duminică, 24 iulie 2022

ODD MAN OUT (Huit heures de sursis) – Carol Reed (1947)

 
LE FILM ÉTRANGER

ODD MAN OUT (Huit heures de sursis) – Carol Reed (1947)

Il ne faut manquer aucune occasion de (re)découvrir les films de Carol Reed, un cinéaste maintenu dans un oubli incompréhensible. Voici l’un des plus prenants et surprenants. Situé en Irlande à une époque volontairement imprécise, il commence sur les chapeaux de roues, en pleine réunion d’un groupe d’hommes préparant un coup pour « l’organisation ». Dans cette attaque d’une usine, dont les coffres sont vidés, le chef du groupe, Johnny, est blessé, et ses camarades s’enfuient sans lui. Une chasse à l’homme commence alors. Qui retrouvera Johnny, la police ou l’organisation ? C’est aussi le début d’une autre histoire. Aux abois, à l’agonie, Johnny erre dans les rues et rencontre des citoyens qui lui disent tous à leur manière, à l’instar d’un cocher : « Je ne suis ni pour ni contre vous. Je ne veux pas me mêler de tout ça. » Tout en menant un récit haletant, Carol Reed livre ainsi une fable politique sur l’engagement, la solidarité. Tourné juste après la guerre, le film évoque bien sûr la Résistance, mais aussi tous les combats pour la liberté. Dans sa dernière partie, il prend même des allures de conte de Noël, dans un décor de neige aussi poétique qu’émouvant. [Frédéric Strauss – Télérama]


Carol Reed avait déjà acquis une solide réputation au début des années 1940 grâce à des œuvres très soignées comme The Stars Look Down (Sous le regard des étoiles, 1939), Kipps (1941) ou The Young Mr. Pitt (1942). Mais c’est surtout après la guerre qu’il démontrera tout son talent, en donnant au cinéma britannique, alors à son apogée, quelques-uns de ses plus beaux fleurons : Odd Man OutThe Fallen Idol  (Première Désillusion, 1948), The Third Man (Le Troisième Homme, 1949) et Outcast of the Islands (Le Banni des Îles, 1951). Avec une parfaite maîtrise de l’écriture cinématographique, Reed illustre avec sensibilité et intelligence l’univers littéraire de Joseph Conrad, de Graham Greene ou de F. L. Green, chez qui l’on retrouve les mêmes thèmes de prédilection : l’amitié et la solitude, la trahison et la fidélité, la quête de la vérité et l’ambiguïté des apparences. Odd Man Out inaugure cette brillante série, où le succès va de pair avec la qualité, puisque le metteur en scène recevra, trois années consécutives, le prix du meilleur film décerné par la British Film Academy.

Méditation sur la violence et la mort, Odd Man Out est aussi l’un des rares films consacrés au problème irlandais : le militant de cette « organisation », Johnny McQueen (James Mason) s’est sacrifié à sa cause ; grièvement blessé lors d’une attaque à main armée, il erre, à la fois traqué et abandonné, dans les rues de Belfast, en une course folle et désespérée dont la mort est la seule issue. Par la perfection formelle et l’extrême rigueur de la construction, le fait divers politique se hausse ici au niveau de la tragédie (dont le film respecte d’ailleurs les règles classiques d’unité de temps, de lieu et d’action).

Dès le début une sorte d’aura fatale entoure le héros. Notons qu’à cet égard, le titre original du film est particulièrement significatif : dans le folklore enfantin anglosaxon, « Odd Man Out » est une comptine qui sert à désigner celui ou celle qui doit « sortir de la ronde ». Johnny McQueen est en effet promis à la mort, ce qui donne une force dramatique accrue à ses dernières déambulations tragiques et dérisoires, alors qu’il erre, comme un animal pris au piège, en proie aux souvenirs et aux hallucinations, dans une ville soudain hostile et maléfique. S’il se débat ainsi, ce n’est pas tant pour échapper à la police que par une sorte d’instinct vital qui le pousse à fuir et à chercher un abri.

