Robert Siodmak est né à Dresde (Allemagne) le 8 août 1904. Après des études à l’Académie des Trois Rois (interrompues par une période dans une école spéciale pour élèves en difficulté), il entra brièvement comme acteur dans une troupe de répertoire itinérante. Condamné à jouer des rôles secondaires mal payés en raison de sa myopie et de ses yeux exorbités, il rentra à Dresde où il devint employé de banque. En 1925, la débâcle économique allemande ayant ruiné les banques, Siodmak trouva un emploi de rédaction de titres et de montage de films muets. En 1929, alors qu’il était assistant réalisateur, il convainquit ses employeurs de financer un court métrage sur les Berlinois pendant leur jour de repos, Les Hommes le dimanche, sur lequel il collabora avec son frère Kurt, Billy Wilder, Edgar G. Ulmer et Fred Zinnemann. L’année suivante, il fut engagé par UFA comme réalisateur. En 1933, son film Fin de saison (Brennende Geheimnis) s’attira les foudres de Josef Goebbels et fut retiré de la circulation. En raison de leurs origines juives, Siodmak et son frère s’enfuirent à Paris, où ils travaillèrent dans l’industrie cinématographique jusqu’à l’invasion allemande en 1940. Bien que fils de citoyen américain, ils n’avaient jamais mis les pieds aux États-Unis avant qu’ils y émigrent. Après un bref séjour à Paramount – qui le prêta à Twentieth Century Fox puis à Republic – et son premier film noir Fly by Night (1942), Robert Siodmak passa chez Universal pour qui il réalisa Le Fils de Dracula (Son of Dracula, 1943). Après cette brève incursion dans l’épouvante, il transforma presque à lui seul les studios Universal en usine à films noirs avec des œuvres telles que, en 1944, Les Mains qui tuent (Phantom Lady) et Vacances de Noël (Christmas Holiday), en 1945, Le Suspect (The Suspect) et L’Oncle Harry (The Strange Affair ofUncle Harry) et, en 1946, Double énigme (The Dark Mirror), Les Tueurs (The Killers) et Deux mains, la nuit (The Spiral Staircase). Il retravailla ensuite pour Twentieth Century Fox, pour qui il réalisa La Proie (Cry of the City, 1948), et pour Paramount avec La Femme à l’écharpe pailletée (The File on Thelma Jordan, 1950), son dernier film noir. En 1952, il retrouva Burt Lancaster pour une comédie d’action populaire, Le Corsaire rouge (The Crimson Pirate), tournée en extérieurs en Europe. Il s’y réinstalla et continua à travailler pour des producteurs allemands, britanniques et américains, réalisant notamment parmi ses projets en anglais Tunnel 28 (Escape from East Berlin, 1962) et Custer, l’homme de l’Ouest (Custer of the West, 1967). Il mourut en Suisse le 10 mars 1973.
Au cours de sa carrière hollywoodienne, Robert Siodmak dirigea une série d’excellents « thrillers » dans lesquels la tradition expressionniste de sa patrie d’origine se fondait parfaitement avec le style du film noir américain.
Mollenard, capitaine de cargo, est une espèce de forban, adoré de ses hommes et haï de sa femme. Le conformisme bourgeois de cette dernière l’a poussé, depuis toujours, à fuir son foyer. Soupçonnés de se livrer au trafic d’armes, le capitaine et son équipage sont rapatriés à Dunkerque. Terrassé par une crise cardiaque, il est alors séquestré par son épouse. Mais les hommes de Mollenard viendront l’enlever et c’est en pleine mer qu’il rendra son dernier soupir.
La guerre est à la porte : Quand sort Frères corses, Robert Siodmak est plongé dans la réalisation de ce qui sera son plus grand succès public en France, Pièges. Ce film marque les débuts de Maurice Chevalier dans le registre dramatique : de retour dans les studios cinématographiques après deux ans d’absence, « Momo » a décidé d’abandonner son canotier et le vaudeville du Casino de Paris pour un rôle sérieux et exigeant : celui d’un directeur d’une boîte de nuit accusé à tort de meurtre (ce qui lui permet quand même d’interpréter deux chansons célèbres : « Elle pleurait comme une Madeleine » et « Mon amour »).
