parler de « fantastique social », reprenant ainsi une expression de Pierre Mac Orlan.

JEAN GABIN
S’il est un acteur dont le nom est à jamais associé au cinéma de l’entre-deux-guerres, aux chefs-d’œuvre du réalisme poétique, c’est bien Jean Gabin. Après la guerre, il connait tout d’abord une période creuse en termes de succès, puis, à partir de 1954, il devient un « pacha » incarnant la plupart du temps des rôles de truands ou de policiers, toujours avec la même droiture jusqu’à la fin des années 1970.

LE SECOND SOUFFLE DE CARNÉ
Après un début de carrière triomphal, l’auteur de Quai des brumes connaît au sortir de la guerre une inexplicable traversée du désert. Il lui faudra attendre 1950 pour prouver qu’il est encore, et pour longtemps, l’un des meilleurs cinéastes français.


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L’AIR DE PARIS – Marcel Carné (1954) avec Jean Gabin, Roland Lesaffre, Arletty, Marie Daëms, Maria Pia Casilio.

LE QUAI DES BRUMES – Marcel Carné (1938)
« T’as de beaux yeux, tu sais ! ». D’une simplicité presque banale, ces quelques mots suffisent pourtant à faire ressurgir tout un pan du cinéma français, et avec lui les figures qui l’ont bâti. À commencer par Jean Gabin, dont la célèbre phrase est devenue l’un des signes distinctifs. Les imitateurs du comédien l’ont d’ailleurs tellement galvaudée qu’en revoyant le film, on est presque surpris d’entendre Gabin la murmurer d’un ton si juste. Mais la réplique évoque évidemment aussi celle à qui s’adresse ce compliment, et dont le regard, dans la lumière irréelle du chef-opérateur Eugen Schufftan, brille de manière admirable. 

LE JOUR SE LÈVE – Marcel Carné (1939)
Le Jour se lève raconte la destruction d’un homme, d’un homme simple pris au piège, humilié, condamné à mort par un salaud. Il fallait cette architecture rigoureuse, du coup de feu initial du meurtre au coup de feu final du suicide, pour que se mettent en place les mâchoires du piège qui broie François (Jean Gabin). On ne lui laisse pas une chance. Le combat est inégal, il n’y a pas de justice. Un pouvoir aveugle et brutal vient parachever ce que le cynisme de Valentin (Jules Berry) avait commencé : le peloton anonyme des gardes mobiles repousse les ouvriers solidaires et piétine la fragile Françoise (Jacqueline Laurent).

LA MARIE DU PORT – Marcel Carné (1950)
Des retrouvailles entre Marcel Carné et Jean Gabin naît un film qui impose l’acteur dans un nouvel emploi et marque sa renaissance au cinéma français. L’association avec Prévert est terminée – même si le poète, sans être crédité au générique, signe encore quelques dialogues de haute volée. Carné adapte un beau « roman dur » de Simenon, tourné in situ, entre Port-en-Bessin et Cherbourg…

L’AIR DE PARIS – Marcel Carné (1954)
A l’automne 1953, le nouveau film de Marcel CarnéThérèse Raquin, reçoit un excellent accueil. C’est donc avec confiance que le réalisateur se lance avec le scénariste Jacques Viot dans un nouveau projet : l’histoire d’un entraîneur de boxe qui jette son dévolu sur un jeune ouvrier pour en faire son poulain. Carné est à l’époque un passionné de boxe.


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