Avec Odd Man Out, Carol Reed a voulu aussi réaliser une parabole sur la trahison, la peur et la charité (avec parfois d’ailleurs des effets lourdement appuyés). Dans un monde régi par la violence aveugle, on assiste en effet à une lente dégradation des valeurs morales, tandis que les actes de solidarité et de compassion prennent au contraire une valeur exemplaire. Dès que Johnny est blessé, il se voit impitoyablement abandonné par ses camarades de combat, dont il compromet désormais la sécurité ; seul son ami Dennis se dévouera, entraînant même délibérément les forces de l’ordre sur sa piste, pour lui donner une chance. Par une sorte de justice immanente, ses compagnons seront à leur tour livrés à la police par la tenancière d’une maison d’hôtes guidée par le seul appât du gain.

On retrouve ce même mélange d’égoïsme et de pitié, de lâcheté et d’amour sincère du prochain chez les spécimens d’humanité que Johnny rencontre au cours de sa lamentable errance dans les rues de Belfast : alors que le chauffeur de taxi ne cherche qu’à se débarrasser de ce client compromettant, qui perd son sang et qui pourrait lui valoir des ennuis, les deux secouristes anglaises n’hésitent pas à soigner cet homme blessé et si elles ont deviné son identité, elles ne le dénonceront pas. Si le peintre Lukey, tout à son obsession morbide, ne pense qu’à fixer sur la toile les traits d’un homme en train de mourir, sans essayer véritablement de lui venir en aide. Tober, l’étudiant en médecine, déchu, retrouve à cette occasion une part de sa dignité en prodiguant ses soins à celui qui souffre. Et c’est alors que Johnny, avec la fièvre visionnaire de celui qui a déjà un pied dans la tombe, se dresse en déclamant l’Épître de saint Paul aux Corinthiens, terminant ainsi : « Trois choses demeurent, la Foi, l’Espérance et la Charité, mais la plus grande des trois c’est la Charité. »

On peut peut-être reprocher à Carol Reed une recherche un peu systématique du pittoresque dans cette galerie de personnages (complétée par un clochard très folklorique), qui rappelle la tradition réaliste française d’avant guerre. Odd Man Out souffre aussi peut-être d’un abus de symboles visuels. Néanmoins le film garde aujourd’hui encore beaucoup de force du fait de sa rigoureuse construction dramatique et de sa perfection formelle.

Admirablement secondé par le chef opérateur Robert Krasker, Reed traduit parfaitement l’atmosphère angoissante de la ville glacée et crépusculaire (on notera notamment l’intelligente utilisation de la caméra subjective pour exprimer le délire de Johnny en proie à la fièvre). L’univers familier de Belfast se métamorphose soudain, grâce aux éclairages expressionnistes et à l’accompagnement musical lancinant de William Alwyn, en un monde de cauchemar.


L’HISTOIRE

Johnny McQueen est un combattant de la cause irlandaise. Personnellement opposé à l’emploi de la violence, il accepte néanmoins de diriger un hold-up destiné à procurer des fonds à l’IRA. Au cours de l’action, il est contraint de tuer un garde et lui-même est grièvement blessé. Il est alors abandonné par ses camarades qui s’enfuient sans lui porter secours, ne pensant qu’à leur propre sécurité. Son ami Dennis, qui l’a rejoint dans l’ancien abri antiaérien où il a trouvé refuge, accepte d’entraîner la police à ses trousses afin de laisser une chance à Johnny. Dennis, pourchassé, sera capturé après un affrontement dans un tramway. Pendant ce temps, les autres complices de Johnny, dénoncés aux autorités par une minable tenancière qui espère toucher une récompense, sont abattus devant une maison d’hôtes. Après s’être caché dans un jardin, Johnny est recueilli par deux Anglaises, Rosie et Maudie ; celles-ci, qui sont secouristes, le soignent, mais il s’enfuit lorsqu’il comprend qu’elles l’ont identifié. Réfugié dans un pub, il tombe aux mains de Schell, surtout désireux de le vendre au plus offrant. Il est alors conduit chez Lukey, un peintre illuminé qui veut absolument faire le portrait d’un moribond ; là, Tober, ancien étudiant en médecine raté, retrouve sa vocation et soigne le blessé. Johnny quitte l’atelier de Lukey. Toujours traqué, il parvient à atteindre le port, où son amie Kathleen le rejoint. Il espère pouvoir prendre la fuite avec elle à bord d’un bateau. Mais la police a suivi Kathleen. Ils sont tous deux encerclés et abattus au cours de la fusillade.