Dès les premiers plans du générique, qui s’inscrit sur des motifs servant au test de Rorschach, apparaissent le thème du double et l’importance de la psychanalyse. Contrairement aux films qui décrivent l’aspect criminel et malsain qui peut se glisser au sein d’un individu, The Dark mirror pose le problème encore plus clairement en mettant en scène deux sœurs jumelles dont l’une est criminelle et l’autre innocente. Comme s’il existait en permanence en chaque être une lutte entre des pulsions criminelles et la volonté de satisfaire à la morale habituelle.
Phantom Lady(Les Mains qui tuent) est le premier « film noir » hollywoodien de Robert Siodmak. Le futur réalisateur des Tueurs trouve avec l’histoire de William Irish un thème exemplaire : un innocent injustement condamné à mort, des témoins qui mentent, une jeune femme courageuse menant sa propre enquête, et parallèlement, un criminel aussi séduisant qu’impitoyable.
Un passé mystérieux, un amour qui dure jusqu’à la mort, un destin auquel on ne peut échapper : The Killers mérite bien d’être considéré comme un film noir par excellence. Mais avec son héros dont la fin tragique est exposée dès le début par des flash-back, le spécialiste du genre Robert Siodmak exige beaucoup de son public, d’autant que l’on s’identifie volontiers à ce boxeur débonnaire dont la seule erreur, visiblement, n’a été que de s’éprendre de la mauvaise femme…
Dès les premiers plans du générique, qui s’inscrit sur des motifs servant au test de Rorschach, apparaissent le thème du double et l’importance de la psychanalyse. Contrairement aux films qui décrivent l’aspect criminel et malsain qui peut se glisser au sein d’un individu, The Dark mirror pose le problème encore plus clairement en mettant en scène deux sœurs jumelles dont l’une est criminelle et l’autre innocente. Comme s’il existait en permanence en chaque être une lutte entre des pulsions criminelles et la volonté de satisfaire à la morale habituelle.
Passant de l’Universal où il vient de réaliser des drames criminels, la plupart du temps dans des décors de studio, à la 20th Century-Fox de Darryl E. Zanuck, Robert Siodmak utilise le style réaliste de la firme et tourne en plein New York, dans le Bronx, et ses interprètes, amenés sur les lieux de tournage dans des voitures aux vitres opaques, « comme celles du FBl », dit la publicité, jouent au milieu d’une foule qui ignore leur présence.
Comme The Killers(Les Tueurs), mis en scène deux ans plus tôt par Robert Siodmak et produit par le même Mark Hellinger, Criss Cross (Pour toi, j’ai tué) décrit des personnages littéralement damnés et incapables d’échapper à leur destin. Ni Anna (Yvonne de Carlo), qui a tenté en trahissant les uns et les autres de se sauver elle-même, ni Steve (Burt Lancaster), éternel « looser » d’une Amérique florissante, ni Slim (Dan Duryea), le mauvais garçon au smoking blanc, ne parviendront à fuir la malédiction qui semble les poursuivre.
« Qui veut dîner avec le diable doit avoir une longue cuillère » ce dicton médiéval figure aussi en exergue à un autre texte du prolifique Simmel, le roman L’affaire Nina B (1958). Son sujet porte à nouveau sur l ‘Allemagne de la fin des années 1950, avec ses cicatrices gênantes. «La majorité des gens qui vivent aujourd’hui dans ce pays ont un passé inavouable» constate le chauffeur privé Robert Holden, héros du roman. «Les uns étaient dans la SS, les autres se sont tus. Certains étaient des traîtres et d’autres criaient hourrah ! tout en accaparant les biens de leurs voisins. Mon patron, Monsieur B, dominait ses ennemis grâce à leur passé… »
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