sâmbătă, 16 iulie 2022

KIND HEARTS AND CORONETS (Noblesse oblige) – Robert Hamer (1949)

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LE FILM ÉTRANGER

KIND HEARTS AND CORONETS (Noblesse oblige) – Robert Hamer (1949)

Fils d’un chanteur d’opéra et d’une aristocrate, Louis Mazzini d’Ascoyne est considéré comme un bâtard par sa famille maternelle. Lorsque ses parents rendent l’âme, Louis se réfugie sous un arbre généalogique feuillu mais trop ombreux. Décidé à tuer chaque rejeton d’Ascoyne, il entreprend un élagage sanglant de cette famille… C’est l’histoire d’une cynique revanche sociale, traitée sur le mode pince-sans-rire de la confession satisfaite. Sous ses airs de dandy au-dessus de tout, le héros blessé n’exécute qu’une tâche de survie : puisque le destin a choisi de happer ses parents dans d’absurdes accidents, il inflige le même sort à son entourage, avec un flegme tout britannique. Cette qualité salutaire est d’ailleurs la seule que Robert Hamer accorde à sa patrie… Chaque membre de la famille d’Ascoyne incarne un pan froissé de la société édouardienne, qui fourmille de militaires corrompus, de pingres suffragettes et d’ecclésiastiques alcooliques… Alec Guinness a tenu à interpréter la totalité de la famille d’Ascoyne. Le film doit sa célébrité à cette composition multiple et explosive, servie par des dialogues incisifs et absurdes. Un sommet de l’humour noir. [Télérama – 2012]


Pour les spectateurs d’aujourd’hui, Kind Hearts and Coronets (Noblesse oblige) représente sans doute la quintessence de l’humour britannique et l’œuvre peut-être la plus représentative d’une époque où le cinéma anglais a brillé de tous ses feux. Quant aux réserves qu’ont pu émettre certains critiques, à propos de l’importance prépondérante des dialogues, elles nous paraissent aussi dénuées d’objet que la vieille querelle des théoriciens soucieux de trancher entre ce qui appartient à la littérature et ce qui est d’essence purement cinématographique.

Réussite exemplaire du cinéma britannique, Kind Hearts and Coronets tient aussi une place à part, unique, dans la carrière de son réalisateur Robert Hamer, qui ne se montrera jamais aussi heureusement inspiré par la suite.

Débutant tout juste dans la mise en scène après une carrière de monteur, Hamer avait eu la chance d’être choisi par Michael Balcon pour réaliser l’un des sketches de Dead of Night (Au cœur de la nuit, 1945), L’épisode (celui du miroir hanté) ayant été très remarqué, il s’est vu confier la même année la direction d’un long métrage, Pink String and Sealing Wax, un drame psychologique en costumes, élégant et raffiné, fondé sur un conflit de générations. Gâché par certains artifices dramatiques conventionnels, le second film de Robert Hamer, lt Always Rains on Sunday (Il pleut toujours le dimanche, 1947) décrivait avec beaucoup de sensibilité la vie d’un faubourg populeux de l’East End, dans la meilleure tradition de l’école documentariste. Mais les qualités respectives de ces deux premières œuvres ne laissaient pas encore présager l’étincelante réussite qui allait suivre.

En commençant  Kind Hearts and Coronets, Hamer entend renouveler le ton et le style de la comédie britannique. Il a, pense-t-il, découvert un excellent sujet avec « Israel Rank» de Roy Horniman, un contemporain bien oublié d’Oscar Wilde. L’esthétisme décadent de ce roman édouardien, publié en 1910, lui semble se prêter parfaitement à une adaptation parodique.

Dans son scénario, Hamer reste fidèle au cadre historique et social du roman, ainsi qu’aux grandes lignes de l’intrigue : pour venger sa mère, reniée par sa famille à la suite d’une mésalliance, le héros décide de devenir riche et respecté ; pour arriver à ses fins, il entreprend d’éliminer les uns après les autres tous les parents – proches ou éloignés – qui le séparent du titre de duc qu’il convoite. Toutefois Hamer ne reprendra pas à son compte les prétentions philosophiques de l’auteur, qui veut faire de son personnage principal une sorte de surhomme nietzschéen, mais il distillera subtilement tous les ingrédients en une comédie de salon délicieusement subversive, en une explosion de dialogues pétillants que Wilde lui-même n’aurait pas reniés.