BO du film Odd Man Out – William Alwyn
London Symphony Orchestra – Richard Hickox
Comme toujours chez Carol Reed, la musique a son importance, on pense à Anton Karas pour The Third Man. William Alwyn, compositeur de musique sérielle d’avant garde qui pourtant n’hésitera pas à faire beaucoup de cinéma. Par exemple, la musique épatante de The Crimson Pirate (Robert Siodmak), dans Odd Man Out, il apporte cette touche d’onirisme, de dodécaphonisme nécessaire au film, cela augmente l’aspect surréel du film.

LES EXTRAITS

PRÉSENTATION DU FILM PAR JEAN-PIERRE DIONNET

Odd Man Out de Carol Reed, qui deviendra Sir Carol Reed, le deuxième réalisateur à être anobli après Alexandre Korda, est aussi le metteur en scène de The Third Man. L’histoire se passe dans une Irlande rêvée, sans précision, avec d’ailleurs beaucoup d’acteurs irlandais.. Le personnage principal, c’est James Mason, dans un de ses plus beaux rôles. Mason, c’est Johnny McQueen, il est chef d’un groupe de terroristes qui pourrait être l’IRA. Il s’évade de prison. Il revient et retrouve les siens. Mais on commence à mettre en doute sa parole, comme si la prison l’avait changé. Et effectivement, la prison l’a changé. Et on sent qu’il se pose des questions. Il se pose des questions sur ces attentats qu’il doit commettre, sur ceux qu’il a commis, sur ceux qu’il devra commettre. Il est remis en cause et par malheur, il va être blessé rapidement et à partir du moment ou il est blessé, une machine va se mettre en marche.

Il va disparaître et pour disparaître, il va se cacher. Et ce sera une succession de rencontres étranges dans des pubs ou il est caché derrière un rideau, dans des caves où une enfant le voit et il va commencer à halluciner. Et le film est une grande hallucination car on ne sait plus trop ce qui est vrai et ce qui est faux dans ce que voit James Mason avec son regard éperdu. A un moment, par exemple, dans un pub, il regarde dans des gouttes de bière et dans les gouttes de bière, il voit surgir les visages de tous les gens avec qui il s’est heurté et de tous ses amis, de tous ses ennemis. A un autre moment, il verra dans un couloir apparaître un prêtre, un prêtre qui lui a dit qu’il fallait apporter la paix, que la guerre n’était pas solution.

C’est un film qui nous embarque dans les contrées du rêve et où le personnage totalement somnambulique de James Mason nous emmène de l’autre côté. On peut dire que McQueen, sorti de prison, est mort. Il est mort moralement avant de mourir physiquement et nous allons suivre sa déambulation tout au long du film et nous allons voir ce qu’il voit au moment de sa mort, non physique mais mental, qui durera tout le long du film. C’est un film à la fois très éprouvant et en même temps tout à fait éblouissant car nous sommes dans sa peau, dans sa tête.

Un mélange de poésie étrange, un mélange de violence absurde, un mélange de paix par moment. C’est un film qui ne ressemble à rien de connu. On peut dire que Carol Reed nous amène à rentrer dans l’âme d’un homme ici parfaitement incarné par James Mason, dans un film qui prend des risques incroyables entre le réalisme et des images qu’on avait jamais vu nulle part, y compris dans le cinéma surréaliste. C’est donc l’histoire littéralement d’un homme à part, d’un homme à côté d’un homme isolé, d’un homme qui n’a plus sa place dans le groupe. C’est tout ce que veut dire Odd Man Out.

Et c’est un des films les plus étranges, les plus baroques, mais aussi les plus émouvants de l’histoire du cinéma. Vous me direz après que j’ai exagéré, non, vous ne direz pas que j’ai exagéré. Regardez ce film, regardez un chef d’œuvre absolu.



Véritable pépinière de talents, les studios Ealing ont créé un style inimitable et spécifiquement anglais, contribuant ainsi brillamment au prestige du cinéma britannique de l’après-guerre.


Pour le cinéma anglais, la période de l’après-guerre s’annonce faste. Grâce au dynamisme de producteurs comme Rank et Korda, la production nationale va concurrencer Hollywood sur le marché anglo-saxon.

Véritable pépinière de talents, les studios Ealing ont créé un style inimitable et spécifiquement anglais, contribuant ainsi brillamment au prestige du cinéma britannique de l’après-guerre.



sâmbătă, 16 iulie 2022

KIND HEARTS AND CORONETS (Noblesse oblige) – Robert Hamer (1949)

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LE FILM ÉTRANGER

KIND HEARTS AND CORONETS (Noblesse oblige) – Robert Hamer (1949)

Fils d’un chanteur d’opéra et d’une aristocrate, Louis Mazzini d’Ascoyne est considéré comme un bâtard par sa famille maternelle. Lorsque ses parents rendent l’âme, Louis se réfugie sous un arbre généalogique feuillu mais trop ombreux. Décidé à tuer chaque rejeton d’Ascoyne, il entreprend un élagage sanglant de cette famille… C’est l’histoire d’une cynique revanche sociale, traitée sur le mode pince-sans-rire de la confession satisfaite. Sous ses airs de dandy au-dessus de tout, le héros blessé n’exécute qu’une tâche de survie : puisque le destin a choisi de happer ses parents dans d’absurdes accidents, il inflige le même sort à son entourage, avec un flegme tout britannique. Cette qualité salutaire est d’ailleurs la seule que Robert Hamer accorde à sa patrie… Chaque membre de la famille d’Ascoyne incarne un pan froissé de la société édouardienne, qui fourmille de militaires corrompus, de pingres suffragettes et d’ecclésiastiques alcooliques… Alec Guinness a tenu à interpréter la totalité de la famille d’Ascoyne. Le film doit sa célébrité à cette composition multiple et explosive, servie par des dialogues incisifs et absurdes. Un sommet de l’humour noir. [Télérama – 2012]


Pour les spectateurs d’aujourd’hui, Kind Hearts and Coronets (Noblesse oblige) représente sans doute la quintessence de l’humour britannique et l’œuvre peut-être la plus représentative d’une époque où le cinéma anglais a brillé de tous ses feux. Quant aux réserves qu’ont pu émettre certains critiques, à propos de l’importance prépondérante des dialogues, elles nous paraissent aussi dénuées d’objet que la vieille querelle des théoriciens soucieux de trancher entre ce qui appartient à la littérature et ce qui est d’essence purement cinématographique.

Réussite exemplaire du cinéma britannique, Kind Hearts and Coronets tient aussi une place à part, unique, dans la carrière de son réalisateur Robert Hamer, qui ne se montrera jamais aussi heureusement inspiré par la suite.

Débutant tout juste dans la mise en scène après une carrière de monteur, Hamer avait eu la chance d’être choisi par Michael Balcon pour réaliser l’un des sketches de Dead of Night (Au cœur de la nuit, 1945), L’épisode (celui du miroir hanté) ayant été très remarqué, il s’est vu confier la même année la direction d’un long métrage, Pink String and Sealing Wax, un drame psychologique en costumes, élégant et raffiné, fondé sur un conflit de générations. Gâché par certains artifices dramatiques conventionnels, le second film de Robert Hamer, lt Always Rains on Sunday (Il pleut toujours le dimanche, 1947) décrivait avec beaucoup de sensibilité la vie d’un faubourg populeux de l’East End, dans la meilleure tradition de l’école documentariste. Mais les qualités respectives de ces deux premières œuvres ne laissaient pas encore présager l’étincelante réussite qui allait suivre.

En commençant  Kind Hearts and Coronets, Hamer entend renouveler le ton et le style de la comédie britannique. Il a, pense-t-il, découvert un excellent sujet avec « Israel Rank» de Roy Horniman, un contemporain bien oublié d’Oscar Wilde. L’esthétisme décadent de ce roman édouardien, publié en 1910, lui semble se prêter parfaitement à une adaptation parodique.

Dans son scénario, Hamer reste fidèle au cadre historique et social du roman, ainsi qu’aux grandes lignes de l’intrigue : pour venger sa mère, reniée par sa famille à la suite d’une mésalliance, le héros décide de devenir riche et respecté ; pour arriver à ses fins, il entreprend d’éliminer les uns après les autres tous les parents – proches ou éloignés – qui le séparent du titre de duc qu’il convoite. Toutefois Hamer ne reprendra pas à son compte les prétentions philosophiques de l’auteur, qui veut faire de son personnage principal une sorte de surhomme nietzschéen, mais il distillera subtilement tous les ingrédients en une comédie de salon délicieusement subversive, en une explosion de dialogues pétillants que Wilde lui-même n’aurait pas reniés.