L’efficacité comique du film est encore renforcée par le ton volontairement imperturbable, parfaite caricature de la dignité et du quant-à- soi britanniques, jusqu’à l’époustouflante pirouette finale. Avec un art consommé de la litote, Hamer associe les dialogues très mondains et les impayables commentaires en voix off de Louis (Dennis Price) avec des images qui annoncent les plus horribles catastrophes. Citons par exemple la scène où le machiavélique Louis prend le thé avec sa très distinguée cousine Edith, tandis qu’une colonne de fumée à l’arrière-plan laisse entendre clairement le sort funeste réservé au mari, comme à tous ceux qui s’interposent entre le titre et l’imaginatif jeune homme.

La brillante désinvolture et l’ironie subtile de Kind Hearts and Coronets donnent une force accrue à la féroce satire sociale : tous les ridicules et les travers de l’aristocratie britannique se trouvent ainsi impitoyablement épinglés, beaucoup plus efficacement certes qu’avec des discours grandiloquents. Il convient évidemment de saluer l’éblouissante interprétation de Dennis Price, absolument génial en esthète qui pratique l’assassinat comme un des beaux-arts. Joan Greenwood et Valerie Hobson sont parfaites dans le rôle des deux rivales qui se disputent les faveurs de Louis. Mais c’est surtout l’interprétation d’Alec Guinness qui fera date dans les annales du cinéma. Il réussit en effet une extraordinaire performance en tenant huit rôles différents (ceux des malheureux prétendants au titre), dont celui de l’irascible lady Agatha. Aussi caricaturales que soient ses compositions, il parvient cependant à être à chaque fois crédible, grâce à un sens prodigieux du détail vrai et des nuances, et le public oublie totalement qu’il est en présence d’un acteur unique.



L’HISTOIRE

Dans sa cellule de prison, Louis d’Ascoyne Mazzini rédige ses mémoires… Sa mère, fille cadette du duc de Chalfont, a été déshéritée par sa famille lorsqu’elle a épousé un chanteur italien. Louis, fruit de cette mésalliance, a connu des débuts difficiles et a dû gagner son pain à la sueur de son front. Ulcéré par l’attitude hautaine de sa famille anglaise, qui refuse de le recevoir après la mort de sa mère, Louis décide de conquérir lui-même le rang social auquel il a droit en se débarrassant les uns après les autres de tous les prétendants au titre de duc de Chalfont. Sibella, son ambitieuse compagne le servira dans cette œuvre de vengeance. Le plus odieux de ses cousins d’Ascoyne sera éliminé le premier. Un autre cousin, passionné de photographie, est victime d’une explosion. Lord Henry, l’ecclésiastique, le plus sot de la famille, sera empoisonné. Une flèche bien ajustée crève la montgolfière de lady Agatha la suffragette. Lord Rufus, le militaire, ne survivra pas à un caviar à la dynamite. Fidèle à la tradition, lord Horatio coule avec son bateau grâce à un naufrage savamment combiné. Quant au duc, il succombe à un accident de chasse. Le dernier survivant meurt de saisissement en apprenant qu’il hérite du titre. Louis touche au but et se fiance avec lady Edith (la veuve du photographe amateur). Mais le mari de Sibella meurt alors dans des circonstances suspectes et Louis est accusé du seul meurtre qu’il n’ait pas commis ! Sibella accepte do le disculper en échange du titre de duchesse. Tout serait pour le mieux sons les malencontreuses mémoires que Louis a oubliées dans sa cellule en quittant la prison.



LES EXTRAITS

Véritable pépinière de talents, les studios Ealing ont créé un style inimitable et spécifiquement anglais, contribuant ainsi brillamment au prestige du cinéma britannique de l’après-guerre.


Pour le cinéma anglais, la période de l’après-guerre s’annonce faste. Grâce au dynamisme de producteurs comme Rank et Korda, la production nationale va concurrencer Hollywood sur le marché anglo-saxon.



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ROBERT SIODMAK (1904 - 1973)