L’efficacité comique du film est encore renforcée par le ton volontairement imperturbable, parfaite caricature de la dignité et du quant-à- soi britanniques, jusqu’à l’époustouflante pirouette finale. Avec un art consommé de la litote, Hamer associe les dialogues très mondains et les impayables commentaires en voix off de Louis (Dennis Price) avec des images qui annoncent les plus horribles catastrophes. Citons par exemple la scène où le machiavélique Louis prend le thé avec sa très distinguée cousine Edith, tandis qu’une colonne de fumée à l’arrière-plan laisse entendre clairement le sort funeste réservé au mari, comme à tous ceux qui s’interposent entre le titre et l’imaginatif jeune homme.

La brillante désinvolture et l’ironie subtile de Kind Hearts and Coronets donnent une force accrue à la féroce satire sociale : tous les ridicules et les travers de l’aristocratie britannique se trouvent ainsi impitoyablement épinglés, beaucoup plus efficacement certes qu’avec des discours grandiloquents. Il convient évidemment de saluer l’éblouissante interprétation de Dennis Price, absolument génial en esthète qui pratique l’assassinat comme un des beaux-arts. Joan Greenwood et Valerie Hobson sont parfaites dans le rôle des deux rivales qui se disputent les faveurs de Louis. Mais c’est surtout l’interprétation d’Alec Guinness qui fera date dans les annales du cinéma. Il réussit en effet une extraordinaire performance en tenant huit rôles différents (ceux des malheureux prétendants au titre), dont celui de l’irascible lady Agatha. Aussi caricaturales que soient ses compositions, il parvient cependant à être à chaque fois crédible, grâce à un sens prodigieux du détail vrai et des nuances, et le public oublie totalement qu’il est en présence d’un acteur unique.



L’HISTOIRE

Dans sa cellule de prison, Louis d’Ascoyne Mazzini rédige ses mémoires… Sa mère, fille cadette du duc de Chalfont, a été déshéritée par sa famille lorsqu’elle a épousé un chanteur italien. Louis, fruit de cette mésalliance, a connu des débuts difficiles et a dû gagner son pain à la sueur de son front. Ulcéré par l’attitude hautaine de sa famille anglaise, qui refuse de le recevoir après la mort de sa mère, Louis décide de conquérir lui-même le rang social auquel il a droit en se débarrassant les uns après les autres de tous les prétendants au titre de duc de Chalfont. Sibella, son ambitieuse compagne le servira dans cette œuvre de vengeance. Le plus odieux de ses cousins d’Ascoyne sera éliminé le premier. Un autre cousin, passionné de photographie, est victime d’une explosion. Lord Henry, l’ecclésiastique, le plus sot de la famille, sera empoisonné. Une flèche bien ajustée crève la montgolfière de lady Agatha la suffragette. Lord Rufus, le militaire, ne survivra pas à un caviar à la dynamite. Fidèle à la tradition, lord Horatio coule avec son bateau grâce à un naufrage savamment combiné. Quant au duc, il succombe à un accident de chasse. Le dernier survivant meurt de saisissement en apprenant qu’il hérite du titre. Louis touche au but et se fiance avec lady Edith (la veuve du photographe amateur). Mais le mari de Sibella meurt alors dans des circonstances suspectes et Louis est accusé du seul meurtre qu’il n’ait pas commis ! Sibella accepte do le disculper en échange du titre de duchesse. Tout serait pour le mieux sons les malencontreuses mémoires que Louis a oubliées dans sa cellule en quittant la prison.



LES EXTRAITS

Véritable pépinière de talents, les studios Ealing ont créé un style inimitable et spécifiquement anglais, contribuant ainsi brillamment au prestige du cinéma britannique de l’après-guerre.


Pour le cinéma anglais, la période de l’après-guerre s’annonce faste. Grâce au dynamisme de producteurs comme Rank et Korda, la production nationale va concurrencer Hollywood sur le marché anglo-saxon.



Laurence Olivier (1907-1989)